La Marine Impériale Japonaise
Dai-Nippon Teikoku Kaigun 大日本帝國海軍 Nippon Kaigun 日本海軍 Rengō Kantai 連合艦隊
Les Croiseurs de Bataille 1941 1945
Classe Kongo (金剛, Indestructible)
IJN KONGO 金剛1 913-1944
Auteur Cedric
English Version
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IJN Kongo 1878 Wikipedia |
Ce navire, premier d'une série de quatre, fut conçu en tenant compte des leçons tirées de la guerre contre la Russie; à savoir mettre la priorité sur la vitesse de combat et la puissance de l'armement. Le Japon était, déjà à cette époque, la seule puissance navale à réellement intégrer la vitesse comme paramètre de combat. Ces caractéristiques avaient déjà été élaborées sur les classes Tsukuba et Kurama, sorte de précurseurs situés à mi-chemin entre les croiseurs-cuirassés et les cuirassés; néanmoins l’apparition de l'HMS Invincible en 1908 déclassa ces unités et obligea les Japonais à mettre en chantier de nouveaux navires encore plus puissants afin de surpasser les croiseurs de bataille de la Royal Navy.
Cependant, avant même que les caractéristiques techniques de l'Invincible n'aient été rendues publiques, l'Amirauté japonaise avait déjà établi, sur le programme naval de 1907, son cahier des charges pour la prochaine classe de ce qui serait désormais communément appelé "croiseurs de bataille". Ce cahier prévoyait un déplacement de 18.950 tonnes, une longueur entre parallèles de 165 mètres pour un peu plus de 24 mètres de largeur, une vitesse de 25 noeuds à raison de 44.000 chevaux-vapeur et une protection de 178 mm à la ligne de flottaison avec un maximum de 50 mm pour les ponts. L'armement devait se composer de huit pièces de 254 mm et de dix de 120 mm en plus de cinq tubes lance-torpilles. Au total, pas moins de trente avant-projets préliminaires furent établis avant que ne tombe une décision. 1
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Les 4 cuirassés Classe Kongo Kongo Hiei Kirishima Haruna (DR) |
Dans un premier temps, il fut suggéré que la disposition de l'armement lourd reprenne celle adoptée sur l'Invincible. L'apparition de la classe Indefatigable obligea cependant les ingénieurs japonais à étudier la possibilité d'installer dix canons de 305 mm 50 calibres, dont quatre en tourelles superposées selon un arrangement général proche de celui adopté sur le croiseur de bataille allemand SMS Moltke, avec une tourelle à l'avant, deux en échelon au centre du navire et deux superposées à l'arrière.
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Tourelles DR |
Cette disposition fut ensuite modifiée au profit de deux tourelles superposées à l'avant, deux à l'arrière et une au centre du navire dans l'axe. Cet avant-projet servit à définir l'ébauche finale des navires mais en 1909, peu après la finalisation du prototype, la Royal Navy mit la classe Lion en route. Pour les Japonais, ceci signifiait être de nouveau surpassés ou modifier radicalement leurs plans. La fierté nationale les poussa vers la seconde solution mais conscients des limites de leurs capacités techniques, les Japonais demandèrent alors l'assistance de la Royal Navy pour élaborer une version améliorée des derniers croiseurs de bataille mis en chantiers; le projet grimpa ainsi de 18.950 à 27.500 tonnes.
Cette demande fut d'autant mieux accueillie par les chantiers britanniques que le Japon était déjà un bon client, ayant fait construire l'essentiel de sa flotte en Grande-Bretagne, ceci en sus du Traité d'alliance liant les deux empires. Aussi, tant Armstrong que Vickers firent preuve d'enthousiasme pour emporter un marché prometteur. L'Amirauté japonaise se décida finalement pour Vickers, qui proposait un projet basé sur celui du Lion, comprenant huit pièces de 305 mm et seize de 152 mm avec une version alternative dotée de 10 pièces de 305 millimètres. Qui plus est, Vickers construisait alors le Princess Royal, sister-ship du Lion. Pour les Japonais, c'était la certitude d'obtenir ainsi ce qui se faisait de mieux au monde en matière de conception, de construction et d'armement. Le contrat fut dès lors signé le 17 octobre 1910.
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Les plans de base du navire furent dessinés par le Département des Constructions de l'Amirauté à Tokyo. Ils se basaient sur les exigences de l'Etat-major qui voulait une version renforcée du Lion et sur les esquisses du projet B46 de Vickers. L'ensemble du projet fut ensuite finalisé par Sir G. Thurston sous la désignation "projet 472C" et se présenta comme une version "croiseur de bataille" du cuirassé Reshadieh alors en construction pour la Turquie. L'ensemble apparut immédiatement supérieur aux croiseurs de bataille britanniques et força l'Amirauté britannique à modifier les plans du HMS Tiger (quoique la Royal Navy aie toujours eu du mal à l’admettre, l'influence de ce projet est évidente sur le développement global du Tiger par rapport au Lion).
Malgré tout, le problème de l'armement lourd n'était pas encore réglé et au Japon, on discutait encore fermement sur le calibre des canons, entre partisans du classique canon de 305 mm 50 calibres et partisans d'une augmentation de calibre. Le choix se porta finalement sur le 305 mm jusqu'à ce qu'un attaché naval à Londres obtienne des informations confidentielles sur les derniers essais d'artillerie. Ceux-ci tendaient à prouver que le canon de 305 mm avait une durée de vie plus courte et une plus grande dispersion que le nouveau canon de 343 mm 45 calibres que la Royal Navy se préparait à installer sur ses nouveaux navires de ligne.
A cette nouvelle, l'Amirauté japonaise renonça au 305 mm et délaissa même le 343 mm en demandant à Vickers de tester son propre modèle, un 356 mm 45 calibre encore inusité et développé par les Japonais afin de surpasser l'artillerie britannique. Les essais furent accomplis à Shoeburyness en mars 1911 et confirmèrent la fiabilité du canon. Ceci permit donc aux Japonais de faire construire le premier navire armé de ce calibre, jusqu'à ce que l'Amirauté américaine annonce peu après son intention de l'adopter pour les cuirassés Texas et New York.
Les lignes de coque étaient similaires à celles du Lion mais avec une étrave de type "clipper" et un évasement plus prononcé des oeuvres mortes afin d'améliorer la tenue en haute-mer; la section inférieure de l'étrave restait cependant droite. Plus longue d'un mètre et demi que celle du Lion, la coque était aussi plus large d'un mètre afin de pourvoir à l'installation des nombreuses chaudières. Ce besoin inhérent aux croiseurs de bataille conditionna d’ailleurs le repositionnement des tourelles: la présence de deux tourelles superposées à l'arrière aurait nécessité trop de place, aussi l'une d'entre elles fut sacrifiée au profit des machines. Tant sur le Lion que sur le croiseur de bataille japonais, les deux tourelles arrières étaient fort espacées mais à la différence du Lion, la troisième tourelle du projet japonais était positionnée derrière les cheminées et bénéficiait ainsi d'un arc de tir beaucoup plus vaste. 2
L'armement secondaire resta fixé à seize canons de 152 mm 50 calibres, le canon de 102 mm employé par les Britanniques étant jugé trop faible par les Japonais qui voulaient - autant que possible - à installer des canons de calibre supérieur à ceux des autres marines.
La propulsion était assurée par quatre turbines Parsons, deux à haute pression sur les arbres intérieurs et deux à basse pression sur les arbres extérieurs. Trente-six chaudières Yarrow à charbon et mazout devaient assurer une puissance totale de 64.000 chevaux pour atteindre une vitesse de 27,5 noeuds. Aux essais, le navire réalisa en effet 27,54 noeuds mais avec 78.257 chevaux.
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Cheminées DR |
La volonté d'obtenir une grande vitesse et un armement aussi puissant imposa des sacrifices, lesquels furent partiellement portés sur la protection. Celle-ci ne représenta en moyenne que 23,5 % du déplacement du navire.
La ceinture cuirassée courrait sur 62 % de la longueur de la coque, entre les barbettes avant et arrière. Haute de 3.8 mètres, elle se composait de plaques de 203 mm à la flottaison et était complétée par une ceinture de 76 mm au-delà des barbettes, laquelle s’arrêtait à 12,2 mètres de l’étrave et à 10 mètres de la poupe. Cette cuirasse était surmontée par une ceinture supérieure de 152 mm qui courait de la barbette avant à la troisième barbette, et grimpait jusqu'au pont principal, protégeant ainsi la batterie secondaire. Ces deux ceintures étaient composées d'acier-cémenté Vickers. La citadelle était fermée par des cloisons transversales dont l’épaisseur allait de 203 à 152 mm à l’arrière et de 152 à 127 mm à l’avant, ceci à hauteur de la ceinture cuirassée principale; la ceinture de batterie était fermée par des cloisons ayant respectivement 152 mm et de 230 à 152 mm. Il n’y avait pas de cloison pare-torpilles, la protection des oeuvres vives étant confiée aux soutes à charbon et renforcée par un compartimentage soigné.
Ce relatif manque d'épaisseur était voulu par les ingénieurs japonais sur base de l'augmentation des angles d'arrivée des obus dus à l'augmentation des portées de tir. La protection des sections vitales du navire, telles que les soutes, machines et chaudières, était assurée par des plaques de 19 mm; le pont supérieur reçut lui 38 mm de blindage, une épaisseur jugée normale pour l'époque mais qui apparut rapidement insuffisante. Les salles de gouverne furent également protégées par un blindage d’une épaisseur allant de 19 à 25 mm.
Les barbettes des tourelles avaient 250 mm de protection au maximum, la section inférieure des tourelles étant de 76 mm. Le toit des tourelles était protégé par 76 mm et les faces par 230 mm. Il est intéressant de noter que les tourelles du navire ainsi que celles de son premier sister-ship étaient de type angulaires alors que celles des deux dernières unités de la classe étaient à flancs arrondis.
Dans l'ensemble, la protection du navire était supérieure à celle du Lion, les Japonais ayant mis l'accent sur la protection de la batterie principale, habituellement faible sur les croiseurs de bataille. Le poids total du blindage représentait 6.606 tonnes.
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Hélices Gouvernails (DR) |
La quille du navire fut officiellement posée le 17 janvier 1911 et il fut baptisé « Kongo », du nom d'une montagne du Japon le 18 mai 1912 4. Après la cérémonie de lancement, la coque fut amarrée au bassin d'achèvement, juste à côté du Princess Royal alors en cours de finition. L’achèvement du Kongo dura jusqu'au 16 août 1913, un délai assez long qui était voulu par les officiers japonais en charge des travaux, soucieux d'observer la finition du princess Royal et d'en tirer des leçons. Après sa réception par les Japonais, le Kongo fit route vers Plymouth, qu'il quitta le 28 août pour rejoindre le Japon. Il arriva à Yokosuka le 05 novembre et rejoignit aussitôt la Flotte impériale.
Ce fut le dernier navire de guerre japonais construit à l'étranger, ses trois sister-ships furent en effet tous construits au Japon, avec malgré tout l'assistance technique et matérielle des Britanniques.
Extérieurement, le Kongo se caractérisait par ses deux mâts-tripode, le mât arrière étant doté d'un mât de charge pour la manoeuvre des embarcations. Il possédait également huit canons de 76 mm installés deux par deux sur les toits des tourelles et avait sa cheminée avant plus proche du tripode que celle de ses sister-ships. Toutefois, l'absence d’un centre de contrôle de tir constitua une importante lacune, laquelle ne fut pas comblée avant la Première Guerre Mondiale alors que tous les navires de ligne des grandes puissances de l'époque étaient déjà dotés de ce système.
L'équipage du Kongo venait à peine de terminer sa croisière de formation lorsqu'éclata la guerre en Europe. Le nouveau croiseur de bataille fit route le 26 août 1914 de Yokosuka vers le Pacifique central pour des missions d'escorte qui se poursuivirent jusqu'au 12 septembre. A cette époque, la Royal Navy, qui avait une excellente opinion de cette classe demanda au Japon de louer les quatre unités, ce qui fut refusé. 5
En 1917, le centre de contrôle de tir fut enfin installé au sommet du tripode avant, lequel fut élargi de 90 centimètres en longueur et de 60 en largeur. Une plate-forme fut également construite entre les deux premières cheminées afin d'installer des projecteurs de 110 centimètres.
En 1918, les canons de 76 mm furent remplacés par quatre nouvelles pièces de 40 calibres, installées deux par deux sur les flancs au centre du navire.
En 1920, la cheminée avant fut légèrement amincie. En effet, malgré une disposition plus heureuse que celle adoptée sur le Lion, une partie des fumées envahissait encore les passerelles. Cette première modification ne résolvant pas encore le problème, un important capot fut ensuite installé.
L’année suivante marqua l'apparition des premiers hydravions à bord.
En 1924, une commande de tir et un centre de contrôle des projecteurs furent embarqués de même que des appareils de mesure de vitesse et de course des cibles, lesquels furent montés sur le tripode avant. Celui-ci commença à prendre une allure compliquée par la multiplication des passerelles, caractéristique commune aux grandes unités de la flotte japonaise d’alors.
Cette refonte fut suivie par une nouvelle destinée à augmenter l'élévation des canons. Celle-ci fut portée de 25 à 33 degrés, aboutissant à une portée maximale de 29.000 mètres au lieu de 25.800.
En 1926, trois nouveaux canons de 76 mm 49 calibres furent ajoutés aux quatre pièces existantes: une pièce sur chaque côté au centre du navire et la troisième sur la passerelle arrière.
En 1927, les passerelles de commandement furent remplacées par un « mât pagode » destiné à installer de nouveaux équipements de contrôle.
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Etat 1922 |
Etat Années 30 |
En 1928, un nouveau type de capot de cheminée fut testé sur la seconde cheminée. Après quelques améliorations, ce capot fut largement employé au sein de la flotte. Les tangons des filets pare-torpilles furent également débarqués à cette époque. Dans les marines européennes, ceux-ci avaient disparus depuis plus de dix ans mais les Japonais gardaient toujours les réminiscences des attaques à la torpille effectuées contre la flotte russe autour de Port Arthur.
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Kongo 1922 |
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La fin des années 1920 marqua la première grande reconstruction de la classe, dans les limites fixées par le Traité de Washington. 6 Cette refonte concernait principalement la protection des ponts, des soutes et des machines ainsi que celle des oeuvres vives. La première unité de la classe à passer en radoub fut le Haruna, suivi par le Kirishima. Les travaux de modernisation du Kongo débutèrent à Yokosuka en septembre 1929 et se poursuivirent jusqu'au 31 mars 1931. Le déplacement du navire fut porté de 26.741 tonnes à 29.800 tonnes et la vitesse de combat réduite à environ 26 noeuds. L'Amirauté reclassa dès lors les quatre navires comme cuirassés, le Hiei étant de plus relégué comme navire d'entraînement partiellement démilitarisé. 7
La protection des ponts fut retravaillée de manière à résister à un obus de 356 mm tiré entre 20 et 25.000 mètres: le pont inférieur fut renforcé au-dessus des soutes et des salles de machines par des plaques épaisses de 63,5 à 102 mm, rajoutées aux 19 mm existants. Les barbettes furent également renforcées sous le pont intermédiaire par l'ajout de plaques de 76 mm sur la cuirasse existante. Les toits des tourelles furent renforcés, la protection initiale étant doublée par l'ajout d'une seconde cuirasse de 76 mm. Le pont cuirassé fut renforcé de plaques circulaires, dont l'épaisseur atteignait 165 mm autour des conduits de cheminées, 178 mm autour des conduits de ventilation des salles de chaudières, et entre 102 et 127 mm autour des conduits des salles de machines et des passages de munitions.
La protection des soutes fut renforcée de façon à résister à une charge de 200 kg d'explosifs. Entre trois et quatre couches de 25 mm d'acier à haute tension furent appliquées directement contre les faces internes et externes de la coque; des cloisons étanches transversales de 76 mm furent également installées autour des salles de chaudières. Suite à l'augmentation de déplacement et afin d’améliorer à la fois la protection et la flottabilité du navire, des contre-carènes furent rajoutées à l’extérieur de la coque. Ces contre-carènes furent dotées de tubes d'acier étanches destinés à garantir la stabilité même en cas de dégâts (cette installation ne fut achevée que juste avant le début de la Deuxième Guerre Mondiale).
Les machines subirent également de profondes modifications. Les trente-six chaudières originelles furent remplacées par six nouvelles chaudières mixtes à grande capacité, de type "Ro", conçues par le Département des Constructions et par quatre chaudières à mazout. La réserve de combustible passa de 4.270 à 2.703 tonnes de charbon et de 1.000 à 3.345 tonnes de mazout. Ceci permit de faire passer le rayon d'action du navire de 8.000 à 9.500 miles à 14 noeuds. Extérieurement, le remplacement des chaudières se traduisit par le débarquement des cheminées et leur remplacement par deux nouvelles.
L'élévation des canons de 356 mm fut portée de 33 à 43 degrés, ce qui fit grimper la portée de tir à 33.000 mètres et permit aux unités d'opérer de concert avec les cuirassés de la classe Nagato. Le mât-pagode fut élargi et modernisé afin d'y incorporer de nouveaux systèmes de contrôle de tir. Quatre tubes lance-torpilles furent débarqués et la ventilation améliorée.
L'installation de l'aviation embarquée fut également repensée, l’appui des avions étant de plus en plus souvent utilisé en mer. Trois hydravions Type 14 furent embarqués et logés sur le pont supérieur entre les tourelles arrières.
Le déplacement du Kongo grimpa à 29.800 tonnes standard soit 32.293 tonnes de jauge normale. La largeur du navire passa à 29 mètres et l'équipage à 1.118 hommes. Durant ses essais, il atteignit 25.7 noeuds avec 73.850 chevaux pour un déplacement de 34.341 tonnes. La protection était passée de 6.66 à 10.478 tonnes.
Le développement naval des années 1930 était toutefois tel que malgré sa reconstruction, le Kongo dut continuellement passer en refonte.
En 1932, un an à peine après son retour de l'arsenal, deux projecteurs de 150 centimètres furent installés afin d'améliorer les capacités de combat de nuit. Les canons de 76 mm 40 calibres furent débarqués et remplacés par quatre affûts doubles de 127 mm, deux sur chaque flanc au centre du navire.
En 1933, deux autres affûts doubles de 40 mm furent embarqués et une catapulte fut installée sur le pont supérieur entre les tourelles C et D.
En février 1934, la hauteur du mât principal put être réduite grâce à l'amélioration des communications radiophoniques. La même année vit également le remplacement des canons de 356 mm pour la première fois depuis la mise en service du navire, de nouveaux tubes furent installés et le navire fut doté d'obus de rupture Type 91. Deux affûts quadruples de 13 mm furent montés et les trois hydravions furent remplacés par trois nouveaux de Type 90 Nakajima.
Une nouvelle refonte massive de la classe fut toutefois envisagée au milieu des années trente; celle-ci démarra avec le Haruna en 1933 et se poursuivit avec le Kirishima. Les travaux débutèrent sur le Kongo le 01 juin 1935 et s'achevèrent à Yokosuka le 08 janvier 1937. A l'issue de cette reconstruction, les quatre navires furent reclassés comme cuirassés rapides.
Cette refonte portait en effet principalement sur la modernisation des machines, nécessitée par la tactique de combat de la marine japonaise. Une vitesse de trente noeuds était jugée obligatoire pour pouvoir engager et détruire les croiseurs de la flotte ennemie et permettre ainsi le passage des destroyers chargés d'attaquer la ligne de bataille adverse dans un raid nocturne, ceci pour l'affaiblir avant le combat proprement dit entre cuirassés.
Huit chaudières à mazout furent installées dans autant de compartiments étanches. Les quatre turbines Parsons furent remplacées par autant de turbines à engrenages réducteurs conçues par le Département des Constructions; le tout assurant une puissance de 136.000 chevaux, soit le double de la puissance initiale. La capacité de combustible fut portée à 6.100 tonnes grâce à l'ajout de nouveaux réservoirs, ce qui imposa une réorganisation considérable de la coque mais permit d'augmenter le rayon d'action jusqu'à 10.000 miles à 18 noeuds. La poupe fut également rallongée de 7,6 mètres afin de réduire les turbulences autour des hélices et d'augmenter ainsi le rendement des machines. La longueur entre parallèles grimpa à 219,45 mètres, la largeur resta inchangée à 29 mètres mais le tirant d'eau passa de 8,6 à 9,7 mètres et le déplacement monta de 32.888 à 37.196 tonnes.
L'armement ne connut que peu de modifications durant cette refonte, l'élévation des canons de 152 mm fut portée de 15 à 30 degrés et les plates-formes circulaires des pièces furent surélevées. Les deux affûts doubles de 40 mm furent remplacés par dix affûts doubles de 25 mm. L'augmentation de déplacement fut partiellement compensée par la condamnation des quatre casemates situées à l'avant du navire et par le débarquement des quatre derniers tubes lance-torpilles.
Le mât-pagode fut lui considérablement transformé suite aux améliorations apportées au contrôle de tir à longue portée et au combat de nuit. Un télémètre de 10 mètres fut installé au sommet du mât et de nombreux appareils de commandes de contrôle de tir, d'évaluation des distances et de la course, de contrôle des projecteurs et d'observation furent installés sur les différentes passerelles. La section inférieure du mât principal fut également reconstruite pour loger le directeur de tir de la batterie secondaire et six projecteurs de 110 centimètres furent installés autour de la cheminée avant.
L'installation d'un centre de contrôle des avaries se révéla comme une importante amélioration. Sur chaque côté de la coque, vingt compartiments d'une capacité totale de 508 tonnes furent construits afin d'assurer une correction rapide de la gîte. Vingt-six autres compartiments d'un total de 1.524 tonnes furent également installés pour assurer une inondation progressive. L'inondation rapide des vingt premiers compartiments devait ainsi corriger une gîte de 5,5 degrés et l'inondation progressive permettre de monter jusqu'à 7,7 degrés.
A l'issue de cette refonte, le déplacement du Kongo passa à 32.227 tonnes standard, pour une longueur à la flottaison de 219.6 mètres et une largeur de 29 mètres; la longueur hors tout atteignait 222 mètres. L'armement léger se composait alors de 14 pièces de 152 mm en casemates, de huit canons de 127 mm en quatre affûts doubles, de quatre pièces de 40 mm et de huit de 13.2 mm, ces douze dernières pièces étant remplacées par vingt nouvelles de 25 mm en 1936. Le poids de la protection passa à 10.903 tonnes et l'équipage fut fixé à 1.437 hommes.
Cette seconde reconstruction transforma les quatre unités de la classe en navires rapides et puissamment armés: ce fut en ce temps la classe de cuirassés la plus rapide au monde. Aux essais, le Kongo réalisa en effet 30.27 noeuds avec 137.188 chevaux pour un déplacement de 37.595 tonnes
Après son retour dans la flotte, le Kongo passa par une phase d'entraînement intensif entrecoupée de passages à l'arsenal afin de rester paré à toute éventualité. Vers 1939, un poste de commandement de l'artillerie antiaérienne fut installé au sommet du mât-pagode. Au début 1941, les barbettes des tourelles furent renforcées et le système anti-incendie fut amélioré à l'intérieur des ascenseurs à munitions.
Mais malgré ces deux reconstructions, la protection verticale du navire resta très faible, n'ayant pratiquement pas été renforcée depuis la mise en service du navire. L'Amirauté japonaise était toutefois bien consciente que la cuirasse pouvait être percée à n'importe quelle portée par un obus de 356 mm, sans parler des obus de 406 mm des cuirassés américains, mais ne trouva pas nécessaire de renforcer la ceinture cuirassée des navires, ceux-ci étant considérés comme suffisamment bons pour opérer de concert avec les porte-avions de la flotte.
Le Kongo durant la 2e Guerre Mondiale
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L'entrée en guerre du Japon face aux Etats-Unis provoqua une multitude de demandes d'unités rapides dans la flotte, parmi lesquelles ces quatre cuirassés qui formèrent la 3ème escadre de bataille et furent assignés à de nombreuses missions du fait de leur grande vitesse et de leur autonomie Peu avant la déclaration formelle de guerre, le Kongo fut assigné avec le Haruna à la Force navale d'Invasion Sud dont la mission principale était de supporter l'invasion de la Malaisie en couvrant les débarquements sur Bornéo, les Célèbes, Sumatra et Amboya entre le 18 décembre 1941 et le 16 février 1942.
Lorsque la Grande-Bretagne détacha un cuirassé et un croiseur de bataille vers Singapour 8, l'Etat-major décida d'envoyer ses deux cuirassés à la rencontre de l'escadre britannique mais ce projet fut abandonné suite à la destruction des unités ennemies par la 22ème flottille de la 11ème flotte aérienne, basée près de Rangoon.
Du 19 au 26 février 1942, les quatre unités de la classe escortèrent la puissante escadre de porte-avions du vice-amiral Kondo dans la conquête de Java, opération durant laquelle le Kongo ouvrit pour la première fois le feu depuis le début de la guerre. Fin mars, les quatre cuirassés quittèrent la Baie de Sterling, dans les Célèbes, pour couvrir les porte-avions du vice-amiral Nagumo dans leur raid contre Ceylan du 01 au 09 avril. Après cette mission, ils rentrèrent au pays fin avril pour rejoindre la flotte combinée rassemblée afin d'attaquer Midway. Le Kongo et le Haruna furent détaché dans la force d'invasion principale du vice-amiral Kondo, en compagnie du porte-avions Zuiho et de huit croiseurs lourds. Le Hiei et le Kirishima escortèrent les porte-avions du vice-amiral Nagumo avec trois croiseurs et onze destroyers. Aucun cuirassé ne fut endommagé durant les combats et tous rentrèrent sans problème au port.
Après l'assaut surprise des Américains sur Guadalcanal en août 1942, la marine japonaise n'hésita pas à engager toute ses forces dans une série de raids nocturnes et diurnes. Ceux-ci furent toutefois gênés par la supériorité aérienne américaine aussi l'Amirauté décida-t-elle d'engager deux cuirassés dans le bombardement de l'aéroport d'Henderson. Cette opération fut menée par le Kongo et le Haruna à la mi-octobre sous le commandement du vice-amiral Kurita. Dans la nuit du 13 au 14, les deux navires croisèrent à grande vitesse au large de l'île et ouvrirent le feu sur les installations américaines. Le résultat fut encore meilleur qu'espéré; les 920 obus tirés détruisirent deux tiers des 80 avions présents et mirent le feu aux réserves d’essence de l'aéroport.
Deux semaines plus tard, les quatre sister-ships se retrouvèrent durant la bataille des îles Salomon, qui démarra le 26 octobre. Entre-temps, la situation s'était fortement détériorée pour les Japonais autour de Guadalcanal, aussi l'Amirauté décida de reprendre l'opération de bombardement de l'île, cette fois avec le Hiei et le Kirishima menés par le vice-amiral Abe. L'opération fut cette fois un désastre qui entraîna en vingt-quatre heures la disparition des deux cuirassés 9. Le Kongo et le Haruna furent alors renvoyés au Japon pour passer en cale sèche et subir un entretien devenu urgent après deux ans passés en mer. L’année 1943 fut relativement tranquille pour les cuirassés japonais, l’Amirauté profitant de ce répit pour renforcer ses unités.
Le début de l'année 1944 vit le renforcement de l'artillerie antiaérienne du Kongo par l'installation de deux affûts doubles de 127 mm supplémentaires, ce qui porta le total à douze canons. Les dix affûts doubles de 25 mm furent remplacés par six affûts triples et huit doubles. Un radar de recherche aérienne Type 21 et un autre de recherche de surface Type 22 furent également installés sur le mât avant. Enfin, la protection de la salle des gouvernes fut renforcée suite à la perte du Hiei. L'ancien compartiment fut coupé en deux par une cloison étanche et les deux nouvelles salles furent recouvertes par une couche de ciment. Un système de gouverne de secours, alimenté par un générateur diesel fut installé en sus pour parer à toute éventualité. L'augmentation de poids fut compensée par le débarquement de six canons de 152 mm.
La mi-juin 1944 marqua le début de la bataille des Philippines avec la reprise par les Américains de l'île de Saipan, dans les Mariannes. La flotte japonaise, forte de neuf porte-avions et de cinq cuirassés, se heurta à la Task Force 58 du vice-amiral Spruance. A l'issue de cette bataille désastreuse, ayant perdu les porte-avions Taiho, Hiyo et Shokaku, les restes de la flotte impériale, dont le Kongo et le Haruna rentrèrent au pays.
Le Kongo passa immédiatement à l'arsenal pour y subir une nouvelle refonte. Douze affûts triples et vingt-quatre affûts simples de 25 mm furent embarqués, le total des canons s'élevant à 94. Le radar Type 22 fut amélioré pour servir au contrôle de tir et un radar de surveillance aérienne Type 13 fut installé. Cette refonte fut exécutée dans la précipitation suite à l'avance américaine vers Formose et les Philippines.
Après son passage en cale sèche, le Kongo regagna la Baie de Linga, au Sud de Singapour en juillet et entama un entrainement poussé en préparation de l'arrivée des Américains. L’Amirauté développait alors le plan « Sho-I », destiné à éliminer la menace américaine sur les Philippines à travers une large bataille menée par l’ensemble de la flotte. Celle-ci fut en conséquence morcelée en quatre escadres dotées chacune d’un objectif bien défini.
Partie de Bornéo, la force de surface de l'amiral Kurita, dite Force A, dont faisaient partie le Kongo et le Haruna 10 se heurta le 25 octobre 1944 à une escadre de porte-avions américains au large de l'île de Samar. Pour la première fois de leur existence, les deux cuirassés ouvrirent le feu sur des navires ennemis. L'escadre japonaise coula un porte-avions et un destroyer 11 mais reçut de gros dégâts et ne put empêcher la prise de Leyte. Elle perdit en outre le cuirassé Musashi et quatre croiseurs. Les autres escadres subirent également de lourdes pertes et la majorité des unités survivantes de la flotte se retira ensuite dans la Baie de Brunei, à Bornéo.
L'intensification des attaques aériennes américaines imposa cependant l'abandon de ce mouillage et le retour forcé au pays. Le 06 novembre, le Kongo et le Haruna quittèrent Bornéo avec une escorte de destroyers. Dans la nuit du 20 au 21, alors qu'il marchait plein Nord dans le détroit de Formose, le Kongo fut atteint par une gerbe de torpilles du sous-marin USS Sealion. A 05h30, une sourde explosion fit disparaître le navire qui était alors le plus ancien cuirassé au monde encore en activité.
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1 - Ceux-ci ne furent cependant pas rendus publics.
2 - Ce défaut du Lion fut d'ailleurs corrigé sur le Tiger.
3 - Le calcul initial semblait donc résolument optimiste voire même surréaliste.
4 - La tradition voulait que les cuirassés reçoivent le nom d’une province, les croiseurs celui d’une rivière et les destroyers celui d’un vent ou d’un arbre.
5 - On peut s’interroger sur le déroulement de la bataille du Jutland si l’amiral Beatty avait pu disposer d’une pareille escadre.
6 - Soit une augmentation maximale de 3.000 tonnes.
7 - Suite à la signature du Traité de Londres en 1930.
8 - Le Prince of Wales et le Repulse, escortés de quatre destroyers
9 - Le Hiei fut endommagé par un obus de 203 mm qui détruisit la salle des gouvernes et dut être sabordé après avoir été la cible des croiseurs puis des destroyers et de l’aéronavale américaine. Le Kirishima, portant la marque du vice-amiral Kondo, fut écrasé le lendemain par les obus des cuirassés Washington et South Dakota puis sabordé.
10 - Cette force comprenait en outre les cuirassés géants Yamato et Musashi, le Nagato, douze croiseurs et quinze destroyers.
11 - Le Task Group 77.4.3 du vice-amiral Sprague, composé de six porte-avions d’escorte et de sept destroyers. Les Américains perdirent le porte-avions d’escorte Gambier Bay CVE-73 et les destroyers Hoel, Roberts et Johnston.
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Classe Kongo
Le Kirishima 霧島
L'Haruna 榛名