Le sabre Japonais ne doit ni se casser, ni se tordre et garder son tranchant. Il doit donc être très dur et en même temps suffisamment souple. En métallurgie ces propriétés sont contraires. Les anciens forgerons ont donc imaginé et mis au point un processus très complexe pour aboutir à une lame quasiment parfaite. Tout commence avec la production d'acier brut appelé Tamahagane obtenu par réduction dans le Tatara. Le processus pour obtenir cet acier est unique au monde. Le minerai, déjà soigneusement choisi est fondu avec un mélange de sable ferrugineux et de charbon de bois.
Ici interviennent les secrets des maîtres forgerons, avec pour chaque atelier des différences dans la manière. Ce qui est commun à tous en revanche, c'est l'énorme travail nécessaire pour obtenir de quoi forger une lame. En effet, seul un infime pourcentage de minerai sera transformé en acier brut. On estime entre 1% et 10% au maximum du poids de départ. Déjà, à ce niveau se dégage l'excellence du matériau. Les morceaux de métal ainsi produits sont cassés en petits bouts de 3 à 5 cm. Le forgeron les triera suivant la teneur en carbone, et donc la dureté qu'il estime en chaque morceau.
Bien sur, chaque atelier a sa manière de forger et plier le métal. Ce travail sera visible plus tard sur la lame, avec ce que l'on nomme le grain de l'acier. Chaque fois que le métal est plié, cela double les couches d'acier. On arrive donc assez vite à un nombre très important. Il existe une limite au nombre de pliages souhaitables, car après l'acier perd en dureté. Là encore, chaque maître à son secret. Pour répondre aux critères de dureté et de souplesse, le sabre est fait d'acier composite.
Pour cela, la lame est recouverte d'un mélange d'argile, de poudre de charbon de bois et de petits secrets de chacun... Ce travail fini, on chauffe la lame sur un feu de charbon de bois, et quand le forgeron estime la bonne température atteinte, il plonge la lame dans l'eau. Le tranchant, moins protégé par une mince couche d'argile, se refroidit plus vite que le reste de la lame, et acquiert sa dureté définitive. Entre les deux parties de la lame, apparaît, bien visible, la ligne de trempe. Sur la partie la plus trempée, le choc thermique transforme l'acier en une structure appelée martensite. Il s'agit de fins cristaux extrêmement durs qui expliquent le redoutable tranchant des Nippon-tô.
Une fois le sabre poli, il sera monté en shira-saya. Eventuellement avec une koshirae plus formel suivant les goûts et désirs du propriétaire. Sur cette photo nous pouvons voir un saya-shi au travail. Traditionnellement, le bois utilisé est du magnolia blanc. Le bois devra être sans défauts et sans nœuds. Le shira saya est un fourreau très ajusté sur le sabre, qui protège bien la lame des chocs éventuels mais surtout de l'humidité. Polissage (condensé) de la lame du Sabre Japonais
Après la forge, vient l'étape du polissage. Cette opération, d'une grande difficulté, est bien plus importante que polir simplement une pièce de métal. Pour un sabre Japonais, le polissage signifie non seulement le tranchant du sabre, mais implique aussi une notion d'embellissement de la lame.
Le polissage est effectué avec des pierres d'origine volcanique typiquement Japonaise, bien que de nos jours, des pierres industrielles remplacent souvent les pierres naturelles. En général une dizaine de pierres sont utilisées. Chacune de plus en plus fine jusqu'aux petites pierres de finition.
Les polisseurs compétents hors du Japon se comptent sur les doigts de la main. Bien sûr, le prix est souvent un second problème. Pourtant, pour une lame de qualité, la seule option valable est d'envoyer le sabre au Japon. Cela demandera entre trois et six mois, mais les garanties d'un bon travail seront bien meilleures. Tout le monde peut prendre contact avec la NTBHK qui se fera un plaisir de recommander un artisan, et donnera la marche à suivre pour les formalités à remplir avec le gouvernement Japonais.
Mais surtout, l'acidité naturelle de la peau pourrait, si la lame n'était essuyée de suite, marquer d'une empreinte l'endroit de l'agression. Si cela arrivait, seul un polissage pourrait venir à bout de l'oxydation... Et on se retrouve avec les nuits sans sommeil du collectionneur qui a envoyé sa lame à l'autre bout du monde, et qui prie chaque nuit pour que l'avion postal ne se crash pas, ou qu'un tremblement de terre n'engloutisse pas l'atelier du maître polisseur...
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