Les lampes à Huile ou Lucernae
Les lampes à huiles antiques sont à la fois des objets de la vie quotidienne mais elle sont aussi des œuvres d’art et ,elles nous permettent de renseigner sur les us et coutumes les modes du Monde romains En effet en plus de leur utilité elle peuvent recevoir des décors ou des formes très diverses . elles sont en général en terre cuite mois elles peuvent aussi être en bronze ou en verre . elles sont mono bec ou multi bec . Elles peuvent être posées sur une table ou être suspendu grâce à des chainettes Leur forme peut être classique ou avoir des forme anthropomorphe ou zoomorphe Mais quelle que soit leur forme ou leur matériel de construction elles obéissent toujours au même concept celui d’avoir un réservoir et un bec Le réservoir qui contient le liquide en général de l’huile végétal est recouvert d’un disque qui reçoit ou pas un décor . Il est de forme en général circulaire La forme et les décors peuvent évoluer selon le temps et les lieux de fabrication ou d’utilisation . Les symboles chrétiens commencent à apparaitre au I° siècle AP JC et se multiplient par la suite Les décors sont variés du profane comme les scènes de la vie quotidienne des représentations d’animaux d objet des scènes érotiques des gladiateurs des fleurs des plantes au religieux représentation de dieux et pour les chrétiens les poissons les colombes le navires le chrisme la croix . A compte de la fin de la période hellénistique nous voyons apparaitre des usines de fabrication de lampes en série (firmalampen) qui fabrique les lampe a partir de moule bivalve en argile ou plâtre A côté nous trouvons toujours la production locale et ou artisanale C’est celle-ci la plus riche en forme et motif car le réservoir peut prendre diverses formes comme un pied une tète d’animal une plante Ces objets étaient fabriqués localement par des artistes et devaient couter assez cher Nous pouvons aussi avoir grâce à leur forme un classification Au début de l empire les becs étaient triangulaire et court et le disque était en général en creux ensuite le bec devient circulaire et on trouvera des oreilles pour une meilleurs préemption et le réservoir devient bien rond Les Lampes à Huile en terre Cuite
Motifs Faune et Flore
Motifs Religieux
Motifs Chrétiens
Religion Juive
Motifs Erotiques
Motifs Profanes
Motifs Antropomorphes
Lampes Huile Spéciales
Lampadaires
Lampes Huile Métalliques
L’ORNEMENTATION DES LAMPES ROMAINES
On a souvent étudié les lampes antiques, et à divers points de vue ; on a scruté leur histoire, l’évolution de leurs formes depuis l’antiquité paléolithique, leur technique, leur usage, leur décor, les inscriptions qu’elles portent, etc. Nous voulons ici présenter quelques remarques sur l’ornementation des lampes romaines et sur les pensées qui l’inspirent, espérant que nous n’allumerons pas une lampe en plein midi, comme le dit le proverbe romain (1).
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* * Le classement des motifs.
On a en général classé le décor selon le genre de motifs employés, comme suit (2).
Vie religieuse.
Vie laïque.
Transposition mythologique.
Grotesques, caricatures, etc.
Sujets littéraires.
Sujets historiques.
Faune.
Transposition humaine.
Flore.
Objets fabriqués.
Signes célestes.
Ornements géométriques.
Toutefois cette classification, fort, commode, ne laisse pas percevoir les pensées qui ont présidé au choix de tel ou tel motif. Sans doute la fantaisie et la routine du fabricant entrent pour beaucoup dans. le choix des thèmes ; certains n’ont d’autres raisons que de décorer la lampe, d’être des ornements sans portée, puisés au, répertoire courant de l’art industriel, parfois à celui du grand art (20). Mais cette constatation suffit-elle, a-t-elle une valeur absolue ?
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* * Le décor et la destination de la lampe.
A quoi servaient les lampes ? Nous répondrons avec quelque naïveté à éclairer, et ceci réellement ou fictivement. Elles servent :
Elles entretiennent souvent autour du dieu une lumière éternelle, comme dans le culte catholique, comme la lampe récemment allumée à Paris et en Italie sur la tombe du soldat inconnu et des morts de la guerre (26). Telle était celle de l’Érechthéion à Athènes, celle du sanctuaire de Zeus Ammon en Libye, qui avait la propriété de consommer moins d’huile d’année en année (27).
Parfois l’on remarque, dans les édifices sacrés, comme aussi dans les demeures et les tombeaux, des niches destinées à recevoir la lampe (28).
Mais souvent ces lampes ne sont pas allumées et sont offertes en ex-voto par les fidèles, ce qui explique leur nombre parfois très considérable 15.000 dans le sanctuaire gallo-romain du Chatelard de Lardiers (29).
Beaucoup de lampes sont donc des lampes « de dévotion », consacrées-par les fidèles (30).
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* * Ce sont là les principaux usages des lampes ; il y en a d’autres encore, plus spéciaux. On les emploie :
Prendre une lampe noire, y -mettre de l’huile de sureau mêlée à du vif-argent et à du sang, on verra le visage des assistants tout noir (51). Des recettes analogues servent à la confection des cierges. Voulez-vous encore voir les assistants acéphales ? Faites un cierge avec une peau de serpent, de la cire d’abeilles, du sang d’âne, et d’autres ingrédients (52). On pourrait aisément multiplier ces exemples.
La fumée d’une, lampe éteinte fait avorter les cavales, parfois aussi les femmes, dit Pline (53).
Pour faire prendre le beurre, il est utile, disent les Chaldéens d’Ourmiah, de mettre la lampe sous la baratte (54).
Et l’huile des. lampes sacrées n’est-elle pas miraculeuse, ne guérit-elle pas (55) ?
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* * On s’est parfois demandé s’il n’y ‘a pas, un rapport entre l’usage de la lampe et son ornementation (58). Sans doute le potier ne s’en préoccupe pas le plus souvent, pas plus que le fabricant de figurines, ignorant l’usage que le client fera de son achat ; il possède dans sa boutique un choix très varié, [p. 241] et l’acheteur peut, s’il le veut, préférer tel sujet en harmonie avec ses intentions.
Certains auteurs ont toutefois cru à cette prédestination, et ont cherché à la prouver avec exagération. Sous l’influence de l’exégèse symbolique de jadis, qui voyait dans les monuments antiques, reliefs, terres cuites, vases peints, des allusions à la vie de l’au-delà, Bachofen a considéré comme des symboles funéraires un grand nombre de thèmes, et a qualifié de lampes sépulcrales des lampes que rien ne désignait comme telles (59). Or il se trouve qu’aucun motif ne peut être mis en relation avec le rôle funéraire de la lampe; on ne décore celle-ci que de motifs empruntés, comme nous l’avons vu, à la vie terrestre, aux préoccupations des vivants.
Cependant il est tout naturel que le potier ait songé à mettre sur ses produits des ornements qui font allusion à, l’une ou l’autre de leurs destinations possibles, s’il en est beaucoup qui n’ont qu’une prétention décorative, ou qui sont en relation avec le rôle lumineux de la lampe. Dans cet ordre d’idées nous discernons les préoccupations suivantes :
I —Le Culte.
Quelques lampes sont étroitement associées aux cultes des dieux dont elles portent l’image. Celles qui ont la forme d’une barque, avec l’effigie d’Isis et de Sérapis, servent dans les cérémonies du culte isiaque ; elles rappellent la lampe d’or, en nacelle, de la procession isiaque décrite par Apulée, de la fête du Navigium Isidis qui marquait le moment où la navigation pouvait recommencer (60). En. voici, parmi les terres [p. 242] cuites gréco-égyptiennes, qui ont l’aspect d’une chienne c’est Isis sous sa forme de Sothis dont l’attribut est le chien, et sans. doute les emploie-t-on dans une fête nocturne, pour les illuminations, lors de l’attente du lever héliaque de Sothis (61). En voici en forme d’Athéna-Neith (62) ; d’autres attachées au bas de bustes de divinités ; d’autres en forme de dieux, dont les bras sont transformés en goulots pour la mèche (63). Il paraît difficile de nier leur emploi dans le culte de ces dieux (64), et dans leurs fêtes nocturnes si fréquentes en égypte, comme du reste partout (65).
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* * II. — La vie nocturne.
Il semble que l’on n’accorde pas assez d’attention, en étudiant les lampes romaines, à la relation qui peut exister entre leur ornementation et les événements de la veille et du sommeil qu’elles éclairent. Pourtant, n’est-il pas tout naturel qu’en les décorant, et qu’en puisant dans son répertoire très varié, l’artisan y ait pensé ?
Voici un volumen (66). Entre les mains des Muses, des écrivains, il symbolise la poésie, ,lés lettres; entre celles d’Esculape, de Télesphore, la science médicale; entre celles des Parques, la destinée humaine ; entre celles du magistrat, l’autorité; d’une façon générale il signifie travail intellectuel et autorité (67). Ici, tout seul sur le disque de la lampe, rappelle-t-il les veilles studieuses du lettré et du savant qui, à la lueur [p. 243] fumeuse, s’acquittent de .leur labeur consciencieux, dont on disait qu’il sentait l’huile ?
Dans l’intimité de la chambre, la lampe éclaire les ébats amoureux, et l’image d’Éros l’orne souvent (68), avec mille variantes parfois même le récipient est entièrement constitué par le corps du petit dieu. Le symbolisme universel met la lampe, humble instrument domestique, avec la virginité (69), le mariage, et l’amour conjugal ou extra-conjugal. Les vierges folles et sages attendent l’époux la lampe en main, et la vierge du christianisme devient une lampe (70). « Vu en songe, dit Artémidore, le chandelier se rapporte à la femme, la lampe et les lanternes au maître du logis et aux sentiments amoureux 71 « ; au Bengale, on présente aux jeunes mariés une lampe allumée (72). Les scènes les plus libres, « coitus superlectum, coitus a tergo », etc., sont donc naturellement fréquentes sur les lampes, qui, disent Aristophane et les épigrammes érotiques de l’Anthologie, en sont les muettes spectatrices (73). « O brillant éclat de la lampe d’argile, s’écrie Praxagora dans l’Assemblée des femmes… (74) à toi seule notre confiance, et nous avons raison, puisque, dans nos chambres, tu honores de ta présence nos essais de postures aphrodisiaques… »
La lampe peut présider à la toilette intime les femmes grecques s’épilent au moyen de sa flamme (75). « Seule tu éclaires les cavités secrètes de nos aines, brûlant la fleur de leur duvet », dit Praxagora ; dans Lysistrata, une femme atteste qu’elle est « épilée à la lampe », et dans les Thesmophoriazouses, Euripide dit à son comparse : « Lève-toi que je te brûle les poils, penche-toi. qu’on m’apporte une torche ou une [p. 244] lampe. » Il convient. aussi de se débarrasser des insectes qui pourraient troubler le sommeil, et une lampe romaine du Ier siècle porte cette inscription « »ucer(na) pulic(aris) », « lampe pour chercher ses puces (76) ».
Le sommeil vient, et voici l’image de celui d’Endymion (77), d’Éros (78) étendu sur un lit, de bergers. On le désire paisible, et pour l’obtenir ainsi, il convient d’employer certains talismans, par exemple de placer sous sa tête la nageoire droite d’un veau marin (79).
Le dormeur est sans défense ; il doit prendre garde de dévoiler involontairement ses pensées secrètes. Les recueils modernes, qui remontent à des-sources antiques, sont pleins de recettes pour éviter cet inconvénient ou pour le provoquer. Si l’on désire qu’une femme dise en dormant tout ce qu’elle pense, on placera sur son estomac une poudre faite avec le cœur d’un pigeon et la tête d’une grenouille (80) ; on peut aussi utiliser le cœur et le pied droit d’un chat-huant (81), ou la pierre « quirim » trouvée dans le nid de la huppe (82). Placés sur sa tête, le diamant et l’aimant révéleront si elle est fidèle à son époux ; chaste, elle embrassera celui-ci avec transport ; infidèle, elle s’éveillera en hurlant ou se jettera hors du lit (83).
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* * La nuit apporte les songes les dieux les. donnent au dormeur dans leurs temples où il va les chercher selon les rites de l’incubation (84) ; ils les lui envoient dans sa [p. 245] demeure. On peut à son gré les provoquer, et éviter, en diriger le cours. Une feuille de pourpier, placée sur le lit, écarte les visions nocturnes (85). Mais gardez-vous d’avoir auprès de vous l’onyx, qui suscite des songes horribles (86), et si vous voulez vous venger d’un adversaire, n’hésitez pas à frotter pendant son sommeil son visage avec du sang de huppe : il verra tous les diables (87).
Pour avoir des songes favorables, il est bon de placer près de sa tête une branche de laurier (88), plane pacifique, qui indique la trêve (89), qui, de plus, est en relation avec le feu céleste ; consacrée à Jupiter, la foudre ne tombe jamais sur elle (90) ; aussi Tibère s’en couronnait-il par précaution. Sans doute est-ce pour cette double raison que les branches et les couronnes de laurier, avec leurs baies, sont fréquentes sur les lampes.
Des amulettes ont la propriété de procurer des songes véridiques, et d’en faire souvenir au réveil (91). Une de ces figures est celle d’un être à quatre ailes,-que l’on dessine sur un linge en l’accompagnant de mots cabalistiques, selon le Tentyrite : c’est le dieu Bès à quatre ailes, dont l’image paraît sur de nombreuses amulettes (92). On dessine aussi sur un byssus un dieu à tête d’ibis que l’on invoque aux noms d’Isis et d’Osiris (93) ; c’est Thoth, à qui l’ibis (94) est consacré, et c’est pourquoi cet oiseau constitue parfois à lui seul le décor de la lampe, où sa tête se répète symétriquement de chaque côté du bec (95). [p. 246]
Certaines divinités, en effet, président aux songes (96), apparaissent aux dormeurs, Isis, Sérapis (97), Jupiter (98), Apollon 99),Héraclès somnialis (100), Hermès, « sermonis dator atque somniorum » (101), la Lune (102), Kronos, Pan, etc. (103) ; quoi d’étonnant si le décorateur a mis souvent leurs images sur ses lampes ? De nombreuses lampes ont la forme d’un pied isolé, ou de deux pieds (104), le plus souvent ornés de délicates sandales, l’orteil servant de trou pour la flamme. J’ai supposé (105) et M. Perdrizet émet la même hypothèse (106), que ce n’est pas le pied d’un mortel, mais celui d’une divinité. C’est celui de Sérapis, plus d’une fois représenté par un pied, que surmonte un buste humain ou une petite image de ce dieu trônant ; c’est aussi celui d’Isis. C’est le pied de la divinité qui est apparue en songe au fidèle, souvent dans le sanctuaire où il a dormi selon les rites de l’incubation. Ce qui semble confirmer ce caractère divin, c’est parfois la présence sur la lampe en forme de pied de l’image d’Isis uraeus. M. Perdrizet fait remarquer que jamais un isiaque n’aurait commis l’inconvenance de mettre sur le pied d’un simple mortel l’effigie de la, déesse (107). Peut-être qu’une autre notion s’ajoute à celle-ci : les pieds des dieux, comme leurs mains et leurs têtes, sont lumineux, émettent des rayons et ceux de Bouddha solaire en envoient qui se perdent dans la terre (108).
On sait l’importance que les anciens attachent à l’oniromancie et à l’onirocritique, à la divinition par les songes et à leur interprétation (109). Synésius ne dit-il pas qu’il est honteux pour un homme ayant plus de vingt ans de ne savoir les expliquer ? Les anciens, ont écrit de nombreux recueils sur ce sujet, dont quelques-uns seulement sont parvenus jusqu’à nous, ceux d’Artémidore qui vivait au IIe siècle de notre ère (110), d’Astrampsychos (111), de Synésius (112), de Nicéphore son commentateur (113) ; tous se copient les uns les autres, se passent les mêmes exemples, les mêmes exégèses, que l’on retrouve jusque dans les clefs des songes modernes. On peut sourire de ces explications ; toutefois la psychologie contemporaine ne les méprise plus comme jadis, car elle admet, surtout après les travaux de Freud et de l’école psychanalytique, que le rêve est plein de symboles et constitue une langue que l’on peut interpréter (114). C’est à la, lumière des travaux actuels sur le symbolisme qu’il convient d’étudier ces vieux auteurs.
Le décor des lampes conserve assurément le souvenir de cette préoccupation onirocritique, et bien des thèmes doivent être ceux qui ont été aperçus par le dormeur et qu’il a interprétés comme des présages. Lampe et onirocritique sont étroitement associés, et le seul fait de voir en songe une lampe, [p. 248] de bronze ou de verre, constitue un présage (115). Une inscription d’Athènes nous apprend qu’une femme attachée à l’Iseion de cette ville, est en même temps λυϰνάπτρια et όνειροϰρίτίς ;elle est donc chargée à la fois du soin d’allumer les lampes et d’interpréter les songes dont la déesse favorise ceux qui viennent dormir dans son sanctuaire (116).
Cherchons donc à discerner quelques thèmes de ce genre ; bien entendu, nous ne prétendons pas qu’ils s’expliquent de cette seule façon ; le même motif peut être susceptible d’interprétations diverses, par exemple être aussi talismanique.
Si les images divines sont si fréquentes sur les lampes, n’est-ce pas en partie parce que les dieux apparaissent au dormeur tels que l’art les a conçus, et que c’est un. Présage favorable de les voir en songe tels que les montrent leurs effigies artistiques (117), par exemple Jupiter Olympien, trônant ou debout (118) ? Chacune décès divinités fournit des présages divers ; pour ceux que trouble la pensée d’un esclave évadé, il est bon de voir apparaître Diane, la divine chasseresse, à laquelle rien n’échappe (119).
L’amour et la haine sont proches parents ; malgré leur rapprochement amoureux, l’homme et la femme sont d’éternels ennemis ; et leur union est un duel. Aussi, dit l’onirocritique, voir en songe les armes d’un duelliste qui poursuit un fuyard est annonce de mariage pour le dormeur (120), et se livrer en songe à l’amour est un présage de longues luttes avec l’adversaire, de grandes difficultés (121) : Φιλείν, έγείρει δυσμενώς μυριάς μάϰας. Ce songe peut-il expliquer un thème curieux ? Un jeune homme est étendu sur un lit, chevauché par une femme nue, qui, telle un gladiateur thrace, brandit bouclier et [p. 249] glaive (122). A l’issue des banquets, des femmes de mœurs faciles, joueuses de flûtes, acrobates, danseuses, venaient charmer les convives (123) ; certaines, dansaient la pyrrhique, combattaient entre elles comme des gladiateurs. Est-ce l’une de ces actrices qui vient d’échouer entre les bras d’un convive ? Est-ce, comme nous l’avons supposé ailleurs, en rapprochant ce thème de celui d’un relief hellénistique, un cauchemar, un génie malfaisant qui s’impose au jeune homme dans un rêve à la fois terrible et voluptueux, au milieu de ce cliquetis d’armes qui accompagne souvent, dans les croyances populaires, les apparitions des démons et des revenants (124) ? Est-ce une simple allusion aux combats amoureux auxquels vont se livrer les amants, et rapprochera-t-on les Éros déguisés en Thraces qui luttent entre eux ? Je croirais volontiers à l’illustration du songé précédemment cité.
La lumière du jour dissipe les terreurs nocturnes, et les songes, fils de la nuit (Hésiode). Les anciens avaient l’habitude de raconter le matin leurs songes au soleil, afin que celui-ci rendît l’événement opposé au rêve. « Cette nuit, dit Iphigénie (125), m’a apporté des visions étranges, que je vais dire au soleil, si ce peut être un remède à mon effroi. » Les Romains, en pareil cas, prenaient Vesta pour confidente (126). C’est un heureux présage que de voir les astres en songe : Άσπρα βλέπέιν, ϰαλλιστοιν άνθρώπις πέλει —Φωστήρες είδεἲν, πραμμάτων δηλοί φάος dit Astrampsychos (127). Ce sont les étoiles (128) ; c’est le soleil : « assister en songe au lever, du soleil, le voir répandre ses rayons, puis suivre sa course jusqu’au moment où il disparaît à l’occident, sans qu’aucun nuage ne vienne le cacher, est de fort bon augure (129) » ; c’est la lune, songe [p. 250] significatif d’argent, de richesse, de trafic, aussi de femmes (130). Les images du soleil, sous l’aspect de Sol, de la lune, anthropomorphisée ou comme croissant ; des étoiles, sont nombreuses sur les lampes ; souvent elles ont une valeur-générale de talisman, comme sur les pierres gravées et les bagues ; parfois on peut supposer une simple association d’idées entre la lumière de la lampe et ocelle des astres; mais on peut croire aussi à cette relation onirocritique.
Nombreuses sont sur les lampes les images de gladiateurs (131), en diverses situations. Ils s’exercent, ils luttent à armes égales ; ils sont terrassés, demandant grâce, ou morts. Ce sont des rétiaires (132), des samnites, des mirmillons, des thraces. Ce sont aussi leurs armes, seules (133). C’est le rappel fidèle des jeux qui passionnaient le peuple romain, et le décor des lampes est une précieuse source de documentation. Mais n’est-ce qu’une allusion à la réalité, et l’acheteur n’en voulait-il que le souvenir ? A lire Artémidore, on constate que ce qui occupe le plus les esprits des dormeurs; après les dieux, ce sont les représentations du cirque et du théâtre ; à chaque instant, ce sont des jeux olympiques, néméens, des combats de bêtes fauves, de gladiateurs, qui fournissent des présages (134). Serait-ce en partie pour cette raison que le décor des lampes les affectionne et les multiplie ? C’est vraisemblable, et c’est aussi parce que ces images sont prophylactiques. Sur un relief (135), le mauvais œil est entouré de plusieurs talismans qui le tiennent en respect ; parmi eux figure un rétiaire. A Rome, la jeune mariée, le jour de ses noces, assurait son bonheur en partageant ses cheveux avec une aiguille trempée dans le sang [p. 251] d’un gladiateur, ou mieux encore, avec l’arme qui l’avait tué dans l’arène (136). Sur le conseil des Chaldéens, Faustine se baigne dans le sang d’un gladiateur égorgé (137). Sur une lampe (138), un gladiateur semble se défendre contre une femme cyniquement accroupie à la manière des prétendues Baubos, et nous avons vu plus haut la lutte entre l’homme et la femme déguisée en gladiateur. On croyait qu’un épileptique pouvait être guéri en buvant le sang encore chaud d’un gladiateur tué en combattant, ou en mangeant un morceau de son foie (139). Les gladiateurs sont voués par leur métier à une mort violente, et celle-ci détermine toujours des superstitions talismaniques, dont la corde de pendu est un exemple encore actuel (140). De plus le sang, source de vie, de force, a un grand rôle en magie et en prophylaxie, et l’on connaît de nombreux cas, encore de nos jours, où pour se préserver on boit le sang du condamné à mort, on y trempe un chiffon (141).
Sur des lampes, un homme est dévoré par des fauves, lions et lionnes (142). Or, Artémidore nous apprend que c’est un heureux présage de se voir en songe lié à un poteau de cirque et dévoré par les bêtes (143) ; que c’est un augure de richesse pour un homme pauvre, de rêver qu’il combat dans l’amphithéâtre les fauves prêts à le dévorer ; que le serviteur qui se verra déchiré par les bêtes recouvrera indépendance et liberté (144).
Le phallus est un apotropaion d’un fréquent usage ; aussi [p. 252] le voit-on sur les lampes (145), comme sur les bagues (146) ; certaines lampes ont la forme d’une tête de taureau avec un bec en phallus, association qui se retrouve sur des amulettes (147) ;ailleurs ce sont des personnages dont le phallus sert de goulot à la mèche, ou, sur le disque de la lampe, des êtres phalliques. Or le membre viril joue un grand rôle dans les songes. Il signifie santé et robustesse; il présage richesse ou pauvreté, dignités; honneurs, car il croît et diminue comme eux. Si le dormeur voit son membre croître, ses biens augmenteront aussi ; s’il le voit diminuer; ils diminueront de même. Il peut rêver qu’il .possède deux membres, et c’est que l’effet des choses représentées sera doublé, à l’exception des choses amoureuses, car un homme ne saurait user de deux membres simultanément. Un serviteur songe qu’il a trois membres virils il est affranchi et porte désormais les trois noms qui lui sont donnés par son maître (148). Artémidore affirme ces vérités. Des amulettes montrent cette multiplication phallique, et sur des lampes ce .sont, comme dans les songes, trois, même quatre phallus entourant l’orifice central (149), qui semble alors se confondre avec l’organe féminin, ou avec le mauvais œil (150).
On trouverait sur les lampes bien d’autres motifs encore qui peuvent être en relation avec les songes : navire (151) ; animaux divers (152) ; branchés, guirlandes et couronnes de fleurs, de feuillages, olivier, myrte, chêne (153), annonciatrices de mariage, de victoire, etc. [p. 253]
III. — Les présages.
On vient de le voir, l’ornementation des lampes comporte parfois les présages qu’offrent les songes ; ce peuvent être aussi ceux de la vie éveillée. Fréquents sur leur disque, l’aigle (154), le corbeau, le coq (155), la sauterelle (156), sont fatidiques. Voir un héron (157) suffit pour être assuré de réussir dans son dessein.
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* * IV —Les souhaits.
Le décor offre au client des vœux de bonheur, de prospérité. Des inscriptions, analogues à celles des bagues et des vases, l’affirment déjà ; quelques-unes ne songent qu’au fabricant : Valeas qui fecit(158) ; Κύριε βοήθι τώ ποιώντι (159) ; βοήθει (160) ; mais d’autres partagent, ces vœux avec l’acheteur Qui fecerit vivatet qui emerit, lit-on sur un moule de lampe d’Oran.
On remarque que les mêmes thèmes paraissent sur des pierres gravées et des lampes (161), sans doute parce que tous puisaient au même répertoire industriel (162), mais aussi parce que ce décor avait même but. Celui des pierres gravées montées en bagues n’était pas. seulement ornemental, il [p. 254] exprimait des souhaits, il protégeait le porteur (163), il prononçait des paroles d’amour, d’affection. Celui des lampes n’a souvent pas d’autre intention, et c’est pourquoi, outre le décor, les inscriptions sont souvent communes (164).
Offertes en étrennes au nouvel an, des lampes souhaitent la bonne année Annum novum laustum felicem-mihi, tibi ou Ænnum faustum, felicem. On y voit aussi les représentations des objets remis ce jour-là en cadeaux, les rameaux sacrés de laurier et d’olivier, les fruits, dattes, figues, monnaies, les guirlandes, les cornes d’abondance (165).
Ce sont des souhaits de concorde, de bonne harmonie. Voici deux mains qui s’unissent (166). C’est l’abrégé des images où l’on voit deux époux se donnant la main ; ce motif est très fréquent sur les pierres gravées, peut-être insérées dans des bagues de mariage, où il est parfois accompagné du mot OMONOIA, concorde (167). Les cornes d’abondance, si nombreuses, sont évidemment un souhait de prospérité (168), comme sur les gemmes (169). C’est la faveur du sort que désire Fortuna, trônant de face, tenant ses attributs caractéristiques,, gouvernail et corne d’abondance (170). C’est elle encore que présagent les attributs de cette divinité, corne d’abondance, globe qui est celui du monde, de l’empire sur lequel s’étend son pouvoir, caducée d’Hermès qu’elle tient parfois en main (171). L’association de Fortune et de Mercure, c’est la prospérité du commerce une fresque de Pompéi montre Mercure s’élançant à travers le monde avec la bourse et le caducée, tandis que la [p ; 255] Fortune, debout, corne d’abondance et gouvernail en main, le contemple(172).
La couronne de chêne (173), motif banal de l’art romain, est-elle la couronne civique, emblème de valeur militaire qu’elle souhaite à l’acheteur (174) ? Elle porte de beaux glands, comme il est prescrit (175). Sur une lampe en forme de barque, avec les images d’Isis et de Sérapis, sans doute employée dans le culte isiaque (176), on lit le mot Εύπλοία (177), allusion à la déesse protectrice de la navigation (178). Mais cette navigation peut être aussi entendue au figuré, celle de l’existence humaine, que l’on souhaite heureuse et prospère. Des pierres gravées portent le mot εύπλοέι « que ta navigation soit heureuse », acclamation que profère aussi Lucien et M. Le Blant suppose avec raison, à leur propos, qu’il s’agit du cours heureux de la vie (179). Sur les gemmes, ce souhait est accompagné d’une image de navire; nous pouvons supposer que les nombreux navires qui ornent les lampes, à rames ou à voiles, ont le même sens (180). Peut-être en serait-il de même de certaines lampes en forme de navire (181), qui ne seraient pas nécessairement toutes affectées au culte isiaque. Que l’image du navire symbolise l’heureuse traversée réelle ou figurée, c’est ce dont témoignent les lampes où il est associé à des emblèmes qui ont ce sens, gouvernail de Fortuna, dauphins, autel allumé pour le sacrifice du départ (182). Dauphins et [p. 256] trident, trident seul (183), emblèmes de Neptune, sur les lampes e les gemmes ont même signification. Parfois, sur ces dernières, le trident est accompagné des deux étoiles des Dioscures,. astres tutélaires de la navigation, qu’Horace invoque pour obtenir l’heureux retour de son cher Virgile ; on lit aussi l’inscriptionNeptuno reduci(184). Cette heureuse navigation, Éros peut l’accomplir ; monté sur un dauphin (185) ou sur une amphore (186).
V. — Les talismans.
Comme les objets de parure, bagues, etc., la lampe est couverte d’amulettes, d’images protectrices, d’autant plus nécessaire qu’elle, fonctionne pendant la nuit, au moment où les mauvaises influences rôdent plus que jamais autour des vivants que le sommeil livre sans défense à leurs embûches.
Par elle-même déjà, la lampe est un talisman, puisqu’elle dissipe les ténèbres et que, par sa lumière, elle met en fuite les démons (187). C’est pourquoi, parmi les innombrables amulettes gréco-romains, figure parfois une lampe minuscule ; elle est suspendue à un collier féminin d’une tombe de Jérusalem (188). Peut-être que les lampes trop petites pour avoir servi à l’éclairage constituent de telles amulettes pour les vivants et les morts, dans les demeures et dans les tombes. Talisman, elle orne de sa propre image le disque des lampes dont plusieurs n’ont comme décor qu’une lampe en relief (189). [p. 257]
Le répertoire prophylactique des lampes est très varié (190), et nous n’avons pas la prétention de le dresser ici, ne voulant que citer quelques exemples.
D’une façon générale, les effigies des dieux ont cette vertu protectrice, et les inscriptions qui les accompagnent parfois précisent ce rôle ; on lit sur une lampe.chrétienne d’Egypte cette prière : Κ(υρι)Ε CΩCΟΝΜΕ, Seigneur, sauve-moi (191) ! Ce sont Isis et Sérapis, seuls ou associés, sur le disque, ou sur la poignée des lampes (192) ; les inscriptions des gemmes et des tessères à leur image disent : ΦΥΛΑΣΕ (193). —Νιϰά ό Cεράπις τόν φθόνον) (194). —ἃπτε αίπ αγαθώ (195). ; et sur une lampe au type de Ce. deux divinités on lit : Άλεξιϰαϰοι (196). C’est Harpocrate (197), le petit dieu protecteur, accompagné sur des gemmes des mots : « Conservate me (198) ». C’est Jupiter Ammon (199), à côté duquel on voit sur une lampe ἃπτε αίπ άγαθώ (200), et sur des pierres gravées. έπ’άγαθώ. Ce sont Hygie, Esculape, Télesphore, dont les gemmes ont les mots : CYZETEME (201). C’est Jupiter trônant, talisman sur des gemmes et des lampes (202) ; c’est Hermès chevauchant le bélier (203). [p. 258]
Voici maintenant des animaux: lions courants, accroupis dressés (204) qui, sur des amulettes, entourent le mauvais œil, sont associés à d’autres talismans (205) ; dauphins, seuls, répétés (206), dont le caractère talismanique est attesté sur les lampes comme sur les gemmes, par leur union avec d’autres attributs ; Victoire, corné d’abondance, trident, coquille, amphore, vase, navire, autel, gouvernail de Fortune, etc. (207), et qui sont en même temps des souhaits de bonheur (208).
Voici les astres. Le croissant lunaire est un puissant talisman, que l’on trouve partout depuis la préhistoire jusqu’à nos jours (209) ; à Rome, la lunula qui orne les chaussures patriciennes, emblème de noblesse ou de prêtrise, en dérive (210). Comme les gemmes (211), les lampes en sont abondamment ornées. La poignée prend sa forme (212), ce que l’on est tenté de rapprocher des anses lunulées des vases de l’Italie préhistorique la lampe entière en est constituée ; en voici une qui multiplie cet emblème : anse, corps du récipient sont demi-circulaires, et le dessus porte encore un croissant et deux étoiles (213). Le croissant est seul (214), ou accompagne sa forme [p. 259] humaine, Luna (215). Il est groupé avec des étoiles (216), comme sur les monnaies (217), les gemmes (218), les bagues (219), et cette union, sur des amulettes, des pierres magiques, en atteste la valeur protectrice (220).
Voici des objets inanimés, dont le rôle protecteur est connu, caducée (221), amphore (222), nœud, motif banal des lampes égyptiennes (223).
Les lampes chrétiennes adopteront ce principe. Elles se couvriront de signes divers, triangles, cœurs, losanges, carrés, cercles concentriques, quatre-feuilles, — thèmes très anciens, auxquels les érudits n’ont pas accordé suffisamment d’attention, — en même temps que d’images chrétiennes, colombe, palmier, croix, chrisme. Les uns et les autres sont protecteurs ; la « Regula Cœnobialias » de Saint-Colomban punit encore de six coups le moine qui aura oublié de tracer le signe de la croix sur sa cuiller, avant d’y boire, ou de le faire tracer sur la lampe qu’il vient d’allumer, par un moine plus ancien (224). On aperçoit sur des lampes chrétiennes d’Égypte un cavalier, marchant à droite, transperçant de sa longue lance [p. 260] un serpent qui se tord à terre (225). Le thème d’Horus à cheval combattant je crocodile, en uniforme de cavalier romain, est connu du paganisme ; le christianisme en hérite et transforme, selon les besoins, le dieu cavalier perçant de sa lance le monstre, en Salomon, saint Théodore (226) saint Georges, saint Sisinnios (227), êtres sauveurs.
Mais ces talismans ne paraissent pas seulement sur la lampe, on les voit aussi dessous, comme marques des fabricants pied, cœur, rouelle, pentagramme (228), etc., et il y aurait intérêt à en entreprendre l’étude à ce point de vue.
VI. Le décor par analogie.
Le feu de la lampe, le leu céleste, le feu amoureux. « Tu portes dans tes narines les splendeurs éclatantes du soleil », s’écrie Praxagora dans l’Assemblée des Femmes d’Aristophane, invoquant la lampe sa confidente (229). Il est, en effet, tout naturel de comparer la lumière de la lampe à la lumière céleste, du soleil, de la lune, des étoiles. Ces dernières ne sont-elles pas souvent assimilées à des lampes suspendues à la voûte des cieux et allumées par les dieux, par exemple dans la cosmogonie égyptienne, et un poète chrétien ne compare-t-il pas encore les étoiles aux lampes des moines (230) ? Sans oublier la valeur protectrice de ces images, cette association d’idées a vraisemblablement incité les potiers [p. 261] romains à multiplier sur leurs lampes les effigies des dieux en relation avec le feu céleste, Sol, Luna, et leurs attributs aniconiques, croissants, étoiles, rosaces végétales ou tournoyantes (231). Pourquoi des lampes disposent-elles leurs becs multiples en couronne (232) de lumière ? Parce que dé tout temps la couronne est emblème solaire, assimilée à la roue du soleil, identification dont on peut donner de multiples exemples depuis l’antique Chaldée jusque dans le christianisme, et dans les rites populaires, survivances d’anciens cultes lumineux (233). Elle rappelle le disque étincelant du soleil et des corps célestes (234), elle devient le nimbe des divinités lumineuses, païennes. ou,. chrétiennes. Cet emploi des luminaires en forme de couronne persiste dans le culte chrétien, suspendus à la voûte des églises, et on a fait avec raison dériver cette pratique des couronnes solaires de l’antiquité (235) ; C’est cette couronne de lumière, formant comme un cercle magique, que constituent les lampes rangées en cercle autour de la statue de Mithra, dans un mithraeum (236).
Comme les dieux célestes du paganisme, la divinité chrétienne est pure lumière. « Je suis la lumière et la vie », dit Jésus, reprenant une vieille notion. Aussi lit-on sur une. lampe byzantine « La lumière de Christ brille pour tous (237) ». Pour le chrétien, la lampe est le symbole de la lumière que l’Église dispense, de la gloire que les saints acquièrent après leur mort, ayant joui pendant leur vie des splendeurs lumineuses de la foi ; eux aussi « brilleront comme le [p. 262] soleil (238) ». La divinité devient elle-même une lampe. « Tu es comme une lampe à mes pieds et une lumière à mon sentier », dit le texte biblique (239).
Le feu de la lampe suggère d’autres analogies encore. Quand Éros y paraît, ce peut être pour rappeler qu’il préside les débats amoureux (240), mais sa torche est aussi celle du feu qui brûle le cœur (241). C’est peut-être pour cette raison que l’on voit parfois sur la lampe deux Éros affrontés tenant une torche (242), et que la flamme de celle-ci se confond avec celle de la lampe, la torche étant le goulot (243). Sur un relief de Baetocécé en Syrie, un aigle tient le caducée (Mercure d’Héliopolis), et de chaque côté des amours volent et projettent vers l’aigle de leur main ouverte un faisceau de lumière ce sont Hespéros et Phosphoros, l’étoile du matin et celle du soir, Vesper et Lucifer (244). Faut-il donner à certains Éros porteurs de torches sur les lampes cette appellation qui convient parfaitement à leur rôle lumineux (245) ?
Cette suggestion exercée par le rôle de la lampe, sa lumière, sa forme, peut expliquer d’autres thèmes encore voici un homme qui versé le contenu d’une amphore dans l’ouverture même du disque (246). [p. 263]
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* * Ce sont là quelques-unes des idées qui ont déterminé l’ornementation des lampes romaines; une étude plus complète en trouverait assurément d’autres encore.
W. DEONNA.
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