Gloire et Empire n° 73 Juillet Aout 2017
À présent en charge de l'artillerie, il ne se contente pas de l'état très médiocre de son équipement et déploie une énergie considérable pour remettre de l'ordre et bâtir un parc digne de ce nom. Très vite aussi, il dépasse son rôle d'artilleur et tente d'imposer ses plans pour le siège de Toulon. Là encore, à force de persévérance, il finira par avoir raison. En établissant ses batteries sur la hauteur de La Garenne puis sur la pointe de Brégaillon, il parvient à menacer directement l'escadre ennemie mais il sait aussi que la clé du siège est la pointe de l'Eguillette qu'il désigne depuis son arrivée au général Carteaux qui refuse de l'écouter. Les Anglais et leurs alliés l'ont bien compris et s'emparent des lieux qu'ils fortifient.
Le « capitaine canon » se montre alors fort peu discipliné : insistant, désobéissant, passant par-dessus ses chefs, il fait feu de tout bois pour rattraper le temps perdu du fait de leur frilosité. Rien n'y fait alors que les coalisés amènent de nouveaux renforts. Pour l'armée républicaine, la situation s'enlise. Alors que la famine guette Toulon, le général Carteaux est enfin éloigné et remplacé par le général Doppet, guère plus motivé. Mais, le 15 novembre, provoqué par des coalisés, un bataillon français déclenche incidemment l'offensive. Bonaparte prend la tête de l'assaut mais Doppet fait stopper l'élan à la première riposte. Il est remplacé par le général Dugommier tandis que le Comité de salut public concentre enfin tous les efforts sur ce siège. Puis, le 25 novembre, le plan de Bonaparte est enfin accepté. Il faudra patienter jusqu'au 19 décembre pour que les troupes coalisées, acculées, abandonnent la ville après avoir fait sauter le magasin général et brûlé les vaisseaux français prisonniers de la rade.
Pour Bonaparte, c'est le début de la gloire. Rattrapant le retard qu'il estimait avoir pris sur ses compagnons d'Auxonne et sur son frère Joseph, il est fait général de brigade le 22 décembre 1793. Il est alors chargé de l'armement des côtes de la Méditerranée et du commandement en second de l'artillerie de l'armée d'Italie, sous les ordres du général Dujard. Evidemment, son parcours ne s'arrête pas là...