Gloire et Empire n° 81 Novembre Décembre 2018
En janvier 1807, Napoléon est à Varsovie. Si l'armée prussienne est détruite, il a encore fort à faire avec les Russes qui, pour le moment, refusent de livrer bataille. Pourtant, il est tout aussi préoccupé par le Portugal qui ne respecte pas son blocus continental. Sa politique, écrit-il au prince de la Paix, vise à "éloigner les Anglais du continent : y frapper leur commerce, c'est attaquer les bases de leur puissance ; c'est là qu'il faut tendre avant tout". A peine le traité de Tilsit signé, il crée le corps d'observation de la Gironde qui, sous le commandement du général Junot, a pour mission d'envahir le Portugal.
Si cette première invasion se déroule pour le mieux, le comportement des Français suscite rapidement des réactions hostiles qui s'étendent très vite à toute l'Espagne. La situation se détériore encore plus quand Napoléon veut profiter de l'impopularité de Charles IV et de son différend avec son fils Ferdinand pour installer son frère Joseph sur le trône d'Espagne tout en faisant de Joachim Murat le nouveau roi de Naples. Le 2 mai 1808, Madrid se soulève, provoquant une terrible répression.
C'est dans un contexte quasi-insurrectionnel que les Anglais débarquent au Portugal. Le 21 août 1808, ils infligent une sévère défaite aux Français qui, grâce à la convention de Sintra, sont évacués vers la France par la Royal Navy. Le 4 novembre, l'Empereur arrive en Espagne avec son armée avec pour objectif de reprendre le contrôle de l'ensemble de la péninsule. Un mois après, Madrid se rend, permettant à Joseph Bonaparte de récupérer son trône. Le 16 janvier 1809, après la bataille de La Corogne, les Anglais parviennent à embarquer l'essentiel de leurs forces. Préoccupé par l'imminence d'une nouvelle guerre avec l'Autriche, Napoléon doit retourner à Paris et charge le maréchal Soult de reprendre le Portugal.
C'est l'histoire de cette campagne que vous raconte ce numéro de Gloire & Empire. La tâche de duc de Dalmatie est loin d'être simple tant les conditions climatiques, les mauvaises routes, l'hostilité de la population et l'épuisement des hommes rendent difficile la progression des Français. Le 27 mars, l'armée arrive devant Porto qu'elle occupe deux jours plus tard mais, malgré cette victoire, elle ne peut espérer reprendre Lisbonne. Sans nouvelles de l'Empereur et des autres colonnes françaises, isolé en territoire hostile, le maréchal hésite sur la marche à suivre. Il mène une politique très personnelle qui le fera accuser plus tard d'avoir voulu se faire roi du Portugal. Pendant ce temps, les Anglais préparent leur revanche. Le général Wellesley arrive à Lisbonne le 22 avril, il reprendra Porto le 12 mai, chassant les Français du Portugal