Gloire et Empire 83 Mars Avril 2019
En Vendée, et plus généralement dans l'Ouest, les décisions de l'Assemblée constituante ne sont pas toujours bien acceptées. Ici plus qu'ailleurs, les décrets sur la constitution civile du clergé passent mal. L'épiscopat n'est pas le seul à résister puisque, dès le 12 septembre 1790, des ouvriers agricoles s'en prennent à la garde nationale et que, très vite, d'autres manifestations violentes accompagnent la mise en place des prêtres jureurs. Pourtant, c'est surtout la levée en masse de février 1793 qui met le feu aux poudres.
Dans ces régions où l'on est fortement attaché à la terre, l'insoumission est presque la règle. Partir pour l'armée est vécu comme un arrachement et il faut peu de choses pour que la situation dégénère. Le 10 mars à Saint-Florent-le-Vieil, le procureur-syndic est molesté lorsqu'il donne lecture de la loi. Deux jours plus tard, les jeunes gens convoqués par les autorités arrivent accompagnés par leurs proches et demandent le report du tirage au sort. Les gendarmes interviennent ; dans la mêlée, l'officier municipal est tué par la foule en colère. Depuis le siège du district, deux couleuvrines tirent, faisant quatre morts et une quarantaine de blessés. La colère est à son comble ; les patriotes sont lynchés, le bâtiment saccagé...
Le mouvement ne s'arrête pas là. Bientôt conduits par Jacques Cathelineau, les jeunes réfractaires marchent sur Chemillé. Rejointe par d'autres insurgés, leur bande grossit très vite et les Vendéens prennent Cholet. Ils se donnent alors des chefs et parviennent, contre toute attente, à tenir tête aux armées de la République. Dans l'euphorie de la victoire, l'organisation est clairement l'oubliée ; pourtant, sans ravitaillement et sans plans d'action, les rebelles alignent les succès.
Les voilà maîtres de Saumur où, déconcertés par la réussite de leur croisade, ils ne saisissent pas l'occasion qui se présente. Négligeant la route de Paris qui leur aurait vraisemblablement permis de changer le cours de la Révolution, ils se dirigent vers Nantes, le port où pourraient débarquer les soutiens anglais. Mais le grand élan initial est déjà derrière eux. D'abord paysans, les insurgés ont besoin de rentrer chez eux pour cultiver leurs terres, fragilisant leur propre armée. Nantes est sauvé ! La blessure mortelle de leur chef, Jacques Cathelineau, marque l'arrêt de l'offensive. C'est le reflux...
Renforcés par l'armée de Mayence, les républicains reprennent l'initiative. Mais leur attaque mal coordonnée échoue et ils sont battus à Torfou, Saint-Lambert-du-Lattay, Montaigu et Saint-Fulgent. Stigmatisant l'échec, Bertrand Barère fait, devant la Convention, un vibrant discours où il désigne la Vendée comme la cause de tous les maux. L'armée de l'Ouest va très vite entrer en campagne, c'est une mauvaise nouvelle pour les insurgés.