Pour éradiquer la piraterie qui entravait depuis des siècles le trafic maritime en Mer Méditerranée le Roi de France Charles X envoie en juin 1830 ses soldats attaquer ALGER qui était la principale base de départ des forbans provocateurs de ce fléau. Deux ans après avoir débarqué à SIDI-FERRUCH le commandement militaire ressent le besoin de renforcer ses troupes engagées dans la conquête et l’exploration de ce nouveau territoire. Pour répondre à cette nécessité le nouveau Roi de France, Louis-Philippe 1er, décide d’employer les jeunes français délinquants, condamnés à une peine de plus de trois mois d’emprisonnement. Et une ordonnance royale du 3 juin 1832 crée les Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique ( BILA ), plus connus sous le nom de « Bataillons d’Afrique » ou « Bat’ d’Af ». Ces bataillons sont destinés « à n’être employés que hors du territoire continental du Royaume (de France) ». Officiellement leurs soldats sont désignés par le terme de « Chasseurs Légers », plus simplement « Chasseurs » ou « Bataillonnaires ».
Il est créé deux premiers BILA en 1832. Le 1er bataillon est surnommé « Flore » par référence au ballet du compositeur Jean-Baptiste LULLY, et le 2ème bataillon « Zéphyr », réminiscence du ballet du chorégraphe Charles DIDEROT. Les Chasseurs étaient aussi parfois appelés les « Grandes Casquettes ». Finalement l’appellation moins ironique de « Joyeux » deviendra commune à tous les bataillons.
Comme pour les Chasseurs le Cor de chasse argenté est l’insigne distinctif des Bat’ d’Af qui ont adopté le violet comme couleur symbolique.
Rappelons que les BILA, comme la Légion étrangère, étaient assignés à séjourner en terre d’Afrique (comprendre AFN : Afrique Française du Nord), essentiellement aux confins du Sahara ou en zones de combat, mais en tout cas pas en France (dite aujourd’hui « métropolitaine »). Ces unités étaient destinées à remplacer les « Compagnies de Fusiliers de Discipline (CFD) » dans le but d’incorporer les militaires et les appelés condamnés à une peine d’emprisonnement supérieure à trois mois, durée qui variera jusqu’à être portée à neuf mois pendant la première moitié de l’entre-deux-guerres. Ce n’étaient pas des unités disciplinaires mais des unités d’épreuve. En y étant affecté le repris de justice se voyait accorder une chance, il était mis à l’épreuve dans le but d’être réhabilité.
Les différents contingents d’individus incorporés dans les BILA
La loi du 15 juillet 1889, dans son article 5 sur le recrutement des BILA, stipule qu’y sont versés à leur incorporation : a) les individus coupables de crime, condamnés seulement à l’emprisonnement en application de l’article 463 du Code Pénal b) ceux qui ont été condamnés correctionnellement à trois mois d’emprisonnement au moins, pour outrage public à la pudeur, délit de vol, escroquerie, abus de confiance ou attentats aux mœurs, prévu par l’article 334 du Code pénal c) ceux qui ont été l’objet de deux condamnations au moins, quelle qu’en soit la durée pour l’un des délits qui viennent d’être spécifiés d) ceux qui, au moment de l’appel de leur classe, se trouveraient retenus pour ces mêmes faits dans un établissement pénitentiaire seront incorporés dans lesdits Bataillons à l’expiration de leur peine pou y accomplir le temps prescrit par la loi e) les hommes rentrant dans les catégories a) et d) peuvent devancer l’appel et s’engager aux BILA. Sont en outre versés auxdits Bataillons, à l’expiration de leur peine : f) les marins et militaires reconnus coupables de crime et condamnés seulement à l’emprisonnement en application de l’article 463 du Code Pénal g) les marins et militaires des catégories b) et c) h) tout militaire condamné à trois mois au moins d’emprisonnement, même pour délit militaire i) les condamnés militaires graciés ou ayant subi leur peine, pour finir leur temps j) les militaires ayant donné de graves sujets de plainte. Les f) g) j) que s’ils ont six mois à faire.
Il faut bien comprendre que les Joyeux ont toujours été des individus pratiquement irrécupérables sur le plan social. Agés généralement de 25 à 30 ans, ils ont tous un lourd passé avec un casier judiciaire chargé. Il leur manque un équilibre psychique. Ils sont très faibles de caractère, n’ont aucune volonté et tiennent en horreur le travail ou toute autre contrainte. Jouisseurs impatients, ils veulent tout et tout de suite. Ils sont incapables de dire non à une mauvaise fréquentation on une mauvaise action. Les Joyeux sont violents. Ce sont des voleurs et des menteurs invétérés. Foncièrement indisciplinés, ils ont toujours rejeté toute forme d’autorité. A l’école comme à l’atelier, en prison comme à l’armée, ils n’ont eu et n’accepteront jamais de « maître », et ils s’en font une gloire. Beaucoup ont cru qu’il en serait de même aux Bat’ d’Af. Mais ils ont très vite déchanté la discipline stricte et sévère qui leur est imposée leur ôtant toute velléité de résistance.
L’encadrement des BILA était formé par des officiers issus du cadre normal, mais suffisamment fermes et énergiques pour être en général maintenus durant le reste de leur carrière en raison de leur force de caractère. Les sous-officiers pouvaient être issus des BILA. On les appelait alors « cadres noirs ». Ils pouvaient aussi venir d’autres unités, généralement les Tirailleurs et les Zouaves, plus rarement la Coloniale ou la Légion étrangère, mais exceptionnellement de l’infanterie dite métropolitaine. C’étaient les « cadres blancs ».
Les BILA ont eu leur fanfare, leur marche et leur chant « les Bataillonnaires » dont les notes seront reprises après la seconde Guerre mondiale dans le chant des parachutistes intitulé « en passant par la portière ». Quoique l’on puisse dire, valeureux et de tous les combats les Bataillonnaires avaient été envoyés jusqu’en Indochine et en Chine ainsi qu’au Mexique au milieu du XIXème siècle, et en étaient revenus avec une réputation égalant celle des Zouaves. Ils furent ensuite engagés dans la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 de même qu’au Dahomey de 1892 à 1893. Au XXème siècle ils ont pris une part active aux deux grands conflits de 1914-1918 puis de 1939-1945. Ils ont participé à la Campagne du Maroc de 1907 à 1919 ainsi qu’à la Guerre d’Indochine de1948 à 1952, puis à la Guerre d’Algérie de 1956 à 1962. Mais leur terre de prédilection, qui fut leur maison mère, aura toujours été le Sud-Tunisien.
Au cours de leur existence les BILA furent progressivement dissous en raison de l’évolution des mœurs et en partie suite aux articles très hostiles du journaliste Albert LONDRES qui en avait présenté une image on ne peut plus critique dans son livre « Dante n’avait rien vu ».
Il a existé au total cinq BILA dont nous allons rapidement passer en revue l’historique.
Le 1er B.I.L.A. , créé par l’ordonnance royale du 3 juin 1832, en garnison au Camp Dutertre (chef de bataillon du 3ème BILA tué au combat en France le 5 décembre 1914) à FOUM-TATAOUINE ainsi que dans le Sud Tunisien (de GABES à TATAOUINE, de GAFSA à MEDENINE, plus largement au Djebel Dahar, à Matmatas et dans la plaine de Djeffara). C’était une unité de valeur dont la 10ème Compagnie se distingua à MAZAGRAN (région d’ORAN, en Algérie) par sa résistance sans faille du 2 au 6 février 1870 face à des milliers d’assaillants. Chaque année la fête du bataillon commémorait cet événement le 6 février. Une médaille de table, la « Médaille de MAZAGRAN » avait été spécialement frappée à cette occasion. Elle porte, gravés au revers, les noms des officiers, sous-officiers et 123 Chasseurs de la compagnie plus celui d’un Sapeur du Génie qui était avec eux. Certains survivants y avaient fait monter une bélière et la portaient avec un ruban tricolore. Comme chez les Chasseurs et la Douane (NDLR)eil n’a existé qu’un drapeau pour tous les BILA, chaque bataillon assurant sa garde à tour de rôle. Il n’empêche qu’en toute logique le 1er BILA est resté le dépositaire principal de cet emblème.
Sur le drapeau des BILA figurent les campagnes suivantes : Algérie 1833-1865 France 1870-1871 Algérie 1881-1882 Dahomey 1892-1893 Maroc 1907-1918 Grande Guerre 1914-1918 Indochine 1951-1952
Le 1er BILA est dissous une première fois le 31 octobre 1940 pour être « civilisé » dans la formation du 120ème Groupe de Travailleurs Français ( GTF ) qui disparaîtra lui aussi en mai 1940. Le 1er BILA fut reformé en 1951 pour être envoyé en Indochine pendant plus d’un an, jusqu’en novembre 1952.
Le 1er BILA sera définitivement remplacé par le 3ème BILA en 1953.
Le 2ème B.I.L.A. , créé par l’ordonnance royale du 3 juin 1832, tenait à l’origine garnison dans le Sud- Algérien, à LAGHOUAT et dans le Gourara. Puis en 1907 il opère au Maroc. Le 2ème BILA a pris part : à la Campagne du Mexique de 1864 à 1867 à la Guerre Franco-prussienne de 1870 à 1871 à la Campagne d’Extrême-Orient de 1883 à 1891 à la Campagne du Dahomey de 1892 à 1893 à la Campagne du Maroc de 1907 à 1919 et à la Grande Guerre de 1914 à 1918. Le 2ème BILA fut dissous en 1927.
Le 3ème B.I.L.A. a été créé par l’ordonnance royale du 20 juin 1833. Initialement en garnison en Algérie, il a été commandé en 1890 par le capitaine LAMOLLE. En 1900 il fut transféré à LE KEF en Tunisie et en 1901 il était composé d’un Etat-major, de trois compagnies à GABES, et trois compagnies à MEDENINE, FOUM-TATAOUINE et ZARZIS dans le Sud-Tunisien, garnison qui restera le domaine d’élection des Bat’ d’Af jusqu’au 30 août 1958 (ce qui signifie que même après l’indépendance de la Tunisie quelques éléments de l’armée française ont continué à stationner dans ce nouveau pays). Dissous en 1932, le 3ème BILA fut reconstitué en août 1951 et en novembre 1952 ii absorbe le 1er BILA de retour d’Indochine avec lequel il fusionne.
En novembre 1956, la Tunisie étant devenue indépendante, le 3ème BILA est implanté à l’extrême Ouest Algérien, à TINDOUF, puis en 1960 il prend garnison à l’opposé, à FORT-FLATTERS, dans l’Est du désert saharien algérien.
En 1963 le 3ème BILA est mis à la disposition du commandement des sites militaires du Sahara en s’implantant à REGGANE pour protéger le site des expérimentations nucléaires françaises avant le CEP (Centre d’Expérimentation du Pacifique). Il est alors réduit à une compagnie, la 3ème CILA (Compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique). Après l’indépendance de l’Algérie, en 1967, la 3ème CILA est affectée à la Base de MERS-EL-KEBIR où elle est transformée en CILA (Compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique) sans numéro. En décembre 1967 la CILA est transférée au TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas – Djibouti) où elle stationne à OBOCK. La CILA est dissoute le 31 mars 1972.
Le 4ème B.I.L.A. à sa création en 1888 est implanté à GABES en Tunisie. De 1907 à 1926 il prend part à la Campagne du Maroc.
Le 4ème BILA, implanté à TATAOUINE dans le Sud-Tunisien, est dissous en juillet 1927 pour devenir le 1er BILA.
Le 5ème B.I.L.A. a été créé en 1889 pour être implanté dans le Sud Algérien avant d’être transféré en Tunisie dans l’année 1894. Il a participé à la Campagne du Dahomey de 1892 à 1893, puis à la Campagne du Maroc de 1907 à 1925.
Victime d’une campagne virulente contre le régime des Bataillonnaires le 5ème BILA est le premier des Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique à être définitivement dissous, en octobre 1925.
Les BILA dans la première Guerre Mondiale :
Alors qu’ils furent assignés pendant plus de 80 ans à ne servir qu’en Afrique (du Nord), avec pour mission d’assurer la surveillance de ces vastes territoires, les BILA sont engagés sur le front de France dès les premiers mois de la Grande Guerre 1914-1918. Trois Bataillons de Marche (BMILA) sont formés en octobre 1914 et partent combattre pendant quatre ans en France où ils forment le GBA (Groupe de Bataillons d’Afrique). Ils se comportent au feu de manière glorieuse à tel point que le 3ème BMILA obtient la fourragère rouge (six citations à l’ordre de l’armée), que la fourragère jaune (cinq citations à l’ordre de l’Armée) est attribuée au 1er BMILA, et que le 2ème BMILA se voit décerner le fourragère verte (deux citations à l’ordre de l’armée).
I / Les B.I.L.A. à l’entre-deux-guerres : de 1932 à 1939 :
A leur dissolution en août 1919 les Bataillonnaires des trois BMILA de la Guerre 1914-1918 rentrent en Afrique du Nord où ils retrouvent les BILA d’avant-guerre qui ont, pendant le conflit contre l’Allemagne, maintenu la présence française, principalement dans le Sud-Tunisien et au Maroc. A l’automne 1919 le 1er, le 4ème et le 5ème BILA stationnent en Tunisie tandis que le 2ème et le 3ème BILA combattent au Maroc, depuis 1907. En cette année 1919 la loi décide d’incorporer dans les BILA les militaires et les appelés condamnés en repoussant à neuf mois minimum la peine d’emprisonnement à laquelle ce soldat a été condamné et à partir de laquelle il peut choisir d’être affecté dans les BILA. Durant l’entre-deux-guerres les Bataillonnaires avaient une réputation de « blédard … durs et séduisants », égalant celle des Légionnaires jusqu’à inspirer notamment le romancierqui prit le contre-pied du journaliste Albert LONDRES dans différents écrits dont on peut citer « le Bataillon de la mauvaise chance » publié en 1933.
L’image romantique du Joyeux à l’entre-deux-guerres
Il n’empêche qu’en octobre 1925 le 5ème BILA est le premier des Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique à être définitivement dissous, victime de l’image négative développée par une violente campagne de presse menée en France contre le régime des Bataillonnaires. En juillet 1927 les 1er et 2ème BILA sont dissous à leur tour. Leurs Chasseurs sont versés au 3ème BILA stationné à OUTAT-EL-HADJ au Maroc. A la même date de juillet 1927 le 4ème BILA, maintenu à TATAOUINE dans le Sud-Tunisien, prend le numéro « 1 ». En juillet 1932 le 3ème BILA du Maroc est lui aussi dissous.
A partir de l’été 1932 il ne subsiste plus qu’un seul BILA, à TATAOUINE en Tunisie. Ce BILA porte le numéro « 1 » et hérite de la fourragère rouge.
Entre temps une loi du 31 mars 1928 a règlementé à nouveau l’affectation des recrues des BILA. Dorénavant un jeune français condamné peut choisir d’être incorporé dans un BILA à partir de trois mois d’emprisonnement.
Au moment de la mobilisation du 1er septembre 1939, consécutive à l’alignement de la France sur l’Angleterre qui vient de déclarer la guerre à l’Allemagne pour avoir envahi la Pologne, l’Etat-major décide de constituer, chose nouvelle sur le sol métropolitain, quatre Demi-brigades d’Infanterie Légère pour incorporer les mobilisés dont le passif judiciaire nécessite une affectation dans ce type d’unités. Cette décision tranche avec l’habitude de regrouper ces délinquants en AFN (Afrique Française du Nord). Cependant les difficultés rencontrées rendent nécessaire une réorganisation qui s’opère dès l’automne 1939 et aboutit à l’application des principes antérieurs.
II / Les BIL ( Bataillons d’Infanterie Légère ) de 1939-1940 :
Les mesures de mobilisation prises dès septembre 1939 entrainent la mise sur pied en France métropolitaine de douze Bataillons d’Infanterie Légère (BIL) : les 11ème , 19ème , 23ème BIL à SISONNE, le 12ème BIL à CAYLUS, le 15ème BIL à TARASCON, le 16ème BIL à MEUCON, les 18ème , 20ème , 24ème BIL à LE RUCHARD, le 21ème BIL à SATHONAY, le 25ème BIL à AVORD, et le 28ème BIL à CAHORS.
Chacun de ces 12 BIL est constitué de : un Etat-major trois compagnies de Fusiliers Voltigeurs : les 1ère, 2ème et 3ème CFV une Compagnie Hors-Rang : la 4ème CHR et une Compagnie d’Accompagnement, la 5ème CA.
Les 12 BIL sont groupés en quatre Demi-brigades d’Infanterie Légère (DBIL) : la 1ère DBIL engerbe les 11ème, 19ème et 23ème BIL, en Lorraine dans le secteur de VERDUN la 2ème DBIL engerbe les 12ème, 18ème et 24ème BIL la 3ème DBIL engerbe les 16ème, 20ème et 25ème BIL, dans le secteur fortifié du Dauphiné Une Section d’Eclaireurs-Skieurs sera formée aux 20ème et 24ème BIL la 4ème DBIL engerbe les 15ème, 21ème et 28ème BIL, dans le Jura.
Mais le commandement réalise vite qu’on ne peut pas compter sur des bataillons où le meilleur côtoie le pire. Il ressent la nécessité de réorganiser ce système et regroupe en octobre 1939 les 12 BIL dans les deux camps du VALDAHON et de MAILLY. Quatre BIL, considérés comme peu sûrs, sont ainsi dirigés sur l’Afrique du Nord : les 11ème et 12ème BIL en Tunisie où ils sont employés aux travaux de fortification de la Ligne Mareth les 21° et 25° BIL en Algérie et au Maroc où ils participent à la construction de pistes et de voies ferrées.
Les BIL sont généralement utilisés à des travaux de terrassement (routes, vois ferrées, fortification) près du Front Nord-est.
Au mois d’avril 1940, pour faire face à l’offensive allemande qui déferlera en mai, le commandement décide de réarmer les BlL.
En mai 1940 la 1ère DBIL opère autour de VERDUN avec le Groupement Dubuisson puis se replie sur TOUL avant sa capture mi-mai 1940, la 3ème DBIL s’installe dans le Briançonnais dans la haute vallée de la Guisane.,
La 4ème DBIL assure la défense d’un secteur entre MORTEAU et PONTARLIER puis début juin 1940 elle se replie vers MAICHE. Ses éléments sont faits prisonniers dans le Haut-Jura entre le 17 et le 23 juin 1940.
Ce même mois de juin 1940 les 1er et 12ème BILA, restés et Tunisie, assurent la défense des positions de TATAOUINE et de BEN-GARDANE face aux Italiens.
Après l’armistice du 22 juin 1940 tous les BIL de métropole et BILA d’AFN sont dissous au cours du mois de juillet 1940. Seul persistera le 1er BILA en Tunisie. Il sera à son tour dissous le 31 octobre 1940 pour « être civilisé » et devenir le 120èmeGroupe de Travailleurs Français (GTF) qui disparaîtra lui aussi en mai 1941. Les BILA n’existeront plus pendant quatre ans, de juillet 1940 à avril 1944.
III / Les BILA d’avril 1944 à novembre 1956 :
Alors qu’elle avait totalement supprimé les BILA dans son organisation du second semestre 1940, quatre ans après en avril 1944, l’armée française, qui se reconstitue, remet à nouveau sur pied une 1er Compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique ( 1ère CILA ). Cette compagnie prend garnison à FOUM-TATAOUINE en Tunisie parce qu’en la créant le commandement avait pour objectif d’assurer la présence militaire française en AFN. Les besoins en renforcement se font très vite ressentir au point qu’en septembre 1948, cette Compagnie devient Bataillon, le 1er BILA, qui s’implante à TATAOUINE et à MEDENINE toujours en Tunisie.
Les BIL ( Bataillons d’Infanterie Légère ) dans la Guerre d’Indochine ( 1948-1952 ) :
Cette même année 1948 la Guerre d’Indochine, qui a démarré dès 1945, nécessite une multiplication des effectifs engagés en Extrême-Orient. Pour répondre à cet impérieux besoin le commandement décide de former un bataillon de Joyeux, le BILOM (Bataillon d’Infanterie Légère d’Outre-Mer) non pas sur la base de condamnés de droit commun mais en y incorporant les condamnés politiques pour fait de collaboration.
A la suite d’une campagne de presse menée par certains journaux, l’effectif de ce Bataillon ne peut pas dépasser deux compagnies. Le BILOM a donc opéré en Indochine avec seulement deux unités élémentaires. Leur conduite exemplaire au feu et leur expérience du combat, acquise pour beaucoup dans les rangs de la Wehrmacht sur le front de l’Est, les rend plus efficaces que certaines unités venues de France. Aussi, après un temps d’épreuve fixé à un an, les hommes du BILOM sont ventilés dans les unités du Centre-Vietnam et des Plateaux où ils serviront à l’encadrement de plusieurs Bataillons de Marche d’Extrême-Orient (BMEO) formés souvent de Rhadès, population locale de Moïs. Le 30 juin 1949 le BILOM disparaît en tant qu’unité constituée, mais la 3ème Compagnie du 6ème BMEO conserve sa tradition jusqu’à la dissolution de ce Bataillon en décembre 1950. Les engagés du BILOM sont rapatriés en AFN au cours de l’année 1951.
En août de la même année 1951 un Bataillon d’Infanterie Légère de Marche ( BILM ) est mis sur pied près de BIZERTE en Tunisie, par prélèvement du 1er BILA de MEDENINE, pour rejoindre le Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient. Ce BILM embarque pour l’Indochine en août 1951 avec le numéro de 1er BILM. Le BILA qui reste à MEDENINE devient alors le 3ème BIL (Bataillon d’Infanterie Légère) et non plus BILA.
Le 1er BILM n’opérera en Indochine que pendant un an. Durant cette année il tient des postes dans le secteur de BEN-CAT en Cochinchine.
Le 1er BILM dans le poste de BEN-CAT en Cochinchine en juillet 1952
Mais dès novembre 1952 le 1er BILM quitte l’Indochine pour être rapatrié en Tunisie où il fusionne avec le 3ème BIL de MEDENINE qui reprend à cette occasion sa dénomination de 3ème BILA. A compter de ce mois de novembre 1952 il ne subsistera plus qu’une seule unité d’Infanterie Légère d’Afrique, ce 3ème BILA.
La Tunisie devient indépendante en mars 1956. Seul BILA encore subsistant, le 3ème BILA doit quitter ce nouveau pays et prendre part à la Guerre dite d’Algérie laquelle sévit depuis déjà un an et demi.
IV / Le 3ème BILA de novembre 1956 à décembre 1967 :
Traditionnellement accoutumé aux opérations dans le désert Saharien, le 3ème BILA est envoyé en novembre 1956 à TINDOUF à l’extrême-Ouest du Sahara Algérien, près de la frontière Sud-ouest du Maroc. Le 3ème BILA patrouillera pendant plus de trois ans le long de cette frontière Algéro-Marocaine.
En 1960 le 3ème BILA est à nouveau transféré dans une autre garnison du Sahara Algérie, à FORT FLATTERS dans le Mariksène, où il opèrera pendant trois années.
En juillet 1962 l’Algérie devient indépendante. Le 3ème BILA est alors mis, dès 1963, à la disposition du Commandement des Sites Militaires au Sahara près de la Base de REGGAN avec pour mission la protection de Site des expérimentations nucléaires françaises. Il est alors réduit à une compagnie, la 3ème CILA.
Au cours de l’année 1967 toutes les forces françaises encore stationnées en Algérie sont regroupées dans la Base de MERS-EL-KEBIR, près d’ORAN. La 3ème CILA y est transférée et devient la Compagnie d’Infanterie Légère d’Infanterie, la CILA.
Et puis, dernière et ultime mutation, en décembre 1967 la CILA est envoyée en TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas) c'est-à-dire à Djibouti.
Le 3ème BILA (puis 3ème CILA) en mutations successives de 1956 à 1967
V / La CILA (Compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique) au TFAI (Territoire Français des Afars et des Issas) de décembre 1967 à mars 1972 :
En fin d’année 1967 la CILA prend garnison à O’BOCK au TFAI (Djibouti) avec un effectif assez réduit : - deux officiers, un capitaine commandant d’unité et un lieutenant adjoint, - une demi-douzaine de sous-officiers, - une dizaine da caporaux des TDM (Troupes De Marine), dénommés Cadres blancs - et trente à quarante « Joyeux ». La CILA compte un groupe de commandement et une section de combat encadrée par deux sous-officiers de l’Infanterie Légère d’Afrique et trois ou quatre cadres blancs. D’abord rattachée à la 13ème DBLE (Demi-Brigade de Légion Etrangère), à partir de 1968 la CILA est administrée par le 5ème RIAOM (Régiment InterArmes d’Outre-Mer). Cependant le capitaine commandant la CILA dispose d’une liberté totale pour le travail, l’instruction, la discipline, le contentieux et les relations publiques de la Compagnie.
La CILA occupe l’emplacement d’un ancien pénitencier délabré, à 500 mètres de la mer et à trois kilomètres du village d’O’BOCK. Elle va construire elle-même son camp avec de vieilles baraques métalliques Fillod provenant de l’ex base d’essais atomiques de REGGAN dans le désert saharien algérien et démontées par la 3èle CILA à l’été 1967.
La CILA au TFAI est chargée d’ : - une double mission sociale, prioritaire : . débarasser l’armée régulière de tous les délinquants indésirables . et amender (ou essayer d’amender) ces jeunes délinquants - une triple mission, plus militaire : . construire en dur le camp d’O’BOCK pour remplacer les tentes du début . dispenser l’instruction militaire à ces délinquants . maintenir l’ordre dans ce territoire en ébullition. Ces dernières missions militaires n’étaient pas faciles à appliquer compte tenu de la disparité des disciplinaires qui arrivaient isolément de différents endroits et qui n’avaient encore pas été formés au métier des armes. Facteur aggravant, Djibouti est une des régions du monde les plus frappée par des conditions très pénibles de chaleur et d’humidité. Difficile dans cette atmosphère de pratiquer des manœuvres militaires, des prises d’armes, des travaux de construction de bâtiments et de pistes, ainsi que des opérations de maintien de l’ordre et des compétitions sportives.
Et pourtant au TFAI les Joyeux obtiennent toujours les meilleures places dans les manœuvres où ils font merveille se jouant des troupes lancées à leurs trousses. Ils sont aussi remarqués par leur rigueur dans les prises d’armes. Ils abattent trois fois plus de travail que les autres unités dans les travaux de piste.
Construction de piste par la CILA en 1970, entre O’BOCK et TADJOURA à Djibouti
Il convient de rappeler que les Joyeux ont toujours eu un esprit rebelle hermétique à la discipline indispensable au bon fonctionnement d’une troupe constituée efficace. De ce fait l’ambiance qui régnait dans la CILA au TFAI était lourde, tendue et carcérale. Tout ce qui pouvait nuire à l’encadrement était bon pour le Joyeux. Les effets du climat et les difficultés du travail aidant cette ambiance a fini par devenir conflictuelle. Alors le gouvernement de l’époque signe à la sauvette un décret de dissolution de l’unité, libérant les disciplinaires dans les 24 heures. La CILA est dissoute le 31 mars1972. Avec elle disparait l’Infanterie Légère d’Afrique dont le drapeau, ne l’oublions pas, est décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec six palmes et de la fourragère rouge aux couleurs de la Légion d’honneur.
Etude réalisée en octobre 2020 par Charles JANIER
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