Le Groupement porté de Légion étrangère du Maroc (GPLEM) est une unité d’infanterie motorisée servant au Maroc de 1947 à 1956. Le groupement se compose de compagnies portées qui maintiennent l’ordre au Sud marocain, à l’ouest de l’Algérie et au nord de la Mauritanie. Le GPLEM est dissous en novembre 1956 et ces compagnies sont incorporées dans les rangs du 4e Régiment Etranger d’Infanterie.
Le Groupement porté de Légion étrangère du Maroc (GPLEM) est créé le 1er juillet 1947, par le changement de nom de son prédécesseur dont l’existence n’a duré qu’un temps éphémère : le Groupement des compagnies portées de Légion étrangère du Maroc.
Dans l’infanterie française, un groupement porté est l’unité de haute mobilité ayant sa troupe transportée par des véhicules légers. Au fait, c’est un bataillon d’infanterie motorisé, constitué de compagnies portées – l’évolution des compagnies montées.
Le GPLEM se compose d’un petit état-major, une compagnie de commandement et de trois compagnies portées (1re CP, 2e CP, 3e CP). Il est commandé par le lieutenant-colonel François Binoche, un ancien officier de la Légion. Le P.C. du groupement est placé à Agadir, une ville située au sud-ouest marocain, sur la côte atlantique.
La 1ère Compagnie Portée du capitaine de l’Escapolier se trouve au poste Le Moal à Foum el-Hassan, sa garnison depuis des années 1930 ; elle y servait encore sous le titre de Compagnie Montée Automobile (CMA) du 4e REI. C’est la compagnie basée le plus au sud, à 180 kilomètres d’Agadir.
La 2ème Compagnie Portée est implantée à la caserne Capitaine Morel de Taroudant, une ville située à 80 km à l’est d’Agadir. La ville est une véritable citadelle, défendue par 6 km de remparts où s’imbriquent 130 tours et 19 bastions.
La 3ème Compagnie Portée vit à Tiznit. Cette ville, défendue elle aussi par des remparts imposants, se trouve à 80 km au sud d’Agadir.
Le commandement du GPLEM et ses services sont installés à Agadir, au camp Sigmann et au camp Alibert.
Du point de vue territorial, le groupement dépend de la Subdivision d’Agadir-Confins (SAC) autonome, qui comprend à l’époque non seulement le sud du Maroc, mais aussi la région algérienne de Tindouf et la partie nord de la Mauritanie en Afrique-Occidentale française. Cette tradition remonte à la fin de la pacification de ce territoire, en 1934, par des troupes venues du Sud marocain, y compris les légionnaires. Unité très mobile à grand rayon d’action, le GPLEM garde une liaison régulière avec ces régions sahariennes qui font partie intégrante de sa zone d’intervention.
La raison pour laquelle ce groupement existait au Maroc est simple. Le Maroc était un protectorat français depuis 1912, faisant partie de l’Afrique du Nord française (AFN). La Légion y était présente dès le tout début des opérations militaires (1907) et jouait un rôle important dans la pacification du pays (achevée en 1934). La Seconde Guerre mondiale a toutefois provoqué l’exode de la grande majorité des légionnaires. Au Maroc en 1944, il ne restait plus que quatre compagnies réduites, sur les trois régiments d’infanterie originaux qui s’y trouvaient encore en 1940. Au sein d’un groupement, ces compagnies avaient continué de maintenir la présence et la gloire de la Légion dans le pays.
Réduites à seulement trois en 1946, les compagnies du groupement ont, bien sûr, un certain nombre d’autres tâches. Il s’agit notamment du maintien de l’ordre dans la région, d’assurer l’entretien et l’aménagement des routes, de maintenir les liaisons avec des autres postes dans le secteur qui leur est attribué, de l’aide aux automobilistes militaires ou civils en difficulté dans les zones désertiques, et de servir comme des unités d’intervention de la Subdivision. Il faut aussi faire l’instruction de base aux jeunes légionnaires venant de l’Algérie avant leur départ pour l’Extrême-Orient (la guerre en Indochine de 1946 à 1954). Enfin, les compagnies servent d’unités de transit et offrent une occasion de se reposer aux officiers, sous-officiers et légionnaires qui reviennent en Afrique du Nord après leur séjour de deux ans en Indochine ; ils servent au GPLEM plusieurs mois avant leur nouveau départ pour l’Extrême-Orient.
Outre ces tâches, les légionnaires effectuent de travaux d’aménagement du poste, d’instruction, de marches et de manoeuvres. Pour couper la monotonie de la vie de garnison, il y a aussi des belles reconnaissances sahariennes ou des raids un peu difficiles en Mauritanie et jusqu’au Nord du Soudan (l’actuel Mali).
L’effectif théorique des compagnies portées du GPLEM en 1947 est d’environ 230 hommes, chiffre plus élevé que celui d’une compagnie d’infanterie ordinaire du fait de la présence de nombreux véhicules et conducteurs. Mais à cause de la guerre en Indochine, l’effectif réalisé diminuera assez rapidement à quelque 150 hommes, et restera très fluctuant. Les hommes de troupe sont en majorité des Allemands.
En 1947, composée de trois pelotons, chaque compagnie dispose de trente à quarante véhicules pour le transport de la troupe (en général, des Dodge 4×4 ou des véhicules anglais Bedford, conduite à droite, ayant fait la campagne de Libye et de Tunisie, mais aussi quelques tracteurs Latil M7T1), de camions-citernes et de camions-ateliers (Panhard). Au début des années 1950, les compagnies sont pour la plupart équipées de véhicules Dodge 6×6.
Le 1er novembre 1950, suite aux besoins en effectifs pour l’Indochine, la 1re CP est transformée en compagnie cadre à Agadir. Le 31 mai 1951 à Tiznit, la 3e Compagnie Portée du capitaine Robert Lacote est dissoute. Le lendemain, le capitaine prend le commandement de la 1re CP recréée. Il est l’officier le plus connu au sein du groupement ; il y a servi par intermittence depuis 1944.
Composition du GPLEM en juin 1951:
En 1954, le groupement a vu son matériel se compléter en quantité. Il est doté d’automitrailleuses AM-M8 pour former au sein de chaque compagnie un peloton blindé. Cette année marque également la fin de la guerre en Indochine et le début des troubles en Afrique du Nord, le Maroc n’étant pas exclu.
L’unité participe aux tournées de police. Il faut se montrer en plusieurs endroits à la fois, donc se scinder et opérer par section, peloton ou détachement. On doit atteindre même des régions où les véhicules ne peuvent pas accéder. Les raids sont donc effectués le plus souvent à pied. Les légionnaires du GPLEM manifestent ainsi sa présence et ses possibilités de parvenir relativement vite jusque dans les lieux les plus reculés dans les régions d’Agadir, de l’Atlas et de l’Anti-Atlas. Comme on peut lire dans une brochure de la Légion de l’époque :
Une adaptation à ces nouvelles tâches est nécessaire. Voilà pourquoi des éléments spécialisés sont créés au sein du groupement en 1955 : une Section de Montagne, un cyno-commando, deux pelotons de reconnaissance et enfin deux commandos (hélas, plus de détails ne sont pas disponibles).
Fin 1955, les compagnies du GPLEM – alors commandées par le capitaine Bertany (1re CP) et le capitaine Chamagne (2e CP) – maintiennent l’ordre au nord du pays, à Rabat. Au début de 1956, un Commando du groupement est parti pour Tindouf en Algérie. Il y rencontre des camarades de la 4e CSPL, également déployés. Les opérations dans ce secteur sont menées contre les insurgés locaux qui viennent du Maroc espagnol.
Cette année, la situation politique se change considérablement. L’abandon du pays par la France est chose faite. Alors en mars 1956, le Maroc obtient son indépendance. Toutes les missions et opérations du GPLEM sont suspendues. Les unités se regroupent à Agadir et les légionnaires attendent leur rapatriement. Pendant ce temps, ils sont désormais chargés de maintenir l’ordre et la défense de la sécurité des ressortissants français dans le secteur. Ils assurent aussi des liaisons primordiales ou escortent des hautes autorités.
Enfin, le 15 novembre 1956, le GPLEM est administrativement dissous. Le lendemain, au camp Sigmann d’Agadir, il devient le Groupement des Compagnies Portées N° 2 (GCP 2) du 4e REI, nouvellement transformé en régiment porté. Les 1re et 2e CP de l’ex-GPLEM deviennent alors les 4e et 5e CP du 4e REI.
En mars 1957, pendant que le régiment part en Algérie, les deux compagnies de l’ex-GPLEM s’élancent vers la Mauritanie. Là-bas, elles participeront aux opérations contre les rebelles du Maroc espagnol, jusqu’en 1958.
Pour compléter le sujet, il faut ajouter qu’une unité sœur a été formée en Algérie en 1956 : le Groupement porté de Légion étrangère en Algérie (GPLEA). |
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