France Armée d'Afrique 2° Partie 1830 1857 ( Version Française )

Article écrit par : Charles Janier

Mis en ligne le 02/02/2008 à 13:53:27



 
 
La Monarchie de Juillet Le Second Empire La République Française
 
 
 
                   
 
 
 
 
 
                     L’ Armée d’ Afrique 2° Partie  
              English Version HERE
                     
 
 
 
En débarquant l’été 1830 sur l’autre rive de la Méditerranée les soldats françaiss’engagent dans l’aventure.   Ils mettent le pied   sur le sol de cet immense continent, grand inconnu, dont on ne sait pas encore distinguer le nord peuplé d’arabes et de berbères par rapport à sa majeure partie peuplée de noirs, et qui s’appelle l’Afrique. Ces soldats constituent donc tout naturellement l’Armée d’Afrique.
Cette appellation se confirme et se généralise lorsque, par nécessité, le comman-dement français va recruter des corps d’auxiliaires indigènes. Cette nécessité offre un double intérêt : renforcer les effectifs, mais aussi et surtout,  dans le propos qui est le nôtre, doter l’armée française d’un moyen d’approcher les populations locales avec lesquelles les relations risquent d’être difficiles puisque le soldat français ignore la langue et les modes de vie des autochtones. Très vite les soldats français en Afrique du Nord vont adopter bon nombre des moeurs et des coutumes des arabes ce qui les distinguera de leurs homologues restés en Europe. Ils partagent les dangers du combat et la fraternité d’armes avec les troupes indigènes   incorporées dans   l’armée française.   Ils   deviennent   des Africains dans l’acceptation très large que ce terme pouvait avoir au milieu du XIXème siècle.

 Ils forment l’Armée d’Afrique et resteront très attachés à cette dénomination jusqu’au rapatriement en 1962 sur le sol métropolitain.La création des unités qui constituèrent l’Armée d’Afrique s’est faite sans plan directeur, de manière éparse, au coup par coup, chaque fois que le commandement en ressentait le besoin selon les circonstances et le lieu où elles ont été mises sur pied.
Chronologiquement,
ce sont les Zouaves qui ont été créés les premiers, le 1er octobre 1830.
La Légion Etrangère a été instituée le 9 mars 1831
Les Chasseurs d’Afrique le 16 novembre 1831,
L’Infanterie Légère d’Afrique le 4 juin 1832,
Les Spahis le 10 septembre 1834,
Les Tirailleurs Algériens le 7 décembre 1841
Les Tirailleurs Tunisiens le 20 novembre 1881
Les Tirailleurs Marocains le 16 juin 1912. 

Autant dire que ces différents corps de troupe ne constituent pas une entité organisée ni regroupée.   Ils   continueront   à   être composés   soit de troupes européennes    soit    de    troupes   indigènes.      Certaines   unités    auront     un recrutement à la fois européen et indigène. A de rares exceptions près ils ne formeront jamais une armée organique qui servirait en bloc et unie. Ils resteront indépendants les uns des autres    et,   en fonction des théâtres d’opérations, serviront, affectés au sein d’une Grande Unité de l’armée française dont ils ne seront qu’un des éléments organiques. Ce n’est pas tant leur organisation, mais bel et bien leur esprit qui forgera leur spécificité et leur renommée.Pour cette raison   nous n’allons pas étudier les différentes composantes de l’Armée d’Afrique de façon chronologique. Nous allons les classer par arme, en distinguant les troupes européennes des troupes indigènes, et les formations spécifiques
Auparavant    nous   situerons l’action   de l’Armée d’Afrique   dans le temps, pendant les trois premières décennies de son existence, ce qui revient à dire pendant les trois premières décennies de la conquête de l’Algérie. 

                        L’Armée d’Afrique de 1830 à 1840            

 
 

Après son débarquement en juin 1830 sur la côte de l’Afrique du Nord et la prise d’Alger, l’armée   française   ne dispose   d’aucune directive précise sur   sa conduite à tenir.   Pourtant,   dès   le mois d’août 1830   le commandement français sent la nécessité de marquer la présence française à l’est et à l’ouest, et installe de petits détachements à Bône et à Oran.   Mais les tribus du bled s’opposent   farouchement   à tout élargissement   de   la zone occupée.   Elles provoquent régulièrement les troupes françaises qui ont tout juste les moyens de repousser ces attaques et sont en pleine période d’incertitude.
En septembre 1830, comme cela lui était demandé, le commandement français doit réduire ses effectifs à 10.000 hommes. Quelle politique appliquer avec de si faibles moyens ? On se contente de tenir les quelques petits postes que l’on a établis. Et, pour compenser la diminution de ses contingents, le commandement a aussitôt l’idée de recruter des corps auxiliaires dans les tribus indigènes. La première tentative est réalisée en contactant dès le mois d’août 1830 la tribu kabyle   des   Zouaouas   qui va fournir   des unités de fantassins,   les   futurs Zouaves.
L’intérêt d’une cavalerie indigène est tout aussi évidente. On crée au début de l’année 1831 des escadrons de « Chasseurs Indigènes » à cheval, embryon du corps des « Chasseurs d’Afrique ».

 


Dans le contexte politique européen de l’époque le gouvernement français fait d’une pierre deux coups lorsqu’il crée en mars 1831 une « Légion Etrangère ». D’une part il libère Paris des étrangers désoeuvrés, déçus de la disparition de l’Empire français ou révolutionnaires fuyant leur pays d’origine. D’autre part il trouve en eux des compléments en contingents faciles à monter pour pallier la faiblesse des forces françaises présentes de l’autre côté de la Méditerranée. 
Tout aussi lumineuse fut l’idée de permettre aux jeunes français incarcérés avant d’avoir fait leur service militaire   de terminer leur peine en servant comme soldats sur la côte du nord de l’Afrique. Cette initiative offrait, elle aussi, un double avantage : permettre à ces jeunes délinquants de se racheter en risquant de se faire blesser ou tuer sur un théâtre d’opérations dangereux,   et   fournir aux troupes françaises outre Méditerranée   un apport en effectifs dont elles ont   grandement   besoin.    Ainsi furent créés en juin 1832   deux Bataillons d’Infanterie Légère d’Afrique.
Malgré ces légers renforcements en troupes, de 1830 à 1837, les commandants en chef   de l’armée française   en Algérie   n’ont pas pu   mener   une action cohérente et précise. Leur temps de commandement est trop bref.   La valse des chefs,   aggravée   par l’absence d’une politique   déterminée   de   la   part   du gouvernement   parisien,   engendre   une succession d’erreurs et d’hésitations dans le mode opératoire. En prenant son commandement en septembre 1834, le nouveau gouverneur général reçoit pour mission « d’organiser les établissements existants sans chercher à accroître les possessions françaises dans le nord de l’Afrique ».
Et pourtant certains de ces chefs feront preuve d’une grande activité.   Poussés aussi, il faut le dire, par la réduction des dépenses et la limitation des effectifs ils commencent à mettre en application pour la pacification de l’Algérie une méthode de politique indigène qui développe les relations amicales avec les arabes et accroît progressivement les corps d’auxiliaires.
En   septembre 1834 sont créés les «  Spahis Réguliers », corps de cavalerie strictement indigène.
Dans l’ouest de l’Algérie l’Emir Abd-El-Kader, opposant farouche à la pénétration des troupes françaises dans cette contrée, attaque en force en juin 1835 et met en déroute une colonne de 2.000 soldats français dans la forêt de Moulay Ismaël, à 40 km au sud-est d’Oran. Cet épisode met en évidence l’indiscipline et le manque d’entraînement d’une grande partie de la troupe française ainsi que l’insuffisance et l’incompétence de trop nombreux officiers.
En 1836 la reprise en main des forces françaises est menée de manière énergique par le cinquième commandant en chef.   Il pose les principes de la guerre en Afrique par analogie avec la guerre d’Espagne qu’il avait faite sous l’Empire. Il porte en particulier ses efforts sur l’amélioration de l’équipement du soldat  en l’allégeant et exigeant que les vivres et les munitions soient portés sur mulets ou voitures légères. Il prescrit également que les colonnes ne s’encombrent pas systématiquement d’une artillerie qui n’était pas toujours indispensable. Dès lors l’armée française s’enhardit et ses colonnes, lorsqu’elles sont attaquées, repoussent avec vigueur leurs assaillants. Toutefois le but de ces expéditions était si ambitieux qu’il réclamait plus de bataillons lesquels faisaient cruellement défaut. Il a fallu, à titre d’exemple, s’y reprendre à deux fois pour assiéger et occuper Constantine à l’est.
En 1837 un nouveau chef remet de l’ordre aussi bien dans l’administration civile que dans l’armée. En particulier il précise la réglementation et l’administration des nombreuses   unités spéciales indigènes   créées   par les commandements locaux. Il en fixe les effectifs.
Face aux ambitions grandissantes d’ Abd-El-Kader   il songe à placer tout le territoire sous la domination française. C’est pour marquer cette volonté qu’il saisit l’occasion d’une visite d’inspection du   Duc d’Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe, pour organiser en octobre 1839 une expédition de liaison entre les provinces d’Alger et de Constantine en passant par le défilé des Bibans, les Portes de Fer.   Ce fut une réussite grâce en particulier à la préparation soigneuse et à la protection efficace du Khalifa Mokrani, chef des escadrons auxiliaires indigènes.

 

 


Cette expédition eut un grand retentissement tant parmi les tribus autochtones qu’en France. Le gouvernement de Louis-Philippe marquait ainsi sa volonté de rester en Afrique du Nord. Rappelons que, ce même mois d’octobre 1839, le ministre français de la guerre déclarait que : « le pays occupé par les français dans le nord de l’Afrique sera à l’avenir désigné sous le nom d’Algérie ».
Abd-El-Kader considère cette expédition des Portes de Fer comme un défi et relance les hostilités. Pour lui faire face, le commandant en chef obtient enfin des renforts qui porte l’armée française de 40.000 hommes qu’elle était en 1839 à 70.000 hommes au début de l’année 1840.Avec ces nouveaux effectifs   les troupes françaises vont occuper  les points importants du pays. C’est là une conception statique qui construit de faibles garnisons   immédiatement bloqués   par   les   tribus locales.   La politique du commandant en chef des troupes françaises en Algérie   est critiquée.   Il   est rappelé en France   le 29 décembre 1839,   aussitôt remplacé   par le général Bugeaud.En guise de synthèse sur cette période de 1830 à 1840   on retiendra que les troupes françaises débarquées outre Méditerranée ne reçoivent aucune consigne précise. Elles subissent des attaques incessantes qu’elles ont beaucoup de mal à repousser faute de moyens. Motivé par la nécessité de renforcer ses effectifs et la volonté de tisser des relations amicales avec les autochtones, le commande- ment   français,    pourtant   privé   d’une   politique claire   de   la   part de son gouvernement, met sur pied   une quantité de formations auxiliaires indigènes autonomes. Un rapport officiel précise : « l’attachement que nous portent ces musulmans qui combattent à nos côtés est un grand levier contre les populations musulmanes qui nous font la guerre sacrée. C’est une preuve évidente et de tous les jours, à ces indigènes si obstinés, que d’autres sont venus  à nous depuis longtemps et que nous les traitons bien ». 

 

 L’Armée d’Afrique de 1840 aux années 1850

 

 

 

 

                                                                      

Dès le 1er janvier 1840 le commandement de l’armée française et le gouverne- ment général de l’Algérie sont confiés au général Bugeaud qui restera six ans et demi dans ces fonctions. Au cours de cette longue période il jouera un rôle déterminant dans le domaine militaire comme dans le domaine civil . Il restera le plus célèbre des commandants en chef et des gouverneurs de la période de la conquête de l’Algérie.Il affiche ses convictions dès sa prise de fonctions. Devant les agissements de l’ l’émir Abd-El-Kader l’Algérie ne connaîtra jamais la  paix si le territoire n’ n’était entièrement soumis.Dans le domaine civil   il conçoit   une forme de colonisation agricole qu’il expérimente principalement avec d’anciens soldats. Chaque fois qu’il le peut il met la troupe à la disposition des services publics et même des particuliers pour l’exécution de grands travaux ou la participation aux travaux des champs. Ce n’est pas le moindre titre de gloire de l’Armée d’Afrique que d’avoir fertilisé la terre d’Algérie, non seulement de son sang, mais aussi de sa sueur.Sur le plan militaire il se montre très soucieux du bien-être du troupier dont il partage et mène la vie en campagne. Il poursuit la politique de formation de nouvelles unités, telles les « Bataillons de Tirailleurs Indigènes » qu’il crée en décembre 1841.Ces nouveaux corps de troupe, institués sur le territoire de l’Algérie, apportent la preuve de leur nécessité et de leur efficacité dès les premières années de leur fondation. Ainsi en février 1840 une compagnie d’Infanterie Légère d’Afrique résista pendant quatre jours aux assauts de milliers d’indigènes qui subirent des pertes énormes et finirent par lever le siège. C’est le premier fait d’armes des B.I.L.A. à Mazagran, près de Mostaganem.Les opérations de conquête à partir de 1841 sont essentiellement dirigées contre Abd-El-Kader.   Ce dernier a compris qu’il n’est pas en mesure d’accepter la bataille avec l’armée française.   Il mène donc une guerre de surprise   et d’ embuscades, se retirant devant la force, réoccupant le terrain après le passage de l’adversaire, et profitant du moment critique du repli pour harceler les français et leur causer des pertes.En Oranie l’émir est chassé progressivement de toutes les grandes villes et se trouve réduit à se déplacer avec sa smala,   immense campement d’environ 60.000 personnes ( dont un nombre relativement faible de combattants ), accompagnés de troupeaux et de biens. Cette situation défavorable incite les français à mettre la main sur la smala. L’occasion va se présenter en mai 1843 lorsque la smala se dirige dans le sud-Oranais vers le Djebel Amour. Le duc d’Aumale, quatrième fils du roi Louis-Philippe, tout juste âgé de 21 ans, donne l’ordre de la poursuivre et de l’attaquer. Ce fut un succès. La smala est détruite, mais l’émir Abd-El-Kader réussit à s’enfuir. Il cherche refuge auprès du Maroc.Les accrochages avec les éléments marocains   deviennent   de plus en plus fréquents. Les négociations avec le sultan du Maroc ne donnent aucun résultat. L’emploi de la force est rendu inévitable. En août 1843 Bugeaud franchit la frontière algéro-marocaine   avec 11.500 hommes dont 1.500 cavaliers  pour attaquer dès le lendemain l’armée chérifienne forte de 30.000 hommes. Les forces marocaines ont essayé de s’opposer à cette incursion française sur leur territoire à hauteur de l’oued Isly.

 

Bataille d Isly (14 Aout 1843)


 L’attaque avait été bien menée grâce à une adroite combinaison des armes et un emploi judicieux des possibilités et des qualités propres à chacune d’elles. Elle se conclut par une déroute de l’armée marocaine. A partir de ce moment-là l’appui donné par le Maroc à Abd-El-Kader cessa. Le problème d’Abd-El-Kader dont le prestige fut amoindri n’en était pas réglé pour autant.Tandis que les évènements les plus importants se passent dans l’ouest algérien les colonnes françaises mènent une action de pacification patiente, ingrate et sans gloire dans les provinces d’Alger et de Constantine. Bugeaud incite ses généraux à prendre des initiatives et à faire preuve d’imagination en formant des unités bien adaptées aux missions, au pays et à l’adversaire.Lors d’une opération dans le Sud-Ouarsenis on constitue   une colonne légère composée de fantassins et de cavaliers, les fantassins étant montés sur des mulets réquisitionnés, porteurs des vivres et des munitions. Cette expérience d’une infanterie montée donnera naissance aux compagnies montées de la Légion Etrangère qui 80 ans plus tard prouveront leur efficacité dans les confins algéro-marocains.
En 1845 éclate dans le Dahra l’insurrection de BouMaaza, un nouveau chef qui prône la guerre sainte contre les infidèles français. Le commandement français doit   concentrer   des   forces importantes   contre   cet adversaire.   Peu à peu abandonné par les tribus pressées par ces colonnes françaises,   BouMaaza s’enfuit au début de 1847 vers la province de Constantine où ses tentatives d’agitation demeurent sans succès. Il fait sa soumission à la France le 13 avril 1847.
Bugeaud estime le moment propice pour soumettre complètement la Kabylie que deux colonnes traversent sans coup férir jusqu’à débloquer le port de Bougie à l’est. Ce fut une promenade militaire. La Kabylie reste toutefois réfractaire à la pénétration française. Malgré ses succès militaires et politiques, le gouvernement français reproche à Bugeaud de ne pas suivre ses directives. Il le démet de ses fonctions en mars 1847 et nomme comme commandant en chef – gouverneur général de l’Algérie le Duc d’Aumale, fils du roi de France.  

 

 

Sidi Brahim

 

C’est à ce nouveau chef français de sang noble que l’émir Abd-El-Kader, abandonné par les tribus algériennes et par le sultan du Maroc, se rend définitivement le 23 décembre 1847 à Sidi-Brahim, au sud de Nemours (Ghazaouet), à l’endroit même où s’était déroulé deux ans plus tôt le tragique épisode du marabout où les Chasseurs d’Orléans résistèrent à un contre dix jusqu’à l’anéantissement.Les menaces de guerre en Europe exigent la présence en Algérie d’une puissante armée dont les unités bien acclimatées connaissent parfaitement le pays et ses habitants. C’est le maréchal Randon, dont le proconsulat dura du 10 décembre 1850 au 24 juin 1858, qui entreprend de réorganiser l’Armée d’Afrique. Il va renforcer les divers et multiples formations d’autochtones en les regroupant au sein de régiments :

o       trois régiments de Zouaves en 1852, puis quatre en 1855,

o       trois régiments de Tirailleurs Algériens en 1856,

o       trois bataillons d’Infanterie légère d’Afrique depuis 1833,

o       quatre régiments de Chasseurs d’Afrique depuis 1839,

o       deux régiments de Légion étrangère depuis 1841,

                                                o       quatre régiments de Spahis depuis 1845.
Pour parfaire la pacification totale de l’Algérie il reste encore à soumettre le bloc kabyle   à l’est d’Alger.   De nombreuses colonnes   sillonnent tout l’est algérien.   Elles sont souvent pénibles   et n’aboutissent pas à la pacification définitive. Faute d’effectifs elles ne peuvent ni s’étendre ni exploiter les zones dans lesquelles elles viennent de pénétrer. En effet les guerres en Europe qu’ qu’entreprend le nouvel empereur des français, Napoléon III,   pompent sur les contingents de l’Armée d’Afrique dont le volume diminue d’année en année. Il est réduit à 60.000 hommes en 1855.Mais avec quel enthousiasme et quelle fierté les régiments formés d’indigènes partent combattre hors du sol algérien, au sein de l’armée française !   Ils vont se couvrir de gloire dans toutes les campagnes du second Empire :

-         guerre de Crimée (1854-1855) : l’Alma, Sébastopol, Balaklava,

                                                                          Inkermann, Malakoff,

-         campagne d’Italie (1859) : Palestro, Turbigo, Magenta, Solferino

-         puis les expéditions de Chine (1860) et du Mexique (1861-1867)

 
 
 Il faut attendre l’année 1857, avec le retour en Algérie des régiments qui ont combattu en Crimée, pour que le maréchal Randon dispose enfin de la totalité des forces l’autorisant à entreprendre la dernière expédition qu’il doit mener pour pacifier toute la Kabylie et donc l’Algérie toute entière.  Cette expédition sera appelée l’expédition de la Grande Kabylie. Elle durera moins de deux mois.
Bataille d Ischeriden (24 juillet 1857)
 

Elle débute par l’attaque et la soumission des Aït Iraten et autres tribus de la région de Tizi Ouzou.   Plusieurs autres fractions   continuent  à résister à la pénétration française. Elles édifient de très solides fortifications à Icheriden, passage obligé couvrant leur territoire et défendu par 4.000 guerriers. Le 4 juin 1857 la position d’Icheriden est enlevée par deux vieux régiments de l’Armée d’Afrique, le 2ème Zouaves et le 2ème Etranger. Il ne reste plus qu’un seul foyer de résistance dans la région la plus sauvage et la plus accidentée du Djurdjura sous l’impulsion   de Lalla Fatima, la femme marabout. Celle-ci finit par se rendre le 12 juillet 1857, date à laquelle   toutes les tribus kabyles   demandent à se soumettre.A cette date l’Algérie est totalement conquise par la France sous la paix honora- ble que l’Armée d’Afrique lui a permis d’acquérir. C’est au cours du quart de siècle qui a suivi le débarquement à Sidi-Ferruch en juin 1830 que cette belle Armée d’Afrique est née. Elle s’est développée, non sans difficultés ni erreurs, et s’est forgée un caractère et une personnalité dont elle ne s’est plus jamais départie.   Non seulement   elle a constitué une fraction originale de l’armée française, mais elle a aussi eu sur celle-ci une influence profonde qui la marque de façon indélébile même encore aujourd’hui, en ce début du XXIème siècle.Il conviendrait à présent que nous comprenions comment étaient organisés les différents corps qui ont constitué l’Armée d’Afrique. Nous savons qu’ils se sont appelés   les Chasseurs d’Afrique,   l’ Infanterie Légère  d’Afrique,   la Légion étrangère, les Spahis, les Tirailleurs, les Zouaves, et d’autres non cités que nous n’avons encore pas rencontrés entre 1830 et 1857.Nous allons les passer en revue les uns après les autres, en rappelant comment ils furent créés, en précisant quelle a été leur histoire dans le temps, et en détaillant l’uniforme qu’ils ont porté et qui a permis de les distinguer aussi bien des autres formations de l’armée française que parmi leurs pairs.

 

 

 

 

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