Dans la religion gauloise, le Mercure indigène était une des divinités les plus honorées. Ce dieu patronnait notamment le commerce, une fonction qui est à mettre en relation avec ses dédicaces aux abords des routes et sur des lieux en hauteur.
Dans la religion des Celtes préchrétiens, l'un des dieux les plus importants était Lug(us). Nous le connaissons en Irlande sous le nom de Lug, au Pays de Galles sous le nom de Lleu et dans l'Antiquité celto-romaine sous le nom de Lugus, mais surtout sous l'interpretatio romana de Mercure. César nous informe qu'il est le dieu que les Gaulois honorent le plus, des propos confirmés par les très nombreuses dédicaces et monuments figurés en son honneur; en 1989, l'historien J.J. Hatt recensait 283 dédicaces.
Les routes De nombreuses épiclèses[1] évoquant ces fonctions ont été découvertes aux abords de nombreuses routes empruntées à l'époque gallo-romaine; plusieurs indices archéologiques attestent également de l'association entre le Mercure gaulois et les routes. Des dédicaces et des ruines de sanctuaires qui lui sont dédiées se situent aux abords des routes ou dans leurs parages. Dans l'Antiquité gallo-romaine, une divinité figurée sur une colonne pouvait signifier son contrôle sur les passages; or, en Bretagne, les dévots de Mercure ont érigé en son honneur une colonne de bois. Il existe également un bronze provenant de Bordeaux qui représente un Mercure doté de quatre visages, ce qui lui permettait sans doute de pouvoir regarder les quatre points cardinaux en même temps; il faisait sans doute office de dieu des carefours. Au sanctuaire de Lux (Côte-d'Or), les dédicaces à Mercure sont ornés d'une charrette, un objet qui fait sans doute allusion à la route qu'il protège. retrouvé deux représentations de Mercure. La première est la stèle d'un homme sans tête, mais la présence d'un caducée, d'un bélier, d'un coq et d'une éventuelle tortue ne laisse guère de doutes sur l'identité du dieu. La seconde est une statuette en bronze, d'inspiration indigène, où l'on voit le dieu tenant de la main droite une bourse, tandis que la tête et les épaules étaient couvertes du capuchon gaulois. Dans la cité de Vienne, l'essentiel des inscriptions et des représentations de Mercure se situe le long des grandes voies de communications. Par exemple, une dédicace a été découverte à Tamié, où passait peut-être la route de Vienne à Genève par Boutae, près d'Annecy (Haute-Savoie). Une autre a été trouvé à Saint-Félix (Haute-Savoie) où passait le chemin qui reliait les deux route de Boutae à Gusy et de Condate (aujourd'hui commune de Seyssel, Haute-Savoie) à Albens (Savoie). Une troisième dédicace a été découverte au niveau de Bourget-du-Lac (Savoie), où la route traversait des lieux marécageux entre le pied de la montagne du Chat et le bord du lac du Bourget.
Le commerce Dans l'extrait de la Guerre des Gaules cité plus haut, César attribuait au Mercure gaulois la protection du commerce. Mais il est possible qu'il s'agisse d'un développement secondaire de sa fonction initiale de patronner les routes. En effet, lorsque les infrastructures routières s'améliorent, la communication entre les hommes progresse, en particulier les échanges commerciaux. Cette fonction de Mercure est parfaitement mise par la présence d'une bourse sur certaines représentation plastique du dieu ainsi que par plusieurs épiclèses : Mercalis (marchand, marchandise...), Negociator, Propitius (propice - aux affaires -) sur un poids étalon découvert à Lucey, Felix (porte-bonheur) et Nundinator (dieu des marchés) sur un médaillon d'applique à Vienne. Un marchand de poterie du pays rhénan a également fait inscrire le nom de Mercure sur un ex-voto. Le lien entre Mercure et le commerce se confirme par un autre élément : César qualifie ce dieu d'omnium inuentor artium, "inventeur de tous les arts". Autrement dit, les arts qu'il patronne sont autant de domaines liés à l'économie. Mercure était donc certainement honoré par les forgerons, les bronziers ou encore les cordonniers qui souhaitaient la réussite financière. La fonction de protecteur des routes peut aussi s'expliquer du point de vue de l'aménagement du territoire. La présence des routes favorise l'organisation d'une société, l'appropriation du territoire par l'homme, ainsi que la communication entre eux. Le Mercure gallo-romain était sans doute un dieu qui était invoqué pour l'organisation de la société humaine.
[1] Dans l'Antiquité, l'épiclèse était une épithète accolée au nom d'un dieu dans le but de préciser l'aspect sous lequel il était révéré : Athena Hygieia (protectrice de la santé), Dionysos Sukitês (protecteur des figuiers), Zeus Sôter (sauveur) etc. Les épiclèses étaient nombreuses. On en connaît par exemple une centaine pour Apollon. Source [2] Selon Pline l'Ancien, Zénodore fut chargé par les Arvernes de fondre une statue colossale de Mercure, qui exigea dix ans de travail et rapporta 4 millions de sesterces à son auteur. [3] Le Donon est le plus septentrional des sommets du massif des Vosges.
Source : Histoire Antique N° 39
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