tiré de cet article de la Marseillaise
Depuis le XIIème siècle, l’Université de médecine de Montpellier avait acquis une si grande renommée que de nombreux malades, parmi lesquels de grands personnages, n’ont jamais hésité, pour venir s’y faire soigner, à entreprendre de longs et périlleux voyages. C’est que Montpellier offrait un terrain favorable à la diffusion de la pensée médicale grecque et latine mais aussi arabe, véhiculée par les médecins juifs. Cet enseignement médical fut officialisé en 1180 par un édit de Guilhem VIII prônant la liberté d’enseigner dans la ville du moment que le maître prouve ses capacités par des manuscrits ou son expérience. Parmi la longue liste des visiteurs de marque venus se faire soigner à Montpellier, il en est un qui serait passé probablement inaperçu s’il n’avait été le père de l’empereur des Français Napoléon Ier ainsi que le grand-père de Napoléon III. C’est donc en 1783, pendant un voyage, que Charles Bonaparte ressent les premiers symptômes de ce mal qui allait l’emporter. Se trouvant à Paris, il eut recours aux soins du médecin de la reine Marie-Antoinette, le docteur De la Sonde, dont les prescriptions apportèrent du soulagement à ses douleurs. L’année suivante, son état de santé s’étant à nouveau aggravé, le malade décida de revenir consulter son médecin parisien. Un passage par Montpellier lui fut conseilléAccompagné de son fils aîné Joseph et de son beau-frère Fesch, il s’embarqua le 9 novembre 1784 à destination du continent. Mais la fatigue du voyage augmenta à un tel point ses souffrances qu’il renonça à aller jusqu’à Paris. Ayant dû passer par Aix-en-Provence pour y laisser au séminaire son jeune beau-frère qui allait y poursuivre ses études théologiques, il en profita pour consulter un des meilleurs praticiens de Provence, le docteur Tournatori, qui, jugeant le cas très grave, lui conseilla d’aller jusqu’à Montpellier où il trouverait un climat assez semblable à celui de sa Corse et de plus grandes ressources au point de vue médical. Charles Bonaparte se rendit donc à Montpellier et descendit à l’Auberge du Parc, située au faubourg de la Saunerie, à l’extrémité actuelle de la rue de la République, à son débouché sur la place Alexandre-Laissac. La faculté aussitôt consultée se prononça pour un séjour prolongé, ce qui incita le malade à s’installer un peu plus confortablement. Peu fortuné, il loua alors une modeste maison située à l’angle des rues Castilhon et Cheval-Vert (maison remplacée aujourd’hui par un immeuble sur lequel est apposée une plaque commémorative). Le médecin à qui il se confia était le professeur Vigaroux. Le diagnostic qui lui fut porté relevait aussi bien de la médecine que de la chirurgie. Il s’agissait, pensait-on, d’un cancer de l’estomac. Mais la chirurgie en ces temps-là ne s’intéressait pas à de telles interventions. Malgré tous les soins qui lui furent portés, Charles Bonaparte mourut le 24 février 1785, âgé de trente-neuf ans, entre les bras de son fils Joseph et de ceux de sa logeuse Madame Louise Delon, qui lui avait prodigué les soins les plus attentionnés durant toute sa maladie. La dépouille déplacée dans le plus grand secretLes modestes ressources de la famille ne lui permettaient pas d’organiser le transfert du corps jusqu’en Corse. Un proche avança l’argent des obsèques et les abbés Pradier et Coustou obtinrent que Charles Bonaparte soit inhumé dans l’église du couvent des Cordeliers de Montpellier, (le Rockstore aujourd’hui). Il n’y eut pas dix personnes à son enterrement. Au printemps 1803, ses fils, Joseph et Louis vinrent à Montpellier pour récupérer dans le plus grand secret la dépouille de leur père malgré l’opposition de Napoléon, qui ne souhaitait pas « troubler le repos des morts ». Ils brisèrent le caveau, ouvrirent le cercueil et placèrent les ossements dans du coton qu’on enferma à l’intérieur d’un coffre de bois doublé de plomb qui fut confié le 24 mai aux messageries en faisant croire à l’envoi d’une pendule pour éviter tout soupçon. Conservés au château de Mortefontaine (Oise), propriété de Joseph, les ossements de Charles furent portés en 1804 au château de Saint-Leu (Val-dOise) que venait d’acquérir Louis. En 1819, le château étant restitué à son propriétaire légitime, le prince de Condé, père du duc d’Enghien exécuté sur les ordres de Napoléon Ier, les restes de Charles furent déposés en l’église paroissiale de Saint-Leu où le rejoignit Louis des années plus tard. Le château ayant été démoli en 1837 et son parc loti, il ne reste rien de la chapelle où il reposa. Datant de 1690, petite et en mauvais état, en 1851, Napoléon III chargea l’architecte Joseph-Eugène Lacroix de la reconstruire et de faire creuser une crypte plus digne de son ascendance. Charles resta dans cette tombe jusqu’au 5 avril 1951, date à laquelle il prit très solennellement le chemin du retour vers sa terre natale où il fut inhumé en la chapelle impériale d’Ajaccio.
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