Isabelle d’Aragon est l’épouse de Philippe III et la mère de Philippe IV le Bel. E
lle est décédée en janvier 1271 pendant le long retour en France des cendres de saint Louis, en Italie, alors même qu'elle était enceinte. Elle mourut d'une chute de cheval, en passant à gué une petite rivière.
Son gisant est l’un des plus beaux de Saint-Denis.
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En 1275, le roi Philippe III, veuf, commande un tombeau de corps pour Saint-Denis et un tombeau d’entrailles pour Cosenza . Peut-être songeait-il à se faire pardonner son mariage le 21 août 1274 avec la jeune et jolie Marie de Brabant et le couronnement de cette nouvelle reine en grand apparat le 24 juin 1275 ! Il convenait de souligner que la mémoire de la défunte reine était toujours chère au cœur du monarque.
Ce projet a aussi fini par décider le roi et l’abbé Mathieu de Vendôme à ériger un monument digne de Louis IX sur sa sépulture.
n attendant, le monument réalisé pour Isabelle d’Aragon est une pure merveille. Sa grâce exceptionnelle le rapproche stylistiquement des tombeaux installés vers 1260. Sauf qu’ici, le gisant en marbre blanc, rehaussé à l’origine d’une polychromie, repose sur une dalle en marbre noire avec une longue épitaphe gravée sur trois des côtés. Et la face se veut peut-être fidèle au charmant visage de la souveraine.
Etant donné l’emplacement de l’inscription, le tombeau était conçu pour être isolé ; mais des incisions encore visibles à la tête de la dalle montrent qu’il a dû être ensuite installé contre un des piliers des bas-côtés, au Nord ou au Sud de la croisée du transept, où l’on a pu transférer les restes d’Isabelle de sa première sépulture, située près de celle de saint Louis.
La dalle de marbre noir avec la longue épitaphe est la seule dalle authentique à avoir échappé aux destructions révolutionnaires et à être parvenue jusqu’à nous.
L'inscription tourne autour de la corniche, avec de superbes caractères de marbre blanc incrustés dans le marbre noir. Cette épitaphe formée de 8 vers se répartit sur 2 lignes dont chacune comprend 4 vers complets.
pour en rendre ici la lecture plus facile nous la rapportons en divisant les vers :
DYSABEL.LAME.AIT.PARADYS :
DOM.LI.CORS.GIST.SOVZ.CESTE. YMAGE :
FAME.AVROI.PHELIPE.IA.DIS :
FIL.LOVIS.ROI.MORT.EN CARTAGE
LE.JOVR.DE.SAINTE.AGNES : SECONDE
LAN.MIL.CC.DIS.ET.SOISENTE :
A. CVSANSE.FV.MORTE.AV. MONDE.
VIE.SANZ.FIN.DEX.LI.CONSENTE
Félibien a publié dans les Preuves de son Histoire une lettre touchante que le roi Philippe écrivit peu de jours après ce funeste événement, à l'abbé et aux religieux de Saint-Denis, pour recommander à leurs prières la reine Isabelle, "dont la vie était aimable à Dieu et aux hommes" ...
Sans doute y avait-il à l'origine des anges se penchant sur le coussin ; on voit encore de petites mains qui y restent accrochées...
Le gisant est particulièrement beau lorsque, à certaines heures du jour, les rayons multicolores des vitraux viennent se perdre dans les voiles de la reine…