Bethesda
Nous connaissons tous le récit du paralytique guéri par Jésus après 38 ans d’attente au bord d’une piscine miraculeuse, agitée de temps à autre par un ange (Jn 5,1-9). Des découvertes archéologiques récentes éclairent à la fois et le nom et la nature du lieu de la guérison, à Jérusalem.
Les anciens manuscrits de l’évangile de Jean ne s’entendent pas sur le vrai nom de cet endroit : il s’appellerait « Bezatha », ou « Bethesda », ou « Belsetha », ou encore « Bethsaïda ». Un des textes de Qumrân vint solutionner le problème de façon inattendue! Le Rouleau de cuivre, qui doit dater de la première moitié du Ier siècle de notre ère, présente une longue liste de trésors cachés à Jérusalem et ailleurs en Palestine. Une des cachettes est située dans un lieu de Jérusalem appelé Bet-eshdatain, marqué par une piscine à deux bassins de grandeurs différentes. Il ne fait pas de doute, que la transcription grecque de Bethesda doit être retenue comme la plus juste, et le nom doit être traduit par « maison des deux flots, des deux bouches » : il est fait référence à deux sources d’alimentation d’une piscine, ce qui se comprend bien si cette dernière comporte deux bassins indépendants.
Les Pères Blancs, gardiens de l’église de Sainte-Anne et du séminaire grec catholique de Jérusalem, dans le quartier nord-est de la ville, fouillèrent une bonne partie des jardins de leur propriété. Les découvertes viennent illustrer ici aussi de façon inattendue certains détails du récit évangélique.
Sérapion sous l'église byzantine (IIe s. avant notre ère à IVe s. après J.-C.)
Une première découverte mit au jour deux grands bassins de forme trapézoïdale, en partie creusés dans le roc et en partie construits, et profonds de 13 m, et qui remontent au IIe siècle avant J.-C. Séparés par une petite rue de 6,5 m de largeur, ils étaient alimentés par les pluies sur les pentes du rocher au nord. On ne repéra aucun signe d’escalier pour y descendre, pourtant exigé par leur profondeur! Des restes de portiques autour des bassins et sur la partie centrale qui les séparait ne furent pas davantage identifiés. Il est donc difficile de penser que c’est dans ces bassins que les malades devaient plonger au temps du bouillonnement des eaux. Les guérisons devaient s’opérer dans un autre bâtiment dans le voisinage immédiat, caractérisé par ses portiques, ou ses passages recouverts. Les chrétiens du Ve siècle ont pourtant cru que les grands bassins auraient été le théâtre de la guérison du paralytique puisqu’ils construisaient une église dont la partie avant est entièrement bâtie au-dessus de ces bassins.
Les fouilleurs furent fort surpris quand ils élargirent leur chantier de fouilles vers l’est pour dégager l’autre partie de l’église byzantine jusqu’au fond de sa nef. Sous l’église byzantine et dans les secteurs de son pourtour immédiat, on découvrit une installation complexe qui a été passablement troublée par les bâtisseurs de l’église. Des petites grottes naturelles ont été aménagées en bassins, alimentés par des canaux et de petits escaliers permettaient d’y descendre. Quelques vestiges trouvés dans ces niveaux permettent d’y voir une installation pour guérisons en l’honneur du dieu Sérapis, qui est la forme égyptienne d’Esculape, dieu grec de la médecine, et qui opère aussi des guérisons dans ses sanctuaires caractérisés par des portiques où dorment les malades. En effet, on découvrit un pied votif offert par une certaine Pompeia; un serpent enroulé autour d’un épi de blé, symbole de Sérapis-Esculape; des fragments d’une statuette de femme en train de se déshabiller; deux maquettes de bateaux et on sait que Sérapis était aussi honoré comme le patron des navigateurs. Pour ces raisons et d’autres détails du même genre il est assez évident qu’un sanctuaire en l’honneur d’Esculape a dû exister en cet endroit, dès le IIe siècle avant J.-C., et jusqu’au début du IVe siècle après J.-C., date bien établie par l’étude des monnaies et de la céramique recueillies dans ces niveaux antérieurs de l’église qui les recouvre. Des monnaie frappées à Jérusalem à cette époque attestent qu’un tel sanctuaire existait bel et bien dans la ville sainte, ce qui est aussi confirmé par saint Cyrille de Jérusalem qui, en 348, déclare que les Juifs se rendent coupables de paganisme en cet endroit! Nous sommes donc autorisés à croire qu’un bâtiment à cinq portiques recouvrant ces grottes-bassins abritait les malades qui venaient ici demander une intervention favorable au dieu des guérisons, Sérapis ou Esculape. Il fut totalement détruit par les bâtisseurs de l’église, puisque cette dernière est fondée sur le roc lui-même. De tels portiques et des bassins facilement accessibles, bien conformes aux sanctuaires d’Esculape, correspondent beaucoup mieux aux détails du récit johannique que les grands bassins voisins.
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