Cette loutrophore, amphore particulièrement élancée, fait la transition entre le style géométrique qui domine le VIIIe siècle av. J.-C., et le style orientalisant, à la mode au siècle suivant. En effet, le peintre d'Analatos reprend des motifs appartenant à l'esthétique géométrique comme le défilé de chars, les motifs abstraits et les serpents modelés en léger relief, tout en introduisant des nouveautés comme les sphinges, les rosettes et l'agrandissement des scènes figurées.
Un vase rituel
La loutrophore est une variante de l'amphore mais elle s'en démarque par son col particulièrement allongé et sa fonction.
Elle sert à contenir l'eau nécessaire au bain nuptial et à la toilette funéraire. Elle signale les tombes des célibataires ; le fond est percé pour permettre la communication avec le mort. Des serpents modelés en relief ornent l'embouchure, les anses et l'épaule du vase, confirmant sa fonction funéraire ; cet animal chthonien est traditionnellement lié au monde souterrain des enfers. Le décor est divisé en registres superposés alternant motifs décoratifs (sphinx, rosettes, tresses, dents de loup, motifs en escalier, spirales, pétales) et scènes figurées (couples dansant au son de la double flûte, défilé de biges). Le peintre d'Analatos
Cette loutrophore est attribuée au peintre d'Analatos, qui doit son nom au site attique où fut retrouvée une hydrie datant du début de sa carrière. L'artiste, formé dans un atelier du géométrique récent, fait la transition entre cette époque et l'époque orientalisante qui marque le VIIe siècle av. J.-C.
Fidèle à la tradition géométrique (utilisation d'un certain nombre de motifs abstraits, reprise du schéma iconographique bien connu du défilé de chars), il s'en dégage cependant par bien des aspects. Un artiste novateur
En effet, il introduit ici des motifs venus d'Orient, comme les sphinges, les rosettes et les tresses, de même que l'agrandissement des scènes figurées aux dépens des motifs décoratifs. Nous remarquons également un progrès net en ce qui concerne la représentation humaine : les silhouettes sont plus souples pour les hommes, plus étoffées pour les femmes, vêtues de peplos ornés de points, et le contour des visages - dominés par un œil exagérément saillant - est dessiné. Enfin, le peintre a marqué sa volonté de rendre plus lisible ces images en utilisant l'incision pour différencier les crinières et le dos des chevaux, annonçant ainsi la technique des figures noires qu'Athènes n'adoptera que quelques décennies plus tard. |
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