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Le sol calcaire de la région du Soissonnais a permis aux Allemands de creuser de nombreuses creutes qui peuvent s’avérer extrêmement dangereuses en cas d’offensives françaises. Ce terme de creute désigne des carrières souterraines en Picardie et, plus particulièrement, situées le long du chemin des Dames.
En effet, des bataillons entiers ennemis peuvent y être confinés, attendant simplement l’ordre d’intervenir en cas de besoin. Il faut donc éviter les menaces dues aux éventuelles attaques par l’arrière, qui pourraient être lancées par cet ennemi invisible.
Ces troupes peuvent, à tout moment, sortir des creutes à l’improviste comme cela s’est déjà produit au cours des combats antérieurs, durant la conquête du Chemin des Dames.
Conscient des risques que constituent ces creutes, l’état-major en conclut qu’il est impératif de former des détachements de nettoyeurs. Ces hommes ont la charge de pénétrer à l’intérieur des creutes durant les combats, pour y neutraliser les troupes allemandes qui s’y trouvent.
Durant la préparation méticuleuse qui doit déboucher sur la bataille de la Malmaison, sur le chemin des Dames, une étude approfondie est menée par l’état-major de la 38e D.I..
Une instruction est publiée dès la fin du mois d'août 1917. Les éléments des divisions destinées à ces opérations doivent s’entraîner sur des terrains semblables à ceux de leurs futures interventions.
Ces conditions sont essentielles à la bonne marche des opérations à venir. Rien ne doit les entraver sous peine de renouveler les échecs du mois d’avril.
Les détachements sont de deux sortes :
Les premiers sont composés de petites fractions faisant partie intégrante des vagues d’assauts. Ils constituent plus spécifiquement les « nettoyeurs de tranchées ».
Les seconds, plus importants numériquement, sont dotés de moyens puissants. Ils peuvent être composés d’un ou plusieurs bataillons. Ceux-ci sont chargés de faire soit un véritable siège, soit de pénétrer à l’intérieur pour s’emparer des grandes creutes ou des grandes carrières. Ils ont pour mission de contenir les réserves ennemies importantes qui s’y trouvent. Ce sont les bataillons de creutes.
Les premiers, comme les seconds détachements, ont pour mission essentielle d’assurer la sécurité matérielle et la tranquillité morale aux bataillons d’assaut qui marchent vers leur objectif.
Les nettoyeurs de tranchées
Les nettoyeurs font partie des vagues d’assaut. Celles-ci sont constituées par de petites unités allant de l’escouade à la section.
Ces soldats sont équipés et outillés en fonction de leur mission ; ils nettoient les tranchées et les abris qui peuvent former des nids de résistance ennemie sur le passage des vagues.
Il est nécessaire que ces groupes de nettoyeurs soient prévus dans toutes les vagues, de façon à pouvoir constituer des réserves successives qui seront appliquées sur les abris rencontrés au fur et à mesure de la progression de ces vagues.
Les nettoyeurs sont équipés de brownings, de couteaux de tranchées, de dix grenades asphyxiantes ou incendiaires et de deux grenades ordinaires. Ils conservent leurs fusils, de manière à pouvoir coopérer à la défense des positions conquises, ou participer à de nouvelles attaques une fois leur mission spéciale terminée.
Les bataillons d’attaque des creutes
Les bataillons chargés d’attaquer les creutes sont constitués à partir d’unités qui dépendent des divisions d’attaques.Ces unités marchent dans le sillage des bataillons d’attaques. Commandées par des chefs énergiques, elles sont investies d’une mission spéciale nettement définie dont elles ne devront être détournées sous aucun prétexte.
Le rôle dévolu à ces bataillons est de bloquer les creutes. Les unités d’attaque disposent de fractions de compagnies Schilt et de compagnies Z. Chaque ouverture, en particulier les cheminées d’aération, est utilisée pour y jeter des liquides enflammés, des explosifs, des engins incendiaires ou asphyxiants.
Les nettoyeurs du 149e R.I.
Concernant la bataille de la Malmaison, la documentation trouvée jusqu’à maintenant est peu détaillée sur le sujet. Elle ne permet pas, pour l’instant, de se faire une idée exacte de la composition des troupes qui sont chargées d’effectuer ces missions au niveau de l’ I.D. 43.
Tout ce que nous savons de manière sûre c’est que les nettoyeurs nécessaires au 1er bataillon du 149e R.I. pour mener leur attaque sur le 1er objectif sont fournis par le 2e bataillon du régiment.
Un témoignage laissé par le commandant de Chomereau de Saint-André nous apprend que c’est la 5e compagnie du 149e R.I. qui a été désignée pour effectuer cette tâche.
Cette unité, qui est commandée par le lieutenant Auvert, est intercalée entre les compagnies de tête et la compagnie de soutien. Un brassard distinctif est distribué à chacun des nettoyeurs.
Le manque de précisions dans le texte laissé par le commandant du 1er bataillon du 149e R.I., et le sens à donner au terme de « nettoyage » fait qu’il est impossible de savoir si la 5e est une compagnie destinée au nettoyage des tranchées, ou une compagnie qui fait partie intégrante d’un bataillon d’attaque de creutes.
Une fois la besogne accomplie, les hommes de la 5e compagnie sont rendus à leur bataillon. De nouveau sous l’autorité du commandant Schalck, cette compagnie ne semble pas avoir participé à l’attaque sur le 2e objectif.
Une compagnie du 158e R.I. a également été nommée pour assumer le même rôle. Pour les 1er et 31e B.C.P., c’est un petit peu plus compliqué. Il existe un groupement de chasseurs, pour chacun d’entre eux. Deux sections Schilt et deux sections Z ont été mises à la disposition du colonel Guy, commandant l’I.D. 43. Celles-ci sont affectées aux B.C.P. pour le nettoyage des creutes, ce qui ne semble pas être le cas pour les 158e R.I. et 149e R.I..
La photographie suivante représente les hommes affectés à la liaison de la 5e compagnie du 149e R.I..
Il n'y a pas d’information détaillée sur le bilan des opérations du 149e R.I. durant l’attaque de la Malmaison. Le rôle effectif de ces missions n’est même pas évoqué.
Le sujet est modestement abordé dans un témoignage laissé par le sous-lieutenant Doucher de la 9e compagnie. Voici ce qu’il écrit concernant les nettoyeurs de tranchées :
« L’artillerie ennemie est nourrie. Ses mitrailleuses non détruites sont en pleine action. Je fais avancer par bonds, sans obtenir que les hommes renoncent à se grouper en tas autour de moi. Nous rejoignons encore la première ligne qui se disloque de plus en plus et qui, cette fois, est accrochée par endroits. Là, je vois un « nettoyeur », accroupi au dessus d’un abri, une grenade à chaque main, bondissant avec une agilité incroyable. On dirait un chat guettant quelque rat... »
Sources :
Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.
La quasi totalité de ce texte a été réalisée à partir d’une instruction sur les unités de nettoyeurs de tranchées et de creutes rédigée le 30 août 1917 par le général de Salins, officier qui commande la 38e D.I..
Les photographies représentant les soldats de la 5e compagnie ont été réalisées en juin 1917.
Témoignage « 149e R.I., un épisode de la victoire de chemin des Dames, 23 octobre 1917, l’attaque du 1er bataillon » par le commandant de Chomereau de Saint-André. Éditions Bourges Imprimerie Ve Tardy-Pigelet et fils.
Fond Douchez composé de 3 volumes. Déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. |
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