LIEUTENANT GÉNÉRAL ET MARÉCHAL DE CAMP
de 1744 à 1775
L'ordonnance de février 1744 constitue l'acte de naissance des tenues spécifiques aux services de l'état major des armées de France.
Jusqu'aux premières décades du 18me siècle, les officiers d'état major sont vêtus de tenues civiles richement garnies de broderies. En observant les tableaux comme ceux de van der Meulen on constate déjà un dominante bleue dans les uniformes officiers de l'état major, parfois ils portent l'uniforme du corps dont ils sont mestre de camp ou colonel, également abondamment brodés et galonnés ainsi que leurs équipages, ils ne se distinguent des autres officiers que par l'écharpe blanche et le panache blanc de leur chapeau.
C'est entre la Guerre de Succession d'Autriche et la Guerre de Sept Ans que se pose les bases d'une uniformisation dans les tenues des officiers de l'état-major ainsi que des troupes à leur service. Le premier texte officiel est celui de 1744 et concerne les lieutenants généraux et les maréchaux de camps puis suivra l'ordonnance de 1757 pour les officiers d'état major employés en qualité d'aides de camp, toujours en 1757 celle qui règle l'uniforme des officiers de l'état major des places. Il en est de même pour les guides affectés à l'état-major dont les premières tenues apparaissent en 1746 qui seront reprisent par les formations créées durant la guerre de sept ans en 1759 et 1761 concernant la tenue des guides de l'état-major. Pour ces derniers et bien que ces troupes aient une existence éphémère elles n'en prennent pas moins la disctinctive bleu de Roi du fond de l'uniforme qui est devenu la couleur distinctive des officiers de l'état-major.
L'ordonnance du 1er février 1744
Ordonnance du 1er février 1744 qui règle la tenue des officiers généraux en service aux armées du Roi: " Sa Majesté considérant l'importance dont il est que tous les officiers généraux employez dans ses armées, soient en toute occasion promptement reconnus. Sa Majesté à jugé nécessaire de leur régler un habillement uniforme. En conséquence elle à ordonné que ses lieutenants généraux et maréchaux de camps seront tenus de porter pendant tout le cours de la campagne, un habit non croisé de couleur vulgairement appelée bleu de Roi orné d'un bordé de broderie d'or en forme de galon; conformément à l'échantillon qui restera annexé à la minute de la présente ordonnance: avec la seule différence entre les lieutenants généraux et les maréchaux de camps, que les premiers auront le bordé double sur les manches et sur les poches et que les Maréchaux de camp n'auront que le bordé simple.
A partir de cette époque tous les officiers généraux à l'armée ne pouvaient porter que la tenue règlementaire, s'il y eut sans doute des exceptions il est raisonnable de penser qu'elles étaient rares. C'est le cas du comte de Bercheny qui venait d'être fait Inspecteur Général des Hussards en décembre 1743, ce dernier demande au comte d'Argenson, Ministre de la Guerre, l'autorisation de continuer à servir en habit hongrois. Cette dérogation lui est accordée à la condition toutefois qu'il possède un habit d'ordonnance de maréchal de camp pour le cas où il serait amener à servir à l'état-major détaché des régiments de hussards.
Mais le texte de 1744 n'empêche pas quelques dérapages vestimentaires que permettait une réglementation trop imprécise, et qui faisait écrire au Marquis du Muy en 1766 " .... Sa Majesté ne jugerait-elle pas à propos de fixer l'uniforme des officiers généraux de ses troupes. La nécessité en est démontrée par la diversité si grande qu'entre 540 lieutenants généraux et maréchaux de camp qui existent aujourd'hui, il n'y en a pas deux dont l'uniforme se ressemble .... Les uns par vanité l'ont enrichie en l'élargissant et en y mettant des paillettes, de la frisure et des bouillons; les autres par épargne en ont diminué la largeur, d'autres y ont ajouté une baguette qui borde mieux, mais qui n'était pas dans le modèle, d'autres en ont formés de petits parce que les grands leur ont paru trop chers; d'autres ont ajouté des collets renversés, d'autres en ont mis de droit; d'autres ont mis des vestes rouges, d'autres des vestes jaunes dont la couleur est très aisée à salir et donne peu de ressort à l'or. Tous enfin décèlent, même dans un age avancé, la légèreté qu'on voudrait n'avoir à imputer qu'à la jeunesse de la nation. ." C'est l'ordonnance du 2 septembre 1775 " Sur l'uniforme des officiers généraux et autres employés dans ses armées et dans ses places " qui reprenant les textes précédents sans modifications majeures, mais surtout en y apportant beaucoup plus de précision permettra une complète uniformisation.
Evolution de l'uniforme
Malgré l'absence de texte très précis jusqu'à la publication de l'ordonnance de 1775 on peu remarquer une tendance générale sur l'évolution de l'uniforme des officiers généraux entre 1744 et 1775 d'après les nombreux tableaux de l'époque.
Concernant galon à volutes, il faut noter que ce galon apparait bien avant l'ordonnance de 1775, sans doute au cours de la guerre de succession d'Autriche, et dans la mesure ou il se généralise rapidement à cette période il est probable qu'il y a son origine un texte sous forme d'une instruction , d'une ordonnance qui ne nous est pas parvenue, ou encore d'un modèle fabriqué et joint à l'ordonnance. Le Marquis du Muy en 1766 fait bien allusion à un modèle d'uniforme ".... d'autres y ont ajouté une baguette qui borde mieux, mais qui n'était pas dans le modèle..." mais c'est bien peu. On peut souhaiter que du fond de quelque archive il ne ressorte un jour.
Sur les tableaux des premiers uniformes ce galon à volutes est parfois très large avec des volutes bien séparées laissant apparaitre l'habit. Au contraire, après 1775, le galon, dont la taille est maintenant fixée réglementairement, est plus étroit qu'au début du siècle avec une seconde tendance qui est le resserement des volutes qui ne laissent parfois plus apparaitre le fond de l'habit.
A propos du collet, l' autre évolution caractéristique vestimentaire que l'on peut remarquer concerne le col. Jusque dans les années 1750 le galon qui borde le devant de l'habit qui est sans collet s'arrête le plus souvent au col, au contraire après cette période le galon fait le tour du col de l'habit, enfin par la généralisation du collet sur l'habit qui s'étend aux uniformes des officiers généraux, le galon à volutes vient border la base du col et le collet.
Pour ce qui est de la veste , officiellement après 1775, la veste est rouge bordée du galon à volutes.
Avant ce texte on retrouve aussi bien des veste écarlates que jaunes, quand au galon s'il est souvent à volutes, on en trouve également avec des broderies variées.
Les boutons: sur certains tableaux d'officiers généraux on distingue correctement le motif que l'on retrouvera dans l'ordonnance de 1775 , il est probable que comme pour le galon un modèle de bouton était annexé à l'ordonnance de 1744.
La culotte rouge pour les officiers généraux semble avoir été la règle dès les premiers uniformes.
Quand à l'équipage, il est par contre beaucoup plus difficile de préciser quel était l'équipages des officiers généraux avant le règlement de 1775, rares sont les portraits montés et les tableaux de scènes de batailles ne permettent pas de voir le détail des housses et des fontes.
De ces rares éléments peut en tirer quelques idées générales, la couleur de fond de l'équipage est rouge, beaucoup plus rarement bleu.
Avant 1775 les broderies or qui ornementent les housses sont faites de rinceaux, avec parfois des trophées d'armes aux angles et sur les chaperons, et sans doute y a-t-il eu dès avant sont officialisation en 1775 des équipages bordés du galon à volutes.
La tenue du marquis de Monteynard se décrit ainsi : habit bleu non croisé est bordé sur le devant d'une broderie à motif en volute sans baguette, la poche est bordée de 2 rangs de même broderie sous la poche et un rang sur la patte de poche, le parement est brodé de deux rangs de broderie et trois boutons, la veste rouge est brodée d'un large galon or, parcourue par une branche feuillée également brodé d'or, la patte de poche est brodée d'un même motif. Les boutons sont semblables à ceux du règlement de 1775. Le chapeau est bordé d'un large galon or sans motif distinct, sur la corne postérieure on trouve une petite ganse d'or et un bouton semblable à ceux de l'habit, sur le bord interne du galon du chapeau on distingue un plumetis blanc.
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Le tableau conservé au chateau du Touvet (Isère), peint en 1756 par Bourchenu , représente le marquis de Monteynard en lieutenant général, il est une illustration du règlement de 1744 et de son interprétation.
Lieutenant Général |
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Détail du tableau Dessin du motif de la veste |
Christian Frederic Dagobert, Comte de Waldner Freundstein 1712-1785, en uniforme de lieutenant général; le tableau peint par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein est daté de 1761. Quelques remarques sur ce portrait, tout d'abord le galon de l'habit est très large et les volutes serrées,les parments sont à quatre boutons enfin la veste est à fond jaune galonnée du galon à volute.
Il n'est rien dit dans l'ordonnance de 1744 de l'équipage du cheval des officiers généraux, les tableaux de cette période montrent de riches selleries rouges à galon et franges d'or, ou parfois bleues galonnées d'or. A ce sujet voici ce que prescrit l'ordonnance de 1775: " l'équipage du cheval composé de housse et de chaperons, sera de velours cramoisi, brodé du dessin de la broderie uniforme. Les lieutenants généraux auront une double broderie vulgairement appelée à la bourgogne; savoir, une réduite de dix lignes, laquelle sera précédée d'une baguette large de deux lignes; et une large de vingt-deux lignes qui n'aura point de baguette. Les maréchaux de camp auront une seule broderie large de vingt-deux lignes, précédée d'une baguette de deux lignes de largeur."
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Lieutenant Général
exemple de tenue pour la période 1744-1775 |
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Lieutenant Général règlement de 1775 |
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Maréchal de Camp |
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