Secteur Fortifié de Mulhouse (SFMu)
Le secteur fortifié de MULHOUSE (SFMU puis 105° DIF) couvre un front d'environ 30 kilomètres le long du Rhin, entre Blodelsheim (exclus) et Kembs (inclus). Il est encadré au Nord par le SF du COLMAR , et au Sud par le SF d'ALTKIRCH .
le réseau de Barbelés est large de 12,5 mètres, soit six rangs de piquets en forme de queues de cochon d'un mètre de haut qui soutiennent les fils en formant des vagues, avec des ardillons plantés dans le sol et dépassant de 20 cm. Son rôle : freiner l'infanterie assaillante pour que les mitrailleuses puissent la faucher.
Contrairement aux ouvrages, les casemates ne sont pas reliées entre elles par galerie, et ne sont armées d'aucune tourelle. Leur équipement, bien que restreint, est à peu près le même que les ouvrages (petite usine, petite salle des filtres, etc.).Il s'agit en fait de casernes souterraines équipées uniquement pour le combat rapproché.
Comme dit plus haut en introduction le secteur fortifié de MULHOUSE (SFMU puis 105° DIF) couvre un front d'environ 30 kilomètres le long du Rhin, entre Blodelsheim (exclus) et Kembs (inclus). Il est encadré au Nord par le SF du COLMAR , et au Sud par le SF d'ALTKIRCH .
Le SF présente un profil géographique très similaire à celui de COLMAR. Limité à l'Est par le cours du Rhin et sa forêt, il comporte un deuxième obstacle notable: la dense forêt de la Hardt (nommée Harth à l'époque), en arrière de laquelle court le canal du Rhône au Rhin. Plus en arrière à l'Ouest on trouve l'agglomération de Mulhouse, important carrefour routier et ferroviaires puis enfin plusieurs massifs forestiers et les vallées de Guebwiller, Thann et Masevaux avant d'atteindre les Vosges. La vallée est plus large ici qu'au Nord et ouvre la voie d'accès au seuil de Belfort, entre Vosges et Jura, propice aux invasions. Le secteur présente du point de vue du travail de fortification deux zones bien distinctes. - La moitié Nord, typique des rives du Rhin telles qu'on peut le voir dans les secteurs fortifiés au Nord, avec 3 lignes parallèles et successives de défenses CORF, sur la berge du Rhin, en arrière de celle-ci sur les voies pénétrantes, et enfin au niveau de la ligne des villages.
Sont ainsi construit (selon les limites de SF du 10 Mai 1940): 6 casemates CORF de berge, 4 abris CORF de berge, 2 casemates de 2e ligne et enfin 11 casemates de 3e ligne (ligne des villages). - La Moitié Sud, beaucoup plus légèrement fortifiée, ou seule la berge du Rhin est couverte par une ligne continue de blocs Garchery. En arrière de ces défenses on trouve une ligne quasi continue de points d'appui à la lisière Est de la forêt de la Hardt composés de coupoles type "7° Région Militaire". Les plus importants d'entre eux sont visibles à la ferme de la Baronnie, Petit-Landau et enfin à Kembs. La forêt de la Hardt a été elle-même assez fortement fortifiée à chacun de ses carrefours principaux sur les voies pénétrantes.
Enfin, une dernière ligne met à profit le canal du Rhône au Rhin avec blockhaus aux écluses importantes et un point d'appui important sur l'Ile Napoléon à l'entrée de Mulhouse. Le SF ne comporte qu'un seul point de passage fixe sur le Rhin, les ponts de bateaux et rail de Chalampé avec accès direct vers Mulhouse. C'est là qu'on trouve assez logiquement la plus forte concentration de fortifications CORF. Il existait un bac entre Blodelsheim et Griessheim, qui justifie la présence des casemates CORF de berge de 17/1 STEINHUBEL et 16/1 GROSSGRUN. Enfin, à l'extrème sud-ouest du SF se trouvent les premiers grands blockhaus STG de la bretelle Sierentz-Brochritty. A ceci se rajoutent deux bretelles, l'une assez importante au Nord du SF, entre Ensisheim et Rumersheim et l'autre, moins fournie, au Sud. En temps de paix, le SF est rattaché à la Région Fortifiée de Belfort, et est commandé par le commandant du 171° RI. Il n'a pas de devise ni d'insigne officiels. Organisation
Le SF de MULHOUSE a la particularité de n'être composé initialement que d'un seul régiment d'infanterie de forteresse, le 10° RIF à trois bataillons de mitrailleurs et une CEO. L'évolution de son organisation de la mobilisation à fin Juin 1940 est la suivante :
- Commandement : Initialement commandé lors de la mobilisation par le Colonel Fernand CHALIGNE jusque "début" Septembre 1939 (probablement le 3), il est ensuite pris en charge par le Général de Brigade André CHALLE le 15 Septembre, après un intérim du Col Maurice THIERVOZ (1). CHALLE est mis en disponibilité le 13 Novembre 1939 et remplacé le 1er Décembre 1939 par le Colonel puis Général de Brigade (TT) Joseph-Etienne SALVAN . Cinq semaines plus tard (7 Janvier 1940), le Gal Joseph-Etienne SALVAN et remplacé par le Gal de Brigade Paul Adrien VOINIER... qui décède subitement d'une congestion cinq jours plus tard lors d'une inspection de fortification sur la berge du Rhin. Le Général de Brigade Robert DIDIO lui succède le 18 Janvier 1940 et demeurera jusqu'au 25 Juin 1940. - Chef d'Etat-Major : Cne Jacques LEFEBVRE de SAINT GERMAIN à la mobilisation, puis Cne Jean-Louis DELMAU puis au 10 Janvier 1940 le Lt-Col MARTY et enfin au 16 Mars 1940 - à la conversion en 105° DIF - le CB LEYRAUD. - Commandant de l'Artillerie : CE DUBOIS puis Lt-Col OLLITRAULT, du 147° RALH à partir du 4 Octobre 1939, puis enfin le Col GUICHARD à partir du 23 Mai 1940 au retour du 147° RALH au 44° CAF. - Chef du Service de Santé : Médecin-LtCol Francisque ADAM - Sce Vétérinaire : Lt-Vétérinaire FREUDENREICH - Transmissions : Cne Roger MICHAUD - Intendance : Intendant adj. Samuel SEVIN - Officier Z : S/Lt Henri PONCET (ac du 11 Novembre 1939) - Officier interprète : Ss-Lt Joseph BREITSCHMITT Organisation du secteur 1939 1940
Infanterie
Initialement le secteur ne dispose pas de sous-secteurs puisqu'il est limité à un régiment de forteresse, le 10° RIF du Lt-Col puis Col (au 01 Septembre 1939) Maurice THIERVOZ. Ses limites sont:
- Nord : de Blodelsheim (exclu) à Ensisheim (inclus). - Sud : de Steinbrunn le Haut, à Waltenheim (exclu) puis Schaeferhof. avec trois quartiers : - Quartier Bantzenheim (Nord) : I/10° RIF - Quartier Petit-Landau (centre) : II/10° RIF - Quartier Kembs - ou Geispitzen selon les documents - (Sud) : III/10° RIF Le 14° BCP de la 14° DI est en réserve.
- Sous-secteur du PUITS au Nord - 371° RI avec 3 quartiers (Blodelsheim, Bantzenheim, Ottmarsheim)
- Sous-secteur de SCHLIERBACH au Sud- 10° RIF et 8° BM avec 3 quartiers (Petit-Landau, Niffer, Kembs). Les casemates CORF du secteur, armées par le CEO du 10° RIF, passent comme CEO n°5 de la 104° DIF avec le détachement du secteur de Hirtzfelden de la 105° DIF à la 104° DIF. Les bretelles Nord, Centre et Sud sont tenues par la 19° DI (respectivement les 117°, 42° et 71° RI). En outre, le Nord du quartier de Blodelsheim (liaison avec la 104° DIF) est renforcé par le 23° GRDI du 25 Avril au 20 Mai. A partir du 10 Mai, la 19° DI amorce son retrait vers le pied des Vosges et est déplacée dans la Somme du 15 au 17 Mai. Autre changement d'importance : transfert de la zone de Hirtzfelden dans le giron de la 105° DIF fin Mai 1940. La limite Nord du secteur de la 105° DIF est donc déplacée encore davantage vers le Nord le 25 Mai jusqu'à la casemate 45/3 incluse, au Sud d'Heiteren. Le secteur de la 105° DIF est divisé en deux nouveaux sous-secteurs le 31 Mai 1940 : - Sous-secteur de HIRTZFELDEN au Nord - aux ordres du 10° RIF avec le III/10° RIF, le III/371° RI et 7° BM. S'y ajoute des éléments de la CEO n°4 et n°5. - Sous-secteur du PUITS au Sud - aux ordres du 371° RI avec les I et II/371° RI, I et II/10° RIF et des éléments de la CEO n°5. A peine finalisé, cette organisation est à nouveau chamboulée le 7 Juin 1940 pour regrouper les RI et RIF dispersés dans l'organisation précédente. On trouve donc : - Sous-secteur de HIRTZFELDEN au Nord - aux ordres du 10° RIF - Quartier Rheinfelderhof puis Fessenheim
- Quartier Roggenhouse puis Blodelsheim - Quartier Rumersheim Avec le 10° RIF et le 8° BM CEO n°4 et n°5. - Sous-secteur du PUITS au Sud - aux ordres du 371° RI.
- Quartier Bantzenheim
- Quartier Ottmarsheim - Quartier Petit-Landau Avec le 371° RI et le 7° BM De ce fait, l'ancien sous-secteur de SCHLIERBACH disparaît et passe quasiment intégralement au SF d'ALTKIRCH (quartiers de Niffer et Kembs) ou il est repris par le 171° RIF (nouveau sous-secteur d'UFFHEIM). Artillerie
Le secteur est appuyé organiquement par le II/159° RAP, commandé par le CE DUBOIS.
Il se compose d'une batterie administrative (3° batterie) incluant 2 batteries de quatre 75mm Mle 1897 et une de quatre 155mm C St Chamond. A ceci se rajoute début 1940 trois batteries de 47mm de marine et trois sections de 2 pièces de 150mm T. La faiblesse de cette dotation ne passe pas inaperçu. Dés le 27 Octobre 1939 trois batteries lourdes du VII/159° RAP sont déplacées du SF de MONTBELIARD et rattachées au SF de MULHOUSE. Génie et Support
Le Génie Divisionnaire est commandé par le Cne J-François GENET (issu de la chefferie du Génie de Mulhouse) puis le CB CHAFARD.
- 230/1 Cie du Génie - 230/84 Cie Mixte de Transmissions - Train : 220/7 Détachement auto de Quartier Général - 270° Cie d'Aérostiers, avec PC à Sausheim. Grandes unités de renforcement
Le SF de MULHOUSE est renforcé successivement par les unités composant le 7° CA du Gal CHAMPON puis 13° CA du Gal MISSEREY à partir de la réorganisation du 16 Mars 1940.
- 14° DI jusqu'au 17 Décembre 1939 - 47° DI et 25° DIM de Décembre 1939 à Janvier 1940. - Enfin, à partir du 13 Janvier 1940, la 19° DI qui passe du 7° CA au 13° CA mi-Mars 1940 et reste sur place. Artillerie : le II/194° RALT avec ses 220mm C, et le 147° RALH du 45° CAF avec ses batteries de 155mm L 18 sont rattachés au Secteur.
Au moment de l'attaque allemande du 10 Mai 1940, c'est toujours la 19° DI qui couvre le SF. Elle est commandée par le Gal de Brigade Jean Benigne Auguste Francis TOUSSAINT, et a la composition suivante: - Infanterie : 41°, 71° et 117° RI. Le 71° RI est en cours de remplacement par le 22° RMVE (Régiment de Marche de Volontaires Etrangers - essentiellement espagnols...) le 9 Mai. - Cavalerie : 21° GRDI - Artillerie : 10° RAT et 110° RALD A noter le rattachement de Bataillons de Chars de Combat indépendants au SF. Le 36° BCC armé de chars FT est présent à partir du 27 Octobre 1939 puis, à partir du 16 Mars 1940, le 18° BCC de la 8° Armée, toujours équipé de chars FT. Une compagnie de ces vieux chars du 1er conflit mondial combattra les 17 et 18 Juin en avant de Cernay et sera capturée. Historique
La défense du Rhin est considérée dés les travaux de la Commission de Défense des Frontières (CDF) en 1926, influencée par les demandes de garantie de l'intégrité des nouveaux territoires récupérés au Reich. Le rapport final de la CDF, en Novembre 1926, prévoit de combler l'intervalle entre la Région fortifiée de Haute-Alsace et de la Lauter par une défense légère constituée de 3 lignes successives le long du Rhin, mettant à profit l'obstacle constitué par le fleuve, sa forêt et les canaux et rivières en arrière. Fin 1927, la CORF (Commission d'Organisation des Régions Fortifiées) reprend ces conclusions à son compte, tout en plaçant dans son rapport de Mars 1928 la défense du Rhin en 2ème cycle de la 1ère urgence, soit à planifier à partir de 1931. La part du budget "Maginot" de décembre 1929 ne prévoit cependant que 63 millions de francs (sur 2900...) pour cette défense du Rhin. En parallèle, le Gal BOICHUT, gouverneur de la place de Strasbourg, soumet un rapport à la même époque proposant une fortification plus renforcée sur le Rhin même, à base de casemates et d'abris. Ce rapport est validé par le CDF en Juin 1928, et le ministère de la Guerre transfère la réalisation de ces fortifications de berge aux chefferies locales du Génie.
Les chefferies de Génie de Strasbourg et Mulhouse prennent donc les devants en concevant les casemates de berge et abris de 2ème ligne sur base de constituants standards, mais sans formellement consulter la CORF. Les travaux démarrent ainsi dés le premier cycle sur ces plans types spécifiques, malgré les commentaires techniques critiques de la CORF concernant la conception de ces casemates. La CORF reprend les choses en main à partir de février 1931 dans le cadre du 2ème cycle, en imposant un schéma de casemate de 3ème ligne qui a son aval et en en lançant la construction là où c'était encore possible. Cependant, les travaux de la 3e ligne sont trop avancés côté Mulhouse pour que les conceptions CORF puissent prévaloir. On trouve donc exclusivement des casemates de type M2F (Chefferies du Génie) de Marckolsheim jusqu'à 55/3 BLODELSHEIM à Mulhouse... Une autre spécificité affecte le tracé des défenses CORF dans SF de MULHOUSE. Le traité de Paris de Novembre 1815 avec les puissances alliées contre Napoléon - faisant suite au congrès de Vienne - interdit de construire des fortifications à moins de 4 lieues (12 kilomètres) de la ville de Bâle. Les plans initiaux prévoyaient donc une fortification homogène le long du Rhin jusqu'à Kembs, puis une bretelle Est - Sud-Ouest parallèle à la frontière Suisse... à 12 kilomètres de Bâle. Par souci d'économie, la CORF limitera cependant la triple ligne de casemates classique à 63/3 HOMBOURG Sud, qui est la casemate d'extrémité Sud de la ligne Maginot du Nord-Est. La bretelle Kembs-Sierentz, qui devait initialement comporté de gros blockhaus STG n'est finalement constituée que de blocs légers construits à partir de 1935, complétée en 1937 par la ligne de blockhaus STG allant de Sierentz (SF de MULHOUSE) à Brochritty (SF d'ALTKIRCH). Le SF prend son indépendance le 21 Aout 1939 au moment du lancement de la mobilisation et l'arrivée des premières troupes (actives) de forteresse. Le PC s'établit à Altkirch, puis à RIXHEIM quelques jours plus tard. Les casemates CORF sont occupées en priorité par la CEO du 10° RIF. En attendant l'arrivée des troupes mobilisées, les blocs MOM sont tenus par des éléments de renforcement de la 14° DI de Belfort (4° et 31° BCP avec des batteries du 4° RAD). Le 2 septembre, l'ensemble du dispositif de forteresse est en place. La 14° DI travaille activement à la création de deux bretelles au Nord et au Sud du SF, et occupe la forêt de la Hardt avec la 3° DBCP. Faisant fi du traité de 1815, la MOM profite de la période de "drôle de guerre" pour multiplier les défenses en deçà de la limite des 12 kilomètres le long du Rhin, du canal de Huningue, et de la côté du Sundgau. - 5 Octobre 1939 : le SF est transféré de la RF de Belfort au 7° Corps d'Armée de la 8° Armée. - 12 Octobre 1939 : destruction par le Génie du pont-rail de Chalampé et retrait du pont des bateaux. - En Janvier 1940, un groupement de la 19° DI est rattaché au SF pour prendre la suite du travail de la 14° DI sur les bretelles Nord, Centre et Sud.
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