Peugeot 504 Coupé 1969 Palavas 2022
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A quoi reconnaît-on une voiture qui marque les esprits ? Un style reconnaissable entre tous, élégant, fluide, certes, mais aussi au fait que, 50 ans après son lancement, on n’ait jamais cessé d’en voir circuler dans les rues, tout en glissant progressivement vers la collection au point de voir, année après année, sa cote monter. Mais surtout, sans doute, à la fausse impression d’une immense réussite commerciale alors qu’elle fut en réalité plus limitée. C’est le cas de la Peugeot 504 Coupé
Depuis 1951 et la 203, Peugeot avait instauré, vu son positionnement plutôt bourgeois et statutaire, la déclinaison de son modèle phare en version cabriolet et coupé. Il s’agissait, au début, d’une production très marginale : la 203 ne fut produite qu’à 2 567 exemplaires en version cabriolet (et 977 en coupé) tandis que sa descendante, la Peugeot 403 Cabriolet à seulement 2 043 exemplaires (malgré l’arrivée de Pininfarina au dessin, lire aussi : ). Il faut dire que ces dérivés « spéciaux » coûtaient relativement cher à une époque, les années 50, où l’heure était à l’accession à l’automobile de masse : le marché pour ce type de voiture était encore assez limité et la classe moyenne supérieure encore trop désargentée pour s’offrir des caprices de ce genre.Les années 60 vont un peu changer la donne. Avec la croissance économique, le pouvoir d’achat des français en général et de la clientèle « naturelle » pour des coupés ou cabriolets allait augmenter. La continuation d’une gamme coupé/cabriolet 4 places devenaient toujours plus logique, d’autant que ces modèles, avec le fort développement des médias (et notamment de la presse magazine) permettaient aussi de faire de l’image. La 404 eut donc elle aussi droit à son coupé et son cabriolet. Et enfin, le duo représentait, malgré un tarif toujours salé, des ventes respectables, avec 10 389 cabriolets (lire aussi : Peugeot 404 Cabriolet) et 6 837 coupés. Malgré les échecs commerciaux des 203 et 403 cabriolets ou coupés, Peugeot persévérait donc, offrant même à la gamme inférieure, la nouvelle 204, de telles déclinaisons (lire aussi : 204 et 304 Cabriolet)Le duo de 504 Coupé (lire aussi : 504 Coupé) et cabriolet eut donc droit à son propre style. Et ce style fut particulièrement réussi. Ce qu’il y a de plus dur, en général, c’est de rester sobre : c’est ce qui, au final, donne de la classe au modèle. Le dessin des 504 coupé ou cabriolet est de cette trempe là : tout est réussi. Au dessin plus élancé du coupé, le cabriolet répond par un parfait équilibre qui lui donne un air un peu différent mais tout aussi séduisant. Surtout, avec cette ligne, les deux modèles amorçaient une rupture avec les années 60, entrant dignement dans les années 70.
En 1970 toujours, la 504 Cabriolet (comme le coupé) pouvait désormais s’équiper d’une boîte automatique à 3 vitesses en option au lieu de la boîte manuelle 4 vitesses (une option qui disparaîtra du catalogue du cab’ en 1973 tout en restant disponible sur le coupé, seuls 292 clients l’ayant choisie pour leur cabriolet), option qui ne sera jamais proposée sur les versions V6. Car voilà, devant le succès certain des 504 Coupé et Cabriolet, Peugeot, qui travaillait sur un nouveau moteur V6 en collaboration avec Renault et Volvo (le fameux PRV), eut envie de faire monter en gamme son duo magique, tout en étrennant son V6.
En septembre 1974, la gamme était donc remaniée, avec un restylage (phares avant et arrières d’un seul tenant), ainsi que la disparition du moteur 2 litres XN et un choix unique : le V6 à carburateur développant 136 chevaux pour une cylindrée de 2.7 litres. Un choix pas forcément judicieux alors que la crise pétrolière de 1973 et la hausse faramineuse du prix du pétrole pénalisaient fortement ces moteurs plutôt gloutons. Et ce qui devait arriver arriva : les ventes s’écroulèrent, retombant à des niveaux anecdotiques. Plus encore que le coupé, le cabriolet dont la vocation n’était pas vraiment adaptée au V6 souffrit le martyr : entre fin 1974 et 1978, date du retour du 4 cylindres et de l’abandon du 6 cylindres sur cette carrosserie, seuls 977 exemplaires trouvèrent preneur !
En 1978, Peugeot faisait donc machine arrière : les deux modèles récupéraient un 4 cylindres 2 litres à injection, développant 106 chevaux. Le V6 passait lui aussi à l’injection, augmentant sa puissance à 144 chevaux, réservé désormais au seul coupé. En 1980, les deux modèles passaient une deuxième fois chez le chirurgien esthétique pour affronter la nouvelle décennie : comme de nombreuses autres automobiles, elle en perdirent essentiellement leurs chromes et leurs pare-chocs fins pour des plastiques plus enveloppant. Mais si beaucoup préfèrent les « anciennes versions » plus authentiques, il faut saluer la réussite de cet habile restylage qui permettait à la 504 de rester totalement dans le coup pour ses dernières années de vie. En plus, elle récupérait enfin une boîte 5 vitesses sur les 4 cylindres, une nécessité à ce niveau de gamme (pour seulement 1 071 exemplaires produits dans cette configuration).
En juillet 1983, l’ensemble de la 504 à l’exception du pick-up disparaissait du catalogue, laissant seule la 505 sur le marché. Malheureusement, et malgré le potentiel américain de tels dérivés, cette dernière ne connut jamais de version coupé ni cabriolet. Il y eut pourtant un projet destiné aux USA (lire aussi : Peugeot 505 Coupé et Cabriolet), finalement refusé : Peugeot avait d’autres chats à fouetter pour digérer Chrysler Europe (lire aussi : le rachat de Chrysler Europe) et la crise qui lui fit frôler la faillite, gérer la fin annoncée de Talbot, et se redresser tout bêtement avec le lancement de la 205 salvatrice puis de la 405 consolidatrice. Dans la même veine, Peugeot refusera une proposition d’Heuliez pour une version coupé de la 405 (lire aussi : Peugeot 405 Coupé) : malgré des finances redressées, la marque ne croyait plus vraiment à ce type de carrosserie.