Frontière naturelle entre la France et l’Allemagne, le Rhin fut depuis la nuit des temps un enjeu majeur pour les peuples et les états riverains. Sa navigation commerciale sud/nord apportait les richesses du monde méditerranéen vers l’Allemagne, la Belgique et la Baltique dès l’époque romaine.
Avec le XIXème siècle, la domestication du fleuve, l’apparition de la vapeur et le développement de la région industrielle allemande de la Ruhr sur la rive droite, l’intérêt pour le Rhin devint économiquement primordial dans un contexte politique de plus en plus exacerbé par les rivalités entre la France et la Prusse puis au XXème siècle entre la France et l’Allemagne.
L’embryon de ce qui deviendra les Forces Maritimes du Rhin voit le jour en 1870, à l’aube d’un conflit franco-prussien qui verra pour la France la perte de l’Alsace et de la Lorraine et donc de la rive gauche du fleuve. Sous le nom de Flottille Militaire Rhénane ce ne seront finalement que 125 marins, officiers compris, qui se battront courageusement lors du siège de Strasbourg d’août 1870, sans aucun moyen naviguant puisque les Canonnières qui leur étaient attribuées ne purent parvenir à temps sur le fleuve.
S’en est fini de la présence française sur le Rhin pour près de 48 ans.
A l’issue de la 1ère Guerre Mondiale, la France retrouve l’Alsace et la Lorraine, la rive gauche du Rhin comme territoire nationale et la rive droite allemande, pour partie et notamment la Ruhr, comme zone d’occupation. C’est la naissance de la Flottille du Rhin dont le premier commandant sera le Capitaine de Frégate Darlan en date du 08 décembre 1918. A sa prise de commandement, il se trouve face à une situation des plus difficiles, de nombreuses missions, des installations portuaires principalement à Strasbourg en mauvais état, peu de moyens matériels et pour la plupart des bâtiments inadaptés, anciens et proches du désarmement. Un autre problème majeur frappe le CF Darlan, l’absence de personnel qualifié à la navigation très spécifique sur le Rhin.
Le 1er avril 1919 ouvre l’Ecole de Pilotage du Rhin avec pour premiers instructeurs les célèbres Pilotes de la Flotte. Celle-ci formera des générations de Pilotes du Rhin, tant militaires que civils, de toutes les nationalités concernées par le fleuve jusqu’en 1966, à l’exception de la période d’occupation allemande de la Seconde Guerre Mondiale.
De 1919 à 1928, l’organisation de la Flottille du Rhin évoluera peu avec des bases à Coblence, Mayence, Anvers, Rotterdam, Ludwigshafen et Strasbourg où se trouve l’Etat-Major. Ses moyens matériels navigants seront en revanche multipliés et modernisés notamment avec l’arrivée de nouvelles vedettes de construction canadienne et de Pinasses.
A partir de juin 1930 et l’abandon par la France de l’occupation de la Rhénanie, la Flottille du Rhin est réduite puis dissoute. Il ne restera bientôt que l’Unité Marine Strasbourg constituée d’une trentaine d’hommes avec pour tout moyen 1 Chaloupe, 2 Pinasses puis à partir de 1932, 2 vedettes.
Dès novembre 1939 nos marins ne naviguent plus sur le Rhin, le détachement de la Royale à Strasbourg, 54 hommes officiers compris, part pour Toulon le 13 juin non sans avoir participé au mouillage de plus de 6 000 mines dérivantes dans le fleuve.
Le 03 avril 1945, les Formations Maritimes Françaises du Rhin se voit confiées la surveillance de 470 kilomètres du fleuve et pour la plupart sur les deux rives, depuis le Lac de Constance jusqu’à Lauterbourg et de Lorch à Oberwiller. Les FMFR sont divisées en 5 secteurs (Strasbourg, Karlsruhe, Ludwigshafen, Mayence et Coblence) et 10 postes de contrôle (Neuf-Brisach, Selz, Lauterbourg, Germersheim, Spire, Worms, Oppenheim, Bingen, Saint-Goar et Andernach). L’effectif de départ sera inférieur à 100 hommes mais progressera rapidement surtout avec le début de la “Guerre Froide”.
A partir de 1946, on parle également de la Flottille Rhénane du Nord (Lützel), de la Flottille Rhénane du Sud (Kehl), du Secteur Fluvial d’Alsace et bien sur de l’Ecole de Pilotage du Rhin qui vient de rouvrir.
Le Secteur Maritime du Lac de Constance est créé en août 1945 avec QG à Nonnenhorn et un PC à Kressbronn. Des bases sont créées à Lindau, Constance, Stadigrasse et une BAN dénommée Z à Immenstaad qui accueillera l’Escadrille 3S. Bien que bien doté en Bâtiments (souvent saisis à l’Allemagne) et en personnel, le Secteur Maritime du Lac de Constance n’aura qu’une existence éphémère puis qu’il devient Marine du Lac de Constance dès la fin 1946 pour décliner très rapidement et disparaitre en janvier 1948.
Avec le début de la Guerre Froide et la création de la République Fédérale d’Allemagne, le contexte politique change rapidement et les Forces Maritimes du Rhin remplace les Formations Maritimes du Rhin en septembre 1949. La France transfert à la RFA un certain nombre des responsabilités qui lui incombaient sur le Rhin et diminue ses effectifs et Bâtiments pour réorienter la défense du Rhin avec des équipages du Génie (Armée de Terre) équipés de matériels de franchissement du fleuve.
A partir de 1960, les effectifs des Bâtiments du Génie supplantent nettement ceux des FMR et le 28 octobre 1966 , les Forces Maritimes du Rhin sont dissoutes.
Il ne reste en 2016 et pour seule présence de la Royale sur le Rhin que le COMAR (Commandement de la Marine) à Strasbourg. |