En usage de la fin du 16e siècle au premier tiers du siècle suivant, cette variante d’armet de cuirassier (cavalerie lourde) caractérisée par une face modelée ou pourvue d’ouvertures évoquant les traits du visage de façon plus ou moins naturaliste est aujourd’hui connue sous le nom d’ "armet savoyard". Cette dénomination, qui tire son origine de la collection genevoise, ne remonte toutefois qu’à la seconde moitié du 19e siècle, où elle ne servait qu’à désigner la provenance historique de ces casques et non leur typologie. En effet, les trente-trois exemplaires hérités de l’ancien Arsenal, brunis ou peints en noir suivant la mode du temps comme les armures auxquelles ils appartenaient, sont traditionnellement considérés comme ayant été portés par les Savoyards lors de l’Escalade (tentative manquée du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie de s’emparer de Genève par surprise dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602), leur couleur sombre semblant adéquate à une attaque nocturne. Ces armets étaient toutefois utilisés par la plupart des armées européennes de l’époque, y compris à Genève. L’ensemble genevois peut être daté dans les deux premières décennies du 17e siècle, à l’exception de cette pièce un peu plus ancienne qui se distingue par des rehauts de dorure et une visière en deux parties retenues aux tempes par des charnières. Elle est accompagnée d’un corselet (plastron et dossière articulés) également rehaussé de dorure (inv. E 2). Un armet est composé d'une pièce mobile la mentonnière-ventailleau des tempes. Le timbre est formé par les deux autres pièces forgées ensemble et leur union est soulignée par un bourrelet torsadé. L'avant du gorgerin est rivé à la mentonnière et l'arrière, au timbre. L'avance, fortement arquée, rejoint la ligne médiane de la mentonnière-ventaille. Le bord supérieur de celle-ci est découpé de manière à représenter la moitié inférieure des yeux; au-dessous, une petite bouche rectangulaire est ajourée. Le pourtour des arcs de l'avance, des yeux et du gorgerin est orné d'une bande rabaissée, tandis que les orbites sont soulignées par un trait gravé, que l'on retrouve sur d'autres zones de l'armet. Arête médiane sur le mézail et sur la mentonnière; l'avant du gorgerin est arrondi. L'armet se ferme par-devant au moyen d'un crochet sur le gorgerin qui, en s'engageant dans un l'oeillet, fixe les deux joues de la mentonnière-ventaille une fois celle de droite rabattue sur celle de gauche. Cet armet peut être daté de 1580 environ grâce au corselet (plastron et dossière articulés) l'accompagnant (inv. E 2); celui-ci reprend la forme du pourpoint du costume civil de l'époque. Le Musée d'art et d'histoire possède un autre armet d'une structure semblable (inv. C 887), pourvu de deux ouvertures en quart de cercle pour la vue; cet exemplaire sans bouche, qui n'évoque pas un visage ou un masque humain, n'est pas de type savoyard. Deux exemplaires différents, mais dans le même esprit, dont l'avance est forgée d'une seule pièce avec le timbre, sont conservés à Zurich (Landesmuseum, inv. KZ 871) et à Leeds (Royal Armouries, inv. IV. 485); le premier est doté d'une bouche, remplacée dans la pièce de Leeds par des rosettes
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