Bouches du Rhone Meyrargues Aqueduc Romain de la Traconnade









 

Bouches du Rhone Meyrargues Aqueduc Romain de la Traconnade
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Merci à Dominique  pour les photographies
 

 

 

 

 

 

 

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L'aqueduc alimentait Aix en Provence en eau, depuis la source de la Traconnade à Jouques. Long de plus de 30 km. La conduite était supportée par des ponts sur murs pleins et des arches pour la traversée des vallons soit en sous terrain à flanc de collines
Tiré de cet article
Aix-en-Provence (latin Aquae Sextiae, « Eaux de Sextius ») porte dans son nom même son statut de ville thermale. Paradoxalement, alors que ses eaux sont reconnues pour leur qualité et que, depuis le 12 mars 1913, Aix-en-Provence possède le qualificatif officiel de « ville d'eaux », les Romains ont souhaité faire venir l'eau par aqueduc vers la cité d'Aquae Sextiae (future Aix-en-Provence), souvent par le moyen de techniques remarquables. Avec le déclin de l'Empire romain, les aqueducs tombent en désuétude et la ville ne compte plus que sur ses sources d'eaux pour son approvisionnement, ce qui pose de nombreux soucis lors des périodes de sécheresse où de nombreuses fontaines sont à sec. Il faut attendre les lourds travaux du XIXe siècle pour assister à un nouvel essor de l'approvisionnement en eau et que la ville se dote de structures lui permettant de compter sur de grosses réserves d'eau pour sa consommation, mais aussi son embellissement.
Aix-en-Provence possède aujourd'hui de nombreuses fontaines, pour la plupart construites au XVIIe et XVIIIe siècles, qui lui donnent l'image d'une ville aux eaux abondantes. L'histoire montre pourtant qu'Aix n'a pas toujours bénéficié de telles quantités d'eau et a dû construire un important réseau de canalisations pour se doter de l'eau qu'elle possède aujourd'hui.
Antiquité
L'histoire des eaux d'Aix-en-Provence débute dès l'Antiquité avec la gestion de l'eau opérée par les Romains dans le but d'alimenter en eau la colonie romaine d'Aquae Sextiae, fondée en 122 av. J.-C. La façon dont les Salyens géraient l'eau dans l'oppidum d'Entremont, qui a précédé la ville d'Aix et dont le site archéologique se situe aujourd'hui à 2 kilomètres au nord de la ville, n'a pas été étudiée. En revanche, l'eau est très présente dans la ville d'Aquae Sextiae, en témoigne son nom latin qui signifie « les Eaux de Sextius[1] ». L'auteur latin Tite-Live écrit en effet que « le proconsul C. Sextius, après avoir vaincu la peuplade des Salluviens, fonda la colonie d'Aquae Sextiae, ainsi appelée en raison à la fois de l'abondance des eaux provenant des sources chaudes et froides et de son propre nom à lui[2]. » Un autre auteur antique évoque les eaux d'Aquae Sextiae. Il s'agit de Sidoine Apollinaire, écrivain gallo-romain du Ve siècle qui écrit : « Phocidas Sextiasque Baias, illustres titulis praeliisque[3]. » Il compare Marseille (Phocidas) et Aquae Sextiae à la ville de Baïes (Baias), en Campanie, célèbre station balnéaire romaine. Cette indication rappelle le statut thermal de la ville d'Aix. Mais dans les premiers temps d'existence de la nouvelle cité, les conflits permanents avec les Salyens empêchent de toute évidence les habitants d'Aix de profiter de leurs sources d'eaux. Selon Tite-Live, les Salyens étaient « un ennemi alerte et agile, dont les brusques apparitions ne laissaient pas un moment de repos aux Romains[4]. » On imagine que, dans ces conditions, le développement du réseau d'eau ne soit pas alors la priorité de l'armée romaine qui stationne à Aix. Cette situation perdure jusqu'en 61 av. J.-C., date de la pacification totale de la région. Mais, en s'installant là, les Romains savent que l'abondance des eaux va permettre un bon développement de la ville. Encore faut-il que, pour permettre une alimentation abondante en eau, un réseau d'aqueducs soit construit. Les eaux ainsi conduites dans la ville servent à la consommation des Aquenses[5] et alimentent les thermes d'Aquae Sextiae. Il est toutefois envisageable que, dans les premiers temps de la ville (IIe et Ier siècles av. J.-C., voire Ier siècle de notre ère), les cours d'eau que sont l'Arc au sud et la Torse au nord suffisent aux besoins d'une ville de faible importance. Mais, alors qu'Aquae Sextiae approche de son apogée, de vifs besoins en eau se font sentir et le faible apport des cours d'eau se révèlent vite insuffisant[6]. Les ingénieurs romains étudient donc la possibilité de faire venir davantage d'eau dans la ville au moyen d'aqueducs.
Les aqueducs qui alimentent Aquae Sextiae

La méthode romaine de captation des eaux dans les environs d'Aquae Sextiae est conforme à ce qui a été observée sur d'autres sites contemporains, comme Glanum, dans les Alpilles. Selon l'ingénieur G. Fabre, la technique consiste à relier trois bassins par deux canalisations. Le premier de ces bassins n'est pas accessible ; on ne fait que supposer son existence. Une canalisation de 20 à 30 mètres en sort et mène à une chambre hydraulique – de 3 mètres de longueur sur 2,50 mètres de hauteur et moins de 1,50 mètre de large – pourvue de 3 entrées et sorties d'eaux. Cette chambre assure la régulation de l'écoulement d'eau qui va alimenter environ 15 mètres plus loin un bassin répartiteur de 12 mètres sur 10. Ce troisième bassin a fait l'objet de fouilles[7].

Les sources qui alimentent Aquae Sextiae proviennent des contreforts de la montagne Sainte-Victoire. Plusieurs aqueducs ont été identifiés, dont l'aqueduc de Traconnade, au nord, l'aqueduc de Vauvenargues et celui du Saint-Antonin à l'est[8] ont fait l'objet d'études. Au temps d'Aquae Sextiae, ces aqueducs, que l'on estime dater du IIe siècle, viennent alimenter les thermes de la ville[8], mais servent aussi à la consommation quotidienne des Aquenses et assurent la salubrité de la ville en assainissant le réseau des égouts[6], sans oublier les demeures de notables de la ville, fortes consommatrices d'eau.
Les travaux archéologiques révèlent que ces aqueducs ont sans doute subi de nombreuses modifications lors de leur histoire, notamment en rapport avec leur tracé, lorsqu'il s'avérait qu'un changement de tracé était moins onéreux qu'une réparation. Dans les premiers temps, les aqueducs apportent peu d'eau à la ville et il s'avère nécessaire d'opérer des travaux pour optimiser les ouvrages[6].
Une deuxième structure hydraulique a été découverte sur la commune de Rognes, au nord-ouest d'Aix-en-Provence. Un réseau de conduites souterraines a été reconnu au plateau de Beaulieu. Une de ces conduites a une dénivellation de 30 mètres sur un parcours de 1 077 mètres, ce qui en fait un ensemble remarquable, dans la mesure où les aqueducs observent généralement une pente de 0,50 à 1,50 mètre pour un kilomètre[7]. Des vestiges de réseaux ou d'aqueducs ont du reste été identifiés à Rognes au quartier des Cannes et de Barbebelle, ainsi qu'au vallon de la Haute-Concernade[7].
Des aqueducs sont peu connus, en comparaison d'autres édifices similaires construits en Provence à la même époque. Ils témoignent pourtant des prouesses techniques de ses concepteurs, comme le tunnel de Venelles par exemple. Malheureusement, aucune date précise ne peut être donnée quant à la construction de ces ouvrages[9].
Aqueduc de Traconnade

L'aqueduc de Traconnade, qui prend sa source au sud-ouest du village de Jouques (Bouches-du-Rhône)[10], était long de 27 kilomètres[11]. Par un ingénieux système de transport, les eaux collectées dans ce bassin sont transférées dans le bassin de l'Arc[7]. L'aqueduc de Traconnade peut encore être observé sur le territoire de la commune de Meyrargues ; trois piles et arcades se dressent au milieu d'un champ, dans un décor bucolique. « Le ciment qui lie [ses] pierres, raconte l'historien Garcin en 1835, est plus dur que le poudingue le plus compact[12]. » Cet aqueduc est considéré par d'aucuns comme une réelle prouesse technique du fait qu'il parcourt 8 kilomètres sous le plateau qui sépare la vallée de l'Arc et celle de la Durance[13]. À la surface, cette galerie est reliée par des puits de creusement allant jusqu'à 80 mètres de profondeur. Ce genre de travaux fait montre d'une science extraordinaire, car cette technique, employée lors de la construction du canal de Marseille (18391854), semblait dépasser totalement les ingénieurs de la Rome antique[14]. Le parcours de l'aqueduc a commencé à être étudié au début du XXe siècle.

Si l'historien Scholastique Pitton affirme avoir vu son système de captation antique[15], celui-ci a totalement disparu aujourd'hui[10]. Il a sans doute été détruit à la suite des travaux d'aménagement pour l'alimentation de Jouques[16]. Les historiens du XIXe siècle estiment qu'il prend sa source au lieu-dit latin Fons Marii, hypothèse réfutée par plusieurs historiens du siècle suivant. Pour M. Clerc (1916), deux sources distantes de quelques mètres viennent alimenter cet aqueduc au lieu-dit de Traconnade[17], tandis que J.-M. Rouquette (1954) précise que l'une de ces sources se nomme « Les Bouillidous[18] ».
On pense qu'à son entrée sur la commune de Venelles, l'aqueduc est souterrain et se dirige vers le vallon des Pinchinats. Lorsque l'autoroute A51 a été construite en 1983, les travaux ont rencontré à plusieurs reprises le tracé souterrain de l'aqueduc de Traconnade ce qui permet d'en connaître mieux le tracé[19]. Il s'agit d'un des rares aqueducs qui comptent des nivellements. Seul celui de Nîmes peut à cet égard lui être comparé[14]. Ce tunnel figure parmi les ouvrages les plus remarquables de la Provence antique. Selon J. N. Plichon, 1 000 hommes ont dû être employés pour sa construction qui a probablement duré au moins 5 ans[9].
Donner une date précise à cet aqueduc reste très aléatoire. Sa technique de construction est celle qui est employée sur des monuments aixois au Ier comme au IIe siècle[20]. Il serait plus logique de le dater du IIe siècle en raison des céramiques de cette période découvertes au-dessus de l'extrados dans la tranchée de l'aqueduc. De plus, la plupart des historiens accorde à l'aqueduc de Traconnade une construction au IIe siècle[20]. Ses dimensions sont moins imposantes que celles d'autres aqueducs contemporains construits en Narbonnaise, comme les aqueducs d'Arles ou de Nîmes, mais elles n'en sont pas très éloignées, d'autant que Traconnade reçoit l'apport des eaux de l'aqueduc de Saint-Antonin et de celui de la Touloubre[9].
On peut aujourd'hui observer les restes de cet aqueduc sur la commune de Meyrargues. Ils ont été classés monument historique le 7 novembre 1922[21].
 
   


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