Roquefixade (en occitan : Lo Castèl de Roca-Fissada ) signifie " le château de la roche fissurée " et évoque l'énorme entaille naturelle comblée par la construction d'une arche de pierre du château, on verra cela sur les photos.
L'existence du château de Roquefixade est attestée depuis 1034. Les premiers seigneurs connus sont seigneurs de Pailhès, branche de la famille de Rabat, et portent tous le nom de Bernard Amiel de Pailhès.
Au milieu du XIème siècle ce haut lieu dépendait des comtes de Toulouse. Des conflits se succédant du fait de relations souvent difficiles entre les comtes de Toulouse et les comtes de Foix, le château changea souvent de main si l'on peut dire. Pour le comte de Toulouse le château était confié au lignage de Pailhès ; Pailhès (en Ariège) fut une baronnie des plus importantes du pays et ses seigneurs y jouèrent un rôle de premier plan.
En 1187, Claudine Pailhès écrit cette année là, la donation par Bernard Amiel de ses droits d’usages sur Roquefixade aux cisterciens.
Les seigneurs de Roquefixade sont liés à la famille Péreille, régnant sur le castrum voisin (le château de Péreille est mentionné dans un hommage au comte de Foix Roger III vers 1120).
Raymond de Péreille, qui descendait de la famille de Bellissens, possesseur de la seigneurie de Mirepoix se maria en 1205 à Roquefixade, avec Corba de Lanta, fille de Jourdan de Lanta et de Marquiesa de Villemur de Pailhès, ils eurent cinq enfants, dont Esclarmonde (parfaite) qui périt sur le bûcher de Montségur.
Lors de la Croisade des Albigeois, le château aurait été assiégé par les Croisés entre 1209 et 1212, car celui-ci était devenu rapidement un centre de la foi cathare.
En 1242, le comte de Foix abandonne Raymond VII en révolte contre Saint Louis, le comte de Toulouse décida de le priver de tous ses droits sur Péreille et Roquefixade et les confie à Bernard Amiel de Pailhès, membre d'un lignage du bas-pays, au Nord du Plantaurel.
A l'époque de la croisade des albigeois, le château servit de refuge, abritant quelques parfaits en fuite. En 1246, Guilhaume de Plaigne, l'un des principaux acteurs de l'affaire d'Avignonet (massacre des inquisiteurs), y vit en famille. Simon de Montfort l'apprenant, il fit détruire par ses troupes le village situé au pied de la montagne.
Que se passe t-il ensuite ? Faute d'information, on ne sait pas ce qu'il advint du château, on perd la "trace des faits historiques" concernant Roquefixade. L’Histoire Générale du Languedoc ne mentionne Roquefixade pour la première fois qu’en 1243.
Quand au début des années 1270, en 1278 exactement, le roi Philippe le Hardi rachète ses droits à Raymond Roger de Pailhès pour mieux s'assurer le contrôle du site et de sa région, puisqu'il était le suzerain en tant qu'héritier des comtes de Toulouse. Le château de Roquefixade fut une acquisition essentielle pour la Couronne dans cette région. En effet, avec Montségur, ces deux forteresses situées à l'extrême Sud-Ouest de la frontière du royaume à cette époque, Roquefixade représentait un atout majeur de la ligne de défense que la royauté Capétienne avait mis en place face à l'Aragon sur une frontière fixée à Corbeil en 1258, face aussi au comte de Foix que le roi de France surveille parce qu'une menace de révolte peu voir le jour à tout moment comme en 1272. Le château domine le chemin de Mirepoix et Lavelanet vers Foix.
Le château sera transformé pour faire face aux assauts de l'ennemi, et deviendra un site militaire stratégique. Et par la même occasion, tout ceci sera fait pour intimider et calmer les ardeurs du comte de Foix. Une douzaine de sergents, un guetteur, un portier, un chapelain et un châtelain composeront cette garnison avec une meute de chien de garde.
Le village détruit par Montfort sera reconstruit par le sénéchal de Toulouse, Raimond Briseteste en 1288, afin de le repeupler, cette petite bastide de montagne sera baptisé avec le nom de son dernier vainqueur "la bastide de Montfort".
Cette petite localité sera dotée de privilèges et de coutumes en 1288 afin d'y fixer la population. Cette citadelle imprenable doit dominer coûte que coûte cette région rebelle, le roi organisera en châtellenie plusieurs villages des environs pour s'immiscer dans les terres de Foix.
Pour l'anecdote, un troubadour portait au 13ème siècle le nom d’Adémar de Roquefixade, sans que l’on puisse savoir avec certitude si il était membre de la famille seigneuriale du lieu, ou tout simplement originaire du village.
Louis XI, en 1463, restitue Roquefixade à Gaston IV de Foix. Dominant du haut de son rocher abrupt, Roquefixade joua son rôle jusqu'au premier tiers du XVIIème siècle. En 1632, la révolte de Montmorency, gouverneur du Languedoc entraînera le démantèlement du château. La citadelle étant devenu obsolète, Louis XIII venu à Toulouse pour le supplice du duc de Montmorency en date du 28 octobre 1632 et Richelieu ne voyant pas la nécessité de maintenir une garnison dans cette contrée, car cela coûtait cher à entretenir et il fallait faire des économies, décida le démantèlement.
Laisser une forteresse à l'abandon était dangereux car elle pouvait servir de refuge aux brigands venant troubler le repos et la tranquillité des habitants, la solution était trouvée, la démolition du château par ordre du roi se ferait sous la direction de Laforest-Toiras (tout comme le château de Léran qui eut lieu en 1633). Roquefixade servira de carrière de pierres avant d'être reconnu plus tard, comme monument historique.
La seigneurie, toujours royale, sera acquise par la famille de Caulet, puis passera dans celle des de Lévis par le mariage de Catherine de Caulet, soeur de l’évêque Jean de Caulet.
En 1675, la châtellenie est prise "en commande" par Vital Guilhon de Lestang, baron de Celles et restera dans cette famille jusqu’à la Révolution. Le château sera, alors vendu comme bien national et acheté par la famille Darnaud qui le conservera jusqu’à sa cession pour le franc symbolique à la commune de Roquefixade.
Les vestiges du château de Roquefixade seront classés aux monuments historiques par arrêté du 17 février 1995.
LE CHÂTEAU DE ROQUEFIXADE :
La citadelle se développe en deux paliers, sur environ cent mètres de longueur ; à l'Est se trouve une vaste basse-cour occupant les deux tiers de la surface ; le château proprement dit se situe au point le plus haut du piton rocheux. Il comporte une entrée fortifiée et un donjon, séparés par une cour intérieure. Les enceintes épousent l'aplomb du rocher. La hauteur des précipices bordant l'enceinte rend inutiles les tours de flanquement. Les architectes royaux de la fin du XIIIème siècle ont parfaitement su utiliser les défenses naturelles pour concentrer les éléments de défense sur le côté le plus vulnérable : le Nord-Est. Ils construisirent une enceinte extérieure de plus de quarante mètre de long ceinturant ainsi les bâtiments.
L'entrée du château se fait par une avant-porte, une rampe et une tour porte qui était équipée d'un assommoir, ouverture horizontale qui permettait de larguer sur l'assaillant des projectiles.
L'entrée de la seconde enceinte, plus haut perchée à l'extrémité de l'éperon, s'ouvrait sur une tour plus importante. Elle comportait deux portes successives très étroites qui verrouillaient le passage avec là aussi des assommoirs, séparées par une salle voûtée d'ogives.
A l'intérieur de la l'enceinte, les bâtiments étaient disposés traditionnellement sur le pourtour. Le donjon occupait le point le plus haut à l'extrémité Ouest. Ce donjon a été totalement arasé c'est bien dommage. Mais de cet endroit, c'est un véritable promontoire qui permet aux visiteurs de découvrir un des plus beaux panoramas unique sur le Pays Cathare. Vous allez pouvoir, si le temps vous le permet, embrasser du regard, le Pays d'Olmes, le Lauragais, les Corbières, les Pyrénées, les massifs de l'Arize, des Trois-Seigneurs et du Saint Barthélemy. Imaginez que cette situation privilégiée permettait aux défenseurs de Roquefixade de communiquer par signaux avec l'autre perle du Pays d'Olmes, le château de Montségur que vous apercevez tout proche.
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