L’habit de grand uniforme d’officier général, ayant appartenu au général de division J.-Z. Destaing (1764-1802) [1], est caractéristique de la tenue réglementaire adoptée par les officiers de l’état-major de l’armée française lors de la guerre de conquête de l’Europe et de l’Orient, entre 1798 et 1803. Cet uniforme modèle 1798 est vraisemblablement l’unique exemplaire connu à ce jour qui soit identique à la tunique portée par le général Bonaparte (1769-1821) à la bataille de Marengo, le 14 juin 1800 [2]. Présenté dans les salles d’exposition permanente consacrées à Napoléon Ier, cet ensemble authentique témoigne du faste de la tenue portée par les lieutenants généraux sous le Consulat (1799-1804).
Né à Aurillac (Cantal) en 1764, J.-Z. Destaing sert dans la garde nationale de sa ville natale à partir de juillet 1789 [3]. Engagé dans l’armée des Pyrénées-Orientales de 1793 à 1795, il rejoint l’armée d’Italie en 1796, puis passe à l’armée d’Orient en mai 1798. Il s’illustre lors de la bataille des Pyramides, où il est promu général de brigade par le Premier Consul N. Bonaparte sur le champ de bataille, le 21 juillet 1798. Nommé général de division par le général en chef J.-F. Menou (1750-1810) le 16 avril 1801, Destaing procède sur ordre à l’arrestation du général J.-L.-E. Reynier (1771-1814) et devient chef d’état-major de l’armée d’Orient en mai 1801. De retour en France, il est tué en duel par Reynier à Paris, le 5 mai 1802. Le nom du général Destaing est inscrit au côté sud, 25e colonne, de l’Arc de Triomphe situé place de l’Étoile, à Paris.
Conforme au modèle prescrit par la Convention nationale pour les officiers généraux le 7 août 1798 [4], cet habit de grand uniforme de général de division est en drap de laine bleu de roi, couleur de l’armée nationale, doublé de la même étoffe [5]. La tunique se distingue par son collet renversé monté sur un haut collet droit, ses larges revers croisés sur la poitrine, ainsi que ses longues basques à pans droits agrafés sur l’arrière, très échancrées en courbe sur le devant, laissant apparaître la veste rouge portée en-dessous [6]. Le passepoil de drap écarlate placé sur le collet en dedans, tout comme sur les parements ronds à patte blanche des manches, signale son grade d’officier général. L’ensemble est orné de la traditionnelle broderie de filés d’or passés, sans paillettes, réservée aux lieutenants généraux : le dessin de la broderie simple en pourtour du vêtement représente une rangée de feuilles de chêne, associée à une fine baguette dont les dents sont dirigées vers l’extérieur. La même broderie, réduite, à double rang de feuilles de chêne, borde le collet écarlate, les parements de manches et les poches cousues en travers. L’habit présente de part et d’autre des revers sept gros boutons plats également espacés depuis la naissance du collet jusqu’à la hauteur de la ceinture, ainsi que deux gros boutons à la taille et trois petits boutons sur les pattes blanches aux parements [7]. Ces boutons en laiton doré sont estampés de l’insigne des généraux d’état-major : un trophée militaire surmonté d’un casque empanaché et traversé par le fuseau de foudre ailé de Jupiter, ainsi que par un faisceau de drapeaux.
D’après le règlement de 1798, l’habit de grand uniforme d’officier général ne disposait pas d’épaulettes. Outre la tunique, les généraux de division se distinguaient par le port du chapeau bicorne en feutre noir, coiffé d’un panache de plumes rouges, orné en pourtour d’une ganse de galon d’or et sur le côté gauche de la cocarde nationale en tissu. Lors du service, les généraux étaient parés de la ceinture écharpe de soie nacarat, avec broderie en cannetille d’argent doré et garnitures aux extrémités [8]. Les officiers généraux étaient également équipés, soit du très riche baudrier rouge brodé de filés d’or passés, qui était maintenu sur l’épaule droite, soit de la ceinture en réseau écarlate et or, soutenant l’épée ou le sabre de commandement, ainsi qu’on peut le voir brillamment représenté dans le célèbre tableau d’histoire rétrospectif d’Édouard Detaille (1848-1912), Napoléon Bonaparte en Italie (vers 1900) [9], conservé au musée de l’Armée. |
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