Commençons par un exploit, celui de la traversée du Sahara en 1929 avec une Bugatti Type 40 : 11 500 kilomètres de routes non goudronnées et désertiques.
En 1927, le lieutenant Frédéric Loiseau, sert au sein du 4e corps d’armée français en Afrique du Nord. Un jour, une connaissance, qui était le directeur d’une banque à Tunis, l’a laissé conduire sa Bugatti suralimentée. C’est ainsi qu’a eu l’idée d’une liaison automobile ultra-rapide entre les territoires administrés par la France. Ces Bugatti puissantes et légères étaient potentiellement bien meilleures pour une telle tâche que les lourdes Citroën autochenille (half-tracks), qui avaient traversé le désert en 1924.
Loiseau convainc son supérieur, le résident général en Tunisie, et se rend chez Ettore Bugatti à Molsheim. Il persuada Bugatti de l’utilité d’une expédition de 15 000 km à travers les déserts d’Afrique du Nord, et le 25 janvier 1928, Bugatti envoya à Loiseau un contrat, avec les conditions de fournir cinq châssis Type 40. Ceux-ci seraient équipés d’un moteur quatre cylindres de 10 CV, d’un contreplaqué léger, d’une carrosserie de type « camionette », mais pas de garde-boue, de deux réservoirs de carburant de 130 litres, d’un réservoir d’huile de 20 litres avec pompe à main (comme sur les voitures de course), Le moteur aurait un échappement direct et le système de refroidissement intégrerait une installation de récupération d’eau (condenseur). Le poids à sec serait maintenu en dessous de 750 kilogrammes.
Lorsque le 27 janvier 1929, le convoi des cinq Bugatti 10 CV Type 40 s’est rassemblé, et chacune des voitures transportait une charge d’au moins 800 kilogrammes. Environ la moitié d’entre eux était constitué des bagages personnels des participants. Loiseau avait exprimé ses doutes sur la surcharge. Il avait l’intention de faire un trajet record de Paris à la Côte d’Ivoire et retour.
Loiseau et une seconde équipe quittent le convoi pour aller plus vite. Sur leur route, ils rencontrent le pilote Renault Georges Estienne. Il était accompagné du maréchal Franchet d’Esperey qui avait déjà traversé le Sahara auparavant avec les frères Estienne. Comme Estienne, qui connaît bien le parcours, a roulé pendant la journée mais aussi pendant une partie de la nuit, sa moyenne n’était pas beaucoup plus lente que celle de Loiseau et de son coéquipier. Les deux pilotes de la Bugatti ont dû s’arrêter après le coucher du soleil.
Les trois autres équipes Bugatti ont progressé à un rythme nettement plus lent. Quelque part près de Tanezrouft, le camion acheté en plus – avec son chargement de bagages personnels – a dû être abandonné en raison d’une défaillance technique. Pour Loiseau, cela s’avérera plus tard être un coup de chance. Sur le chemin du retour, il est tombé sur le camion abandonné et son réservoir s’est avéré être une « réserve de carburant » bienvenue.En environ cinq semaines, Loiseau et sa Bugatti ont réussi à parcourir une distance d’environ 11'500 kilomètres et ont traversé le Sahara à deux reprises. Bien qu’il y ait eu plusieurs échappées de justesse, Loiseau et sa Bugatti ont survécu à l’aventure du Sahara sans problème grave. Loiseau a dû lutter sans relâche contre le sommeil. Une fois, il s’est endormi au volant et a été remplacé par l’un de ses coéquipiers, qui s’est immédiatement endormi lui aussi ! Une autre fois, à une vitesse d’environ 100 km/h, il n’a pas vu une petite tranchée et la voiture a sauté par-dessus sans accident. De la chance à l’état pur ! Bien que l’armée française n’ait jamais acheté de Bugatti et que le projet de liaison automobile rapide entre les territoires administrés par la France en Afrique du Nord n’ait jamais été réalisé, la couverture médiatique et la publicité qui en a résulté sur la traversée du Sahara par ces Bugatti relativement petites ont été très positives pour la marque à Molsheim.
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