Ces trois pendentifs image a en forme de médaille, désignés sous le nom de bulla, sont formés d’une feuille d’or doublée d’une feuille en alliage cuivreux. Leur décor, obtenu par estampage, consiste en frises concentriques de svastikas et animaux image a,
es bijoux proviennent de la région de Bolsena, commune d’Italie centrale, et datent de la première moitié du viie siècle av. J.-C. Acquis par le musée du Louvre en 2000, ils appartiennent peut-être à un même ensemble de bijoux féminins, semblables à ceux portés par les défunts représentés sur les sarcophages étrusques image 1. La marque d’un statut aristocratique
Les bijoux étrusques que nous connaissons font partie du mobilier funéraire découvert dans les tombes princières. Les trois pendentifs ici présentés sont en or, un métal rare en Étrurie et d’importation coûteuse, marquant ainsi le statut social élevé du défunt. En effet, les membres de l’aristocratie, née du développement des gisements de fer plaçant l’Étrurie au cœur d’un réseau d’échanges commerciaux avec l’ensemble du monde méditerranéen, utilisent l’or et le bronze pour leurs bijoux dès ixe siècle av. J.-C. Les riches défunts représentés sur les sarcophages et les urnes en pierre et en terre cuite, à demi allongés comme lors d’un banquet, sont souvent parés avec ostentation image 1.
Un savoir-faire inégalé
Ces bijoux reflètent aussi l’important savoir-faire des orfèvres. La plupart des procédés de l’orfèvrerie étrusque sont importés du Proche-Orient (en particulier de la Phénicie) à travers la Grèce au cours de la période orientalisante (720-580 av. J.-C.). Les Étrusques maîtrisent rapidement les techniques (filigrane image 3, granulation image 4, repoussé, estampage) et font preuve d’une grande fantaisie dans les décorations (palmettes, rosettes, sphères, fruits, motifs végétaux).
Durant la période archaïque (580-450), ils utilisent abondamment la granulation et le filigrane, techniques permettant de jouer sur le relief et avec la lumière. Les bijoux, plus discrets et inspirés de ceux produits dans le monde grec oriental (boucles d’oreilles à disque, bagues à chaton), sont diffusés dans les grands centres des cités-États. Néanmoins, les orfèvres étrusques adoptent également des solutions typiquement locales, comme la boucle d’oreille en barillet cette dernière, qui comporte parfois des rehauts d’émail, est très répandue dans la seconde moitié du vie siècle image 5.
À la suite de la bataille de Cumes, en 474, le nombre d’objets de luxe déposés dans les tombes diminue en Étrurie, surtout dans la partie méridionale et la zone côtière. Un nouveau type de bijou, plus proprement local, apparaît à la fin du ve siècle. De grande taille mais légers et fabriqués selon la technique de l’estampage, ces bijoux sont ornés de thèmes mythologiques ou végétaux et sont destinés à un usage cérémoniel ou funéraire image 6. C’est à cette époque que les pendentifs prennent la forme de bulles.
La bulle dans le monde romain
Même si la République romaine prône l’austérité et recommande le port de bijoux simples et peu nombreux, les Romains en acquièrent dans le monde grec hellénistique et auprès des Étrusques.
Cette situation change avec l’avènement de l’Empire (27 av. J.-C.). La production de bijoux devient abondante à Rome (colliers, bagues, bracelets, boucles d’oreilles, fibules image 3). Hommes, femmes et enfants de l’aristocratie (patriciens et chevaliers) portent des bijoux en or souvent incrustés de pierres de couleur. L’usage de la bulla perdure : parfois en cuir et souvent en or pour les patriciens et les chevaliers, elle est portée par les enfants jusqu’à l’âge de 14 ans environ image 8 image 9. Cette amulette protectrice leur est donnée neuf jours après leur naissance, lors de la légitimation par le père. À la majorité de l’enfant, la bulla est déposée avec la toge prétexte sur l’autel des dieux lares en remerciement de leur protection.
Les bijoux étrusques de la collection Campana
Le fonds de bijoux étrusques et romains du musée du Louvre, provient de la collection du marquis Campana (1808-1880), un passionné d’antiquités qui a notamment fait exécuter des fouilles à Rome et dans ses environs, ainsi que sur les territoires de Vulci puis de Cerveteri. Sa collection rassemble des terres cuites et des bijoux, en particulier grecs et étrusques, produits en Grèce, Italie du Sud et Étrurie mais dont la provenance est inconnue. Parmi les œuvres majeures, le pendentif en forme de tête d’Achéloosimage 4.
Directeur du mont-de-piété à Rome, placé sous l’autorité du pape, Campana entreprit de moderniser cette institution mais se livre à de nombreuses malversations. Arrêté en 1857, sa collection est saisie par l’État pontifical qui la met en vente. C’est Napoléon III qui l’achètera en 1861 pour le musée du Louvre, alors appelé musée Napoléon.
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