Napoleon III 1854 Artillerie Shako Lieutenant Draguignan









1854 Artillerie Shako Lieutenat Draguignan
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La réforme de 1854 : la spécialisation des régiments
L’adoption du canon-obusier de 12
En 1851, la batterie est encore dotée de deux types différents de pièces, 4 canons et 2 obusiers, issues du matériel modèle 1827, dit système Valée.
Napoléon III, qui s’est rendu compte de l’importance de la simplification des calibres, fait étudier par le capitaine Favé un système d’artillerie de campagne ne comportant qu’un seul calibre, en remplacement des quatre bouches à feu existantes. L’artillerie adopte, en 1853, un modèle unique de pièce, le canon-obusier de 12, dit canon de l’Empereur, pour le substituer aux pièces de campagne de 8 et de 12 et aux deux obusiers du système Valée. Etudié en 1850 à l’initiative du Prince Président, il s’agit d’un tube de 12 monté sur un affut de 8 capable de tirer 4 types de projectiles (boulet, obus, boite à mitraille et shrapnel) se substituant aux 8 munitions différentes tirées par les canons et par les obusiers.
Dans les premiers mois de l’Empire, le comité d’artillerie propose de conserver exclusivement, pour tous les services de campagne, le calibre de 12. Les pièces de réserve, les pièces légères et les pièces de montagne ne différent plus entre elles que par leur longueur et leur épaisseur de métal.
Il est possible, en faisant varier ces dimensions dans des limites convenables, d’assurer à chaque pièce le degré de mobilité commandé par son rôle tactique. La puissance balistique varie en proportion inverse, puisque la diminution des épaisseurs oblige à une réduction des charges. Sous cette sous réserve de ces différences de charge, toutes les pièces tirent indifféremment la même série de projectiles : boulet plein, obus, obus à balles et boite à mitraille.
Il est prévu en janvier 1853, sur la base de l’organisation de 1829, que les batteries aient les affectations suivantes :
  • dans les divisions (deux tiers des pièces) : les batteries de canons-obusiers ;
  • dans la réserve générale (un tiers des pièces) : pour moitié batteries à cheval de canons-obusiers, pour moitié batteries à pied.
Cette proposition est immédiatement adoptée par l’Empereur en 1853. Si cette modification du matériel est un progrès incontestable, le corps de l’artillerie va aussi subir une transformation radicale. Le 14 février 1854, le Ministre de la guerre, le maréchal Saint Arnaud, adresse à l’Empereur un rapport basé sur les organisations de 1829 et de 1833. Sa conclusion est de créer autant d’espèces de régiments d’artillerie que de modes spéciaux de service :
  • L’artillerie à cheval ou légère, destinée à manœuvrer avec la cavalerie et à jouer un grand rôle dans les réserves d’armée (canon de 8 Valée puis canon de 4 rayé modèle 1858).
  • L’artillerie montée ou de ligne, destinée à manœuvrer avec les divisions d’infanterie et à servir une partie des batteries de réserve (canon-obusier de 12).
  • L’artillerie à pied (ou de réserve), destinée à concourir à l’attaque et à la défense des places avec des pièces de 12 et des obusiers de 16, au service des parcs d’armée.
  • Le régiment de pontonniers qui est chargé de mettre en œuvre et d’entretenir les ponts d’équipage. Comme pour les régiments d’artillerie, le régiment de pontonniers détache ses compagnies dans chaque division d’armée.
Pour atteler les batteries à pied de réserve, le maréchal propose la création d’unités spéciales, dites batteries de parc, exclusivement composées de canonniers conducteurs. Le rattachement des batteries de parc aux régiments à pied et la création de compagnies de canonniers-conducteurs pour le régiment de pontonniers conduisent à supprimer le train des parcs d’artillerie.
Les troupes de l’artillerie vont évoluer avec la formation de régiments spécifiques, à pied, montés et à cheval. Le décret du 14 février 1854 donne à l’artillerie de Napoléon III une configuration nouvelle qui, outre la création de deux nouveaux régiments, se traduit par l’organisation de régiments à nouveau homogènes. Il est décidé la transformation des quatorze régiments mixtes d’artillerie existants en seize régiments d’artillerie, dont cinq à pied, sept montés et quatre à cheval, auxquels il faut ajouter le régiment de pontonniers :
  • 5 régiments d’artillerie à pied (1° au 5°) à 12 batteries de tir et 6 batteries de parc ;
  • 1 régiment de pontonniers (6°, ex 15°) à 12 compagnies de canonniers-pontonniers et 4 nouvelles compagnies de canonniers-conducteurs ;
  • 7 régiments d’artillerie montée (7° à 13°) à 15 batteries ;
  • 4 régiments d’artillerie à cheval (14° à 17°) à 8 batteries.
Les batteries conservent 6 pièces. Tous les régiments possèdent un cadre de dépôt, qui, pour les régiments montés et à cheval, est lui-même monté.
D’autre part, il est prévu que les batteries doivent être organisées plus solidement dés le temps de paix. Chaque batterie doit en tous temps atteler et servir ses six pièces et atteler on outre trois voitures pour pouvoir suffire sans autre préparation à un service imprévu. Il est aussi nécessaire qu’un certain nombre de batteries puissent directement se mettre sur pied de guerre, pouvant atteler en tous temps dix-huit voitures. Ces batteries, dont le nombre et l’emplacement sont fixés par le Ministre, sont dites sur pied de rassemblement.
Les troupes après la réforme
Sur la base de ces dispositions, on obtient, en 1854, les effectifs en hommes et chevaux suivants :
  • Hommes : 27 842 en temps de paix (52 362 en temps de guerre) ;
  • Chevaux : 12 742 en temps de paix (36 881 en temps de guerre).
Les l° et 2° régiments à pied sont recréés de toutes pièces. Les 6°, 12° et 5° régiments deviennent 3°, 4° et 5° régiments à pied, et les 14°, 2°, 7° et 8° régiments se transforment en 14°, 15°, 16° et 17° régiments à cheval :
  • 1° régiment (Metz, colonel De Sevelinges) devient 7° régiment monté ;
  • 2° régiment (Valence, colonel Dordolot de Préville) devient 15° régiment à cheval ;
  • 3° régiment (Toulouse, colonel Voysin de Gartempe) devient 8° régiment monté ;
  • 4° régiment (Toulouse, colonel Pariset) devient 12° régiment monté ;
  • 5° régiment (Grenoble, colonel Devaux) devient 5° régiment à pied ;
  • 6° régiment (Metz, colonel Braive) devient 3° régiment à pied ;
  • 7° régiment (Vincennes, colonel Soleille) devient 16° régiment à cheval ;
  • 8° régiment (La Fère, colonel Lherbette) devient 17° régiment à cheval ;
  • 9° régiment (Bourges, colonel Beuret) devient 9° régiment monté ;
  • 10° régiment (Rennes, colonel Houdaille) devient 10° régiment monté ;
  • 11° régiment (Strasbourg, colonel Bonamy) devient 11° régiment monté ;
  • 12° régiment (Strasbourg, colonel Borgella) devient 4° régiment à pied ;
  • 13° régiment (Besançon, colonel Batbedat) devient 13° régiment monté ;
  • 14° régiment (Douai, colonel Le Bœuf) devient 14° régiment à cheval ;
  • 15° régiment d’artilleurs-pontonniers (Strasbourg, colonel Pradal) devient 6° régiment de pontonniers. Le 16 mars 1854, le 6° régiment d’artillerie est dissous. Il n’est recréé que le 13 mai 1867. Entre temps, le numéro 6 est porté par le régiment de pontonniers qui se distingue durant la guerre de Crimée, notamment au siège de Sébastopol en septembre 1855.
Ainsi, pour 1854, les régiments d’artillerie sont les suivants :
  • 1° régiment à pied (Vincennes, colonel Lemulier) : recréé à partir des autres régiments ;
  • 2° régiment à pied (Besançon, colonel Auger) : recréé à partir des autres régiments ;
  • 3° régiment à pied (Metz, colonel Braive puis colonel De Beurmann) : ex 6° régiment ;
  • 4° régiment à pied (Strasbourg, colonel Borgella) : ex 12° régiment ;
  • 5° régiment à pied (Grenoble, colonel Devaux puis colonel Canu) : ex 5° régiment ;
  • 6° régiment de pontonniers (Strasbourg, colonel Pradal puis colonel Mathieu) : ex 15° régiment d’artilleurs-pontonniers ;
  • 7° régiment monté (Metz, colonel De Sevelinges puis colonel Arnous) : ex 1° régiment ;
  • 8° régiment monté (Toulouse, colonel Voysin de Gartempe) : ex 3° régiment ;
  • 9° régiment monté (La Fère, colonel Chapotin) : ex 9° régiment ;
  • 10° régiment monté (Rennes, colonel De Pontbriant) : ex 10° régiment ;
  • 11° régiment monté (Strasbourg, colonel Fiéreck) : ex 11° régiment ;
  • 12° régiment monté (Bourges, colonel Malus) : ex 4° régiment ;
  • 13° régiment monté (Besançon, colonel Chabord) : ex 13° régiment ;
  • 14° régiment à cheval (Douai, colonel Le Bœuf puis colonel Chautan de Vercly) : ex 14° régiment ;
  • 15° régiment à cheval (Valence, colonel Courtois Roussel) : ex 2° régiment ;
  • 16° régiment à cheval (Toulouse, colonel Soleille puis colonel De Veulens) : ex 7° régiment ;
  • 17° régiment à cheval (Vincennes, colonel Vivès puis colonel Ohier) : ex 8° régiment.
  • 12 compagnies d’ouvriers d’artillerie ;
  • 2 compagnies d’armuriers ;
  • 4 compagnies de canonniers vétérans.
D’autre part, il faut noter la création du régiment à cheval de la Garde le 1° mai 1854 avec 5 batteries et un cadre de dépôt. Il est cantonné à Versailles (colonel De Grimaudet de Rochebouet, issu du 14° régiment). Il est formé à partir d’éléments issus des 14°, 15°, 16° et 17° régiments d’artillerie à cheval de la ligne. En 1855, une 6° batterie est créée.
 
 
   


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