|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pompei Maquette 1861 Guiseppe,Fiorelli Naples MANN
Pompei Maquette 1861 Guiseppe,Fiorelli Naples MANN
Photographies tirées de ce site
Ch. 1 - Histoire de Pompéii
La Cité Ensevelie

LES ORIGINES
Parmi les mystères qui entourent encore Pompéi, les plus denses restent ceux relatifs à sa fondation. Sur ce problème, les chercheurs ont nourri des opinions profondément divergentes, qui trouvent toujours des partisans convaincus. Heureusement la question, encore obscure à bien des égards, n'est plus débattue aujourd'hui avec les tons d'une amère polémique. En rendant compte des principales positions, les solutions les plus probables ou les plus accréditées seront également indiquées.
Les découvertes archéologiques réalisées jusqu'à présent dans des contextes stratigraphiques contrôlés voient les matériaux les plus anciens remonter à un horizon entre la fin du 6ème siècle avant JC. et le début du 5ème siècle. C'est probablement précisément à cette époque qu'il faut parler de la fondation de Pompéi en tant que centre urbanisé.

LA FONDATION.
Une très longue discussion pendant des décennies a opposé ceux qui ont vu à Pompéi une ville créée par les Grecs, qui avaient déjà occupé en permanence la côte de Campanie avec la colonie de Cuma, et , ceux qui ont plutôt attribué aux Étrusques au moment de l'expansion de leur pouvoir, avec la présence dans le sud de la Campanie, et donc la fondation de la ville.
Les points forts des partisans de la première thèse étaient la présence antique du Temple Dorique sur l'éperon sud de la ville s'étendant vers la mer et le sanctuaire, également vénérable, voire plus ancien, du temple de type étrusque-italique, mais dédié à Apollo, situé en bordure de la zone qui deviendra plus tard le Forum.

Des études récentes, qui ont également pris en compte le cadre métrologique, ont cependant montré comment en substance le temple dorique doit également être ramené à une matrice étrusque-italique. Comme le temple d'Apollon, ce ne serait donc qu'un document évident de la profonde acculturation que le monde grec avait exercée sur l'étrusque.
D'autre part, les découvertes parmi les matériaux votifs du temple d'Apollon, certains avec des inscriptions en étrusque, et la continuité des découvertes de ce matériau vers la vallée de Samo, jusqu'à Nocera, placent définitivement Pompéi dans une zone certainement étrusque et probablement sous la domination du pouvoir étrusque. De plus, la fondation de la ville (similaire à celle de Nocera voisine) est liée au dépeuplement des villages à une époque plus ancienne, situés le long de tout le cours de la rivière Sarno, dans la plaine fertile du fleuve. Deux inscriptions archaïques, trouvées près de Nocera, écrites dans un alphabet et une langue ni étrusque ni grecque, mais avec des caractéristiques de type italique, montrent l'existence d'une forte composante culturelle locale dans la population qui vivait au VIe siècle avant JC. la vallée de Sarno, malgré une forte culture gréco-étrusque. On est donc amené à considérer que Pompéi, comme Nocera, est née lorsque les Étrusques ont réussi à établir de véritables villes sur le territoire de la vallée de Sarno, dans le seul but militaire de contrôler et de développer leur culture étrusque.

LES LIEUX.
Pompéi fut fondée sur une colline formée par l'épanchement de matière volcanique lors d'une éruption survenue à une époque très éloignée et pas nécessairement attribuée au Vésuve lui-même . Cette colline s'élève sur la plaine environnante sur une trentaine de mètres, avec un parcours irrégulier mais avec une pente marquée du nord au sud et, même moins prononcée, d'ouest en est. Près de l'arche côtière, cette colline forme une véritable terrasse, aux pentes assez raides, surplombant la mer près de l'embouchure de la rivière Sarno. Dans le cadre du schéma régulier et droit de la Pompei Romaine est facile reconnaître le dessin irrégulier de la premiere agglomeration pompeienne.
Certains chercheurs pensent que la ville est née "naturellement" par agrégation spontanée qui s'est progressivement produite au point de rencontre de deux routes de grande communication entre la mer et l'arrière-pays, et entre la ceinture vésuvienne et les montagnes des Lattari de Nocera. Près de ce carrefour, situé à peu près dans la zone où se développera plus tard le Forum, un lieu de commerce et un sanctuaire dédié à Apollon, qui lui sont reliés, auraient formé le premier noyau sur lequel la ville se serait développée. En réalité les vrais motifs de la naissance de Pompéi, sont strictement liés à des raisons militaires et commerciales. Pompéi se positionnait face a Nocera nouvellement fondée aussi et les deux contrôlaient la vois et le commerce vers le centre des Apennins et le sud de Salerne, entre autre, Pompéi prés de l'estuaire du Sarnus, constituait un Port naturel et sûr pour les navires militaires et commerciaux. Ainsi la ville est née pour des raisons militaires et stratégiques, comme point culminant de la garnison et du contrôle du territoire, dans les luttes qui ont vu le contraste en Campanie entre la puissance étrusque et la puissance grecque.

LE NOM
Le nom même de Pompéi était un motif de recherche. Les anciens pensaient qu'il dérivait de " .. A Pompa Herculis;;;" avec Hercule faste", c'est-à-dire du fait que la ville fut fondée par Hercule au retour triomphal de ses exploits (comme pour Hercolanum) mais cette hypothèse ne fut jamais confirmée.
En revanche, l'opinion de ceux qui ont vu le nom lié à la racine du verbe grec "Pémpo", envoyer, est plus cohérente, aussi parce qu'elle peut faire usage du lien avec un passage de Strabon (Géographie, v 4,3 = C 246), Écrivain grec ayant vécu à l'époque augustéenne, attestant la fonction marchande de Pompéi, grâce à son port, en ce qui concerne la réception et l'expédition des marchandises pour un arrière-pays riche et bien défini: «Pompéi est le port de Nolae, Nucerae et Acerrae, à côté de la rivière Sarnus,..et pour qui doit recevoir des marchandises et pour qui doit les envoyer ».
[...Pompeiano acts ut Nolae ad portum, ac Nuceriae Acerra... ]
Il existe cependant une autre étymologie, qui met le nom en relation avec le mot oscan "pùmpe", cinq, et l'explique comme dérivé du fait que Pompéi est né de l'union de "cinq villages" différents. Si cette référence peut trouver une confirmation du fait que même à l'époque romaine le nom de Pompéii était considéré comme un "pluriel numérique", rien ne peut être dit sur les cinq villages présumés qui ont contribué à sa formation. En fin de compte, l'origine et la signification du nom restent encore un champ d'investigation ouvert. [Nous nous réservons une recherche plus approfondie sur ces Cinq Villages]

Au V° siècle avant J.-C, les Grecs s'étaient installés tout le long du golfe de Naples. Sous la menace des Étrusques, maîtres de tout l'hinterland de la Campanie, la jeune cité osque fut contrainte de conclure des pactes d'alliance défensive avec les Grecs de Neapolis et de Cumae et d'entrer dans l'orbite politique du grand État cumain. On s'explique ainsi la présence d'un temple dorique archaïque sur la terrasse du Forum Triangulaire, ainsi que le système d'enceinte fortifiée qui fut à l'origine adopté par les habitants. Ce système est en effet plus apparenté au type des fortifications grecques qu'à celui des fortifications italiques. Vers la fin du Ve siècle avant J.-C, une peuplade italique, fortement aguerrie, vint se heurter aux Osques aborigènes qui n'avaient pas su résister à l'invasion des Grecs et des Étrusques.

Ces nouveaux venus étaient les Samnites (Hyrpins et Samnites proprement dits), qui descendaient des âpres montagnes voisines. Pompei, comme du reste toutes les villes de la Campanie, tomba entre leurs mains. Ce fut le premier essai d'unification politique, tenté en Campanie par des peuples de race italique. La ville fut en grande partie reconstruite et même agrandie par les vainqueurs qui imprimèrent naturellement à son architecture, publique et privée, le caractère du génie de leur race. Pompei reçut des Samnites sa constitution, sa langue, ses coutumes, sa religion. On ne possède que peu de renseignements précis sur l'histoire de Pompei, à dater de cette époque.

En l’an 310 av. J.-C, les habitants de Pompei et de Nuceria Alfaterna durent repousser de leur territoire une incursion des équipages de la flotte romaine, descendus à terre pour se ravitailler et pour piller. Il semblerait qu'au cours des guerres du Samnium, Pompei ait été occupée temporairement par les Romains, avec d'autres villes de la côte. Mais, ce sont là des événements auxquels Pompei ne prit part que d'une façon passive, car elle se tint prudemment, même pendant les guerres d'Annibal, a l'écart du duel mortel engagé entre Rome et Carthage. La première fois qu'on la voit jouer un rôle actif, direct et décisif, ce fut au cours de la grande Guerre Sociale, engagée par les Italiques contre Rome, guerre de révolte, rude et violente, dans laquelle Pompei se lança avec une extrême vigueur pour tenter, une dernière fois, de conquérir sa liberté.

Au mois d'avril de l'an 89 avant J.-C, L. Sylla, après s'être emparé de Stabia, vint mettre le siège devant Pompei. À la tête des armées de la Ligue italique, L. Cluentius obligea les troupes romaines à lever momentanément le siège, mais la victoire des légions à Nola fut, pour les Italiques, un desastre grave et irréparable. La guerre contre Mithridate ayant obligé les Romains à lever encore une fois le siège, Pompei put jouir, pendant quelques années, d'une existence autonome. Mais au retour de Sylla, vainqueur du Roi du Pont, la Guerre Sociale se ralluma et Pompei dut ouvrir ses portes au dictateur, en l'an 80 avant J.-C. Désormais, la cité osque et Samnite devint colonie romaine.

Après avoir installé, dans sa nouvelle conquête et dans toute la campagne avoisinante, un bon nombre de ses vétérans, L. Sylla confia à son neveu, P. Sylla la mission de donner à la colonie une organisation conforme à son nouvel état. Cette tâche était assez délicate, car il était difficile de concilier les intérêts des conquérants avec ceux des vaincus. Nous trouvons un écho des dissentiments et des querelles que souleva ce premier essai d'instaurer dans la Pompei romaine un ordre de choses nouveau. Cicéron dut en effet assumer la défense de P. Sylla contre les accusations portées par L. Torquatus. Toutefois, les premières difficultés aplanies, le processus d'unification et d'assimilation fut, à Pompei comme ailleurs, assez rapide. Pompei devint une cité romaine, romaine par son organisation municipale; romaine encore car elle adopta la langue, les coutumes, le caractère et l'aspect d'une ville romaine.

Néanmoins, en dépit de cette unification, subsista dans la plèbe pompéienne un substratum de l'antique âme italique et du vieil esprit régional. Nous en avons une preuve dans le tragique épisode qui éclata en l'an 59 après J.-C. Au cours d'un spectacle donné dans l'amphithéâtre, un de ces incidents qui éclataient fréquemment à cause de l'engoûment d'une partie du public pour tel ou tel couple de gladiateurs, déchaîna une rixe violente entre Pompéiens et Nucériens. Le sang coula et les Nucériens, battus, furent chassés de l'amphithéâtre. Néron déféra l'affaire au Sénat. Celui-ci n'hésita pas à appliquer la plus dure sanction qui pût frapper une ville comme Pompéi, chez laquelle la passion pour les jeux et les spectacles dominait toutes les autres. L'amphithéâtre fut fermé pensant dix ans.

Quelques années plus tard, en 63 après J.-C, Pompéi et bon nombre de villes de la Campanie furent fortement endommagées par un violent tremblement de terre. Pompéi, ville alors commerçante, industrieuse et prospère, se releva rapidement de ses ruines. De nouveaux édifices surgirent. On restaura temples et monuments publics. Les maisons des particuliers, remises en ordre ou même reconstruites, virent leurs murs et leurs pavements s'orner de riches et luxueuses décorations. Ateliers et boutiques se multiplièrent dans les quartiers qui reprirent bien vite leur pleine animation. Seize ans après cette vive alerte, au mois d'août de l'an 79 après J.-C, le Vésuve que l'on était accoutumé de considérer comme un mont paisible et serein, sous son revêtement de vignes et de forêts, se réveilla soudain.

Ce fut le désastre définitif, la ruine irréparable. La cime du mont se déchira. Le volcan vomit une telle quantité de cendres, de lapilli et de scories que le ciel en fut tout obscurci. La furie dévastatrice des éléments déchaînés peut donner une idée des premiers cataclysmes qui bouleversèrent la terre. Pline le Jeune demeurait alors dans une villa, sur le cap Misène. Il nous a laissé, dans deux lettres qu'il adressa à Tacite, un récit, palpitant et dramatique, de cette terrible éruption. Pompéi disparut, ensevelie sous une couche de six à sept mètres de lapilli et de cendres, transportés depuis le cratère par le vent. Les habitants cherchèrent, pour la plupart, leur salut dans la fuite, mais ils trouvèrent la mort, le long du littoral et des routes qui menaient à Stabia et à Nuceria. Quant à ceux qui restèrent en ville, immobilisés par la terreur ou dans le vain espoir de trouver un refuge dans les souterrains des maisons, ils périrent tous, intoxiqués par les exhalaisons vénéneuses dont l'atmosphère était toute saturée.

Cette éruption de l'an 79 après J.-C. peut prendre rang dans le nombre des grandes calamités qui ont frappé l'humanité. Mais nous lui devons de nous avoir conservé le document le plus précieux et le plus admirable que nous possédions sur la vie antique: la vision parfaite d'une ville entière, dans laquelle la vie s'est arrêtée instantanément sous le coup d'un phénomène violent qui ne l'a cependant point détruite. Les fouilles nous ont ainsi permis de pénétrer dans l'intimité de la vie, de celle des particuliers comme de celle de toute la collectivité. Grâce à elles, nous avons pu surprendre, dans l'art de la construction et de la décoration, dans l'ameublement des pièces, les inscriptions et les graffiti, tous les secrets de la vie antique, publique et privée.
Ch.2: La Cité de Pompei
La Cité est bâtie sur un contrefort qui s'élève d'une quarantaine de mètres au dessus du niveau de la mer. Il est formé par une coulée de lave qui dégorgea des flancs du volcan, ou peut-être même de son cratère, aux temps préhistoriques. Sur cette première assise vinrent se superposer plus tard des couches terreuses, tuf et matériaux de nature volcanique, mêlés à des cendres et à des lapilli, qui ont en partie recouvert et adouci les aspérités de la lave primitive. Le terrain est assez inégal. Il accuse une forte pente du nord au sud, dans la direction du golfe et de la dernière partie du cours inférieur du Sarno. La coulée de lave s'étant arrêtée brusquement, elle avait formé, du côté du midi, une paroi à pic; rempart, naturel et inaccessible, qui faisait face à la mer. Seul, l'extrême secteur, vers le couchant, est en surface à peu près plane.
C'est en cet endroit que se concentrèrent le quartier du Forum et les édifices publics. Le long de la ligne de plus forte pente, due selon toute probabilité à un bras de la coulée de lave, passe l'axe routier de la " Via di Stabia „. Bien qu'il ne soit pas encore entièrement dégagé, le périmètre de l'enceinte murale est parfaitement reconnu dans toute son extension. Il suit les bords de la coulée de lave, en en contournant les arêtes dans les parties les plus élevées. Le développement complet de l'enceinte fortifiée mesure à peu près trois kilomètres deux cents mètres. La surface bâtie est d'environ 65 hectares. Le plan de l'enceinte fortifiée a dû nécessairement se plier aux exigences du terrain. De là, l'irrégularité de son dessin. Le maximum d'extension se vérifie de l'est à l'ouest, en suivant l'axe des decumani le minimum, du nord au sud, en suivant l'axe des " cardines .

La grande place du Forum n'occupe pas le centre de la ville. Elle est située dans la partie en plaine et la plus ensoleillée, c'est-à-dire dans le secteur sud-ouest, à très peu de distance des murailles et de l'une des portes de la ville, la Porta Marina. Dans l'agglomération serrée des maisons, peu d'espaces libres et encore se trouvent-ils à la périphérie et dans les zones excentriques. C'est ainsi que, sur la bordure sud-ouest de la colline, se dressait sur une petite esplanade une enceinte, consacrée au culte de Vénus, la plus honorée des divinités. De même, plus au sud, sur un palier formé par le banc volcanique, s'élevait, depuis la fin du VI* siècle avant J.-C, un temple d'architecture grecque. Plus tard, on l'entoura d'un portique triangulaire qui en fit le second Forum de la ville et que l'on relia aux Théâtres, situés en contre-bas. Enfin, vers l'extrémité sud-est, dans un angle dessiné par l'enceinte murale, on réserva un espace plus vaste pour V" Amphithéâtre „ , qu'on isola des habitations particulières.
En dehors de ces emplacements, destinés à des édifices publics, on ne trouve à Pompei que des carrefours plus ou moins spacieux, des " compita „ , aux points de croisement de trois ou quatre rues, " trivia „ et " quadrivia „. En somme, exception faite pour le Forum et ces quelques places excentriques, le plan régulateur de la ville était essentiellement formé par le réseau serré des rues.
Celles-ci étaient presque toutes tirées en ligne droite et se coupaient à angle droit. Elles se divisaient en artères principales qui correspondaient aux anciens " cardines et " decumani ,,. Toutes étaient bordées d'un trottoir, plus ou moins élevé. Quant au pavage, il était fait de blocs polygonaux en pierre du Vésuve, souvent coupés par de larges dalles afin de faciliter d'un trottoir à Vautre le passage des piétons .

MATÉRIAUX ET ÉPOQUES DE CONSTRUCTION
Au point de vue des matériaux employés dans les constructions et des principes d'architecture, Pompéi diffère des villes qui connurent, sous l'Empire, une longue période de vie et qui acquirent ainsi une physionomie uniforme. À Pompéi, l'observateur le moins attentif voit se dresser devant lui, en dépit de l'apparente uniformité des rues, les types de construction les plus variés; solennelles et massives façades d'édifices construits en pierre de taille (" opus quadratum „), extraites des dépôts alluvionnaires du Sarno ou coupées dans la masse caractéristique du tuf de Nocera; maçonneries, faites de pierre ponce, de tuf et lave (opus incertum ), dont la cohésion était assurée par un excellent mortier; maçonneries maillées (opus reticulatum) exécutées avec beaucoup de soin, à tel point que le constructeur a maintes fois mis à profit la construction pour en tirer des motifs décoratifs, de formes géométriques, en alternant le tuf avec d'autres pierres de diverses couleurs; maçonneries en briques et nombreuses façades, décorées de stucs et même de fresques, en appliquant les mêmes procédés qu'à l'intérieur des maisons.
Si l'on pénètre maintenant à l'intérieur des édifices, on ne tarde pas à distinguer des éléments très divers, aussi bien dans la structure murale que dans les parties architectoniques. Il n'est pas rare de les voir se juxtaposer et s'entremêler d'une façon inorganique. Cette disparité caractérise l'architecture pompéienne. Elle nous fournit la meilleure documentation que nous puissions avoir sur le développement de la ville. La diversité des matériaux employés et la variété dans le caractère des constructions nous retracent toute l'histoire urbanistique de Pompéi au cours des six siècles de son existence, c'est-à-dire depuis la fin du VIe siècle avant J.-C. jusqu'en l'an 79 de notre ère.

Quant aux époques, on peut approximativement les fixer de la façon suivante:
Époque Pré-Samnite (calcaire: " opus quadratum „): VI'-V' siècles av. J.-C;
Première époque Samnite (calcaire et matériaux volcaniques) ( opus quadratum et opus incertum):VI'-IIIe siècles av. J.-C;
Seconde époque Samnite (tuf): 200-80 ans av. J.-C;
Début de la colonisation romaine (" opus reticulatum „ et " quasi-reticulatum „): 80 ans av. J.-C. - 14 ans ap. J.-C;
Époque romaine et impériale (" opus mixtum „ et briques) : 14-79 ans ap. J.-C.
Ch. 2.2 - Developpement de la Cité de Pompéi
Le premier Noyau et les régions

En 1858, pour faciliter la gestion des fouilles, l'ancienne ville de Pompéi fut divisée en neuf régions; cette division moderne n'est pas liée à l'ancienne structure urbaine et à son histoire: les Regios, en effet, comprennent un ensemble d'insulaes appartenants à deux quartiers anciens différents et à deux phases différentes de développement urbain. En epoque romaine, la cité donnait a chaque Regio un appellatif qui la caracterisait, Herculansis, Nolanae etc, la numerisation est une invention pratique des temps modernes. Chaque bloc ou insula, a été catalogué et numéroté, assignant à chaque habitation ou environnement un nombre précis. L'objet de cette nouvelle recherche est l'extension de la zone urbaine en dehors de l'ancien noyau de Pompéi; cette extension comprenait à la fois un nouveau réseau routier et la construction de nouveaux quartiers; les études et les fouilles effectuées, nous conduisent à nous limiter à parler de zones et non de Regio, une invention moderne. Cela dit, dans les temps anciens ces zones ou régions étaient définies avec des appellations bien définies, qui ne s'écartaient pas tellement de l'idée de subdivision de Fiorelli. La recherche part de quelques prémisses:
- l'expansion urbaine avait pour but un caractère systématique établi par les autorités publiques romaines;
- en raison des différences considérables entre les nouveaux districts, leur développement n'était pas unitaire mais était réparti dans le temps.
En d'autres termes, le contexte urbain visible est aujourd'hui considéré comme le résultat d'un ou plusieurs projets d'expansion. Nous supposons que de tels projets sont identifiables par l'analyse de phénomènes métrologiques et d'observations concernant la topographie et la construction. Pour la datation, trois différents niveaux d'information ont été recueillis. Le premier concerne le réseau du réseau routier principal, la localisation des portes de la ville et la relation de l'un et de l'autre avec le territoire environnant; le deuxième niveau concerne les quartiers individuels et leur articulation; le troisième, enfin, concerne la subdivision originelle de chaque insula et la première construction, c'est-à-dire la plus reconnaissable comme la plus ancienne, à l'intérieur d'elles.
Le Site et le premier Noyau

Les origines de la Cité de Pompéi remontent à la période archaïque où, entre le VIIIe et le VIe siècle av. JC, un noyau urbain se développe avec deux sanctuaires, l'un dédié à Apollon et l'autre à Hercule. L'emplacement était situé sur la pointe d'un haut plateau de lave près de l'embouchure de la rivière Sarnum. Seuls quelques éléments de ce noyau d'origine, ont été conservés dans la ville romaine ensevelie successivement par le Vésuve en 79 après JC, désormais reconnaissable dans le schéma irrégulier de la région située au sud occidentale de la ville qui contraste clairement avec l'expansion ordonnée des nouvelles zones ajoutées par la suite à l'époque romaine. La "ville la plus ancienne", l'Altstadt de Pompéi, fondée à la fin du VIIe siècle AC., serait limitée à la zone délimitée entre le Forum civil et le Forum Triangulaire, et aurait eu une superficie de seulement 9,3 hectares; signes de l'antiquité de ce noyau primitif auraient étés les lignes directrices isolées situé à l'intérieur de la voiture, respecte différents et asymétriques à ceux du reste de la ville, et surtout, le réseau routier irrégulier qui limite cette zone ancienne, de tous les côtés et ou il a été reconnu la fossilisation des anciens fossés, des remblais et des fortifications pertinentes à un mur primitif.

Seulement avec la construction, au 5ème siècle av.JC, les nouveaux murs à double rideau de calcaire, renfermant une superficie d'environ 65 hectares, la ville commençait à se développer et occuper les blocs situés au nord de l' AItstadt, entre la Regio 1 et 5, en se replissant de maisons, à la fois bien restauré plus ou moins profondément, aurait été utilisé jusqu'au moment de l'éruption de 79. Les fouilles effectuées à différents points de la paroi des murs de la " nouvelle Pompéi ", ont été en effet identifiés une phase des murs de la première moitié du VIe siècle av. JC, caractérisé par l'utilisation de blocs obtenus à partir du tuf doux local. A la même période appartiennent deux importantes structures sacrées qui, en même temps que le mur, devaient engager une grande partie de leurs ressources de financement de la communauté, à savoir le Temple d'Apollon au Forum, et le temple Dorique du Forum Triangulaire, à la fois protégé par des décorations architecturales réalisée par des maîtres maçons des régions étrusques et coloniales grecques de Campanie. Sur la base de cette documentation, Pompéi d'âge archaïque semble appartenir à la typologie des grands établissements urbains de Campanie et du Latium au VIe siècle av.JC.

Dans cette nouvelle reconstruction de la ville ancienne, il reste difficile de comprendre l'interprétation traditionnelle de l' AItstadt et, par conséquent, l'existence présumée d'un noyau plus petit, coexistant avec celui de la " grande Pompéi antique" que sera expliqué d'une autre manière. Compte tenu des recherches effectuées et des résultats des fouilles, deux interprétations des données sont possibles.
Le premier voit l'existence d'un système de fortification composé de deux murs: un plus grand, conçu pour protéger une grande surface le long des contreforts naturels du plateau de lave, des bâtiments privés et des zones laissées à la culture, et un second, plus étroit, limité à la défense de la ville avec ses espaces publics et sacrés. Dans ce cas, il y aurait une séparation entre la ville "fortifiée" et la ville "consacrée", où seule cette dernière tomberait dans l'espace urbain rituellement inauguré, le " Pomerium Pompeian", selon une tradition que nous trouvons attesté dans la capitale du Latium, Rome. L'hypothèse alternative est basée sur les données issues de l'excavation de la seule section de mur de l' Altstadt jusqu'ici identifiée au Forum Triangulaire, pour laquelle une date est proposée pour la première moitié du cinquième siècle av. JC, donc plus récent que près d'un siècle par rapport aux murs du "grand Pompéi".
Murs, Portes et Système Viaire

Dans la seconde moitié du sixième siècle avant JC la population indigène Osque a construit un mur de fortification autour d'une vaste zone au nord-est du noyau urbain, afin de protéger les activités agricoles et le bétail, peut-être pour se défendre contre l'expansion grecque ou étrusque ou en raison de tensions internes entre les peuples autochtones de la région. Le chemin de ces murs semble être resté inchangé dans les siècles suivants.
Le réseau routier qui a structuré la nouvelle zone urbaine se composait de cinq axes, deux avec une tendance est-ouest et trois avec une tendance nord-sud; l'orientation des axes est-ouest suivait les courbes d'élévation tandis que la position et l'orientation de l'axe principal nord-sud étaient dictées par un repli du sol; cet axe, constitué par la Rue Stabienne avec une continuation dans la Rue Vesuve, était divisé en trois parties égales qui fixaient ainsi la position exacte des axes transversaux. Parmi ceux-ci, le nord, de l'intersection avec la Rue Consulaire à la Porte de Nole, avait la même longueur que la Rue Stabienne entre les deux portes, tandis que la moitié de cette longueur se trouvait dans l'axe sud qui reliait la Rue Stabienne avec la Rue de Nuceria.

La disposition régulière et calculée du réseau routier principal montre clairement que cela était le résultat d'une planification par les autorités municipales
Au contraire, il est incertain de pouvoir dire si la zone réservée aux activités agricoles et aux maisons dispersées avait suivi cette division depuis le début, ou si la grille avait été créée suite à une construction partielle ou complète de la zone intra-muros. La position des cinq portes ouvertes dans les murs de la ville est dictée par le réseau routier, mais il est surprenant qu'aucun d'entre eux ne soit réellement en phase avec le réseau routier; ceci conduit à la conclusion que les deux ne sont pas le résultat d'un seul projet, mais plutôt l'effet d'une sorte de compromis entre deux projets d'expansion distincts. Il semble probable que le premier comprendrait la construction d'un mur de fortification, l'ouverture des portes et une division régulière de la zone à l'intérieur des murs; lorsque, par la suite, de véritables routes ont été réalisées, la situation préexistante a été utilisée comme point de départ.
Expansion de l'Aire edifiée

Entre le IVe et le IIIe siècle av. JC, durant la période Samnite, ou peut-être entre le IIIe et le IIe siècle av. JC, lorsque la Campanie fut de plus en plus influencée par la puissance romaine émergente, l'agglomération de la ville déjà existante subit une expansion avec l'ajout de nouveaux quartiers. L'expansion était systématique et résultait d'un ou de plusieurs projets réalisés dans différentes phases; en fait, il existe trois systèmes différents de division et d'orientation: la zone nord-ouest qui a pour axe la Rue de Mercure, dont l'orientation est dictée par le Forum; l'aire des insulas carrées, dont l'orientation a été déterminée par l'axe nord-sud de la Rue Stabienne, enfin, la zone orientale, dont l'axe est la Rue Nuceria, et, perpendiculairement, Rue de Nole et Rue de l'Abondance. Entre ces trois zones il y a deux zones avec des insulas qui ont une forme irrégulière, parce qu'elles ont dû occuper les espaces vides entre les quartiers avec une orientation différente. L'étude des façons dont les trois domaines ont été liés les uns aux autres offre la possibilité d'établir entre eux une chronologie relative et d'exclure leur contemporanéité, même s'ils ont tous été réalisés dans un court laps de temps. Le premier étage comprenait les deux zones immédiatement au nord et à l'est de la ville antique.

Pendant un certain temps, les limites de la zone bâtie de la ville ont été définies sur le côté est des insulas carrées nord. Des études précises de la manière dont ces deux régions sont reliées permettent d'établir que la plus ancienne expansion a eu lieu dans le district du nord-ouest; plus tard, douze insula en forme de parallélogramme ont été planifiées des deux côtés de la rue de Mercure. Plus tard, à l'est de ceux-ci, quatre insula ont été ajoutées le long de rue du Vésuve. A l'est de la vieille ville, dans une seconde phase, on a conçu une double série d'insulas, dont la forme carrée était déterminée par la forte pente du terrain qui, à cet endroit, prenait une direction nord-sud. La région était reliée au district nord-ouest par l'addition de deux insulas, de sorte que ces deux nouveaux quartiers formaient une sorte de ceinture autour du noyau le plus ancien. Suite à ce nouvel arrangement, nous avons procédé à la construction de la zone immédiatement à l'extérieur de la vieille ville, entre ce et les deux nouveaux quartiers. Le tracé non rectiligne des routes dans cette zone indique la préexistence de routes plus anciennes et montre que les bâtiments n'ont pas été construits régulièrement.

Cette situation, une zone de construction occidentale et une zone orientale libre, sont restées pendant un certain temps avant que cette dernière ne soit déclarée constructible; il n'est pas certain que cela se soit produit, peut-être à la fin du IIIe ou du IIe siècle avant notre ère. Dans ce cas également, le nouveau quartier a été relié aux zones urbaines déjà existantes par l'insertion d'une série d'insulas de forme irrégulière. Le quartier lui-même avait également des insulas de forme rectangulaire régulière et des rues qui se croisaient à angle droit. Vraisemblablement, toute la zone orientale était destinée à être occupée par des insulas, mais plus tard, au premier siècle avant notre ère, elle a partiellement laissé place à la construction de l'amphithéâtre et d'autres bâtiments particuliers.
Les 120 ou plus insulas de Pompéi ne constituent pas des blocs individuels séparés par une route, mais nous devons plutôt penser à des groupes d'insulas et de routes dans des zones qui ont été construites dans un ordre spatio-temporel prédéterminé et que, entouré à partir du réseau routier principal, ils ont continué à fonctionner comme des quartiers. Les premières années du 1er siècle après JC, voir l'expansion de la ville modernisée dans son intra-muros presque totale. À une première expansion vers le nord de la zone du Forum avec la rue de mercure, suivra la partie est de la zone Forenses au nord, et Salienses vers les centre ancien, déterminant ainsi clairement le premier axe Nord-Sud, la rue de Stabie, se terminant ici avec les Thermes du même nom.
Conclusion.....
L'extension se poursuivra plus tard dans la partie centrale de la ville constituant la zone Urbulanenses jusqu'à la partie la plus orientale des murs, avec la Porte de Nola, et Sarno. L'expansion ultérieure vers le nord se constitue de la zone Campanienses composée principalement de terres agricoles et la partie sud-est se terminant par la Grande Palestre et l'Amphithéâtre. Il s'agissait de considérer toute la zone extra-muros destinée à la zone agricole de la ville, constituant aisni le "Pagus Augustus Felix Suburbanus POmpeianum" administré par les Magistris de la ville.
Le début de ce premier siècle verra la ville presque entièrement achevée et pleine de maisons et de bâtiments sacrés et administratifs accomplis. En 62 un premier tremblement de terre obligea à une grande rénovation des anciennes maisons de la ville jusqu'à 7 ans plus tard, quand, en 79 la ville sera totalement enterrée. A partir de 80, la mémoire elle-même sera perdue, et avec elle le souvenir aussi de la localisation de la ville de Pompéi et de son pagus.
Il fallut attendre 1592 quand par hasard, pour la construction du Canal du Sarnum, les premières découvertes furent faites sur la colline de l'ancienne Civitas, sous laquelle reposait l'ancienne ville de Pompéia.
|
|
|
Copyright © 2003-2025 MaquetLand.com [Le Monde de la Maquette] et AMM- Tous droits réservés - Contactez l'Administrateur en cliquant ici
Ce site sans aucun but lucratif n’a pour but que de vous faire aimer l’ Histoire
Droit d’auteur
La plupart des photographies publiées sur ce site sont la propriété exclusive de © Claude Balmefrezol
Elles peuvent être reproduites pour une utilisation personnelle, mais l’autorisation préalable de leur auteur est nécessaire pour être exploitées dans un autre cadre (site web publications etc)
Les sources des autres documents et illustrations sont mentionnées quand elles sont connues. Si une de ces pièces est protégée et que sa présence dans ces pages pose problème, elle sera retirée sur simple demande.
Principaux Collaborateurs:
Gimeno Claude (+)
Brams Jean Marie
Janier Charles
Vincent Burgat
Jean Pierre Heymes
|
Marie Christophe
Jouhaud Remi
Gris Patrice
Luc Druyer
|
Lopez Hubert
Giugliemi Daniele
Laurent Bouysse
|
Nb
de visiteurs:7808043
Nb
de visiteurs aujourd'hui:2603
Nb
de connectés:70
|
|