Hérault Villeneuve lès Maguelones Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
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La cathedrale de Maguelone
Texte retravaillé d’apres REVUE ARCHÉOLOGIQUE
L’ilot qui abrite la Cathédrale a connut une occupation humaine depuis longtemps
Il existait au temps de Charles Martel, des habitats qui servirent de refuge aux habitants .Mais à coté se developpent la villed e Villeneuve et avec l arrivee des évèques on trouve des textes et des actes successifs des rois de France depuis le IXe siècle (charte de Louis le Débonnaire en 819, confirmée par un diplôme de Louis VII en 1155, un accord de 1163 et des lettres de 1179) qui font de Villeneuve un fief royal administré par l'évêque.
La ville se développe au XIIe siècle, tout comme Maguelone Elle était ceinte de murailles aux portes bastionnées, et entourée d'un fossé. Ces remparts, mentionnés dans un texte de 1154, furent sans doute rebâtis ou complétés vers la fin du XIIe siècle
La ville présentait l'aspect d'une forteresse où les évêques de Maguelone pouvaient se réfugier en cas d'attaque.
On aperçoit encore des restes de remparts sur le côté sud de la ville qui regarde l'étang. Les textes signalent des monuments, maison épiscopale, hôpital, hôtellerie.
Seule, l'église, dédiée à saint Etienne, subsiste aujourd'hui. Elle a été défigurée par des reconstructions et des restaurations; mais elle contient des parties, telles que la nef, probablement antérieure à la deuxième église de Maguelone, celle d'Arnaud It remontant ainsi à la première moitié du xi'' siècle. Elle comportait une seule nef, voûtée en berceau, divisée en quatre travées par des arcs doubleaux. L'abside et les absidioles paraissent avoir été reconstruites au XIIe siècle, comme l'indiquent l'appareil et la décoration extérieure faite d'arcatures surmontées d'une frise en dents d'engrenage. Villeneuve servait surtout à garder la tête du pont qui reliait Maguelone au continent. C'était un petit Aigues-Mortes qui Son rôle cesse le jour où le siège épiscopal fut transféré de Maguelone à Montpellier, et l'ancienne place forte aujourd'hui démantelée a fait place à un petit centre agricole
La Cathédrale et les constructions annexes
Cette cathédrale construite sous le vocable de St Pierre et Paul est situé sur un ilot et on peut s’apercevoir au premier coup d'œil même si nous ne sommes pas archéologue que tout n’ pas été construit d'un seul jet.
On découvre partout des différences dans l'appareil et dans les voûtes, des décrochements, des irrégularités dans le plan témoignent de remaniements successifs.
Je vais essayer de faire un petit résumé
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D abords il faut consulter les textes et le cartulaire de Maguelone, conservé aux Archives départementales de I ’Hérault, recueil de 6 volumes réunis du XIV par l’évêque Arnaud de Verdale et ses successeurs,
Parmi les pièces les plus anciennes se trouve le texte connu sous le nom de « la Vieille Chronique de Maguelone ». Cette copie de 1368 reprend un texte rédigé dans la deuxième moitié du XIIe siècle,. Il est inséré dans le tome II du Cartulaire de Maguelone, d'après une transcription faite en 1343 sur ordre d’Arnaud de Verdale.
Il mentionne les travaux effectués sur la cathédrale par les évêques successifs du 2e quart du XIe siècle au 3e quart du XII
Ils ont pour noms Arnaud I (1030-1060) Bertrand (1060- 1080), Godefroy (1080-1104),Galtier (1104-1129?), Raymond I (1129-1158), Jean de Montlaur (1158-1190).
On sait désormais que l'église primitive, gallo-romaine ou mérovingienne, détruite par Charles Martel en 737, a été remplacée vers le milieu du XIe siècle par la cathédrale reconstruite par Arnaud mais cet ouvrage mal construit tombant en ruine dut être rapidement remplacé par à un autre, dont le chevet fut commencé par Galtier {caput ecclesiae, très choros et turrim S. Sepulcri a fundamentis aedi- ficavit),
et achevé par son successeur Raymond I {a mûris superim consummavit)
La nef fut terminée par Jean de Montlaur {ecclesia vetus demolita est et nova ex majori parte constnictà).
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Armoiries de Montlaur |
Ainsi, nous nous trouvons en face de 4 constructions distinctes formant un tout
1° l'église primitive, construite à une date inconnue, détruite en 737
2e la cathédrale d'Arnaud, dédiée en 1054
3e le chevet de Galtier et de Raymond 1150
4° la nef de Jean de Montlaur 1250
Que subsiste-t-il de ces quatre monuments successifs?
De l'église primitive, gallo-romaine ou mérovingienne, il ne reste rien d'apparent.
Au cours des fouilles exécutées en 1879 dans l'intérieur de l'édifice, Fréderic Fabrège a retrouvé les restes d’une abside demi-circulaire, contrebutée par trois contreforts qui auraient appartenu à l'église primitive.
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En refaisant le pavement intérieur Fréderic Fabrège en a indiqué la position au moyen d'un pavage de couleur différente
Comme on peut le voir c’était un édifice de très petites dimensions.
Grace à ses travaux on a peut aussi localiser avec précision la seconde église, d'Arnaud I
Le chœur occupait la 4e travée du vaisseau actuel; en avant du maître-autel on a découvert les fondations d'une abside, et l'on a constaté que l'appareil et le mortier étaient identiques à ceux de la chapelle Saint-Augustin, qui a été conservée et qui for- mait par conséquent le transept méridional de l'église d'Arnaud 1
C'est le chevet de cette église qui fut remplacé par le chevet actuel, construit par Galtier et Raymond. Si, comme le dit le texte de la chronique, Galtier a commencé le chevet et si Raymond en a terminé la partie supérieure, on pourrait alors attribuer à Raymond (1129-1158) la construction de la chapelle Saint-Pancrace, située au-dessus du croisillon nord; et comme les croisées de cette chapelle sont identiques à celles des deux bras du transept, on pourrait considérer celles-ci comme contemporaines des premières.
On observera, du reste, que les croisées d'ogives ne paraissent pas avoir été prévues lors de la construction du transept et ont dû être ajoutées après coup.
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Nous posséderions ainsi une date assez précise pour les croisées d'ogives de Maguelone, 1129-1158.
Quant à la nef, certains indices comme le décrochement de l'appareil à la jonction de la nef et du transept, les différences dans les voûtes (arc brisé dans la nef au lieu du plein-cintre à la croisée), per mettent de l'attribuer à une époque plus récente que le transept, c'est-à-dire de l'épiscopat de Montlaur.
On constate ainsi d'étroites concordances entre le texte et le monument.
A l'extérieur, on observe les mêmes différences d'appareil;
1e Au milieu de la façade méridionale, une tour en petit appareil; c'est la partie la plus ancienne de l'édifice, le reste de l'ancien transept du xi" siècle (chapelle Saint-Augustin)
2eLe chevet, en plus grand appareil, encore irrégulier (1e moitié du XIIe siècle)
3eLa nef proprement dite en bel appareil régulier (2e moitié du XIIe siècle).
De toutes les parties de la construction c'est la façade (ouest) qui présente le plus de traces de remaniements.
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D'abord, dans la moitié méridionale de cette façade, on note une différence de matériaux (calcaire grossier au lieu de calcaire dur) et d'appareil. On constate aussi, au niveau de la tribune intérieure, la présence d'une porte qui s'ouvre directement sur le vide.
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Ces particularités s'expliquent par l'existence d'une tour aujourd'hui disparue, qui flanquait la partie méridionale de la façade et masquait le mur construit en matériaux grossiers. C'était la tour appelée « tour des onze mille vierges » dans les textes.
Elle était divisée en plusieurs étages, comme le montre la porte percée à hauteur du premier étage. C'est au rez-de- chaussée qu'il convient sans doute de placer la chapelle Saint- Jean, mentionnée dans les textes et où fut enseveli Jean de Montlaur , le constructeur de la nef de la cathédrale.
Ainsi, en avant de la porte d'entrée, se dressait, à droite, une tour en saillie, qui a disparu aujourd'hui. A gauche, nous voyons maintenant une tour de grandes dimensions
La dalle funéraire de Jean de Montlaur a été découverte récemment dans l'île et transportée dans la tribune de l'église.
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Voyons la partie septentrionale de la façade. Du premier coup d'œil, on reconnaît là une addition postérieure. L'appareil à bossages, analogue à celui des murailles d'Aigues-Mortes, ne peut être antérieur à la fin du XIIe siècle. Cette tour a été reconstruite sur l'emplacement de l'ancien palatium épiscopal, contigu à la cathédrale. Elle aussi comportait plusieurs étages. Nous trouverons au rez-de-chaussée, la sacristie nouvelle, mentionnée par les textes; au premier étage, la chambre de l'évêque, communiquant par une porte avec le cloître supérieur, et par là, avec la tribune de l'église. Extérieurement, on constate la présence de trous destinés à des hourds, permettant l'établissement d'une galerie de défense en bois. Entre les deux tours, celle des onze mille vierges et celle du palatium, était ménagé un étroit couloir qui conduisait à la porte de l'église. Ce couloir était précédé d'un porche cintré dont on voit encore les amorces sur la tour de gauche; le porche était fermé par une porte.
Le couloir devait être couvert, sinon voûté, à hauteur du premier étage et formait ainsi une sorte de gimel, réservé, comme à Saint-Guilhem-le-Désert, aux pénitents. La couverture de ce gimel était interrompue, avant d'arriver à la porte de l'église, laissant, pour les besoins de la défense, un espace vide que dominaient les mâchicoulis du couronnement de la construction.
Ainsi, dans tous ses détails, la cathédrale Saint-Pierre et Paul présentait l'aspect d'un donjon. Reste la porte principale. On n'y observe pas moins de traces de remaniements que sur la façade elle-même. Le tableau de la porte est surmonté d'un linteau sculpté, ancienne borne milliaire de la Voie Domitienne remployée à de nouveaux usages. Il sert de support à un tympan en arc brisé, encadré de plaques de marbres de couleur.
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Dans chacun des piédroits viennent s'enchâsser deux fragments d'un tympan primitif où sont figurés les apôtres saint Pierre et saint Paul. Enfin, du côté du tableau, en haut de chacun des jambages, font saillie deux médaillons décorés de têtes barbues qui se font face.
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St Paul |
St Pierre |
Le linteau porte une inscription, une signature et une date. L'inscription, en vers léonins, se lit : Ad portum vitae sitientes quique venite, Bas intrando fores vestros componite mores; Bine intrans ara; tua semper crimina plora; Quicquid peccatur lacrimarum fonte lavatur. La signature et la date accompagnent ce texte: Bernardus {de) Ireviis fecit hoc, anno incarnationis Pomini MCLXXVIII.
La signature est celle de Bernard de Tréviers, le troubadour connu, l'auteur du roman de Pierre de Provence et la belle Maguelone, et il n'est pas douteux que le hoc dont il réclame la paternité, s'applique à la poésie, et non pas, comme on l'a proposé, à la sculpture du linteau, voire même à la construction de l'église'. La date de 1871 est celle de la restauration du linteau, qui ressemble à celui de Saint- Trophime d'Arles;
elle est acceptable, à la rigueur, pour les deux médaillons et pour les deux figures d'apôtres qui seraient des fragments du tympan primitif.
Elle marque la fin des travaux achevés sous l'épiscopat de Montlaur. Quant au tympan actuel, médiocre et commune composition, où figure le Christ en gloire entre les symboles des quatre Évangélistes, il appartient au gothique avancé. L'emploi des marbres de couleur qui forment l'encadrement ferait songer à un travail italien.
Si l'on se rappelle que la construction de la tour de gauche date des environs de 1300, et qu'elle modifiait singulièrement l'aspect de la façade, on peut supposer qu'à cette occasion la porte d'entrée a pu être aussi remaniée.
Telles sont les dispositions essentielles de la cathédrale Saint- Pierre. Et maintenant voyons ce qui entourait cette cathédrale (Il faut dire que l’église n’en n’est qu’une partie, certes la plus importante )
A côté d'elle il faut restituer tout un ensemble qui constituait comme la survivance de la « domus ecclesiae » des premiers siècles chrétiens.
La domus ecclesiae, regroupait l’église, réfectoire, dispensaire, hospice.
A Maguelone, près de l'église on trouvait le logement de l'évêque, des chanoines et de leurs serviteurs, des soldats chargés de les défendre, des étrangers qui venaient là de toutes les parties de la chrétienté; il fallait aussi des salles pour conserver les archives, les livres saints et les vases sacrés, des magasins pour les provisions ; enfin, pour protéger toute cette agglomération, une ceinture de hautes murailles.
Cet ensemble a aujourd’hui disparu et nous ne pouvons le restituer qu’au moyen des textes.
Le compte-rendu d'une visite pastorale faite en 1611, avant la destruction ordonnée par Richelieu, montre que jusqu'à cette date Maguelone avait conservé l'aspect qu'elle présentait au moyen âge.
On a une certaine idée de l’ensemble
Sur le flanc Nord de l'église, s'appuyait un des côtés d'un cloître rectangulaire à deux étages, dont on aperçoit encore des traces. Sur les trois autres côtés du rectangle s'alignaient les bâtiments de l'évêque et des chanoines (palais épiscopal à l'Ouest), réfectoire, dortoir, cuisines au Nord et à l'Est.
En avant de la façade occidentale constituée par le « palatium » épiscopal, une haute tour carrée faisait saillie, reliée par un étroit passage au reste de la construction : c'était le fort. Il y avait une hôtellerie pour les étrangers, située en dehors des bâtiments capitulaires, du côté de l'étang et une collégiale, destinée aux jeunes clercs, du côté de la mer, sur l'emplacement où s'élèvent aujourd'hui les caves de la propriété , une infirmerie ,une chapelle Saint-Blaise, destinée au personnel subalterne, Celle-ci est restaurée et a été transformée en bibliothèque.
Enfin le tout était ceinturée par une haute muraille d'enceinte percée de portes qui établissaient la communication avec le monde extérieur, l'une, la principale, au Nord, qui s'ouvrait sur le pont conduisant à Villeneuve à travers l'étang, l'autre, au Sud, qui donnait accès au chemin de la plage
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C’était donc une forteresse redoutable, close de toutes parts, émergeant au-dessus des eaux, comme un vaisseau de guerre mouillé dans la lagune.
Richelieu fit raser les fortifications car elles avaient depuis longtemps cessé de jouer le rôle auquel elle avait été destinée. Tout au plus, pouvait-elle servir de repaire aux brigands et aux pirates, . Cette fortification aurait été une gêne pour le commerce à une époque où la navigation de la lagune était florissante Maguelone ne servait plus de lien entre les petites communautés dispersées entre le Rhône et l'Aude rôle qu’elle joua jusqu'au XIIe siècle qui fut la grande époque de Maguelone.
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Mais quand, à partir du XIIe siècle, La ville de Montpellier, puissante commune constituée sur le modèle des républiques italiennes, prend le pas sur Maguelone
L'attraction de la grande ville était trop forte, et en attendant le transfert inévitable du siège épiscopal à Montpellier en 1536, la petite troupe de chanoines échoués à Maguelone ne donne plus guère que le spectacle de méridionaux ingouvernables, pareils à des grenouilles qui ne savent pas se donner un roi.