Hérault Montpellier Place Royale Peyrou Chateau d 'Eau









Hérault Montpellier Place Royale Peyrou Chateau d 'Eau
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Article tiré de ce site
C’est en 1751 que le Conseil de ville confie à l’ingénieur-hydraulicien Henri Pitot (1695-1771) la direction des travaux de l’aqueduc. La première pierre est posée le 13 juin 1754. Douze ans de travaux ont été nécessaires pour réaliser les quatorze kilomètres de canalisation. L'aqueduc est inauguré le 7 décembre 1765. Désormais, une eau saine et claire arrive au point culminant de Montpellier : le Peyrou.

La partie de l'aqueduc la plus spectaculaire est celle dite des « Arceaux ». Constituée d'une double rangée d'arcades inspirée de l'architecture romaine, elle traverse le vallon du Peyrou sur plus de 820 mètres. Ce monument, alliant prouesse technique et esthétique classique des arcades, s'intègre harmonieusement au grand projet d'embellissement de Montpellier au XVIIIe siècle.

En attendant l’aqueduc : histoire de l’eau potable à Montpellier
 

 Projet transformation fontaine Putanelle par C.A. Daviler, 1697

 

Le problème d'alimentation en eau potable de la ville remonte au Moyen âge.
Au XVe siècle, les consuls font construire deux fontaines publiques : la font Putanelle, au bord de la rivière du Verdanson, et la fontaine de la porte du Pila Saint-Gély. A la fin du XVIIe siècle, Montpellier possède sept fontaines publiques, situées à ses portes et faubourgs, mais elles ne suffisent plus à satisfaire les besoins d'une population croissante. En 1676 naît l'idée de faire venir l'eau des sources de Saint-Clément et du Boulidou à Montpellier.

Le 21 février 1686, la décision est prise, et les experts, envoyés pour examiner la qualité de l'eau des sources, rapportent que les eaux y « sont très claires, très pures, sans aucun goût étrange et très légères sans aucun mélange de plâtre ni d'aucun autre minéral ». Contrairement à l'eau des puits domestiques, critiquée par les médecins pour sa qualité incertaine, celle-ci est jugée « très bonne pour la nourriture et pour la conservation des soins et des malades ».
Faute de financement suffisant et en raison de l'ampleur du projet, la construction de l'aqueduc nécessitera encore près d'un siècle de réflexion avant d'aboutir en 1765.

7 décembre 1765 : l’eau arrive au Peyrou
 

 Récit officiel mise en eau de la fontaine du Peyrou 7 déc. 1765

 

« L’eau accordée sur le Peyrou la 1ère fois. Le 7 décembre 1765 a une heure apres-midi, M. le directeur et les inspecteurs des ouvrages de la conduite des eaux de St Clement et du Boulidou ayant fait scavoir que les eaux pourroint arriver ce jour la sur la place du Peyrou, M. Marie Joseph Emmanuel de Guignard, vicomte de St Priest, seigneur d’Alivet et autres places, intendant de la province de Languedoc, se seroit rendu sur la place du Peyrou avec M. de Cambaceres, maire de la ville, et plusieurs personnes de distinction, qu’il lui fut remis un marteau avec lequel il fit tomber une pierre qui avoit ete mise a l’extremite des gorgues, et l’eau commença a couler pour la premiere fois au Peyrou avec une si grande abondance que le grand nombre des personnes quy s’y étoint rendus en furent surpris et en temoignerent leur joye et contantement. Il est a observer que M. le vicomte de St Priest pere, intendant, avoit mis la premiere pierre a la source le 13 juin 1753, comme il est dit cy devant a fol 51. »

Ce récit officiel, tiré des Cérémoniaux consulaires, révèle les sentiments de surprise, de « joie et contentement » des habitants de Montpellier qui découvrent l’efficacité de l’aqueduc : l’eau jaillit dans le bassin du Peyrou avec un débit impressionnant de 4 « muids » par minute, équivalant à une moyenne de 25 litres à la seconde. 
L’honneur de faire couler l’eau pour la première fois revient à  Marie Joseph Emmanuel Guignard de Saint-Priest (1732-1794), intendant de la province de Languedoc. Pour cette cérémonie, il est accompagné par Jean Antoine de Cambacérès (1715-1801), maire de Montpellier. Le texte précise que le 13 juin 1753,  la première pierre de l’aqueduc a été posée à la source de Saint-Clément par Jean Emmanuel Guignard de Saint-Priest (1714-1785), père et prédécesseur de l’intendant.

 

 

 

Jean Antoine de Cambacérès, maire de Montpellier
 

Portrait de Jean Antoine de Cambacérès, 1765

 

Jean Antoine de Cambacérès (1715-1801), maire de la Ville à deux reprises (1753-1756 et 1761-1778), est également conseiller à la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier.
Ce portrait de 1765 le représente en pied, vêtu d’un manteau rouge bordé de fourrure, sa main gauche posée sur des plans empilés sur son bureau. Sur l’un d’eux on reconnaît la dernière arche de l’aqueduc et le réservoir d’eau tel que l’avait conçu Pitot en 1752, avant sa transformation plus tardive en majestueux château d’eau. Maire-urbaniste et bâtisseur, il s’investit dans le projet de construction de l’aqueduc Saint-Clément.
Ainsi, le 13 juin 1753, il est présent à la pose de la première pierre ; en 1755, il choisit le tracé définitif des Arceaux dans l’axe de la statue royale et de l’arc de triomphe.
Jean Antoine de Cambacérès est le père de Jean Jacques Régis (1753-1824), homme politique et juriste, archichancelier de l’Empire et l’un des principaux auteurs du Code Civil.

Henri Pitot, ingénieur hydraulicien
 

 Portrait d'Henri Pitot, XVIIIe siècle

 

Originaire d’Aramon, Henri Pitot (1695-1771) étudie à Paris auprès du physicien Réaumur, l’inventeur du thermomètre. Passionné de mathématiques et d’architecture, il se spécialise en ingénierie hydraulique dans les ponts et chaussées et dans la navigation.
Ses travaux sur l’hydraulique le font connaître dans toute l’Europe et lui ouvrent les portes de l’Académie des sciences en 1724. Il invente « une machine pour mesurer la vitesse des eaux courantes et le sillage des vaisseaux », qu’on va appeler « le tube de Pitot ». Cet instrument de mesure de la vitesse des fluides est encore utilisé aujourd’hui, avec de nombreuses applications, notamment en aéronautique.
Dans ses années parisiennes, il publie également un livre intitulé Théorie de la manœuvre des vaisseaux (1731), qui figure sous son portrait.

En 1740, il est appelé par les Etats de Languedoc pour l’assèchement des marais de Petite Camargue, et l’année suivante on le nomme directeur du Canal Royal du Languedoc (Canal du Midi) et directeur des travaux publics de la sénéchaussée de Nîmes.
Il construit de nombreux ponts dans la province, dont le pont routier du Pont du Gard. Etabli à Montpellier et réputé pour son habileté, l’intendant Emmanuel Guignard de Saint-Priest et le Conseil de Ville lui confient en 1751 la charge de construire l’aqueduc pour amener les eaux de la fontaine Saint-Clément et du Boulidou jusqu’à Montpellier. Après l’acceptation de son projet, il prend en 1752 la direction des travaux et choisit de faire arriver l’aqueduc à l’extrémité de la place du Peyrou. Retiré à Aramon, il y décède le 27 décembre 1771.

 

De Saint-Clément à Montpellier
 

 Page de titre de l'atlas

 L'atlas de la fontaine Saint-Clément rassemble dix planches, alternant cartes de l'aqueduc, plans et élévations. Parmi elles, figurent la carte représentant le tracé général de l'aqueduc des sources du Boulidou et de Saint-Clément jusqu'à Montpellier, et celles des différentes sections -  le franchissement du Rullarel, le vallon de la Lironde, le passage du Verdanson, et le vallon du Peyrou - assorties de plans et élévations des ouvrages d'art. On y trouve aussi le projet de réservoir terminal.

Ces plans techniques comprenant les variantes et tracés définitifs ont été dessinés par François Garipuy (1711-1782) et Joseph-Marie de Saget (1725-1782), tous les deux originaires de Toulouse et directeurs des travaux publics de la province de Languedoc. Les cartes de François Garipuy, sont pour l'époque des modèles de précision géométrique et descriptive.

La page de titre est signée en 1766 par Garipuy et Saget et porte le visa de validation de Louis Coulomb, subdélégué de l'intendant.
 

 Aqueduc St Clément, carte générale, 1766

 

Cette carte représente le tracé complet de l’aqueduc. Dessinée à l’aquarelle et à l'encre, à l’échelle d’environ 1/5500 (386 mm pour 1000 toises), elle est remarquable pour son aspect très réaliste : les couleurs sont naturelles, les essences d’arbres et la végétation différenciées, le relief et les affleurements rocheux habilement restitués.
L’aqueduc, représenté en pointillés quand il est souterrain, y est soigneusement reporté avec ses équipements : g pour regard, p pour pont, r pour reversoir, s  pour passelit (passage de ruisseau maçonné pour isoler la conduite en sous-sol qu’il croise).

 

 Aqueduc St Clément, section Métairie Gros-Peyrou, vers 1766


Ce plan à l’encre et aquarelle, à l’échelle d’environ 1/2700, porte la mention « ne varietur » signifiant qu’il s’agit d’un document dans sa forme définitive. Cependant sont représentées plusieurs variantes envisagées pour franchir le « vallon de la Merci » jusqu’à la place du Peyrou. Le tracé coloré en jaune, arrivant par une ligne diagonale à la place du Peyrou, est le projet initial proposé par l’entrepreneur de travaux Ricard, suivant les instructions de Pitot.
Ce parcours, le plus économique, tenait compte de façon optimale des contraintes du terrain. Les inspecteurs, de leur côté, avaient préféré l’idée d’axer l’ouvrage dans l’alignement de l’arc de triomphe et de la statue de Louis XIV.
Cette implantation, figurée elle aussi en jaune, aurait nécessité des travaux trop complexes. Le tracé qui l’emporte finalement, coloré en bleu, est un compromis garantissant la perspective recherchée en faisant arriver les canalisations en deux segments formant un angle obtus. Ces deux segments de la partie terminale de l’aqueduc, appelés les Arceaux, structurent de nos jours le quartier du même nom.

 

Aqueduc St Clément section du Peyrou, plan et élévation, 1752

 

Henri Pitot rédige en 1752 un cahier des charges particulièrement détaillé pour sa construction, à la suite de calculs précis de nivellement et de débit. Ce plan montre le profil des ouvrages tel qu'il avait été prévu en 1752 :  la canalisation des Arceaux est portée par un seul rang de hautes arches.

 Ce n’est que par la suite qu’Henri Pitot eut l’idée d’expérimenter, pour la première fois dans l’architecture moderne, le principe romain de superposer deux niveaux d’arches de taille décroissante : des grandes arches surmontées chacune de trois petites arches. En faisant reposer la rigole sur de petits arceaux de faible portée, il réduit le risque de fissuration et donc d’infiltration.
Pour cette construction, Pitot s’inspire du Pont du Gard qu’il avait étudié lorsqu’il avait été chargé de lui adosser, sans altérer l’aspect de l’ouvrage antique, un pont routier achevé en 1745.

Voir aussi l'article Projets et tracé définitif des Arceaux, 1766 dans la rubrique « Cartographie ancienne de Montpellier » réalisée par le Service d'Informations Géographiques (SIG) de la Ville. L'application Delta, conçue et développée par le SIG, permet de visualiser le plan général de l'aqueduc de Saint-Clément à Montpellier de 1766, en le sélectionnant directement par son nom dans les listes de types de vues. On peut y localiser précisément les tronçons aériens et souterrains de l'ouvrage, par superposition de ce plan topographique aux vues aériennes actuelles ou anciennes. L'aqueduc peut aussi s'observer en tout ou partie dans Delta sur bien d'autres cartes et plans à partir de la fin du XVIIIe siècle.

 

 Vue générale de Montpellier, lithographie 1835

 

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