Antoine-Jean Gros a célébré les vertus de compassion de Napoléon Ier visitant le champ de bataille d'Eylau le lendemain de ce qui avait été un carnage, en février 1807. Le peintre s'est plié aux indications données par le pouvoir. Cependant, il a fait le choix d'un réalisme jamais atteint dans aucune autre peinture d'histoire napoléonienne. Des cadavres énormes au premier plan arrêtent le regard du spectateur. Gros rompait ainsi avec l'art néoclassique de son maître David. La compassion de l'EmpereurSur ce tableau, on voit l'empereur Napoléon Ier qui visite le champ de bataille d'Eylau, en Prusse orientale, le 9 février 1807, au lendemain de la victoire sanglante des Français sur les Russes et les Prussiens. L'Empereur, sur un cheval clair, entouré de médecins et de maréchaux, le regard plein de compassion, étend le bras comme pour bénir les blessés. Un soldat lituanien, appuyé contre le chirurgien Percy, s'est dressé et lui dit : "César, tu veux que je vive. Eh bien, qu'on me guérisse, je te servirai fidèlement comme j'ai servi Alexandre." Un autre soldat ennemi blessé embrasse la jambe de l'Empereur. À côté de Napoléon, le maréchal Murat, sur un cheval noir caracolant, semble une personnification de la guerre. Au premier plan de la toile des corps de soldats sont entassés, recouverts de neige, et un blessé devenu fou se débat. L'horreur de la scène est renforcée par le paysage enneigé, baigné d'une lumière blême, qui occupe le fond de la toile. La guerre rendue impopulaireGros a peint ce tableau durant l'hiver 1807-1808, après en avoir obtenu la commande officielle à la suite d'un concours qu'il avait remporté. Le directeur du musée Napoléon, Vivant Denon, avait indiqué la plupart des aspects de la composition, le moment à peindre, le nombre de figurants, les cadavres au premier plan, les grandes dimensions de la toile. Le réalisme des figures du premier plan dépassait sans doute ses recommandations. Gros exposa son tableau au Salon de 1808. Les espions de la police présents au Salon suspectèrent ce tableau de rendre la guerre impopulaire. Toutefois, Napoléon apprécia l'oeuvre et lors de la distribution des récompenses aux artistes, il remit sa propre croix de la Légion d'honneur au peintre. Un réalisme inégalé dans la peinture d'histoire napoléonienneLa composition de cette toile rappelle celle d'une création antérieure de Gros, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804, musée du Louvre, Inv. 5064). Mais le réalisme est ici d'une plus grande brutalité. Il n'a jamais été égalé dans aucune autre peinture d'histoire napoléonienne. Le premier plan de cadavres a pris d'avantage d'importance que dans les Pestiférés et arrête notre regard. Le sentiment d'effroi et de sublime qui saisit le spectateur est dû aux dimensions énormes données aux morts par Gros. Les visages au bas du tableau font deux fois la taille normale. Certains personnages sont coupés par les bords du cadre, comme si la toile était le fragment d'une scène réelle. Gros a peint son tableau d'un pinceau large. Comme dans les Pestiférés, l'élève de David rompait avec l'enseignement de son maître néoclassique. Cette toile annonçait les oeuvres des peintres romantiques, Théodore Géricault et Eugène Delacroix.
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