Article fait par :Claude Balmefrezol
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Gloire et Empire n° 72 Mai Juin 2017
Alors que se noue la troisième coalition, Napoléon fait faire volte-face à son armée. Dans un ordre parfait et avec une grande minutie dans le respect des itinéraires tracés, les "sept torrents", un par corps d'armée, quittent à la fin août 1805 les camps de Boulogne en direction de la Bavière envahie par l'armée autrichienne. L'Empereur veut prendre de vitesse les alliés et agir avant que les armées russes aient pu rejoindre l'Autriche.
Pour cela, il a aussi besoin de fixer les troupes de l'archiduc Charles en Italie du Nord. C'est le rôle qu'il confie à André Masséna qu'il nomme à la tête de l'armée d'Italie. Mais, alors que les troupes autrichiennes, rassemblées dans la région de Venise, comptent parmi les meilleures de l'empire, le maréchal n'a à sa disposition que des forces insuffisantes et dispersées. Il peut néanmoins s'appuyer sur le "quadrilatère des forteresses" : Mantoue, Legnago, Vérone et Peschiera.
Gagnant d'abord du temps, Masséna rassemble et organise ses troupes. Mais, pressé par l'Empereur, il doit agir. Le 16 octobre, les premières nouvelles des succès français en Allemagne lui parviennent : trois salves d'artillerie saluent la victoire de Wertingen, informant les unités de la première victoire de la Grande Armée. Masséna sait alors qu'il doit retenir à tout prix l'archiduc Charles. Pour cela, il décide d'engager les combats à Vérone et de prendre les ponts enjambant l'Adige qui marque la frontière entre les zones contrôlées par les Français et les Autrichiens. C'est le début des opérations menées en 1805 et 1806. Elles sont généralement assez mal connues, occultées par la fulgurante campagne de Napoléon sur le Danube qui culmina, comme chacun le sait, à Austerlitz, le 2 décembre 1805.
Pourtant, les succès de Masséna sont bien réels. Après avoir passé l'Adige, il remporte difficilement la sanglante bataille de Caldiero contre des Autrichiens déterminés et assiège avec succès la ville de Gaète. Malgré tout, l'archiduc Charles n'engageait ses troupes qu'avec réticence ; il savait que les combats décisifs avaient lieu sur le sol allemand et, bien que conscient de sa supériorité, il voulait garder autant que possible son armée intacte pour contribuer à la défense de l'Autriche. Indiscutablement, les manoeuvres de Masséna l'empêchèrent de partir assez tôt pour s'opposer aux Français à Austerlitz.
Toutes ces opérations justifiaient amplement ce dossier de Gloire & Empire. Tout d'abord en raison de leur intérêt d'un strict point de vue militaire car les Français se sont plutôt bien comportés au cours de cette campagne. Mais aussi pour ses résultats car, après cette série d'offensives, toute l'Italie est désormais dominée par la France et Napoléon peut installer son frère Joseph sur le trône de Naples. Sans aucun doute, l'archiduc Charles aurait fait bien plus pour son pays s'il avait pu défaire l'armée de Masséna.
C'est l'histoire méconnue de cette glorieuse campagne que présente ce dossier de Gloire & Empire.