Article fait par :Claude Balmefrezol
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Aerojournal N° 59 Juin Juillet 2017
La création de la force aérienne siamoise est motivée par la volonté du royaume de préserver les restes de son indépendance face aux puissances coloniales qui l’entourent, à savoir la France et la Grande-Bretagne. Posséder une aviation militaire est en effet une marque ostensible de souveraineté, mais aussi de modernité pour le pays, d’autant que durant l’entre-deux-guerres, dans cette région du monde, seuls le Japon et la Chine sont dans ce cas-là.
« Nous pouvons raser Berlin […]. Cela nous coûterait 400 ou 500 avions, mais ça vaudrait à l’Allemagne de perdre la guerre. » C’est par cette formule choc qu’Arthur Harris présente à Winston Churchill, le 3 novembre 1943, son projet de campagne de bombardements sur la capitale du Reich. Autorisées (et encouragées) par le Premier ministre, ces missions débutent quelques jours après cette conférence pour s’achever en mars 1944. Cette première partie va nous permettre de planter le décor du drame et de faire connaissance avec ses acteurs, tandis que les grands raids vous seront présentés dans le prochain numéro, à l’aide de nombreux témoignages.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, seuls deux avions ont été conçus ab initio pour la chasse de nuit : le Northrop P-61 américain et le Heinkel Ta 154 allemand. Comme les Bristol Beaufighter, de Havilland Mosquito, Nakajima J1N1, Junkers Ju 88 et autres Messerschmitt Bf 110, le Heinkel He 219 a été développé pour des tâches différentes avant de se retrouver engagé dans des combats nocturnes – par la force des choses, pourrait-on dire. Or, cet appareil baptisé Uhu (grandduc), qui ressemble plus à une grosse fourmi ailée qu’à un rapace nocturne, n’a tenu qu’un rôle marginal dans la défense nocturne du Reich, la faute en incombant aux services techniques qui ne voulaient pas d’un avion supplémentaire dans l’inventaire de la Nachtjagd. Présenté partout comme l’un des tout meilleurs chasseurs de nuit de la Seconde Guerre mondiale, le He 219 paraît toutefois avoir été largement surestimé.
L’histoire de ce petit avion d’évacuation sanitaire – « evasan » –, premier succès de Marcel Bloch, est difficile à reconstituer. On trouve à son sujet un bien grand nombre de confusions dans la littérature et fort peu d’éléments d’archives pour les corriger. Quant à retracer toute sa carrière, le temps passant, c’est devenu un défi quasiment insurmontable. À défaut de pouvoir raconter en détail toute l’histoire, un premier pas consiste à réunir les données les plus accessibles, pour embrasser le sujet et corriger les erreurs les plus courantes.
La 9th Air Force va percevoir ses premiers P-51 Mustang en décembre 1943, avant même la Mighty Eighth. Parmi les unités équipées de ce précieux chasseur se trouve le 382nd Fighter Squadron, qui forme, avec deux autres unités (381st et 383rdFS), le 363rd Fighter Group.