Article fait par :Claude Balmefrezol
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TNT HS n° 26 Juillet Aout 2017
Lorsque Hitler lance la Wehrmacht à l’assaut de la Pologne en septembre 1939, il envisage, tout comme son état-major, une guerre violente mais courte durant laquelle le char de combat aura une importance capitale. Le Führer a partiellement raison ; néanmoins, il se trompe sur sa durée, et le conflit dégénère en une guerre d’attrition. Dès lors, le III. Reich est bien mal loti pour répondre à la stratégie que lui imposent les Alliés américains et soviétiques. En effet, son industrie est certes capable de mettre au point des matériels très sophistiqués, mais la quantité fait défaut. Par ailleurs, exception faite de la « vitrine technologique » que constituent les Panzer-Divisionen, une bonne partie des Infanterie-Divisionen allemandes fait encore appel à la traction hippomobile et manque cruellement de véhicules de servitude. Dans ces conditions, les engins de prise, comme la chenillette Renault UE 2 ou le tracteur de ravitaillement pour chars 1937 L (TRC 37L), sont réutilisés dans leurs fonctions d’origine, mais cela ne suffisant pas, des chars capturés, et dont le potentiel n’est pas en adéquation avec les attentes des vainqueurs, se voient convertis en ravitailleurs ou en remorqueurs.
Pour tenter de répondre aux besoins d’une armée combattant sur plusieurs fronts, les usines germaniques vont tourner à plein régime – mais toujours selon une cadence insuffisante – pour produire des Panzer… au détriment des autres matériels. Face aux pénuries de blindés, les instances officielles, mais aussi la troupe, vont faire « avec les moyens du bord » pour affronter un ennemi toujours mieux équipé. Tout est alors bon à prendre, et les châssis capturés (sur les Français, les Soviétiques ou encore les Anglais) vont servir de base pour créer de toutes pièces les véhicules indispensables à la continuation de la guerre. Si des « bricolages » sont réalisés sur le terrain, de grands programmes de recyclage sont aussi lancés pour tenter de mécaniser au maximum des formations insuffisamment motorisées. La menace principale étant le char, et pour compenser le manque chronique de Panzer, des engins capables de les détruire sont mis au point, à l’exemple du 4,7cm Pak(t) auf Panzer 35R 731(f) ou encore du 7,5cm Pak 40/1 auf Geschützwagen Lorraine Schlepper(f). Des improvisations vont aussi être réalisées sur le terrain par des ateliers régimentaires, tel le 7,5cm Pak 97/98(f) auf Panzerkampfwagen T-26C 740(r). Les semi-chenillés de transport de troupes étant trop peu nombreux, des autochenilles Unic P107 sont transformées en leichte Schützenpanzerwagen auf Unic P107 U304(f) en reprenant l’architecture des Sd.Kfz. 251. Les quantités de canons automoteurs Wespe et Hummel étant insuffisantes, ils sont remplacés par des 15cm s.FH 13/1 (Sf.) auf Geschützwagen Lorraine Schlepper(f) ou encore des 10,5cm le.FH 18 (Sf.) auf Geschützwagen 39H(f). Même des chars vont être récupérés et mis aux standards germaniques, comme le KV-IB 755(r) doté d’un canon long de Panzer IV, pour être retournés contre leurs anciens propriétaires. Un bestiaire presque « abracadabrant » que ce Trucks & Tanks hors-série n° 26 « Les bricolages de la Wehrmacht » va vous faire découvrir.