Article fait par :Claude Balmefrezol
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TNT HS n° 27 Novembre Décembre 2017
Dans ce tome II des « bricolages de la Wehrmacht » sont abordées principalement les réalisations sur châssis allemands. La course à l’armement dans laquelle se jette le III. Reich pour vaincre ses ennemis se caractérise par l’élaboration effrénée de nouveaux matériels toujours plus modernes et qui rendent obsolètes les engins plus anciens. Toutefois, Berlin est bien mal lotie pour répondre à la stratégie que lui imposent les Alliés américains et soviétiques. En effet, son industrie est certes capable de mettre au point des matériels très sophistiqués, mais la quantité fait défaut. Par ailleurs, exception faite de la « vitrine technologique » que constituent les Panzer-Divisionen, une bonne partie des Infanterie-Divisionen allemandes font encore appel à la traction hippomobile et manquent cruellement de véhicules de servitude. Le constat est alors sans appel : l’Armée allemande est sous-équipée pour faire face aux défis de la « guerre industrielle » lancée par ses adversaires.
Dans le même temps, des dizaines de véhicules se retrouvent alors sans emploi, car jugés inutiles face aux tanks ennemis. Dans ces conditions, ils sont recyclés afin de leur assurer une deuxième carrière, compensant ainsi les pénuries ou le manque de puissance de feu des blindés germaniques de première génération, à l’instar du Panzer I, qui voit son châssis décliné en une multitude de versions, officielles ou pas. En effet, bien des « bricolages » réalisés par l’Armée allemande sont le fait de demandes des autorités. Ainsi, le 4,7cm Pak(t) (Sfl.) auf Panzer I Ausf. B ne ressemble pas vraiment à un chasseur de chars « abouti », et que dire de la Panzerselbstfahrlafette 1 (7,62cm Pak 36(r)) auf Fahrgestell Panzer II, Ausf. D1 et D2, dont la silhouette disgracieuse évoque un montage si précipité, et assez mal conçu, qu’il aurait pu être réalisé par un atelier régimentaire dépourvu de tout bureau d’études. D’ailleurs, les soldats allemands vont eux-mêmes fabriquer leurs propres chasseurs de chars, comme le 5cm Pak 38 L/60 auf Fahrgestell Panzer II (Sfl.), qui rivalise avec les produits développés par la firme Altmärkische Kettenwerk GmbH (Alkett), grande spécialiste du recyclage de blindés obsolètes. Et la menace des tanks alliés, soviétiques notamment, est si forte et gérée de manière si insuffisante par Berlin que de multiples chasseurs de chars, reprenant toutes les plates-formes possibles (chenillés, semi-chenillés, à roues), sont assemblés par la troupe, comme le 5cm Pak 38 Brückenleger IV Ausf. C : un porte-ponts armé d’un canon !
Devant l’impossibilité de l’industrie allemande (Krupp, MAN, Daimler-Benz…) à produire suffisamment de matériels modernes, le recyclage/bricolage est devenu un véritable art permettant de bénéficier d’engins d’appui, à l’instar du 15cm sIG 33 (Sfl.) auf Panzer III Ausf. H, antiaériens, avec le Flakpanzer 38(t) auf Selbstfahrlafette 38(t) Ausf. M Gepard, de logistique, de dépannage… Et cette pratique se révélant insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, des prototypes, plus ou moins bien pensés et assemblés à quelques exemplaires, sont mêmes envoyés combattre les T-34 soviétiques, comme les Panzerselbstfahrlafetten 1a 5cm Pak 38 auf gepanzerte Munitionsschlepper ou les 12,8cm Selbstfahrlafetten auf VK.30.01(H).
Ce bestiaire germanique, qui n’a comme seule limite que l’imagination de ses concepteurs, est complété par des machines reprenant des châssis américains, italiens – avec un étonnant Carro Armato M15/42 équipé d’une tourelle de Panzer 38(t) – et même polonais !