Article fait par :Jean Marie Brams
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Belgique Les Forts Belges Leur Armement
Jean Marie Brams
Depuis les années que je compulse les archives encore disponibles, je constate qu’il y a bien des périodes, des travaux et des projets sur lesquels on ne trouve pratiquement rien. A titre d’exemple, il y a le transfert des coupoles lors du réarmement des six forts de la rive droite et des deux de la rive gauche de la Meuse à Liège.
Dans cette énorme entreprise que fut le réarmement, il y a de nombreuses zones d’ombre et, en ce qui me concerne, la partie la plus obscure est bien la remise en place de certaines coupoles. La première difficulté rencontrée est de savoir exactement ce qui était encore disponible en coupoles à la fin des hostilités. En effet, il faut d’abord déterminer celles qui ont été détruites lors des combats, ensuite celles qui ont été restaurées ou démontées par les Allemands.Pour m’aider, je me suis basé sur le travail effectué par mon ami Willy Houet. Celui-ci a synthétisé tous les renseignements, glanés ici et là, et ce sur tous les forts des trois positions. Ce travail reprend chaque coupole, son type, son état en 1914, son transfert éventuel, son attribution en 1940. Un travail tout à fait extraordinaire.Ensuite, il y a les différentes publications réalisées sur la bataille de Liège et notamment, « Liège Août 14 » de J.-L. Lhoest et M. Georis, « Sous les ouragans d’acier » de Laurent Lombard, le fameux rapport du général Leman et les publications et écrits des A.S.B.L. s’occupant d’un fort de Liège.
Commençons par les informations les plus importantes récoltées à ce jour. Voici des éléments tirés du « Petit Fortillard n° 8 » (2e semestre 2001) dont voici les principaux :
22/9/1916 = Les canons de Flémalle sont emportés.
22/11/1916 = Les coupoles de Liers sont emportées.
15/1/1918 = Les coupoles de Boncelles sont emportées.
26/11/1918 = Les poutres ayant servi au démontage des coupoles sont toujours en place à Embourg et à Pontisse.
Venons-en au fameux rapport du général Leman, terminé vers 1920, où je ne stipule que les dégâts pouvant jouer un rôle pour le réarmement :
Etat des forts en 1914
Barchon :
Grosses coupoles : coupole 21 gauche = une atteinte – coupole de 15 = 4 atteintes – coupole de 12 droite = une atteinte.
Petit calibre : les petites coupoles n’ont rien, sauf la coupole de 5,7 du saillant I a sa calotte trouée et enlevée par un projectile
Evegnée :
Grosses coupoles : coupole de 15 = 2 atteintes – une coupole de 12 = une atteinte.
Petit calibre : les anneaux de béton des coupoles des saillants I et III ont subi des avaries sérieuses.
Fléron :
Grosses coupoles : la coupole de 12 gauche est descendue (?) – coupole de 15 = 2 atteintes – coupole de 12 droite = une atteinte – coupole de 12 gauche = 2 atteinte et la calotte présente une cassure.
Chaudfontaine :
Grosses coupoles : coupole de 12 gauche = 2 atteintes et est disjointe – coupole de 15 = une atteinte – coupole de 21 = une atteinte (reçoit un projectile qui fait exploser des charges à l’intérieur).
Petit calibre : intactes
Embourg :
coupoles enlevées par les allemands.
Boncelles :
coupoles et avant-cuirasses enlevées par les allemands.
Flémalle :
coupoles et avant-cuirasses enlevées par les allemands.
Hollogne :
toutes les coupoles sont intactes.
Lantin :
coupoles et avant-cuirasses enlevées par les allemands.
Liers :
coupoles enlevées par les allemands.
Pontisse :
coupoles et avant-cuirasses enlevées par les allemands.
Parfois, on peut trouver des informations tout à fait surprenantes, notamment dans le livre « Lutte à mort » de M. Mélon et L. Lombard de la collection Cœurs Belges. Ce livre relate la résistance du fort de Boncelles en 1940. Au début du 2e chapitre, on peut lire ceci : « Les travaux commencèrent en 1929. Des équipes spéciales d’ouvriers métallurgistes démontèrent les cinq grosses coupoles de 150 mm, de 120 mm, de 210 mm, les retirèrent de leur puits en béton, puis d’énormes véhicules les emportèrent. Dans les trous béants, on coula du béton ».
Evidemment aujourd’hui, il est difficile de demander aux auteurs d’où ils tiennent cette information ! Je dois dire que j’ai un penchant pour les versions où ce fort ne possède plus de coupole dès la fin de la première guerre. Il y a aussi un document photographique qui, si la légende mentionnant une vue du massif central prise en 1919 est véridique, prouve que ce fort n’a déjà plus de coupole dès cette date.
Massif du fort de Boncelles en 1919.
Voyons tout maintenant les résultats des combats, au niveau des forts possédant encore des coupoles après la première guerre, entraînant des conséquences pour celles-ci. Ces informations sont tirées du livre « Sous les ouragans d’acier » et du livre « Août 14 » à titre d’exemple :
Barchon : un gros projectile éclate dans la chambre à canons de la coupole de 12 droite et la coupole de 5,7 cm du saillant I est fauchée / toutes les coupoles sont bloquées et inutilisables.
Evegnée : la coupole de 15 a son avant-cuirasse brisée – la coupole de 5,7 cm du saillant III est hors service et la coupole de 21 est calée et déchaussée / une coupole de 5,7 cm déchaussée.
Fléron : la coupole de 5,7 cm du saillant II gauche a sa calotte arrachée / les deux coupoles de 21 cm sont faussées.
Chaudfontaine : la coupole de 21 a sa cuirasse arrachée et déplacée de 1 mètre, la coupole de 5,7 cm du saillant II est hors service / une coupole de 5,7 cm hors d’usage et la coupole de 21 soulevée.
Comme on le constate, il y a des différences flagrantes dans l’interprétation des dégâts et il est difficile de se faire une idée exacte de l’état des coupoles à la fin des combats.
Vient ensuite une série de documents qui nous éclairent un peu plus sur l’état des coupoles des forts Brialmont après la première guerre. Pour rappel, une Commission d’Etudes du Système Fortificatif du Pays est créée en 1927. Dans un des résumés de cette commission, notamment celui de février 1928, on trouve des phrases tout à fait intéressantes. Il y en a une qui résume très bien ce qui précède : « Les Allemands avaient enlevés les pièces des coupoles de gros calibre dans tous les forts et les coupoles dans quelques ouvrages. Dans les forts où les coupoles ont été maintenues, les Allemands les entretenaient avec un tel soin qu’elles sont encore en bon état, 10 ans après l’armistice. Il semble que les Allemands avaient l’intention, en fin de guerre, de réarmer les coupoles de gros calibre des forts de l’Est pour la défense de la rive droite de la Meuse.
Cette petite partie de ce rapport est d’une grande importance. Les coupoles laissées par l’occupant sont en bon état puisque les Allemands avaient l’intention de s’en servir. Il y a donc un changement radical dans le comportement de l’occupant. Comme dirait mon ami Luc Malchair : « Il y a un avant et un après Verdun »
Autre précision importante de ce rapport, on cite les forts qui possèdent encore leurs grosses coupoles : Barchon, Evegnée, Fléron, Chaudfontaine et enfin Flémalle. Mais à la lumière de ce qui suit, je pense qu’il n’est fait mention que des forts que l’on veut réarmer.
Egalement dans ce rapport, il est bien précisé que le fort de Flémalle possède encore ses grosses coupoles. Pourtant, le rapport de Leman précise bien : « Rien n’a pu être constaté aux calottes des coupoles et leurs avant-cuirasses, celles-ci ayant été enlevées par les Allemands ». Dès lors, peut-on faire confiance à ce rapport ?
En me basant sur ces maigres données, en fonction des documents retrouvés dans les archives concernant le transfert des coupoles et en connaissant l’armement de nos forts en 1940, on peut établir un inventaire des coupoles existantes encore à la veille du réarmement. Toutefois, quelques remarques s’imposent. Il y a certains faits troublants et que je n’ai pas encore élucidés à ce jour. Le fort de Chaudfontaine recevra une coupole de 5,7cm d’un autre fort, car il semble que celle du saillant I a disparu ou est irrécupérable ? Pourtant, dans les publications, il est fait mention de celle du saillant II. Ce qui est probablement une erreur.
Toujours suivant les publications, la coupole de 5,7 du saillant II du fort de Fléron a sa calotte arrachée. Or, comme vous le constaterez plus loin, il n’y aura pas de transfert de coupole de 5,7 cm au profit de Fléron. Mais, fait troublant, Loncin a une de ces coupoles de 5,7 cm dont on a proprement déboulonné la calotte. Sur les quatre calottes existantes, deux sont installées sur des observatoires créés par les Allemands sur ce fort et une encore en place sur sa coupole. La quatrième aurait-elle été remise en place à Fléron ? Bref, je vous soumets toutes mes constatations sans avoir de réponses les concernant. De même, pour les dégâts subis par les grosses coupoles, je ne trouve aucune mention de transfert éventuel pour celles-ci dans les archives. Finalement, les dégâts à ces coupoles n’étaient peut-être pas aussi conséquents ou alors les documents manquent ?
Après la bataille de Verdun, les Allemands se contentent de préserver les forts proches de la route d’Aix-la-Chapelle et commencent la récupération du métal dont ils ont un besoin pressant. Pourtant, le fort de Hollogne dispose encore de la majorité de ses coupoles
C’est le cas également du fort de Flémalle mais il manque quand même une coupole de 21 cm et les quatre coupoles de 5,7 cm. Ils n’ont peut être pas eu le temps de finir ?
Pour cette coupole de 21 cm manquante à Flémalle, j’ai bien une hypothèse toute personnelle mais qui est en partie contredite par le fait que le fort de Hollogne possèderait encore toutes ses coupoles, mais n’ont-elles pas été utilisées ailleurs ? On sait, que lors des combats, l’obusier de 21 cm du fort de Chaudfontaine est très certainement détruit car, je cite « Sous cette poussée volcanique, la lourde cuirasse de la tourelle est arrachée et déplacée de plus d’un mètre »5. La destruction possible de cet obusier est confirmée dans le rapport Leman. En juin 1930, des transports pour l’aménagement de cette coupole sont effectués par la F.R.C.. Mon hypothèse est la suivante : ne serait-ce pas de cette coupole pour un obusier de 21 cm disparue de Flémalle que l’on prélève les éléments nécessaires pour réhabiliter celle de Chaudfontaine ? Malheureusement, je ne trouve rien qui peut éventuellement corroborer cette hypothèse toute personnelle.
Pour résumer ce qui précède, voici un petit tableau qui reprend l’ensemble des informations obtenues par les différents documents sur l’état des coupoles de nos forts.
Fort |
Coupole présente |
Coupole absente |
Coupoles avec dégâts |
Barchon |
Toutes les coupoles |
|
5,7 S I fauchée C 12 droite |
Evegnée |
Toutes les coupoles |
|
21 déchaussée Avant-cuirasse 15 brisée |
Fléron |
Toutes les coupoles |
|
5,7 S II arrachée 2x21 faussées |
Chaudfontaine |
Toutes les coupoles |
|
5,7 S II hors usage C 21 arrachée/déplacée |
Embourg |
Coupole phare |
Toutes les coupoles |
|
Boncelles |
|
Toutes les coupoles |
|
Flémalle |
2x12 / 1x15 / 1x21 / phare |
1x21 / 4x5,7 |
|
Hollogne |
1x12 / 3x5,7 / phare |
1x15 / 1x21 ;/ 1x12 ? |
|
Loncin |
Toutes ses coupoles |
1 calotte 5,7 |
|
Lantin |
|
Toutes les coupoles |
|
Liers |
|
Toutes ses coupoles |
|
Pontisse |
|
Toutes les coupoles |
|
La majorité des documents retrouvés sur ces transferts de coupoles porte sur les anciennes coupoles de 5,7 cm à éclipse. Dans un des résumés de la Commission de la Meilleure Utilisation de nos forts, il est mentionné ce qui suit : « 75% des coupoles de 5,7 cm étaient encore utilisables à la chute des forts de la place de Liège et seulement 50 % pour celles de Namur. Nous ne les aurions d’ailleurs pas retrouvées aussi intactes, s’il en avait été autrement. » Les notes retrouvées portent essentiellement sur le transfert d’avant-cuirasses mais il est fort probable que les coupoles ont suivi le même chemin.
La première note retrouvée date du 28 mars 1930. A ce moment, des coupoles pour les futurs obusiers de 75 mm doivent être rétablies dans les puits manquants des forts suivants :
4 coupoles au fort de Pontisse, 4 coupoles au fort d’Embourg, 4 coupoles au fort de Boncelles, 4 coupoles au fort de Flémalle et une coupole au saillant I du fort de Chaudfontaine. Ce qui donne un total de 17 coupoles.
On pense évidemment profiter de ce rétablissement de coupoles pour renforcer les anneaux réalisés en béton ordinaire par du béton armé. Une remarque importante est signalée au Directeur du Génie et des Fortifications. Les coupoles à remonter seront de deux types. Celles existant à Liège sont de type Grüson tandis que celles qui viendront d’Anvers seront du type Marcinelle et Couillet. La grande différence entre ces deux coupoles réside uniquement dans la forme des voussoirs d’avant-cuirasse.
Une seconde note, datée du 28 juin 1930, fait référence aux anciennes coupoles de phare qui deviendront l’observatoire central des forts réarmés, c’est-à-dire le P.O.C. (Poste d’Observation Cuirassé). Il est demandé à la Fonderie Royale de Canons (F.R.C.) d’effectuer l’enlèvement des coupoles de phare aux forts de Flémalle et de Hollogne. La F.R.C. stipule qu’elle ne pourra se charger de ce travail qu’à partir du mois d’octobre par suite d’une décision prise d’effectuer des enlèvements de coupoles dans les forts de Namur. Elle demande également que les transports de cuirassements se fassent par l’intermédiaire de l’industrie privée.
Grâce à cette demande, une annexe de cette note reprend tous les transports qui doivent être entrepris par l’industrie privée.
Ces premiers transferts sont uniquement réalisés dans les forts de Liège. Comme cela ne sera pas suffisant, on va devoir se tourner vers les forts d’Anvers.
Voici les premiers transferts effectués :
Fort de Chaudfontaine : une avant-cuirasse de coupole de 5,7 se trouvant au fort de Hollogne et comprenant 3 segments d’un poids de 9 tonnes chacun.
Fort d’Embourg : 2 avant-cuirasses de coupole de 5,7 se trouvant au fort de Hollogne.
Fort de Boncelles : une avant-cuirasse de phare provenant du fort de Flémalle.
Fort de Pontisse : une avant-cuirasse de phare provenant du fort de Hollogne et une coupole de 12 provenant du fort de Flémalle.
Transport à effectuer vers la F.R.C. : 4 coupoles de phare d’un poids de 8 tonnes chacune et se trouvant dans les fossés les forts d’Embourg, de Hollogne, de Flémalle et d’Evegnée.
Transport de 7 coupoles de phare modifiées dans leurs forts respectifs.
Ces premiers transferts sont donc effectués dans la P.F.L.. Le fort de Hollogne est totalement privé de ces coupoles de 5,7(3). Plus étonnant, le fort de Flémalle, qui on le sait, sera réarmé est privé de sa coupole-phare et d’une de ces coupoles de 12 cm. Nous y reviendrons.
En ce qui concerne la coupole du phare cédée à Boncelles, une cloche de type indéterminée sera installé servira de P.O.C.. Les photos que je possède du massif ne me permette pas de spécifier le type de cuirassement (cloche F.M. ?).
Comme on le constate, les coupoles de 5,7 ne sont pas concernées pas ces transferts, seules les avant-cuirasses sont enlevées. Je pense que cela doit faire partie d’une seconde vague de transports car elles doivent passer par la F.R.C. pour être modifiées. Comme la F.R.C. doit déjà effectuer les modifications aux coupoles de phare, je pense que celle-ci ne peut réaliser ce travail à ce moment. Enfin, le transport des 7 coupoles de phare modifiées vers leurs forts respectifs semble supposer que les forts de Barchon, Fléron et Chaudfontaine possédaient encore leur coupole de phare.
Il est certain que ces premiers transferts ne permettent pas de réarmer les forts destinés à l’être. Il manque toujours des petites coupoles dont 4 pour le fort de Pontisse, 2 pour le fort d’Embourg, 4 pour le fort de Boncelles et 4 pour le fort de Flémalle.
Comme dit ci-avant, une décision a été prise d’effectuer des prélèvements dans la P.F.N.. Ce sera le cas, trois avant-cuirasses (et très certainement les coupoles également) sont prélevées au fort de Suarlée dont deux seront destinées au fort d’Embourg et une au profit du fort de Boncelles. Ce prélèvement est effectué aux alentours du mois d’octobre.
Ici aussi, étonnamment le fort de Suarlée est privé de ces petites coupoles alors qu’il sera réarmé.
Le 1 décembre 1930, le Directeur des Travaux Fortificatifs signale qu’il manque les avant-cuirasses pour la remise en état des 3 coupoles de 7,5 dans chacun des forts de Boncelles et Pontisse et de 4 coupoles de 7,5 dans le fort de Flémalle.
Cette lettre amène deux remarques :
1) Le fort de Pontisse a entretemps reçu une coupole de 7,5 dont il n’est fait mention dans aucune note en ma possession. D’où vient-elle ? Actuellement, je n’ai encore aucune information à son sujet.
2) Dans cette note, il n’est encore une fois fait mention que d’avant-cuirasses.
Le 8 décembre 1930, le Directeur de la F.R.C. fait des propositions au Ministère de la Défense Nationale (M.D.N.) pour le prélèvement de ces avant-cuirasses dans certaines coupoles d’Anvers. Le 5 janvier 1931, une réponse favorable est donnée et 18 coupoles de 5,7 peuvent être enlevées dans les forts suivants :
Fort de Schooten = 5 – Fort de Lierre = 4 – Fort de Waelhem = 3 – Fort de Duffel = 2 – Fort de Cappellen = 4.
Ce document comporte également une phrase qui pose question. Il est écrit : « lorsque la F.R.C. aura démonté les deux coupoles du fort d’Emines ». C’est tout à fait étonnant quand on sait ce qui demeure encore d’intact dans ce fort
Une annexe de ce document stipulait les forts dans lesquels des travaux devaient être effectués à certaines coupoles et les différents travaux à exécuter par le Service Technique du Génie groupés par entreprise et par ordre d’exécution. Malheureusement, celle-ci manquait dans la farde. Elle aurait certainement permis d’en savoir un peu plus.
Malgré tout, il existe un cahier des charges rédigé pour le transfert des avant-cuirasses des 18 coupoles de 5,7 cm. Voici la destination de ces avant-cuirasses
Au fort de Boncelles : 9 segments métalliques (= 3 coupoles) d’avant-cuirasses provenant du fort de Waelhem.
Au fort de Flémalle : 12 segments métalliques (= 4 coupoles) d’avant-cuirasses provenant du fort de Schooten.
Au fort de Pontisse : 9 segments métalliques (= 3 coupoles) d’avant-cuirasses provenant du fort de Lierre.
En ce qui concerne les 8 autres, elles sont destinées aux forts de Namur :
Fort de Maizeret = 3 segments métalliques (1 coupole) d’avant-cuirasse provenant du fort de Schooten et 3 segments métalliques (1 coupole) d’avant-cuirasse provenant du fort de Lierre.
Fort de Marchovelette = 9 segments métalliques (3 coupoles) d’avant-cuirasses provenant du fort de Cappellen.
Fort de Suarlée 6 segments métalliques (2 coupoles) d’avant-cuirasses provenant du fort de Duffel et 3 segments métalliques (1coupole) d’avant-cuirasse provenant du fort de Cappellen.
Ce dernier transfert de coupoles de 5,7 permet de compléter l’ensemble des forts réarmés de la P.F.L..
Il reste malgré tout un transfert important qui va être exécuté. En effet, on envisage le transfert d’une ancienne coupole de 2 canons de 12 cm du fort de Flémalle vers celui de Pontisse. Au mois d’octobre 1929, une notre précise les dispositions à prendre pour le rétablissement d’une coupole à 2 canons de 12 cm qui doit provenir du fort de Flémalle à destination du fort de Pontisse. Ces dispositions concernent la manière de renforcer l’avant-cuirasse car celle-ci à un manque de résistance flagrant, c’est de la fonte, et surtout par le fait que les voussoirs sont reliés ensemble de façon précaire. Plusieurs solutions sont évoquées mais je ne connais pas celle qui fut adoptée.
Mais c’est surtout la feuille annexée à cette note qui est intéressante mais qui sort un peu du contexte de ce texte. Elle indique que le Directeur de la Fonderie Royale de Canons n’a toujours pas reçu les intentions du Directeur du Génie d’Anvers concernant le réemploi des 2 coupoles de 15 cm de type Cockerill existant dans la Position Fortifiée d’Anvers.
L’une de ces coupoles existe au fort de Breendonck et l’autre au fort de Bornhem. En fait, les intentions sont de monter le nouveau canon de 120 mm de la F.R.C. soit dans des anciennes coupoles de 12 cm ou de 15 cm d’Anvers. Ces coupoles sont destinées aux forts de Pontisse et d’Eben-Emaël. Une coupole de 12 cm peut être récupérée au fort de Hollogne et sera destinée au fort d’Eben-Emaël et une autre au fort de Flémalle à destination de celui de Pontisse.
La F.R.C. constate finalement qu’il n’y a pas de possibilité d’installer dans les anciennes coupoles de 12 cm ce type de canon. Les dimensions de la coupole sont incompatibles et la puissance vive à la bouche est trop grande pour faire supporter aux affûts et à la charpente les réactions résultant de la percussion du tir.
Par contre, le canon de 120 mm peut être monté dans les anciennes coupoles de 15 cm moyennant la construction d’un affût spéciale. Je reviendrai sur ces futures coupoles de 120 mm à la fin de ce sujet.
Revenons à celle du fort de Pontisse. En décembre 1930, on demande à la F.R.C. de bien vouloir prendre les mesures nécessaires pour l’enlèvement des parties métalliques de la coupole de 2 canons de 12cm droite, dont le puits doit être obturé. Celle-ci, qui est encore en place, doit être réinstallée à Pontisse. Ce travail comprend :
1) la remise en état du puits de la coupole jusqu’au niveau d’appui de l’avant-cuirasse.
2) le placement de l’avant-cuirasse.
3) le bétonnage de l’anneau circulaire de l’avant-cuirasse.
On profitera de ce travail pour exécuter également la construction de l’anneau en béton autour de l’avant-cuirasse de la coupole-observatoire du fort de Pontisse pour laquelle l’avant-cuirasse est sur place.
Un cahier des charges, rédigé durant l’exercice de 1931, donne des précisions sur les différents poids des pièces composant cette coupole :
Voussoirs d’avant-cuirasse = 4 x 13 tonnes + 2 x 15,4 tonnes.
Segment de calotte = 1 x 13 T + 1 x 16,5 T + 1 x 11,5 T.
Double tôlerie de calotte = 1 x 6,8 T.
Tourelle = 1 x 24 T.
Segment de chemin de roulement = 3 x 2,8 T + 3 x 4 T.
Pièces détachées 1 x 15 T.
Ce qui nous donne un total de 190 tonnes.
Tout ce matériel sera déposé au fort de Flémalle sur le glacis du fort entre la rampe d’accès et le saillant IV. Le coût estimé à ce moment est de l’ordre de 119.685 francs.
En octobre 1931, le Directeur des Travaux Fortificatif signale au M.D.N. que la F.R.C. n’a toujours pas procédé au démontage de la coupole de 12 cm de Flémalle. Elle a simplement procédé au montage d’un pont métallique sur le fossé de gorge du fort et a dégagé le béton autour de l’avant-cuirasse. Elle compte bien entamer le démontage incessamment et l’on pourra ainsi établir le projet de mise en adjudication.
Je n’ai plus retrouvé de note concernant le transfert de cette coupole ou d’autres documents relatant d’autres transferts pour la P.F.L.. En annexe, vous trouverez un tableau reprenant l’armement des forts en 1914, en 1940, la provenance des coupoles ainsi que les interrogations sur certaines.
Cette différence implique que le placement des étagères à munitions devra être organisé différemment.
Subsistant en 1919
Marchovelette
Coupole de 5,7 : toutes enlevées, bétonnage sauté à l’explosif en 1918
Coupoles de 21 : entièrement démolies, bétonnage sauté, ne reste que des débris de charpente
Coupole de 15 : entièrement démolies, quelques débris de charpente restent, une demi-calotte
Coupoles de 12 : entièrement démolies, quelques débris de charpente restent, deux demi-calottes.
Coupole phare: ne reste que la coupole
Remarques : deux tourelles blindées semblent avoir garni la banquette de tir, elles sont près du fossé de gorge. Un observatoire blindé près de la coupole démolie du saillant I-II
Cognelée
Coupole de 5,7 : détruites
Coupoles de 21 : détruites, bétonnage sauté à l’explosif
Coupole de 15 : détruite, bétonnage sauté à l’explosif
Coupoles de 12 : détruites, bétonnage sauté à l’explosif
Coupole phare : détruite
Remarques : les avants-cuirasses endommagées en 1914 ont été en partie remplacée par du béton armé.
Emines
Coupole de 5,7 SI : démolie, bétonnage sauté, reste pivot et contrepoids
Coupole de 5,7 SII : démolie, reste pivot et contrepoids, charpente et débris de calotte
Coupole de 5,7 SIII : démolie en 1914, remplacée par un observatoire bétonné, avec porte blindée.
Coupole de 21 : démolie, reste l’avant-cuirasse. La calotte en deux segments sur le massif central
Coupole de 15 : reste la calotte ??
Coupoles de 12 droite : reste charpente et calotte
Coupole de 12 gauche : démolie, reste charpente
Coupole phare : la cuirasse et le pivot en bon état, reste les tuyauteries
Remarques : banquettes de tir : deux tourelles blindées (cabines d’observation reliées par porte-voix au massif central).
Grosses poutrelles pour pont, un chariot de laminoir (marque Ougrée Marihaye n°404)
Suarlée
Coupoles de 5,7 : restent charpente et calotte en bon état, celle du saillant deux gauche avait été détruite en 1914 au point de ne pouvoir être remise en état et fut remplacée par un observatoire blindé = 2 envoyée à Embourg et une à Boncelles + Reçoit 2 de Duffel et une de Capellen
Coupoles de 21 : restent les calottes en bon état
Coupole de 15 : reste charpente et calotte en bon état
Coupole de 12 gauche : reste charpente et calotte en bon état
Coupole de 12 droite : reste charpente et calotte en bon état
oupole phare : la cuirasse et le pivot en bon état. Reste de la tuyauterie et le mouvement à bras
Remarques : banquettes de tir : deux tourelles blindées d’observation reliées par porte-voix au massif central. Au saillant II, un observatoire blindé dans une masse bétonnée (ancienne cheminée d’aérage)
Au dehors : deux tourelles blindées
Malonne
Coupoles de 5,7 : elles peuvent toutes tourner, seuls le canon et le berceau ont été enlevés
Coupole de 21 : la calotte, l’avant-cuirasse et des vestiges du plancher de la chambre à canon
Coupole de 15 : la calotte, l’avant-cuirasse, le manteau cylindrique, le plancher, les circulaires de roulement, les galets et l’engrenage de mouvement lent
coupoles de 12 : les deux coupoles sont dans le même état. Calotte, avant-cuirasse, les flasques d’affût, les circulaires de roulement, les galets et le plancher de la chambre à canon
Coupole phare : la calotte subsiste et l’ensemble des installations hydrauliques
Remarques : la ligne de feu : deux observatoires non cuirassés non transportables, un autre observatoire bétonné
Saint-Héribert
Coupoles de 5,7 : elles peuvent toutes tourner, seuls le canon et le berceau ont été enlevés
Coupole de 21 gauche : calotte, manteau, flasques d’affût, etc.
Coupole 21 droite : il ne subsiste que la calotte et l’avant-cuirasse
Coupole de 15 : calotte, manteau, avant-cuirasse, etc
Coupole de 12 gauche : calotte, manteau, avant-cuirasse, etc.
Coupole de 12 droite : idem
Coupole phare : bon état
Remarques : la ligne de feu : deux observatoires non cuirassés non transportables, un autre observatoire bétonné
De nombreuses pièces de coupole sont remisées dans le fossé du front de gorge
Dave
Coupoles de 5,7 : elles peuvent toutes tourner, seuls le canon et le berceau ont été enlevés
Coupole de 21 : la coupole est désaxée, la cuirasse et l’avant-cuirasse seules subsistent
Coupole de 15 : la calotte, l’avant-cuirasse, etc.
Coupole de 12 gauche : idem
Coupole de 12 droite : idem
Coupole phare : hors service mais subsistent cuirasse et installations hydrauliques
Remarques : un observatoire cuirassé est placé sur la ligne de feu et deux autres non installés sont dans le fossé de tête
Andoy
Coupole de 5,7 SI : supprimée et remplacée par un observatoire cuirassé
Coupole de 5,7 SII : paraît faussée
Coupole de 5,7 SIII et IV : peuvent tourner
Coupoles de 21 : des deux coupoles, il ne reste que la calotte et l’avant-cuirasse. Une des deux aurait été noyée dans du béton ??
Coupole de 15 : la calotte, l’avant-cuirasse, etc.
Coupoles de 12 : ?????
Coupole phare : hors service mais cuirasse et installations hydrauliques existent
Remarques : sur la ligne de feu deux observatoires cuirassé non bétonnés.
Maizeret
Coupoles de 5,7 : elles peuvent toutes tourner pourtant le fort reçoit une coupole de Schooten et une de Lierre ? Où sont-elles allées ?
Coupole de 21 : la calotte, etc.
Coupole de 15 : la calotte, etc.
Coupole de 12 gauche : l’intérieur de la coupole est rempli de béton
Coupole de 12 droite : la calotte, etc.
Coupole phare : il est remplacé par un observatoire cuirassé (tourelle observatoire blindée)
Remarques : sur la ligne de feu trois observatoires dont un bétonné sur l’ancienne prise d’air
Dans la galerie centrale plusieurs pièces de coupoles
Annexe n° 1
Fort |
Armement en 1914 |
Armement en 1940 |
Remarques et Transferts |
Barchon |
1x2x15 cm 2x2x12 cm 2x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
1xMi/Lg 2x2x105 mm 2x1x150 mm 4x1 ob.x75 mm P.O.C. |
1 coupole saillant I ? |
Evegnée |
1x2x15 cm 2x1x12 cm 1x1x21 cm 3x1x5,7 cm Phare |
1xMi/Lg 2x1x105 mm 1x1x150 mm 3x1 ob.x75 mm P.O.C. |
|
Fléron |
1x2x15 cm 2x2x12 cm 2x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
1xMi/Lg 2x2x105 mm 2x1x150 mm 4x1 ob.x75 mm P.O.C. |
S II = calotte de Loncin ? |
Chaudfontaine |
1x2x15 cm 2x1x12 cm 1x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
1xMi/Lg 2x1x105 mm 1x1x150 mm 4x1 ob.x75 mm P.O.C. |
HS = aménagement (C 21 Flémalle ?) S I = 1 C de Hollogne
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Embourg |
1x2x15 cm 2x1x12 cm 1x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
Néant Néant Néant 4x1 ob.x75 mm P.O.C. |
Toutes les coupoles sont enlevées
2 C de Hollogne + 2 C de Suarlée Phare existant |
Boncelles |
1x2x15 cm 2x2x12 cm 2x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
Néant Néant Néant 4x1 ob.x75mm P.O.C. |
Toutes les coupoles sont enlevées
3 C de Waelhem (MC) + 1 de Suarlée Flémalle |
Flémalle |
1x2x15 cm 2x2x12 cm 2x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
1xMi/Lg 1x2x105 mm 1x1x150 mm 4x1 ob.x75 mm Cloche ? |
1 envoyée à Pontisse 1 manquante (pour Chaudfontaine ?) 4 C de Schooten Cloche de type indéterminé |
Pontisse |
1x2x15 cm 2x2x12 cm 2x1x21 cm 4x1x5,7 cm Phare |
Néant 1x2x105 mm Néant 4x1 ob.x75 mm P.O.C. |
Toutes les coupoles sont enlevées 1 C de Flémalle
3 C de Lierre (MC) + 1 C inconnue Hollogne |
Annexe n° 2
Fort Armement en 1914 |
Etat des coupoles |
Armement en 1940 |
Remarques |
Maizeret 1x1x21 cm 1x1x15 cm 2x1x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Bon état Idem 1 intacte et 1 coupole remplie de béton Bon état Détruit |
Réarmé Comblé 1x2x105 mm Mi et Lg 4x1 ob.75 mm Cloche |
? 2 transférées |
Andoy 2x1x21 cm 1x1x15 cm 2x2x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Démolies, une noyée dans du béton Bon état Pas de description ? Trois intactes et une détruite HS mais subsiste |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP Mi et Lg 4x1 ob.75 mm P.O.C. |
? |
Dave 1x1x21 cm 1x1x15 cm 2x1x12 cm 3x1x5,7 cm phare |
Désaxée restent cuirasse et A-C Bon état Idem Idem HS mais subsiste |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP Mi et Lg 3x1 ob.75 mm P.O.C. |
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St-Héribert 2x1x21 cm 1x2x15 cm 2x2x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Bon état et une reste calotte et A-C Bon état Idem Idem Idem |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP 2 x Mi 4x1 ob.75mm P.O.C. |
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Malonne 1x1x21 cm 1x1x15 cm 2x1x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Bon état Idem Idem Idem Idem |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP 2 x Mi 4x1 ob.75 mm P.O.C. |
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Suarlée 2x1x21 cm 1x2x15 cm 2x2x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Bon état Idem Idem 1 détruite les autres en bon état Bon état |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP Mi et Lg 4x1 ob.75mm P.O.C. |
2 x transferts |
Emines 1x1x21 cm 1x2x15 cm 2x1x12 cm 3x1x5,7 cm phare |
Reste A-C et la calotte en 2 parties Reste la calotte ? 1 = démolie – 2 = charpente et calotte Toutes démolies (restent parties) Cuirasse et pivot en bon état |
Non réarmé |
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Cognelée 2x1x21 cm 1x2x15 cm 2x2x12 cm 4x1x5,7 cm phare |
Détruites bétonnage sauté à l’explosif Détruite bétonnage sauté à l’explosif Idem Idem Idem |
Non réarmé |
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Marchovelette 1x1x21 cm 1x1x15 cm 2x1x12 cm 3x1x5,7 cm phare |
Détruite Débris de charpente et une ½ calotte Débris de charpente et deux ½ calottes Toutes enlevées Reste la coupole |
Réarmé Comblé 1x2x75 GP Mi et Lg 3x1 ob.75 mm Cloche |
? ? 3 transférées |