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Gloire et Empire n° 82 Janvier Fevrier 2019

Article fait par :Claude Balmefrezol

Mis en ligne le 05/01/2019 à 11:14:57



Gloire et Empire n° 82 Janvier Fevrier 2019

 

A plusieurs reprises, lors des précédents numéros de Gloire & Empire, nous avons eu l'occasion d'évoquer, en marge de campagnes ou d'exploits militaires, certains aspects de la condition féminine dans le cadre des armées de la Révolution et de l'Empire ou de leurs actions. Généralement cantonnées à un rôle auxiliaire quand elles ne sont pas de simples suivantes, les femmes sont noyées dans la cohorte de tous ceux qui, à un titre ou à un autre, participent à la vie des armées en campagne : fournisseurs, ouvriers, marchands, épouses plus ou moins fortunées d'officiers, de généraux, voire de simples soldats. Une armée en campagne est en effet un long cortège hétéroclite où se côtoient toutes les classes de la société.
Il arrive pourtant, bien que cela soit peu fréquent, que l'engagement des femmes aille au-delà de ce rôle accessoire et qu'elles prennent, elles aussi, les armes. On a vu, dans maints récits de témoins, de simples vivandières défendre leur compagnon blessé le fusil à la main ou même recharger les armes des combattants pour accroître la cadence du tir. Par conviction ou par passion, certaines d'entre elles ont bravé les interdits d'une époque où les femmes n'avaient pas leur place dans l'armée pour s'engager comme des hommes. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles ont largement tenu leur rang.
Notre couverture évoque une belle légende, celle de la remise de la Légion d'honneur à Marie Schellinck par Napoléon lui-même au soir de la bataille d'Austerlitz. La réalité n'a pourtant guère besoin d'être embellie ! En 1792, âgée de 35 ans, la jeune femme s'engage parmi les volontaires belges et est blessée à la bataille de Jemmapes. Après les campagnes de Belgique et de Hollande, elle aurait rejoint Italie puis, selon des sources divergentes, servi dans la Grande Armée, en Autriche, en Prusse et en Pologne, participant notamment aux batailles d'Austerlitz et d'Iéna. Quoi qu'il en soit, elle a pris sa retraite en 1807, avec le grade de sous-lieutenant, au terme d'une très honorable carrière.
Vous le découvrirez dans ces pages, même s'il est difficile de démêler la réalité du mythe dans leurs différents parcours, bien d'autres femmes ont pris les armes durant cette longue période de guerres. Elles l'ont généralement fait par fidélité à leurs idéaux, que ce soit pour la cause révolutionnaire ou, à l'inverse, pour défendre le roi et la religion. Ce qui est vrai pour la France l'est tout autant au-delà et il ne faut pas s'étonner de découvrir de brillantes vocations parmi les fières Espagnoles révoltées par le comportement de l'envahisseur français ou encore, lors des guerres pour l'indépendance de l'Allemagne, ou les Prussiennes humiliées comme les hommes par la défaite catastrophique de leur pays face à la Grande Armée en 1806.
Mis bout à bout, tous ces récits offrent un regard fascinant sur un phénomène bien plus répandu qu'on ne l'imagine parfois lors des guerres de la Révolution et de l'Empir