Article fait par :Claude Balmefrezol
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Aero Journal 73 Octobre Novembre 2019
Au début de l’année 1941, les États-Unis demeurent en marge d’un conflit qui déchire l’Europe et l’Afrique du Nord ainsi que la Chine. Si la population est encore majoritairement isolationniste, tel n’est pas le cas de l’administration démocrate du président Roosevelt qui – de plus en plus nettement – va s’engager aux côtés des Britanniques d’une part, et du gouvernement de Tchang Kaï-chek, de l’autre.
Cependant, militaires comme politiques ont pour vocation d’anticiper. Autrement dit, « gouverner c’est prévoir » : ainsi qu’adviendrait-il en cas de capitulation de l’une ou de l’autre des puissances amies qui en Orient comme en Occident résistent aux forces coalisées (au moins en théorie) de l’Axe Rome-Berlin-Tokyo. Quelle sera en outre l’attitude de la Russie soviétique signataire d’un pacte de non-agression avec le Reich allemand ?
La bataille de Kasserine, dernier succès de Rommel en Afrique du Nord, est restée dans l’imaginaire collectif comme un affrontement massif de forces terrestres. C’est vrai, mais c’est sous-estimer les terribles combats aériens qui ont parfois été aussi intenses que les escarmouches menées au sol, notamment quand la météo le permettait. Cette première partie va traiter de ces combats aériens qui en de nombreuses occasions vont refléter les durs affrontements au sol… tout en commençant par une suprématie aérienne de l’Axe. Des deux côtés, des as vont s’affronter, notamment Heinz Bär (221 victoires), Erich Rudorffer (224 victoires), ou encore Harrison R. Thyng (as de 1914-1918 !) et G.K. « Sheep » Gilroy (14 victoires). En un peu moins de onze jours, ce sont pas loin de 60 aviateurs (toutes nationalités confondues) qui seront abattus.
En Europe occidentale, la plupart des fans d’histoires d’aviation connaissent, au moins de nom, Douglas Bader, l’as anglais sans jambes, et Henry Guillaumet, l’un des héros de l’épopée de l’Aérospostale. S’il fallait présenter en quelques mots le pilote soviétique Alexeï Maressiev, le mieux serait probablement de le définir comme la synthèse des deux précédents.
Singulière existence que celle du Dornier Do 17, perçu en juillet 1937 comme un bombardier capable de facilement distancer les chasseurs ennemis, mais qui est très rapidement rattrapé par les progrès techniques et l’optimisation des performances des avions de l’époque. C’en est au point que deux plus tard à peine, la campagne de Pologne en révèle clairement les limites : le ralentissement de la cadence de production est ordonné dès octobre 1939 pour faire place aux Heinkel He 111 et Junkers Ju 88 ! Retour sur une carrière des plus éphémères…