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France 1944 Revue de Détail Legion Etrangère 1e REC France
Article fait par :Claude Balmefrezol
Mis en ligne le 05/01/2020 à 10:21:08
France 1944 Revue de Détail Legion Etrangère 1e REC France
Collection Privée
Merci à Michel et David
Merci à Charles Janier en sa qualite de Maître es Legion
Voir Les Fiches de Michel et David
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Le 1e REC et la 5e DB
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Après la campagne de Tunisie, le G.A/1REC revient au Maroc, puis est restructuré.
En garnison au Quartier Bournazel à Fez, le 1 REC va devenir l'unité de reconnaissance de la 5ème Division Blindée. Entièrement rééquipé en matériel américain,le 1 REC se compose de six
escadrons:
- Quatre escadrons d'automitrailleuses Ford M20.
- un escadron de chars légers.
- un escadron hors rang.
L'escadron de reconnaissance du premier Régiment de Chasseurs d'Afrique est affecté au Régiment, et permet ainsi, la recréation du 5ème escadron.
Sous les ordres du Colonel Miquel depuis le 15/9/1943, le 1 REC effectue son instruction et de nombreuses manoeuvres d'entrainements.
En septembre 1944, après avoir embarqué à Oran, le 1 REC débarquera en Provence avec la 5ème Division Blindée du Général de Vernejoul.
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La 5e DB dans les Vosges
Fin octobre 1944, les éléments de la 5e DB se sont regroupés dans les environs de Vesoul. Elle entre en opération le 14 novembre mais, dès le 1er novembre, des éléments ont été engagés dans une opération de diversion. Le plan de de Lattre est d'attirer et maintenir, si possible, l'ennemi dans les Vosges, dans le but de faciliter l'opération du 1er corps d'armée (CA) dans la Trouée de Belfort.
1 - Attaque de diversion (1er-6 novembre 1944)
Au cours des nuits du 27 au 28 et du 28 au 29 octobre, la division fait mouvement vers le nord. Le poste de commandement de la division s'installe à Luxeuil-les-Bains.
L'artillerie de la 5e DB et le Combat Command 6 (CC6) sont mis à la disposition du 2e CA par ordre particulier nos 116 et 119 du général commandant la 1re Armée française.
Le 1er novembre, le CC6 est engagé.
Tout le CC6, à part certaines unités de reconnaissance, se dirige vers Remiremont. Cette opération sert de diversion afin d'attirer les Allemands avant l'attaque de Belfort.
Le 2 novembre, la 3e division d'infanterie algérienne (DIA) est répartie en deux groupements tactiques qui bénéficient des différentes unités mises à leur disposition par la 5e DB: le groupement tactique 4 (GT), composé des 2e et 4e escadrons du 6e régiment des chasseurs d'Afrique (RCA) et le GT3, formé du 3e escadron du 6e RCA.
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Le CC6 se dirige vers Remiremont (Coll. part.)
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Le 3 novembre, l'attaque est lancée à 8 heures. La patrouille de chars et l'infanterie qui se dirigent vers Remiremont ont fait une reconnaissance sur la scierie et le pont de Cens-la-Ville. La progression est lente car les routes sont minées.
À 14 h 30, les chars arrivent devant le village de Menaurupt. Deux chars Panther sont mis en fuite. La patrouille est prise à partie par un Pak. Les servants sont neutralisés et la pièce ainsi qu'un canon de 150 mm sont pris. Le 3e escadron du CC6 ne peut accomplir sa mission car deux chars sont arrêtés dans leur course. Le premier a sauté sur une mine; le second est embourbé. Le 4e escadron se dirigeant sur Haut-du-Tôt, est retardé par des barrages de mines.
À 17 heures, un peloton est parvenu à la scierie, un autre réduit la garnison sur la crête dominant la Sotière et pousse jusqu'à Lyris. Pendant ce temps, le peloton de Maraumont occupe Blancfaing.
À 17h15, l'avance se poursuit, le peloton Chevallier atteint Vieux-Mont, réalisant une avance de 3 km. Dans la nuit du 3 au 4 novembre, un retour offensif des Allemands à l'arme automatique est neutralisé, le peloton faisant cinq prisonniers, s'empare d'une mitrailleuse et de cinq Panzefaust.
Le 4 novembre, le 3e escadron entre dans Rochesson, l'infanterie à Lyris et Blancfaing est récupérée par deux pelotons du 4e escadron.
Le 5 novembre, les combats continuent..
Le 6 novembre, les escadrons de chars moyens gagnent des positions de cantonnement : le 2e escadron se rend à Saint Amé , le 3e à Brehavillers et le 4e à Autrive. Quant au 1er escadron, il est mis à la disposition de la 3e DIA et se porte à Planois.
Ansi, du 1er au 11 novembre, les unités du CC6 sont les premiers à recevoir le baptême du feu. Quelques jours de repos lui sont octroyés au cours des quels le matériel, qui a beaucoup souffer, est remis en état
2 - La Trouée de Belfort (14-30 novembre 1944)
Pour étudier les opérations militaires de la 5e DB, nous allons voir, jour après jour, avec l'éphéméride de la 5e DB, le parcours effectué par chacun des trois combat command de la division.
Le 14 novembre, mouvement sur la région est de Vesoul où toutes les unités cantonnent dans la région de Noroy-le-Bourg. Quant à la 1er Armée française, elle borde les Vosges et est arrêtée devant la Trouée de Belfort. C'est l'heure pour toute la 5e DB du général de Vernejoul, d'entrer en action.
Lors d'une visite, Churchill pose cette question à de Lattre : « Vous n'allez tout de même pas faire attaquer ces garçons par un temps pareil ? ». De Lattre répond: « il n'en est pas question », mais l'ordre a déjà été donné pour combattre dans la Trouée de Belfort. Le 14 novembre, il déclenche l'attaque à laquelle vont participer, sous les ordres du général Béthouart, commandant le 1er corps d'armée, la 1er DB et surtout la 5e DB.
L'ennemi a travaillé pendant deux mois pour compléter les défenses de Belfort, réarmant les forts et s'organisant en profondeur. Richement doté en artillerie, l'ennemi est puissamment accroché. Le 14 novembre, le QG de la 5e DB se dirige sur Chassey-les-Montbozon; le CC4 se rend sur les arrières ouest de Villersexel; le CC5, quant à lui, va à Mesandans.
Le 15 novembre, le CC4 et le CC5 sont mis à la disposition de la 2e division d'infanterie marocaine (DIM) pour poursuivre l'opération engagée le 14. Ainsi, à 13 heures, le CC4 est engagé sur l'axe Fallon-Bournois-Geney-Onans et le CC5 sur l'axe Soye-Mancenans-Bretigney. En fin d'après-midi, Arcey est pris par le CC4; le CC5 est devant Sainte-Marie. Quant au CC6, il fait mouvement sur Noroy-Le Bourg-Molans. Ce jour-là, la 5e DB est totalement engagée.
Le 16 novembre, poursuivant leur opération, le CC4 prend, en fin de journée, Aibre, Laire, Semondans et Desamment accroché. Le 14 novembre, le QG de la 5e DB se dirige sur Chassey-les-Montbozon; le CC4 se rend sur les arrières ouest de Villersexel; le CCS, quant à lui, va à Mesandans. Desandans. Le CC5 a reçu dans la nuit, à 4 heures, l'ordre donnant l'heure H: « 7h45 attaque de Sainte-Marie. A 7 h 30, elle sera retardée et repoussée à 10 heures. L'aspirant Martin, avec deux tanks destroyers (TD), appuiera un détachement qui passe par la sortie nord de Montenois-Arcey et Sainte-Marie. Le lieutenant Boulay, avec deux TD, et le peloton Bon occupent des positions à l'est de Montenois, face à Sainte-Marie. Mission: tir sur toute arme automatique repérée. Le peloton Blanié fait la même chose et rend compte à 18 heures qu'il a un TD dont le radiateur est crevé. Les pelotons Boulay et Girard Bon entrent dans Sainte-Marie à 17 heures et s'installent en anti-chars... ».
Le CC5 est entré dans Sainte-Marie.
Le 17 novembre, les CC4 et CC5, opérant en avant de la 2e DIM, s'emparent d'Héricourt et Montbéliard.
2.1 - Héricourt (15-17 novembre 1944)
Le CC4 du colonel Schlesser et la 2e DIM vont prendre Héricourt. La 2e DIM a pour mission d'attaquer sur l'axe Geney-Héricourt. Le CC4 est engagé sous ses ordres et, par conséquent, a pour mission Héricourt. Schlesser articule le CC4 en trois sous-groupements: A, B et C. Chacun est constitué avec un escadron de chars du 1er cuirassier (CUIR) de la 5e DB, d'une compagnie de régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE) et d'une section de la 2e compagnie du 96e Génie. Schlesser élabore une tactique en vue de la prise d'Héricourt par le CC4. La mission du CC4 est, avec l'aide des 4e et 8e régiments de Tirailleurs marocains (RTM), d'emprunter la route nationale 83 (1). L'idée de manœuvre est de simuler un effort principal sur cet axe en faisant mine « d'injecter » le gros du CC(2). Pour cela, le sous-groupement B est chargé de faire le maximun de volume sur cet axe pour attirer le plus d'ennemis possibles, car sa mission est d'attaquer par la RN 83.
Profitant de la diversion, le plus gros des troupes du CC4 doit se rendre au plus près d'Héricourt. C'est à la clairière de Laire que les forces vont être regroupées car ce lieu offre beaucoup d'avantages: il est proche d'Héricourt et c'est surtout une cuvette où les troupes sont à l'abri de l'ennemi. Cette cuvette est dissimulée aux regards des observateurs allemands qui, depuis le Mont-Vaudois, surplombent tout sauf cet endroit.
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Tirailleur tapi dans un abri recouvert de branchages. A noter les fusils
M1903 appuyés aux troncs d'arbre et les deux grenades antichars M9A1. (coll. part.) |
L'offensive est déclenchée le 14 novembre à 5 heures du matin.
Les sous-groupements A et C s'efforcent d'atteindre discrètement la clairière. Pour l'heure, il importe de s'emparer d'Arcey qui est la porte principale pour la suite du combat.
D'après les photos aériennes, la préparation défensive de l'ennemi est très sérieuse. Le 4e RTM doit installer une base de feu dans le bois de Fay et le 8e dans le bois de Chanet.
Le CC5 couvrira ses manœuvres.
Le 15 novembre, dès le début de l'attaque, les tirailleurs se heurtent à une dure défense. Dans ces conditions le CC4 ne peut créer une brèche dans les champs de mines qui protègent Arcey. Schlesser veut aller vite et s'emparer de « la porte majeure du champ de bataille » et il veut tenir « la poignée de cet éventail » qui commande la direction de Montbéliard et Héricourt. A 15 heures, il lance l'ordre d'attaquer.
Le second sous-groupement, lancé sur la voie romaine, atteint Arcey et s'empare du village. Les Allemands décrochent sans trop opposer de résistance. Pour quelle raison les Allemands se sont-ils retirés, abandonnant Arcey ?
Le commandement allemand a commis une faute grave car le général Von Oppen, commandant en chef des forces allemandes dans la région, a cru que l'offensive déclenchée le 14 novembre n'était qu'une diversion. De plus, la bataille des Ardennes a provoqué le brusque retrait, dans le dispositif allemand, de trois groupes d'artillerie qui couvraient la RN 83. La situation oblige les Allemands à quitter la RN 83; d'où le trou dont le CC4 a bénéficié. La conséquence de ce retrait a été la prise d'Héricourt.
Le 17 novembre, à 10 heures, le sous-groupement du Breuil et les tirailleurs de la 2e DIM passent à l'attaque. Après une progression très difficile des chars dans les bois, du Breuil fait irruption au sud d'Héricourt et s'empare du Moulin. Le reste du détachement, après de rudes combats, s’empare du pont principal que les Allemands voulaient faire sauter. À l'issue de ces opérations, Héricort est enlevé et la 5e DB a déjà un œil sur le prochain obstacle. Le CC6, pour sa part, libère Saulnot et Champs. Le 18 novembre, les trois CC poursuivent leur avanc. Le CC4, retardé dans sa conquête, atteint, en fin de journée, Echenans. Le CC5 progresse vers le nord et atteint Chatenois. Le CC6 prend Chagey et Couthenans.
Le 19 novembre, la décision est prise de porter l'effort vers le sud. Le CC4 et le CC5 sont rassemblés à Montbéliard. Le CC6 poursuit son avance et s'empare, en fin de journée, de Chalonvillars. Le 20 novembre, le PC tactique (3) de la division se porte à Dampierre-les-Bois, pendant que le CC6 pénètre dans Belfort et que les CC4 et CC5 s'engagent sur la route Montbéliard-Delle, aggravant le problème de la circulation. Des unités et des trains de la lœ DB et de la 9e division d'infanterie coloniale (DIC) sont sur la route secondaire vers Delle, venant de Montbéliard. Que s'est-il passé à Belfort?
2.2 - Belfort (15-25 novembre 1944)
Nous allons détailler plus précisément la bataille de Belfort, comme nous l'avons fait pour Héricourt, car parmi tous les villages et villes traversés et délivrés par la 5e DB, la prise de Belfort, ville fortifiée, ouvre la porte de l'Alsace.
Mais les autres combats, appelés combats « secondaires », comme Héricourt, sont tout aussi importants et décisifs. Sans eux, il n'y aurait pas de batailles dites principales comme celle que nous allons relater. De plus, dans ces batailles journalières dites secondaires, les pertes en hommes et matériel dans chaque camp sont importantes. Le CC4 tente de prendre Héricourt tandis qu'au sud le CC5 s'occupe de Montbéliard avant de continuer sur Belfort.
Avant de progresser vers Montbéliard, le CC5 s'empare du Mont Bart. Pendant ce temps, la résistance allemande s'organise à Montbéliard.
Le 17 novembre, la ville est débordée par l'ouest et les hommes entrent dans la ville. Puis, c'est au tour des TD de pénétrer dans Montbéliard. À 21 heures, la ville est nettoyée. La route vers Belfort s'ouvre aux Français.
La bataille de rupture est gagnée. L'ennemi semble incapable de colmater la brèche. Les blindés commencent l'exploitation. La 5e DB, soutenue par le 2e DIM, se rend à Belfort. Héricourt et Montbéliard étant délivrés, ils peuvent à présent s'attaquer à la Trouée de Belfort. Le plan de de Lattre est de s'emparer du Seuil de Valdieu, qui est la ligne de partage des eaux entre le Doubs et l'Ill. Pour cela, il faut donc aller vers Montbéliard-Dannemarie en réduisant les défenses de Belfort. La Trouée de Belfort offre un étroit passage dont le seuil est barré par dix-huit forts. Les trois CC sont nécessaires pour la bataille. Le 18 novembre, le CC4 et la 8e RTM sont bloqués au fort du Mont-Vaudois. Le CC5 et le 5e RTM, dont la mission est le fort du Bois d'Oye, y sont également bloqués. Le CC6 qui se dirige vers le nord de Belfort, s'empare de Chalonvillars le 19. Le 19 novembre, à la tombée de la nuit, chacun est face à son objectif. Dans la nuit, le fort Salbert est pris d'assaut et enlevé par surprise. Mais le château oppose une défense soutenue et il faudra deux jours pour réduire les derniers foyers de résistance.
Les premières maisons de Belfort sont occupées dès 8 h 30, le 20 novembre, par les commandos d'Afrique qui sont contre-attaqués. À 15 heures, les chars du 6e RCA, pénètrent au cœur de Belfort. Deux jours plus tard, le 22 novembre, Belfort est pratiquement libéré, cependant quelques batteries tiennent la ville sous leur feu et tout débouché vers le nord est impossible. Des Allemands sont encore dans le fort de Séré-de-Rivières et retardent la prise des sorties est. C'est seulement le 25 novembre que la libération de Belfort est totale. Le 21 novembre, le PC de la 5e DB rejoint le PC tactique à Dampierre-les-Bois. Le CC4 est relevé par le CC5 qui progresse ensuite de Vellesco à Chavannes-le-Grand. À 12h30, il s'empare de Chavanne-le-Grand, mais une contre-attaque le chasse à 15 heures.
2.3 - La charge aux phares par un détachement de la 5" DB
La charge aux phares est un événement unique et, pour cela, historique. Le PC est installé dans une maison isolée de Courtelevant.
L’Etat-major du sous-groupement C du CC4 étudie les plans. Les Français se sentent frustrés car, à 2,5 km du carrefour de la N 463 et de la route Lepuix-Delle-Rachezy, l'ennemi a repris cet endroit et résiste. Or, c'est par cette route que le convoi de ravitaillement de la lre DB doit arriver.
Une nuit noire est tombée, le terrain est bourbeux et les Sherman ont du mal à progresser. La 5e DB doit absolument récupérer ce lieu. À 19 heures, l'ordre est donné de reprendre le carrefour quoiqu'il arrive. Pour cela, il est décidé d'agir rapidement et de surprendre l'ennemi. Un détachement de cinq chars et du personnel d'accompagnement est désigné pour l'opération. Les moteurs tournent au ralenti, phares et projecteurs ont été fixés sur les chars et braqués, mais ils sont éteints. Les voilà partis lentement, le plus silencieusement possible dans la nuit noire, nuit exécrable qui, si elle gêne leur marche, devient aussi leur complice. À 21 h05, un kilomètre a été couvert. Soudain au sommet d'un dos-d'âne, à l'orée du bois, à 1,5 km de l'objectif, « la lumière éclate dans le torrent des clartés, le fracas des pièces, la stridence des moteurs, la furie des hommes et des choses, tout s'embrase. Tous les haut-parleurs hurlent: Allumez les feux... Feu à volonté (4) ». Les engins foncent droit sur le carrefour éclairé. Les mitrailleuses arrosent d'un feu continu les lisières. Les légionnaires accrochés aux chars tirent. Les armes automatiques se font entendre. Dans le sous-bois, l'ennemi surpris par l'attaque, s'enfuit. « Parmi les zébrures jaunes et vertes, des balles traçantes rebondissent sur les blindages ennemis, les chars à 30 à l'heure se ruera sur l'objectif (5) ». Quelques chars ont été arrêtés par les Panzefaust. C'est la ruée à terre et le nettoyage à la grenade a remplacé la mitraillette. En quelques minutes les défenseurs ont été tués ou dispersés. « Soldats d'élite, mais dont la valeur célèbre a été prise en défaut par la combinaison de la surprise, de la vitesse, de l'éblouissement et du feu (6) ». Les pertes sont minimes. À 21 h 15, le carrefour est pris. « Soudain, sur le visage buriné de ces hommes que la fatigue vieillissait encore une minute auparavant, le plus merveilleux, le plus fraternellement enchanté des sourires, vint mettre sa douceur enfantine... ». Ils écoutent, venant du sud-ouest, le bruit du convoi de ravitaillement.
Le CC6 nettoie, pendant ce temps, Belfort.
Le 22 novembre, le CC4 attaque à 8 heures et s'empare de Lepuix-Delle. Poursuivant son action et après un dur combat, il prend Suarce et fait prisonniers environ 300 Allemands.
Vers midi, le CC5 attaque, délivrant Chavannes-le-Grand puis Chavanette. Le lieutenant Guinard écrit dans le cahier de marche qu'il tient, à la date du 22 novembre : « Le groupement Miquel doit attaquer Chavannes, puis Chavanette. L'escadron est divisé en trois : le peloton Boulay avec deux pelotons Sherman, aux ordres du capitaine Duchesne, est chargé d'enlever Chavanette avec l'appui de deux compagnies d'infanterie. Heure H = 12 heures. A 14h30, Chavannes est enlevée. Le détachement Duchesne y entre. A ce moment, on signale une auto-mitrailleuse et deux chars allemands qui ont passé le pont de Bretagne par surprise. Le groupement blindé reçoit l'ordre de se porter à leur rencontre; il se porte au carrefour des routes Bretagne-Chavannes et Chavannes-Vellescot. Il s'installe au carrefour à 14h45, (R.A.S.). Le groupe du peloton Girard Bon, qui progresse sur la route, est tiré à la mitrailleuse. A 14h50, une mine explose sur la voiture de commandement, blessant à la tête et à la poitrine l'adjudant-chef Grégoire qui est évacué. À 15 heures, le groupement reçoit l'ordre de laisser un seul groupe de TD au carrefour et de déboucher à 15h30, face à Chavanette. À 15h30, l'attaque débouche, atteint le pont, neutralisant quelques tirs d'armes automatiques. Appuyée par le feu des chars et des TD, l'infanterie pénètre dans Chavanette sans grosse résistance... À 19h 30 seulement, le pont est déminé, le détachement blindé entre dans le village ». Le CC6, quant à lui, continue le nettoyage de Belfort.
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Dans ce tank Sherman Ney 72, atteint par un obus antichar de 88,
quatre membres de l'équipage devaient être tués (maréchal-des-logis-chef Solinier,
brigadier-chef Bricnet, cuirassiersn Py et Hernandez,
le cinquième, brigadier-chef, Colo blessé. (coll. part.) |
Le 23 novembre, les combats continuent à Chavanette et ils sont violents. Le CC5 qui s'est emparé de Magny ne peut s'y maintenir car le pont a sauté. Le CC6, en se portant vers le nord, atteint Grosmagny. Ce même jour, les hommes apprennent que la 2e DB est entrée dans Strasbourg. Ce qui insuffle à ces hommes une volonté farouche de poursuivre jusqu'à la victoire. Le 24 novembre, le CC4 entreprend une manœuvre de débordement sur Dannemarie, en se portant vers Carspach en liaison avec la lre DB. Le CC5 maintient son contact sur la vallée de la Largue. Les itinéraires Seppois-Hirsingue et Seppois-Altkirch sont assurés par un groupement aux ordres du colonel du 11e RCA. L'ennemi tentera plusieurs actions contre ces itinéraires. Le 25 novembre, le PC est à Hirsingue. Le CC4 précise le contact dans la région d'Altkirch en direction de Dannemarie. Le CC5 fait mouvement vers l'est, vers Heimersdorf et le CC6 se rend à Rougemont-le-Château. Le 26 novembre, Hagenbach et Ballersdorf sont pris par le CC4 qui atteint dans la nuit les lisières est de Dannemarie. Le CC5 s'empare d'Aspach et met la main sur le canal à la hauteur de Brininghoffen et entreprend la construction d'un pont. Le 27 novembre, après de très violents et sanglants combats, Dannemarie et Wolfersdorf sont délivrés par le CC4. Le CC5 progresse vers le nord mais auparavant, il s'est emparé de Balschwiller. Le CC6 nettoie la région de Rougemont-le-Château. Le 28 novembre, le CC6 qui s'est emparé de Mortzwiller et Soppe-le-Haut, entre en liaison à cet endroit avec le CC4 qui a, auparavant, délivré Traubach-le-Bas, Traubach-le-Haut, Guevenatten et Bretten. Dans la nuit, le CC5 s'est emparé de Hammerzwiller, Falkwiller, Gildwiller, Sternenberg et Dieffmatten. C'est ce jour-là que la liaison est faite entre le 1er CA et le 2e CA à Soppes-le-Bas. Le 29, Burnaupt-le-Haut et Aspach-le-Pont sont occupés par le CC4. D'ailleurs, il est arrêté à Aspach-le-Pont. Le CC5 est mis en réserve et le CC6 s'empare de Sentheim, Guevenheim et procède au rétablissement d'un passage sur la Doller. Le 30 novembre, l'état-major de la 5e DB, le CC4 et le CC5 sont placés en réserve d'armée dans la région d'Hirsingue-Brechaumont, prêts à entrer en action au profit du 2e CA. Le CC6 est toujours à la disposition de la 2e DIM.
3 – Bilan
La tenaille est refermée mais l'ennemi, malgré de lourdes pertes, a pu décrocher à temps. Au cours de la période du 17 au 29 novembre 1944, les pertes de l'ennemi sont:
- 3 600 prisonniers,
-1200 à 1800 tués.
Quant au matériel, détruit ou récupéré:
- Chars ou automoteurs : 29,
- Canons lourds : 6,
- Canons de 105: 6,
- Canons 88 et 75 Pak : 22,
- Canons AC-50 et au-dessus : 32,
- Véhicules: 27.
Il faut ajouter de nombreuses armes d'infanterie et un train blindé ennemi a été détruit. La 5e DB a perdu de son côté 168
hommes dont 14 officiers et 651 ont été blessés dont 31 officiers. Le cahier de marche donne aussi le bilan pour le CC4 des journées du 16,17, 21,22,26 et 27 novembre. Les pertes sont importantes mais les Français sont aux portes de l'Alsace.
Ils y arrivent avec la 5e DB par la trouée de Belfort et la 2e DB, aux côtés des Américains, par Strasbourg.
Après seulement trois mois et demi, les Français ont réussi à repousser les Allemands sur 700 km.
Katia Menou
1er prix universitaire « Jeune Algérianiste » 2004