Article fait par :Claude Balmefrezol
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Les Blindés français sous l uniforme Italien apres Juin 1940
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Liminaires
Dans cette étude je vais vous parler des chars français qui ont été mis en service dans le Regio Esercito (RE) durant la 2° Guerre Mondiale.
Introduction
Il est de notoriété que l'armée italienne ne pouvait se doter d'engins blindés lourds au début de la 2° Guerre Mondiale, car son industrie était incapable de satisfaire ses exigences. La guerre d'Espagne avait d'ailleurs mis en lumière ces lacunes. Les principaux chars de l'armée italienne étaient au début de la 2° Guerre Mondiale le char léger type L et il commençait seulement à arriver en unité le char moyen de type M. 13.
Mais en aucun cas ce char ne pouvait rivaliser avec les productions étrangères allemandes ou françaises comme le Panzer IV ou le char B 1 bis. Il fallait donc absolument trouver le char lourd pour équiper les divisions blindées du Regio Esercito.
La chute de la France allait fournir en Italie l'opportunité de s'équiper à moindre coût de chars plus adaptés aux conflits modernes mais là aussi les désillusions seront grandes pour les Italiens. À la fin de 1940 les 30 et 31 décembre une réunion a eu lieu entre les chefs d'état-major des armées italienne et allemande, réunion où il a été prévu que l'Italie pourrait acquérir certains matériels de prise auprès de l'Allemagne. Un calendrier de livraison ayant été établi il est convenu que l'Italie pourra disposer à compter de février 41 de chars français afin de rééquiper les divisions blindées encore équipées de chars de type L
Le 18 février le chef de cabinet du ministre de la guerre le général Sorice demanda l'envoi de deux types de chars (Somua et Renault) Ces chars doivent être dirigés vers Rome au 4° Régiment de chars ou vers Bologne à l'Ecole des officiers et des sous-officiers de la Cavalerie. D'autres chars doivent aussi être envoyés au centre d'entraînement des troupes blindées à Bracciano.
Le solde des livraisons de chars sera ensuite stocké en vue de leur affectation future. Mais la livraison de chars ne se fit pas comme l'espéraient les Italiens. En effet sur les 50 Somua seulement 22 furent livrés et sur les 486 Renault promis seulement 124 arrivèrent dans les entrepôts et encore tous ces engins furent livrés sans les pièces de rechange.
Les tests commencèrent immédiatement mais ils ne furent pas concluants. Il fut donc décidé d'affecter ses chars à des unités de deuxième ligne. Quant aux chars français B1 bis char que les allemands ont rebaptisé Char B2 ils ne furent pas livrés. Cela ne veut pas dire que le char B1 ne fut pas essayé par les Italiens.
En effet grâce à la CIAF (Commission Italienne d'Armistice en France) certains exemplaires saisis à Marseille furent envoyés en Italie. Mais aucune livraison de Char B1bis ne fut faite par les Allemands. Ainsi les Italiens se retrouvèrent sans aucun char lourd alors que les études sur le char P 40 traînaient en longueur.
Afin de pallier à cette carence FIAT décida de lancer l'étude de la production du char T3 ou Panzer III en Italie en vue de fournir à parité l'armée italienne et l'armée allemande.
Une rencontre eut lieu à Berlin entre les industriels et les officiels allemands qui étudient la faisabilité du projet auprès des consortiums FIAT et Ansaldo. Les difficultés apparaissent alors (armement de du char, quantité à fournir aux Allemands, motorisation) Ces difficultés donnent un coup d'accélérateur au programme du Char P40 et entraîne l'abandon de la production sous licence du Panzer III. Il est prévu alors que le char P 40 puisse être disponible mi 1943.
Alors que la décision d'acquérir des chars allemands tombe à l'eau le 6 décembre 1942 les Allemands transmettent au Chef d'Etat-Major de l'armée italienne une note prévoyant d'accorder l'autorisation de construire le char Panther. Face à cette offre les Italiens hésitent : En effet à la fin 1942 le char P. 40 est quasiment près , de plus certains officiers dans les état-majors tant italiens qu'allemand insistent sur une harmonisation des armements au sein des alliés de l'Axe. Une mission d'étude italienne est alors envoyée en Allemagne afin d'évaluer le nouveau char.
Entre-temps en Italie les études pour trouver un char moyen supérieur au M13 continuent il est donc décidé de tester le char tchécoslovaque de 18 T le T 22, char qui sera adopté par les Hongrois sous le nom de Turan Mais là aussi tout se complique et les projets de production de ce char d'origine étrangère tombent à l'eau. Le char moyen italien sera toujours le M. 13 modifiée en M14 pour le restant du conflit
Le matériel français.
Le 30 décembre 1940 le général allemand von Thomas propose aux Italiens une certaine quantité de matériel de prise français 350 R35 50 S 35 et 110 B1 bis
(Télex N. 56A STAMAGE/15.01.1941 Berlin 19h 30M
L'offre se décompose ainsi
S 35 livraison immédiate 30 .Les 20 autres seront livrés sous 7 semaines.
R 35 140 immédiatement 210 suivants à raison de 50 / mois.
Char B1 bis 23 immédiatement 87 à raison de 20/ mois.
La Direction Générale de la Motorisation émets immédiatement un avis favorables, d’autant qu’une commission d'étude est partie faire le point à Paris. Les résultats de cette mission sont les suivant (Ministero della Guerra DGM Protetto N5460 du 24 Janvier 1941 )
S.35 : bon pour l'emploi, il est prévu l'adaptation de l'équipement radio d'origine allemande mais il reste à définir les modalités d'acquisition de ce système.
R 35 Char lent sans sa radio il faut insister pour avoir l'équipement radio.
B1 bis Char très lourd armement en casemate la radio est prévu mais il faut insister pour avoir cet équipement.
Les conclusions sont favorables pour le S 35 et le R 35
Par contre elles sont défavorables pour le B1 Bis à cause des problèmes de transport et de manutention.
Mais les Italiens ne se contentent pas de ces chars « offerts « par les Allemands
Par le biais de la Commission Italienne de l'Armistice en France ( CIAF) ils réussissent à obtenir d'autres blindés.
F. T. 64 chars dans un état moyen qui sont dirigés sur Turin au 1° centre Automobile
B1 bis 8 dans un état moyen qui sont dirigés aussi sur Turin.
Ici se posent le problème du transports des chars sur route Le problème des transports des chars sur route n’était pas prévu par l'état-major français qui misait beaucoup sur la voie ferrée.
Dans les bataillons de chars français on ne trouvait des engins de transports que pour enlever des engins en panne ou endommagés
Le nombres de véhicules dans les régiments blindés étaient le suivant
3 par bataillon de chars légers
1 tracteur avec semi-remorque pour chaque compagnie de char B
2 tracteurs pour chaque escadron de chars S 35.
En Mars 1941 il fut décidé d'envoyer du personnel Italien en Allemagne à l'école de Wünsdorff pour se familiariser avec ces nouveaux engins Français
Restait encore le problème des munitions. L'attaché militaire italien reçoit le 24 avril 1941 une lettre prévoyant la dotation de 250 obus explosifs, 250 obus antichars, et 10 000 cartouches de mitrailleuses pour chaque char livré. Mais la réception du matériel français n'était pas du goût de tout le monde le général Favagrosso propose même le 1er juin 41 de ne pas payer le matériel mais de le stocker à l'abri pour le restituer en fin de guerre .Entre-temps l'entraînement des équipages se poursuit car les livraisons des chars sont imminentes
le 24 avril 1941 les premiers R 35 sont pris en compte et le 31 mai 1945 est créé le 131e régiment de chars avec un bataillon de S35 (C. C à 2 compagnies) et deux bataillons de R 35 (C I et C II) ainsi qu'un quatrième bataillon en cours de formation. La dotation en munitions est complète le 18 juin 1941.
Mais entre-temps le 5 mai 1941 des nouvelles inquiétantes provenait d'Allemagne l'attaché militaire Italien (Note SMRE (Stato maggiore dello Regio Esercito) Ufficio Servici IN 104333 protetto secreto) signale que la livraison de tous les matériels est suspendue ainsi que celles de pièces détachées et des munitions. Cette mauvaise nouvelle arrête la formation des six bataillons de chars prévus sur R 35 (numérotés de I à VI) avec les 350 chars prévus
Il a fallu donc revoir tout l’organigramme des bataillons et les transformation vont affecter le III° bataillon qui devient un bataillon d’instruction, les IV° et V° sont transformer sur S35 alors que le VI° reçoit des chars L
Par la même occasion il est décidé de ne pas envoyer ces chars en Afrique.
Le problème des munitions se pose aussi car les livraisons sont elles aussi modifiées voire suspendues
Pour les mitrailleuses aucune cartouche ne sera livrée
Pour les canons de 37 mm 200 000 coups au lieu des 900000 prévus
Pour les canons de 47 75 000 au lieu des 150000
Suite à la décision de non envoi des chars d’origine française en Afrique ceux ci furent donc stationnés en Sicile avec les éléments de la VIe armée ainsi que la Sardaigne.
Une inspection du 131º Reggimento fanteria carrista donna lieu à des rapports alarmistes ; Le régiment est mal commandé et les engins présentaient de graves défaillances mécaniques aggravées par le fait qu’il n’y avait pas de pièces de rechange
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Le 131e régiment de chars (131º Reggimento fanteria carrista) a été formé à Sienne le 27 juillet 1941 sur la base du 31e régiment de chars (31º Reggimento fanteria carristi). Les chars français capturés Renault R35 et Somua S35 transférés du 4e régiment de chars entrèrent en service. Il était stationné au Frioul. Le 15 août 1941, le régiment a subordonné la 131e division blindée Centauro (131ª Divisione corazzata "Centauro").
En janvier 1942, le régiment est retiré de la division, divisé en plusieurs parties. Le 101e bataillon (CI battaglione) était subordonné au 12e corps d'armée (XII Corpo d'armata) et le 200e bataillon (CC battaglione) était subordonné au 13e corps d'armée (XIII Corpo d'armata) et envoyé en Sardaigne. Le reste du régiment est subordonné au 16e corps d'armée (XVI Corpo d'armata) et envoyé en Sicile. En août, le régiment est envoyé pour restaurer la division Centauro. Mais après la capitulation de l'Italie le 8 septembre 1943, le régiment est dissous.
le 23 août 1943 un ordre émanent un CSMG (Consiglio Superiore del Ministerio della guerra) ordonne que les chars français affectés à la VIe armée soient répartis en petits groupes pour être employés dans des actions limitées.
Il reste à voir ce qui a été fait des chars B.
Ces chars envoyés à l'école du génie et de franchissement. Dès les 8 novembre 1941(il s’agit de 2 exemplaires en mauvais état dont un sans tourelle)
Tous les engins (B1 et S35) après les essais qui se termineront le 25 mai 1943 furent ensuite utilisés comme cibles les terrains de tirs de Cirié et Furbara. (Note Commando Supremo contresigne par le Duce)
Le 4 juin 1943 il fut décidé d'expédier des chars B.1 bis saisis par la CIA F. à Marseille dans l’usine FCM à Gènes chez Ansaldo
Il est à noter que la CIAF avait récupéré à l'usine FCM de Marseille une vingtaine de châssis de chars B1 à différents stades de construction ; Ces chars auraient pu être achevés mais rien n'a été fait et les châssis restèrent tels quels alors que les Allemands se sont empressés de réutiliser les chars B. lorsqu'ils le ne pouvaient