Article fait par :Claude Balmefrezol
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Les navires de Nemi
Avec l autorisation de JC Golvin |
Photoscopes des navires de Nemi sur maquetland
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Nemi
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Il est des destins bizarres et celui des navires de Nemi en fait partie
En effet ces navires romains ont navigué pendant une courte période, sur le lac de Nemi. Sous le regne de Caligula . Ensuite pendant près de deux millénaires, ils ont dormi au fond du lac
ensuite ils furent extraits du lac pour être exposés dans un Musée où moins de 10 ans plus tard ils furent en pleine guerre Mondiale dévorés par les flammes.
Mais qui sont ces navires ?
Paradoxalement aucun auteur de la Rome antique n'en a jamais parlé et leur existence ne fut conue o du moins supposée que parce que des pêcheurs, du Moyen Âge, de temps en temps, en plus du poisson, apportaient à la surface de nombreuses découvertes archéologiques qui prouvaient que quelque chose se trouvait au fond du lac
Mais nul ne savait exactement ce qu’il y avait aussi l'imagination donna à penser que nous sommes en présence de trésors cachés,surtout lorsque chaque fois que les filets arrachaient quelque chose du fond , C’était donc la preuve que... quelque chose était là.
Les siècles ont passé et de temps en temps des tentatives furent lancés pour comprendre ce qui qu’il y avait au fond mais sans l'esprit de recherche scientifique qui doit caractériser une campagne de récupération archéologique. A la décharge il faut dire qu'aux siècles passés cet esprit n'existait pas, Il y avait l'initiative d'individus qui, dans la liberté d'action la plus complète et sans aucun contrôle de l'État, pouvaient prendre ou plutôt piller tout ce qui appartenait au passé.
Il faut bien savoir que tout au long du Moyen Âge, mais aussi à une époque presque contemporaine les grands de ce monde les papes en premier ont à plusieurs reprises, ont démantelé les merveilleuses œuvres de la Rome antique pour en faire des briques ou pour batir leurs palais.
Le Colisée lui-même, le plus grand monument de Rome, n'a pas échappé à ce sort. Les marbres qui recouvraient les murs ont été enlevés, et aujourd'hui on ne peut qu'admirer les trous dans lesquels leurs supports ont été insérés.
Avec ses pierres on a construit d'autres monuments et églises qui devaient remplacer ceux érigés en l'honneur des dieux "faux et menteurs".
Cela est faux car Rome, a accueilli et honoré tous les dieux vénérés par les peuples avec lesquels elle est entrée en contact. Le Panthéon de Rome possédait un autel pour chaque divinité
Cette incursion dans le Passé nous rappelle que l’on en se souciait pas de l'ancienne grandeur de Rome, et donc le sort des navires de Nemi n’intéressait personne .
Pour être juste, il faut aussi dire qu'il n'y avait aucun moyen technique pour atteindre ces bateaux qui reposaient au fond du lac à l'époque.
Quelques rares tentatives ont été faites, pour explorer les profondeurs du lac mais le mystère des riverains continuaient à entretenir le secret gardé par le lac.
Mais peu à peu les choses vont évoluer et arriva le temps où des esprits instruits et amateurs d'art écoutèrent avec intérêt ces contes, examinèrent attentivement les objets qui étaient ramenés à la surface et travaillèrent à essayer de ramener d’autres objets
nous expliquerons pourquoi ces navires ont été construits, comment ils ont été utilisés et qui les voulait. Pourquoi, après quelques années, ils ont été perdus et ce qu'il y avait sur eux et pourquoi ils étaient liés au sanctuaire de Diana Nemorense.
Des tentatives de récupération qui ont été faites au cours des siècles par des chercheurs et savants jusqu'à celle définitive, réalisée avec des moyens d'avant-garde, et malheureusement suivie, en très peu de temps, par leur destruction.
Ainsi vont ressurgir des ancres modernes des plates-formes tournantes sur roulements à billes connues et utilisées, puis oubliées et… redécouvertes des technique de construction de la coque, de son calfatage obtenu à l'aide de matériaux spéciaux typiques des navires de mer et utilisés pour les navires lacustres qui ont des besoins différents.
Mais revenons au début
Quel secret conservait les profondeurs du lac
Nous savons qu'aucun auteur classique n'a parlé de navires, mais déjà au début du Moyen Âge, les habitants de Nemi connaissaient l'existence de quelque chose de très particulier dans les eaux du lac. Mais quoi Une ancienne ville submergée ? Des trésors ? Richesse? Ce n'est que lorsque des recherches précises ont commencé, à partir du XVe siècle, que l’on a decouvert qu’il s’agissait de navires' et pour être plus précis de deux navires très anciens
Des plongées eurent liue sur les épaves mais les moyens techniques de l’époque étaient faibles donc on savait que s’etait des navires romais mais qui les a fait construire ?
Mille hypothèses ont été faites sur qui pourrait être le personnage, certes riche et puissant, qui a ordonné sa construction. Divers noms ont été donnés, mais la certitude n'a été atteinte que lorsque, parmi les nombreuses découvertes tirées des eaux, des canalisations en plombs ou fistules ont été remontées à la surface
Ces gros tuyaux en plomb faisaient partie d'un système hydraulique que seuls les riches pouvaient se le payer
Ils transportaient l'eau courante à l'intérieur de leurs bâtiments véhiculant ensuite dans d'autres fistules de plomb, l’eau potable elle alimentait les fontaines qui ornaient les maisons des riches Romains. Ces tuyaux étaient
fabriqués à partir de feuilles de plomb rectangulaires soudées longitudinalement et il était d'usage d'y apposer le nom du propriétaire, souvent le nom de "l'affranchi" et parfois un numéro
C'est ainsi qu'a été trouvé l'identité de celui qui a commander le navire C'etait Caligula.
Mais cet empereur ne voulait n'importe quels navires, mais il voulait des embarcations qui puissent supporter des constructions terrestres, avec des thermes et des temples recouverts de carreaux de terre cuite ou de bronze recouverts d'une patine dorée.
Les bâtiments avaient aussi des colonnes de différentes tailles et formes, des sols en mosaïque, des statues et autres œuvres en bronze des protomes de lion, des anneaux pour les gouvernails et beaucoup, beaucoup de choses
Les fistules de plomb découvertes assuraient l'approvisionnement en eau, en partant des rives du lac pour attendre les navires
sur ces bateaux se trouvait l Empereur sa cour des invités illustres, dignitaires, musiciens, soldats, Mais qui était cet empereur qui a fait bâtir ces navires hors normes
Caligula, qui était-il ?Commençons par le nom, ou plutôt le surnom qui lui fut donné par les légionnaires romains avec lesquels il a vécu pendant de nombreuses années depuis son enfance, en suivant son père Germanicus dans les guerres contre les Germains
Ils l'appelaient ainsi parce que Caius Julius portait des chaussures militaires ou caligae; Son surnom signifiait donc "petite chaussure". Il naquit à Anzio en 12 après J.-C.
L'empereur Tibère, successeur d'Auguste, l'adopta comme son neveu et le désigna comme son héritier. Le Sénat accepta sa candidature et l'élit empereur en l'an 37, alors qu'il n'avait que 25 ans et qu'il était un jeune homme qui semblait plein d'énergie et d'esprit entreprenant.
Mais la raison pour laquelle il fut choisi était plus machiavélique
Les sénateurs espéraient qu'il ne suivrait la voie de son oncle Tibère qui avait tenté d'écarter le Sénat dans la conduite de l'État.
Mais les sénateurs se sont fourvoyés car son règne après un début idyllique a sombré dans une longue folie qui se manifestait par des délires d'absolutisme et de persécution.
Mais pour lutter contre le Sénat dont il limita, poursuivant la politique de Tibère, les pouvoirs il s'appuya sur le peuple, à qui il réduisit les impôts, fit des dons et accorda des amnisties, et restaura l'ancienne autorité des Comices centuriales et des tribuns. C'est-à-dire qu'il voulait que les Romains se réapproprient ces outils administratifs du passé gérés directement par le peuple, qui avaient fait la grandeur de Rome grâce, précisément, à l'exercice du pouvoir par les citoyens
En faisant cela il va s’aliéner la classe dirigeante qu’l ne pas épargner car il est entré dans l'histoire comme un homme qui s'en est pris à ses proches, a fait tuer de grands dignitaires de l'empire, a voulu être adoré comme un dieu, a commis des excentricités et des cruautés de toutes sortes nommant son cheval sénateur !
Il était également soupçonné d'avoir des relations incestueuses avec sa sœur Drusilla, qu'il déifia après sa mort.
Internet Le nom de Caligula a été effacé damnatio Memoria |
Il aurait aimé ériger une statue de lui dans le Temple de Jérusalem, mais il a rencontré une forte opposition et a dû renoncer à l'intention. Il était responsable de graves troubles parmi les Juifs d'Alexandrie et de Judée.
Tout cela ne l'a pas empêché de cultiver un amour effréné du luxe et de créer, autour de sa personne divinisée, une très somptueuse cour de monarque oriental.
Mais sa politique de luxe va entraîner inévitablement des hausse d ‘impôts car Caligula visait la déification de l'empereur de son vivant, réclamait les honneurs divins et augmentait encore le faste de sa cour.
La pompe exagérée dans laquelle il vivait coûte cependant cher et Caligula est contraint d'imposer de nouveaux impôts pour faire face aux dépenses. Ainsi, comme il fallait s'y attendre, il perdit la faveur du peuple.
De plus, son pouvoir et son autorité ont diminué à la suite de deux expéditions militaires particulièrement infructueuses : l'une en Bretagne et l'autre en Germanie
Il est devenu très méfiant et cruel, jusqu'à ce qu’il soit assassiné par une conspiration de sénateurs et de chevaliers organisée par le tribun Cassius le 24 janvier de l'an 41 Avec lui vont disparaître aussi sa quatrième épouse et sa fille uniqueIl fut remplacé par Claude
Mais apres sa mort il va faire l’objet d’une damnatio memoriae , c'est-à-dire la destruction de ce qu'une personne, particulièrement détestée, avait fait dans la vie.
Cela faisait partie des peines affectant les maiestas et à condition que le praenomen du condamné ne soit pas transmis au sein de sa famille, que ses images soient détruites et son nom effacé des inscriptions. D’autres empereurs comme Néron et Domitien furent aussi appelés hostes , c'est-à-dire ennemis, et condamnés par le Sénat.
Dans d'autres cas, cependant, les sénateurs ont voté une damnatio memoriae posthume qui comprenait également la rescissio actorum. L’URBS peut donc plonger dans l'abîme du néant une personne
En cas de damnatio memoriae les lois de Rome sont claires il faut effacer jusqu'au nom et jusqu'au souvenir d'u mauvais citoyen.. Ç’était si la personne était encore en vie, une sorte de mort civile tout à fait légale C'était ce que l'ancien Romain craignait par-dessus tout : ne plus faire partie de la cité même s'il était encore en vie. Ne plus pouvoir dire : "Noli me tangere, civis romanus sum"et d'inspirer, par ces mots, un immense respect et une peur autour de lui. C'était comme la mort; c'était plus que la mort.
Aussi suite à cette damnation memoriae les deux navires de Nemi commandés par Caligula, furent coulés avec tout ce qu'ils contenaient. Le lac a englouti un ouvrage unique et luxueux qui a reposé sur le fond pendant deux millénaires. Personne n'a jamais écrit un mot d'eux, et l'oubli est tombé sur eux. Seuls quelques pêcheurs, de temps en temps, tirant leurs filets des eaux, mettaient au jour quelque chose qui semblait appartenir à un autre monde lointain. Une légende est née.
Les deux premières tentatives de récupération
Nous avons découvert le commanditaire des deux navires du lac de Nemi, maintenant il nous reste a savoir l'usage que Caligula en fit en observant attentivement comment ils étaient construits et ce qu'il y avait sur les deux navires ;
Quels artefacts sont revenus à la lumière et à quoi ils pourraient servir,quels rites religieux et croyances il y avait à l'époque ? Tout cela parce qu'il y a un manque total de traces écrites pour parler du sujet.
Nous avons savons que cet Empereur était un personnage fou et cruel avait des délires d'absolutisme,mais pour en savoir plus il faut voir ce que les navires nous ont transmit et pour le savoir il faut plonger dessus
De multiples tentatives de récupération qui ont été faites au cours des siècles passés. Ainsi, à travers l'étude des trouvailles que les explorateurs ont plus ou moins maladroitement réussi à arracher au lac, jusqu'à la récupération complète des deux bateaux, nous pourrons à leur étude voir la cheminement qui a poussé Caligula à faire construire ces navires et surout quelle en fut l’utilisation
On doit la première de ces tentatives au cardinal Prospero Colonna en l'an 1446. Ce prélat, seigneur des terres de Nemi et du lac, homme d'une grande érudition et, comme tous les savants de l'époque, fervent admirateur de la gloire de la Rome antique,
Ayant pris connaissance des rumeurs de l'existence des navires, il voulut tenter de les ramener à la surface. Bien qu'il ne soit pas encore en possession des moyens techniques adaptés à la récupération des navires coulés, il confie la lourde tâche à Leon Battista Alberti.
Cet homme en plus de ses qualités reconnues d’humaniste et homme de lettres, était également considéré comme l'un des ingénieurs hydrauliques les plus expérimentés de son temps.
A Rome il a restauré et réactivé, sur ordre de Nicolas V, l'aqueduc connu sous le nom d'aqueducs Acqua Virgo et Trevi.
Ses trois traités sur la peinture, la sculpture et l'architecture constituent une théorie complète de l'art. Comme architecte il a conçu une façade pour l'église gothique de Santa Maria Novella ; mais il ne faut pas oublier le Palazzo Rucellai à Florence.
A Mantoue, Alberti conçoit les églises de S. Sebastiano et S.Andrea. C'est donc à cet artiste que le cardinal Colonna confié la mission
Les opérations de récupération des navires ont commencé et ont été décrites par Flavio Biondo da Forlì, un autre savant humaniste, historien, secrétaire de quatre papes, auteur d'une "Histoire de l'Italie au Moyen Âge" et d'une « Italie illustrée » où, en effet, on trouve le compte rendu des opérations d'Alberti. Ou ces navires sont appelés noyés.
Mais à l'époque, les moyens techniques pour faire de la plongée n’étaient encore conçus aussi Alberti a fait appel à des nageurs génois talentueux, les marangoni , qui en plus d'être des experts en natation, devait avoir une bonne dose de courage.
En effet il faut plonger sans masque de plongée moderne . L’eau touchant directement lee globe oculaire, donne une sensation d'effet de brouillard amplifié par le manque de luminosité due à la profondeur et à la vase . Le plongeur à l impression de pénétrer dans un milieu hostile sans savoir ce qui va suivre.
De plus le marangoni, plonge en apnée,dans un milieu inconnu, mystérieux et peut-être hostile .Ils ont dû certainement beaucoup de courage mais ils atteignirent et explorèrent le navire le plus proche du rivage qui reposait au fond du lac
Une plate-forme flottante a été construite et avec des cordes munies de crochets, une tentative a été faite pour tirer le navire à terre. Mais il n'a été possible d'arracher qu'un morceau du bateau, Ce fut un désastre car non seulement le navire dans son ensemble n'a pas bougé mais, privé d'une partie importante de sa structure, il a été gravement endommagé. . Cependant, de nombreuses personnes de la cour de Rome qui suivaient les travaux depuis la rive du lac affluaient pour admirer ce fragment de la Rome antique revenant à la lumière du soleil.
Le morceau de coque fut amené triomphalement à Rome pour être admiré par Nicolas V , un promoteur de la Renaissance humaniste.
Ensuite on perd la trace de ce morceau mais néanmoins cet épisode a eu le mérite d'allumer le feu du désir de recherche et d'étude.
La deuxième tentative, non moins ruineuse que la précédente, nous la devons à Francesco De Marchi en 1535. Près d'un siècle s'est écoulé.
La tentative est connue par un rapport précis De Marchi, qui était au service spécial d'Alessandro de 'Medici, duc de Toscane,et il était réputé pour être un célèbre architecte mécanique particulièrement dans les travaux à caractère militaire. Il est l'auteur d'un traité sur "l'architecture militaire", dans lequel de nombreuses nouvelles de sa tentative sont données.
Contrairement à ceux qui l'avaient précédé, il ne délègue pas l'exploration du lac à d'autres, mais plonge personnellement plusieurs fois à l'aide d'une sorte de "cloche" inventée par Guillaume de Lorraine, qui participe également à la plongée.
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On peut voir qu’après un siècle il y a déjà un progrès notable dans les moyens techniques sous-marins :Une cloche avec des passages pour les bras permette donc l'exploration sous-marine.
De Marchi décrit cette cloche dans un de ses écrits. L'' instrument était en bois et avait la forme d'une cloche dont les parties étaient serrées les unes contre les autres au moyen de quelques anneaux de fer. Ils avaient un verre rond sur le devant pour voir à l'extérieur, tandis que l'explorateur pouvait entrer jusqu'au milieu du corps en ayant les bras et les jambes libres. L'air pourrait entrer dans la cloche et pourrait probablement s'échapper, mais par un autre tube.
Mais la technique exacte de l'échange d'air n'est pas connue,car, Guillaume de Lorraine a juré à De Marchi qu'il ne décrirait jamais le dispositif qui permettait cet échange. Tous deux ont gardé le secret et on ne sait rien de plus sur le sujet.
De Marchi nous a laissé un portrait de Maestro Guglielmo :"C'était un homme avec une très grande et épaisse barbe et il passait sa ceinture une demi-paume et faisait les tresses autour de sa tête, mais c'était un homme d'une grande ingéniosité".
Le rapport de l'explorateur alors âgé de trente et un ans se poursuit, et nous apprend que le 15 juillet 1535 il s'immergea dans les eaux du lac.
La lumière, compte tenu de la profondeur, était rare et la visibilité était faible en raison du manque de transparence de l'eau. Il s'était déshabillé de la taille aux pieds car il craignait que les vêtements ne s'emmêlent dans des rochers, ce qui rendrait difficile, voire impossible, son retour à la surface. A travers cette vitre, tout ce qu'il voyait lui paraissait beaucoup plus grand,à cause de l effet de loupe
Il commença à observer le navire le plus proche du rivage, qui était aussi celui qui se trouvait le moins profonde. Il se déplaçait lentement sous l'eau en marchant sur la coque, et il pouvait voir qu'elle était très grande. La longueur selon son estimation était de soixante-quatre mètres et la largeur de vingt.
C’était donc un très grand navire, à la fois pour l'époque et pour le site où il se trouvait. Le bois, protégé de la boue, était bien conservé même s'il avait presque deux mille ans. Il était en partie recouvert par la vase du lac, on voyait le gouvernail et une partie de la poupe, on voyait les dames de nage Il voit les dommages causés par la précédente tentative de récupération.Mais son travail est perturbé par les capucettes qui peuplent le lac,
Comme l'explorateur, avait plongé nu sous la taille, ces poissons sont allés grignoter ses parties intimes malgré les efforts de De Marchi. pour les repousser avec ses mains.
Il a donc refait surface enfila son pantalon et après avoir replongé plusieurs fois il essaya d'entourer le navire de bandes et de cordages, dans l'espoir, à l'effort de nombreux treuils, de pouvoir l'arracher à la vase et le ramener à la surface.
Mais ce fut inutile. Les cordes ont rompu et lui même fut victime d’une hémorragie de la bouche et du nez suite à ses efforts
L'aventure était terminée malgré la volonté et le courage.
La troisième tentative de récupération.
Depuis les deux premières tentatives de sauvetage des navires, il a fallu près de trois siècles avant que quelqu'un d'autre n'en tente une troisième.
Les moyens techniques avaient certes évolués mais il fallait encore la bonne volonté pour faire cette exploration
Mais les navires du lac de Nemi avaient éveillé l'intérêt des élites de l'époque, qui étaient de plus en plus attirées par la récupération des navires, par ce qu'il y avait au-dessus et surout ce qu'on supposait être dedans.
À présent, il était certain qu'il s'agissait de deux bateaux avec des constructions semblables à celles que se trouvaient sur la terre ferme , tels des bâtiments, des colonnes, des statues, même des murs et des sols en marbre précieux et en mosaïques finement travaillées.
Alors l'imagination a recommencé à courir, avec la possibilité de trouver des trésors submergés, les pièces d'or et les bijoux précieux.
La on peut faire un distinguo antre la partie la plus savante de l’élite de l'époque qui pensait redécouvrir un peu d'histoire romaine, la moins savante pensait en récupérer la partie la plus... précieuse, s'il y en avait.
Mais, entre-temps durant les 300 ans de vide les pêcheurs du lac, qui avaient maintenant vu l'endroit exact où les navires étaient submergés et avaient vu qu'il n'était pas impossible de les atteindre, ayant vaincu toutes les peurs, commencèrent, voire continuèrent avec plus de vigueur qu'avant leur chasse aux trésors
Nous avons un temoignage écrit du XVIIIe la chronique du Père Casimiro qui en parle dans ses "Mémoires sur les monastères franciscains" Le religieux parle du bois, des gros clous de cuivre, des feuilles de plomb, des tuiles de cuivre, toutes choses qu'on arrache continuellement aux navires, qui souffrent ainsi plus de dommages des vols des hommes que des ravages du temps.
Enfin, en septembre 1827, une entreprise de récupération des navires est tentée pour la troisième fois.
Le chevalier Annesio Fusconi, après avoir étudié les tentatives de ses précurseurs, pense utiliser la "cloche Halley" à laquelle il avait apporté quelques améliorations dans diverses parties, en l'équipant, parmi les nouveaux équipements, d'une pompe pour l'afflux d'air à l'intérieur . Il en construisit une assez grande dans laquelle huit marangoni, ces fameux nageurs génois, puissent y prendre place.
En plus de cela, il prépare une plate-forme flottante assez grande, adaptée pour supporter la cloche et l'abaisser dans l'eau au moyen de quatre treuils.
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La plongée devait se faire devant une noble assemblée ,En effet Fusconi a invité les spectateurs les plus illustres et le corps diplomatique ainsi que toute la noblesse romaine et étrangère qui, en grand nombre, s'y est rendue".
Le 10 septembre de l'année 1827, la tentative de récupération du navire le plus proche du rivage a commencé : la cloche a été immergée avec les huit marangoni à l'intérieur qui, cependant, une fois au fond, ne pouvaient pas enlever de grandes quantités de matériel
Puis des aussières furent attachées aux treuils et, dans l'espoir de pouvoir arracher tout ou du moins une partie du navire au lac, ils ont enroulé des lignes autour de la coque de celui-là.Mais malgré cela les cordes ont rompu et l'entreprise a été reportée d’autant q’une grande tempête s'était produite sur le lac
Cependant, la récolte de matériel remonté était bonne. Fusconi dressa, dans ses Mémoires, une liste précise :"deux ronds de sol, l'un de porphyre oriental et l'autre de serpentine, des morceaux de marbre de diverses qualités, des émaux, des mosaïques, des fragments de colonnes métalliques, des briques, des clous, des tuyaux en terre cuite et enfin des poutres et planches de bois".
Le bois fut en partie, utilisées pour fabriquer des bâtons, des pipes à fumer (c'est-à-dire des embouchures de cigares) et même des tabatières, des boîtes à secrets, des boîtes de voyage, des livrets, des souvenirs
Mais pour continuer l’exploration il fallait un sponsor
Mais malheureusement il n’en trouva pas et les pièces remontées furent dispersées
D'aprèss Borghi"La plupart des objets extraits par Fusconi ont été, sur les conseils de l'Académie de S. Luca, achetés par l'éminent cardinal Camerlengo pour les musées du Vatican ; et les objets restants ont été conservés, au nom de Fusconi lui-même, dans les entrepôts d'un des palais du prince Torlonia, duc de Ceri.
Cependant, il est remarquable que, bien que nous ayons cherché, rien d'autre n'a été trouvé de ces objets, sauf un fragment d'une poutre avec des clous, dont Fusconi a écrit qu'ils étaient "avec une tête dorée' ainsi que deux longues poutres en mélèze, réunies par des clous en fer, et quelques tiges de porphyre et de serpentine".Montoni, pour sa part, a déclaré que le prince Don Alessandro Torlonia a utilisé pour son palais actuellement bâtiment des Palazzo delle Assicurazioni Generali, le bois pour son cabinet de style gothique,
Le sol était composé de planches provenant des navires Nemorense, et plusieurs meubles construits avec du bois récupéré en 1827,
La quatrième tentative de récupération
Cela faisait longtemps, désormais que l'on s'était efforcé d'extraire du lac de Nemi les trouvailles qu'il était possible de récupérer, avec des moyens empiriques quoique de plus en plus perfectionnés de l’époque . L'écho de ces tentatives a finalement atteint le ministère de l'Éducation publique et celles des princes Orsini, éveillant l'intérêt non seulement d'un privé, et des pouvoirs publics. Il convient de souligner qu'à cette époque, quiconque avait assez d'argent et voulait se consacrer à la collecte des reliques du passé pouvait, sans être dérangé, commencer des fouilles et des recherches sur son propre fonds, devenant propriétaire de tout ce qu'il pouvait trouver et puis en disposer à sa guise.
Cela a conduit à la dispersion d'une grande partie des découvertes très importantes de l’Histoire Romaine et qui a enrichi de nombreux musées et collections privées à l'étranger.
Mais ces personnes,n'ont commis aucun acte délictueux ils ont profité l'absence de lois italiennes qui n'établissaient rien en la matière.
Il faut savoir à ce stade quelle était la Loi en Italie
Aux temps historiques, la propriété était individuelle et se confondait avec la souveraineté, en ce sens que le « pater familias » était la seule personne qui pouvait être titulaire de ce droit.
De la définition romaine de l'institution, il ressort clairement que dans la Rome antique, le citoyen libre avait la possibilité d'utiliser et de disposer de la chose sans aucune limitation."Usque ad sidera, usque ad inferos" et par là il affirma que son droit de propriété s'étendait au ciel et à l'enfer. Les siècles passent et ces conceptions évoluent lentement au gré des contacts avec d'autres peuples, avec d'autres civilisations, avec d'autres manières de concevoir le droit de propriété.
Une brèche dans ce concept de propriété se produit au Moyen Âge, où apparaissent sous l influence du monde nordique les charges et les obligations. En effet dans le monde nordique le nomadisme et l'économie pastorale avaient conduit à une forme de jouissance collective des biens), et au fait que la concentration de la propriété foncière en très peu de mains obligeait les seigneurs féodaux à donner une partie des facultés inhérentes au droit de propriété à d'autres individus moins puissants mais plus nombreux.
Le fondement même de la loi change : ce n'est plus une fonction de l'individu, mais de la collectivité. Le Statut Albertin, après avoir affirmé que toutes les propriétés sont inviolables, précise que, lorsque l'intérêt public légalement établi l'exige, on peut être obligé de les vendre en tout ou en partie.
Actuellement l'article 832 dit que le propriétaire peut jouir et disposer des choses de manière pleine et exclusive, dans les limites et avec le respect des obligations établies par la loi. Cette envolée très rapide nous a été utile pour comprendre comment, au fil des siècles, le droit de propriété a lentement évolué d'un rapport exclusif et rigide entre la chose et son propriétaire, à un rapport qui doit aussi prendre en compte les autres associés et, enfin, aussi de l'État.
Aussi pour sa future campagne de fouilles la maison Orsini lancé une campagne de recherche dirigée par l'antiquaire Eliseo Borghi avec le consentement de ce ministère.
le secteur public et le secteur privé sont enfin réunis pour redécouvrir l'histoire de Rome. Heureusement, la technique avait progressé et nous avons pu profiter de la collaboration d'un scaphandrier expérimenté, et le le 3 octobre 1895 après avoir soigneusement examiné le navire le plus proche du rivage il est revenu à la surface avec une férule en bronze représentant la tête d'un lion qui tenait, dans son mâchoires, un anneau.
Il s'agissait, comme il a été identifié plus tard, de la bague d'un gouvernail.
Vont revenir à la surface les"protomes sauvages" en forme de têtes de félins, qui tenaient également un anneau entre leurs dents,
Puis vont sorti de l eau des rouleaux sphériques, des rouleaux cylindriques des lames de plancher, des charnières, filastrini en bronze, tuyaux en plomb, tuiles en cuivre doré, briques de différentes formes et tailles, fragments de mosaïques avec des embellissements en pâte de verre, feuilles de cuivre
Le 18 novembre le deuxième navire est alors identifié, et on remonte à la surface un objet très étrange : le décor du support d'un des quatre gouvernails représentant un avant-bras et une main. C'était un des symboles « apotropaïques » : ils servaient à conjurer les influences magiques et maléfiques. On les trouvait parfois dans des tombes, et leur nom dérive d'un mot grec signifiant "loin". Les anciens croyaient que du bout des doigts émanait un fluide qui avait le pouvoir de défendre.
Un symbole similaire manus panthée il a été trouvé près de Mantoue. Cette main avait des trous pour être fixée sur un poteau, et comme un drapeau elle précédait une poignée de soldats comme moyen de défense et symbole à la fois.
Les peuples anciens avaient-ils pressenti qu'il y a quelqu'un d'autre ? Qu'en est-il des guérisseurs qui, par la simple apposition de leurs mains, enlèvent certains maux De même que les hypnotiseurs qui en poussant leurs mains et leurs doigts vers les passants les forcent à voir des choses qui ne sont pas là ; ou les forcent-ils à se comporter au-delà de leur volonté ? Peut-être que quelque chose émane du bout des doigts
On peut aussi le voir dans la fresque la création de l homme de Michel ange dans la chapelle Sixtine le doigt de Dieu qui transmet l'énergie vitale à l'homme
Un autre objet a attiré l'attention Une tête d'une Méduse
. Mais c’est surtout la grande quantité de bois extraite du lac, principalement de belles poutres, en excellent état Il y avait environ plus de 400 mètres de poutres, qui auraient servi de pièces maîtresses dans l'éventuelle reconstruction des navires mais ces restes ont été laissés pourrir à l extérieur
Mais heureusement, la plupart des matériaux précieux récupérés ont été achetés par le gouvernement pour le Musée national romain. Cependant Montani affirme que pas mal de matériel, considéré comme moins important, a été perdu entre les mains de collectionneurs privés,
Quid de la tête d'Helios, qui devait se trouver à la proue du navire, qui a disparue
On parle aussi d’une statue féminine, peut-être de Diane ou de Drusilla, et huit autres statuettes, après avoir été cachées dans un faisceau de branches, ont été transportées le long d'un chemin escarpé et qui ont ensuite disparu
Intervention de l'Etat
C'était en 1895. L'État italien est intervenu pour atteindre un objectif : la sauvegarde, la récupération et la conservation des découvertes anciennes. Afin donc d'empêcher la dispersion des Antiquités le ministre de l'Éducation, Guido Baccelli, demande sa collaboration à l'amiral Morin, ministre de la Marine. Plus précisément, il demande l'intervention d'un ingénieur naval et d'un bon plongeur pour effectuer une inspection approfondie et établir la meilleure façon de récupérer ces constructions immergées dans le lac.
C'est ainsi qu'intervient le génie naval, avec comme chef d’équipe le lieutenant-colonel Vittorio Malfatti et un plongeur très expert, dont le nom ne nous est pas parvenu. Ce dernier, après de nombreuses plongées et investigations assidues, permet à l'Ingénieur Malfatti une série d'identifications, d'enquêtes et d'études qu'il rassemble dans un mémoire intéressant. Dans ce volume, l'ingénieur propose également ce qu'il convient de faire pour récupérer les navires. Il rapporte que le premier navire est à une cinquantaine de mètres du rivage et précise qu'il s'agit de celui exploré par Alberti, par De Marchi et, probablement, par Fusconi.
C'est de là que Borghi a tiré son riche butin et il se trouve sur le côté gauche à une profondeur comprise entre cinq et douze mètres.
Cette étrange profondeur s'explique par la forte pente avec laquelle le fond du lac volcanique, conique, descend vers le centre, et le navire y repose ayant une extrémité vers la rive et l'autre vers le centre. Seules les extrémités des dames de nage émergent de la boue, et les dégâts causés par les tentatives répétées de récupération sont évidents, qui ont déchiré des parties entières ici et là. Deux cents mètres plus loin, à une profondeur d'environ quinze à vingt mètres, se trouve le deuxième navire, également couché sur le côté gauche et également à moitié recouvert de boue.
La technique utilisée pour mesurer les dimensions de l'un et de l'autre est intéressante : les contours des structures étaient ramenés à la surface de l'eau au moyen de petites bouées fixées par le plongeur aux profils des navires. Malfatti analyse également les bois, les bronzes et les pâtes de verre afin d'établir leur état de conservation.
Nous voyons que la science et l archéologie a évolué Mais il reste encore beaucoup de chemin et les dures réalités de la vie quotidienne mettent au second plan les recherches Archéologiques, Car dans une Italie unie que depuis quelques années, les problèmes étaient énormes, les solutions lointaines et la vie dure ; et le petit peuple, soit parce qu'il était absorbé par le souci de survivre, soit par manque de culture, était bien loin de s'intéresser à l’archéologie et les navires de Nemi passent au second plan malgré des campagnes de presse et des écrits sur le sujet qui ont tenté d'entraîner l'adhésion du peuple à prendre part au problème de la récupération de ces navires
Enfin, en 1926, la récupération de ces navires revint avec sérieux et engagement. Une commission d'étude est créée, confiant la présidence au sénateur Corrado Ricci, qui vous insuffle son enthousiasme serein et actif, le tout visant à atteindre le résultat final. Les études et les projets sont examinés, choisis et évalués avec des critères sélectifs, Enfin, la Commission considère que la méthode de travail proposée par Malfatti est appropriée : abaisser le niveau du lac jusqu'à ce ques navires refassent surface
Le 9 avril 1927, dans un discours à la Société royale romaine d'histoire de la patrie, le chef du gouvernement, Benito Mussolini, annonce la décision de récupérer les deux grands navires submergés.
Il déclare que c'est une dette d'honneur envers la culture classique et envers la dignité de notre pays. Il résume les travaux de la Commission d'experts dans le domaine des antiquités classiques et du génie hydraulique qui, sous la direction du sénateur Ricci, a travaillé pendant quelques mois à l'étude et à l'examen des nombreux projets qui lui ont été soumis. Il parle de la façon dont la vidange partielle du lac est prévue et de la façon dont les fouilles archéologiques seront menées sur les navires lorsqu'ils seront à sec
. Ces recherches seront également étendues à leur voisinage immédiat afin de récupérer les trouvailles tombées par-dessus bord. Enfin, les coques seront vidées et remontées puis transportées et placées dans un musée spécialement construit sur la partie plate du rivage. Ce discours est le début officiel de l'implication de l’État qui prend l'initiative et le droit exclusif de récupérer ces deux anciens navires romains.
La déesse, le temple, le prêtre et l'émissaire
Il a donc été décidé que le lac de Nemi devait être partiellement vidé afin de faire ressurgir les deux anciens navires romains. Mais pas en creusant, comme cela avait été proposé, un tunnel qui déverserait les eaux du lac de Nemi dans le lac d'Albano, qui se trouvait à un niveau inférieur, mais en utilisant l'ancien émissaire antique pour les amener à la mer.
À ce stade, cependant, il est nécessaire de suspendre l'histoire de la récupération des navires romains pour parler de l'ancien émissaire qui jouera un rôle très important dans l abaissement des eaux du lac et l évacuation de cette masse d'eau.
Assi empruntons les couloirs du temps et revenons à la Rome antique
Sur la rive nord du lac de Nemi, il y avait, le sanctuaire de Diane, dont les origines sont très anciennes : certainement antérieures au Ve siècle avant J.-C. et qui fut fréquenté jusqu'au IVe siècle après J.-C.
C'était le siège du culte de cette déesse et du rite sanglant de la succession du "rex nemorensis", son prêtre. Diane était l'un des principales déesses de la Ligue latine, à laquelle les cités confédérées prêtaient un culte commun.
Son centre culturel, depuis des temps immémoriaux, se dressait sur la rive nord du lac de Nemi, au milieu d'un bois sacré. Puis, lorsque Rome l'emporta sur les villes de cette Ligue, elle voulut annexer ce culte suivant sa politique d'acquisition des croyances religieuses des peuples vaincus, et érigea à la déesse, sous le règne de Servius Tullius, un temple sur la colline de l'Aventin. .
Diane était la divinité de la vie, de la chasse et des bois, et était également invoquée par les femmes comme protectrice des fêtes, lorsque, à l'occasion d'une fête des ides d'août, avec des rituels solennels, elles allaient en pèlerinage nocturne à le sanctuaire de Nemi.
Sur les murs du temple ainsi que sur les colonnes et les arbres du bois sacré étaient accrochés des cadeaux, des tablettes votives, des "ex voto" pour la grâce reçue et des festons dédiés à la déesse. Les esclaves lui étaient dévoués.
Le Culte était lié à la lune et à ses phases, à tel point qu'il était appelé "triforme". Il protégeait les routes et les carrefours et pour cette raison on l'appelait aussi « trivia ».
La déesse présidait à la fois aux pratiques magiques et aux enfers et était identifiée à la déesse grecque Artémis. Quant à ses temples, la divinité multiforme, ancienne et vénérée, en comptait de nombreux dans le monde entier, mais le plus ancien et vénéré était précisément celui de Nemi.
Le sanctuaire était situé dans les bois ou nemus , d'où l'actuel Nemi tire son nom et a été remodelé et agrandi plusieurs fois au cours des siècles.
Il est construit sur la partie nord plate du lac, juste en dessous de la ville actuelle. De nombreux auteurs anciens parlent de ce temple tels que Caton, Virgile, Horace, Ovide, Pline, pour ne citer que les plus grands, et cela montre à quel point il était important, connu et fréquenté.
Les restes archéologique sont nombreux avec des murs des colonnades, des niches et des terrasses, des murs, des escaliers et des pièces fermées dans lesquelles ont été trouvées des trouvailles intéressantes et des "ex voto" en terre cuite. Vases en marbre et encore de nombreuses statues de différentes tailles, dont une tête colossale de la déesse.
Il faut savoir que cette enceinte est sous la responsabilité du rex nemorensis le prêtre de ce temple. C’est par tradition, un esclave fugitif qui succéda à son prédécesseur après l'avoir tué en duel mais auparavant il avoir avoir ceuilli une branche de gui d'un chêne et de la lui avoir tendue. Cette succession sanglante a une signification Car le rex nemorensis est la personnification de la nature et de la fertilité des bois, qui était l'un des aspects de Diane, devait toujours être en pleine force, ne devait pas tomber malade et ne ne pouvait mourrir de vieillesse
Seul un esclave en fuite pouvait donc accepter et désirer un tel sacerdoce car seul un homme déjà en dehors de la société, qui n'avait aucun droit, et même en danger vital pouvait tenter de résoudre son problème en obetenant l'asile en devenant le prêtre d'une déesse dans un temple ce qui entraînait implicitement une mort certainement sanglante.
Le "rex nemorensis" a présidé au changement continu de la nature qui se transforme et se renouvelle sans cesse au gré des saisons. Pendant ce temps, l'esclave évadé pouvait vivre et prier dans le temple . Mais cela tant qu'un autre homme, désespéré et fuyant qu'il avait été, se présentait à lui avec une branche de gui.. et la mort de l'un des deux devait être un véritable sacrifice, puisque le sang du vaincu avait pour but de fertiliser la terre. Ce rituel féroce et très étrange avait des origines qui se perdent dans la plus haute antiquité.
Ce sacerdoce sanglant est resté jusqu'à la fin de l'âge impérial, et Suétone raconte que Caligula, croyant même que le prêtre Nemorense de l'époque était en fonction depuis trop longtemps, l'a fait tuer par un successeur plus fort.
Au IIe siècle Ap JC, le duel pour la conquête de cet autel devint symbolique,et il a duré en même temps que le culte de Diane jusqu’au premiers temps du christianisme et son temple abandonné et l'oubli l'a entièrement recouvert au fil des siècles.
Mais si nous avons parlé de ce temple de diane c’est que l’Émissaire qui va servir était très lié à ce temple
Cet émissaire va servir donc pour drainer les eaux du lac de Nemi et ramener les navires romains à la lumière. En évacuant avec des moyens techniques important l’eau à travers la campagne, jusqu'à la mer à trente kilomètres de là
Mais pourquoi les anciens avaient construit cet émissaire sont sûrement des Etrusques
La raison de ce travail cyclopéen était la nécessité de ne pas laisser l'eau atteindre le temple qui se dressait, rappelons-le, dans la partie plate de la rive orientée au nord. En effet dans l'antiquité le niveau du lac était plus élevé
qu’actuellement et les pluies et les sources rendaient parfois le terrain plat presque submergé, isolant le temple et le rendant
Ainsi avec les moyens de l'époque, un tunnel de 1 653 mètres de long a été construit à travers la roche très dure
La première partie du tunnel est interrompue par divers diaphragmes en pierre jouant le rôle de filtre afin d’arrêter tout matériau qui pourrait l'obstruer s du tunnel. Il existe également divers puits verticaux utilisés pour l'aération,Tel était l'artefact que les ingénieurs modernes veulent utiliser pour parvenir à la vidange partielle du lac de Nemi
Le challenge etait de taille : mettre au jour deux anciens navires romains en abaissant le niveau du lac de Nemi en faisant couler les eaux à travers un long tunnel 1 653 mètres creusés dans la lave quelques millénaires plus tôt !
La nouvelle fait le tour du monde. Mais avant de commencer il est nécessaire d'examiner minutieusement l'émissaire qui était dans un état délabrél beaucoup plus précaire qu'on ne le pensait auparavant.
L'entrée était difficile et des travaux ont dû être effectués pour la rendre plus accessible. En avançant dans le tunnel, il est devenu évident qu'il était obstrué par des glissements de terrain et des dépôts rocheux qui n'auraient pas permis l'écoulement de l'eau dans la mesure prévue dans les calculs des ingénieurs.
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Il fallait donc tout inspecter pour se rendre compte exactement de l'état général de l'ensemble de l'ouvrage antique. Deux hommes se sont proposé pour l explorer sur toute sa longueur
A l issue de cette exploration il en est ressorti que de nombreux travaux seraient nécessaires pour pouvoir utiliser à nouveau cette galerie, dont la construction avait commencé en même temps des deux côtés.
Le directeur du Comité l'ingénieur Augusto Biancini note dans son rapport final sur l'émissaire du lac Nemi que :"Les incisions, encore visibles, laissées sur le rocher par les outils pointus utilisés, attestent du travail dur, patient et extrêmement pénible que devaient accomplir les esclaves, contraints de travailler recroquevillés ou en position horizontale et avec des possibilités très limitées de L La rencontre est documentée depuis le sens inverse des incisions, encore bien visibles, laissées sur le rocher par les outils de travail et a été atteinte par des tentatives, probablement guidées par des signaux acoustiques. Ainsi les deux avancées, qui se situent de manière divergente les uns des autres d'environ quatre mètres au sens planimétrique et d'environ deux au sens altimétrique.ils se sont possédés pour tracer et maintenir les directions d'avancement et surtout quand on pense qu'il arrive, parfois, encore aujourd'hui de trouver des erreurs pas très mineures dans nos galeries, malgré la perfection des outils et des méthodes modernes".
Une petite lampe à huile en terre cuite a même été retrouvée dans une niche qui avait éclairé la fatigue de ces hommes.
Il fallait donc remédier à cela en rénovant et en aménageant le tunnel. Le ministre des Travaux publics a utilisé toute la puissance des moyens disponibles à l'époque : des treuils électriques aux marteaux pneumatiques, en passant par les explosifs ; tout cela en tenant compte non seulement du but ultime auquel l'émissaire devait servir, c'est-à-dire la vidange partielle du lac, mais aussi la nécessité de ne pas dénaturer l'intégrité du monument par des travaux excessifs
Mussolini il Picone del Regime était régulièrement informé de l'avancement des travaux avec des rapports qui lui étaient adressés tous les quinze jours.
En septembre 1928, les travaux de remise en état sont achevés et le 1er octobre, il est testé après une nouvelle inspection par de hauts fonctionnaires du ministère des Travaux publics
Ceux qui ont eu la chance d'être présents nous racontent qu'en posant leurs oreilles contre le rocher"le rugissement de l'eau qui coule dans la longue grotte se fait entendre au loin et soudain la vague sort et se précipite en écumant" .
C'était le spectacle que l'on pouvait admirer à l'embouchure du tunnel dans la vallée de l'Ariccia. Dans le lac de Nemi, de grandes pompes d'assèchement aspirent les eaux et la déversent dans le tunnel de l'émissaire désormais débarrassé des roches et des sédiments qui l'avaient en partie obstrué.
Beaucoup de ces témoins ont écrit leur émotion de voir les eaux sortir de la terre et courir vers la mer. Enfin, après des espoirs, des doutes et un travail très acharné, la certitude que l'œuvre pourrait enfin se réaliser fut atteinte ; qu'il était déjà en train de se réaliser.
Le 16 octobre se produisit un léger tremblement de terre, mais sans conséquence . Ainsi, il fut possible de commencer la vidange du lac et le 20 octobre 1928, Mussolini, accompagné du sous-secrétaire à l'intérieur et des ministres de l'éducation et des travaux publics, mit en service le système de drainage. La grande entreprise commença enfin. Quatre gros tuyaux aspiraient l'eau du lac et la jetaient dans l'émissaire. Les grandes pompes d'assèchement fonctionnaient presque silencieusement, ce qui faisait baisser le niveau du lac de manière continue, même si elle était presque imperceptible
Mais les travaux ne pouvaient se limiter uniquement à l'abaissement du niveau du lac de Nemi.
De nombreux autres problèmes devaient être abordés et résolus. A cette fin, la Commissionne Némorense décida de construire une route qui devait relier la ville de Genzano au lac et posa les bases pour la solution d'autres problèmes tout aussi nécessaires et urgents à savoir la construction d'un abri temporaire pour les deux navires ainsi comme tous les objets antiques qu'ils auraient trouvés eux-mêmes et, par la suite, de construire un musée définitif qui pourrait dignement accueillir l'ensemble.
Le Museo delle nave sera un musée construit pour abriter une exposition spécifique. Un autre problème que la commission Nemorense est d’ordre écologique à savoir la protection de la Flore entourant les rives du lac de Nemi. Pour sa conservation, une loi paysagère fut même votée qui protégeait cet ornement arboré en déclarant d'utilité publique ces magnifiques bois.
Les ingénieurs civils, qui vont construire la route qui va de Genzano au lac, vont aussi retrouver i,e voie romaine qui bifurquait de la via Appia et prit le nom deVia Virbia ou Clivus Aricinus, pavée du typique pavage en dalles.
Le nom de Viribio semble dériver de vir et bios , où vir proviendrait de virae , c'est-à-dire du nom des nymphes des arbres, qui s'associait à biosil prendrait le sens de végétal, c'est-à-dire qu'il désignerait une divinité paysanne.
Mais revenons aux navires. Le 28 mars 1929, les structures les plus hautes du premier navire ont fait surface et la nouvelle est aussitôt donnée par le Chef du Gouvernement avec le rapport suivant :"Aujourd'hui, les restes de la partie arrière du premier navire ont commencé à émerger, c'est-à-dire la partie qui, en raison de sa moindre profondeur sous le niveau du lac, a été le plus gravement endommagée par les tentatives de récupération faites dans le passé. siècles., pour l'instant, quelques poutres et planches recouvertes, ces dernières, d'une feuille de plomb, encore très consistante et reliées les unes aux autres, d'où ressortent de longs clous qui reliaient les structures restantes à celles arrachées et enlevées dans les temps anciens. lumière, qui se produit surtout aux heures du matin, il est possible d'apercevoir d'autres structures, émergeant ça et là du limon qui les recouvre, dont la course nous permet d'entrevoir la plus grande amplitude que prend la masse en descendant en profondeur"
Enfin, le navire le plus proche du rivage émerge. Celui qui gisait à une moindre profondeur et qui, étant récupéré le premier, sera désormais appelé le premier navire. En plus des nombreuses photographies qui ont été prises de la coque, sous tous les angles ; en plus des photos prises des nombreux artefacts qui ont été trouvés ci-dessus, nous avons également un rapport très précis de l'exploration de la partie émergée du navire, rédigé avant même de procéder à l'enlèvement des artefacts eux-mêmesCe rappoart a été rédigé sous les auspices du prof. Cultrera, surintendant de l'époque
L'importance de ce travail réside dans le fait d'avoir fixé dans le temps le moment où le navire est sorti de l'eau en raison de la baisse du niveau du lac. Ce moment était unique, et il était donc nécessaire de le documenter avec la plus grande précision. Les navires vont attirer une foule immense de visiteurs dont des journalistes étrangers invités par le ministre de l'Éducation lui-même. Un comité fut aussitot créer pour étudier les bateaux et ce comité a été surpris de voir que certaines solutions techniques considérées comme modernes soient déjà connues et utilisées par les Romains 2000 ans plus tôt.
Mais cette découverte va profiter au régime fasciste
En Italie, à cette époque, il y avait une forte revalorisation de la Rome antique, et les actes politiques étaient motivés par le désir de retracer son histoire d'une manière ou d'une autre, en essayant de suivre son chemin. Mussolini voulait conquérir un empire, agrandir les frontières de l'Italie,
Le regime autoritaire a une différence par rapport au régime démocratique Dans un régime démocratique on discute, on vote, on réplique, on se pèse... les décisions sont évaluées et pondérées, mais le temps passe et parfois les problèmes sont résolus trop lentement. Au contraire, un régime dictatorial ne permet pas la possibilité de discussion. La volonté est une, et c'est tout. Ce que vous voulez faire est fait tout de suite et parfois va mal
Mais cette fois, ça s'est bien passé. Cela explique pourquoi la récupération des navires a eu lieu précisément à cette période. Non seulement parce qu'il était enfin possible d'avoir de puissantes pompes d'assèchement ; mais parce que cette entreprise faisait partie de la politique générale de l'époque voulut par le Régime Fasciste
Mais aussi de nombreuses entreprises ont apporté leur contribution technique gratuitement, et toutes ces énergies convergentes pour sauver les navires.
Ce qui est rsite quand on connaît la sort final de ces navires
Un livre d'or a été mis en place sur lequel on peut encore lire les autographes des personnages les plus marquants de l'époque, en commençant par la famille royale et en continuant progressivement avec la royauté d'autres États, ministres, scientifiques, universitaires, et beaucoup d'autres personnes plus ou moins importantes qui voulaient voir l'ancienne découverte.
Mais des voies vont s’élever sur le cout de cette opération car si d'un côté on louait la découverte archéologique de l'autre le grand public était déçu : il s'attendait à qui sait quels trésors sortiraient des eaux. Ce mécontentement trouve un écho au Sénat, où, lors de la séance du 8 juin 1929, le ministre de l'Éducation Giuseppe Belluzzo déclare : "Le lac de Nemi, dont le niveau a été abaissé d'environ 7 mètres, a remis au soleil une partie du premier navire dans des conditions telles qu'il reste une fois de plus confirmé que la terre et l'eau sont plus jalouses que l'homme. Il y a quelqu'un qui, devant ce qui reste du premier navire qui a coulé il y a environ 19 siècles, se demande si cela valait la peine de faire un travail de récupération aussi énorme. Honorables sénateurs, permettez-moi de répondre à quelqu'un et à tous les sceptiques : oui, cela en valait la peine. Même si les dépenses et les efforts devaient être plus importants, cela en vaudrait la peine. « Et puis, encore une fois : »Peut-être que certains naïfs attendaient de retrouver le navire intact dans ses structures et avec tous ses ornements, et aujourd'hui ils se sentent déçus ; mais ceux qui connaissent les événements deux fois millénaires des navires de Caligula déclarent que la réalité dépasse les espoirs, et que la relation entre l'état actuel et l'état d'origine du navire découvert est de loin supérieure à la relation entre l'état actuel et l'état d'origine du navire. forum. Et puis il y a un immense intérêt technique puisque le navire récupéré nous montre à quelle perfection et à quelle virtuosité était arrivé l'art de construire des navires en bois, chez les Romains.".
Les objets trouvés à bord sont momentanément conservés dans une cabane, et sont : des fistules en plomb ; un robinet fonctionnel - qui deviendra, de par sa technique moderne, l'une des trouvailles les plus célèbres et les plus admirées ; une tête de loup en bronze, en partie encore dorés, luisant au soleil et portant un anneau serré entre ses dents ; de nombreux tuyaux de plomb et de bronze, des charnières ; une grande quantité de clous en fer, en
bronze et en cuivre, dont la technique spéciale d'utilisation sera discutée plus loin ; un grand nombre de des chevilles à tête dorée semblables aux punaises modernes ; de grandes tuiles en cuivre doré et des dalles en terre cuite
de forme trapézoïdale avec les bords des côtés principaux surélevés, appelés tuiles de toitet utilisé comme tuiles; de nombreuses feuilles de plomb très fines qui servaient à recouvrir la quille dans un but qui sera expliqué plus loin ; quelques belles têtes de félin.
Le 7 novembre 1929, toute la zone autour du navire s'est soudainement effondrée et s'est abaissée, glissant quelque peu dans le lac. En diminuant le niveau, la pression de l'eau sur les parois avait diminué, et ainsi la croûte superficielle, maintenant séchée au soleil, avait glissé sur la partie sous-jacente, encore à l'état semi-liquide. Les visiteurs, nombreux comme tous les jours, sont pris d'effroi en sentant la terre glisser sous leurs pieds et se précipitent sur le navire pour se mettre à l'abri ; mais le phénomène est de courte durée. Tout est remis en place et le travail peut reprendre avec une vigueur renouvelée.
Le renflouement. La destruction.
Le premier navire, arraché aux eaux du lac, est désormais abrité sous un hangar en attendant la construction d'un musée ainsi que les artefacts retrouvés au-dessus et autour de lui.
A ce stade, deux courants de pensée émergent. Certains sont également contre le sauvetage du deuxième navire; d'autres, au contraire, pensent qu'elle aussi doit être récupérée.
Les premiers argumentent pour leur perplexité que les structures du navire qui est encore sous l'eau sont identiques à celles du navire qui a déjà été ramené à terre, et les découvertes qui seraient trouvées, le cas échéant, seraient certainement de toutes semblables à celles déjà trouvé sur et autour du premier navire ; donc les dépenses et les efforts seraient inutiles.
Les autres en revanche, sont d'avis que l'autre bateau doit également être sorti de l'eau. Ils affirment que, de toute façon, les dépenses et les efforts seraient amplement justifiés par l'importance de ce qui est encore sous le lac de Nemi. La seconde thèse a prévalu : l'autre navire a également été ramené à terre et tous deux ont trouvé une place au Museo delle nave
Internet Original 1 navire Avant | Repliques des deux navires au 1/5 Apres |
Malheureusement, nous ne pouvons admirer que le musée et non plus les navires
Mais la catastrophe va frapper le site
Dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1944 les flammes ont embraser le Musée Bombardement? Canonnade?
Deux thèses s’affrontent
Celle que le feu a pris car des étincelles se sont échappées des poêles des civils évacués qui, s'étant réfugiés dans le musée, lors de la préparation des repas sous les navires ?
Celle du vandalisme des les troupes allemandes en retraite ?
Nous n'avons jamais su, avec certitude, la raison de ces flammes. Tout a été détruit. Seules les trouvailles qui avaient été transportées auparavant au Musée national romain ont été conservées Maintenant, ce qui reste, ce qui a été sauvé, a été remis en place
Les deux navires ont été reproduits à l'échelle 1/5, et ces maquettes sont, l'une après l'autre, exposées dans une aile du musée hélas trop grand car une seule suffit à les contenir toutes les deux. Mais les autres parties sont remplies par les découvertes archéologiques faites autour nottament le temple de Diane
Le musée
Il est comme une eglise à deux nefs et il semble vide
Dans l'allée gauche se trouvent deux maquettes à l'échelle 1/5 des navires détruits par les flammes. Les bois utilisés pour la construction de ceux-ci étaient le "Quercus sessiflora", le "Quercus peduncolata" et le "Pinus halepensis".
Les analyses du bois (appelées paléobotanique, car réalisées sur des bois anciens) ont montré une utilisation des bois adéquate aux besoins de la construction, avec l'utilisation d'essences différentes et même de parties de la plante différentes en rapport avec les fonctions qu'elles étaient censées avoir.
Pour le bordage, pour lequel du bois tendre était nécessaire, le pin était utilisé; tandis que le bois de chêne a été choisi pour la construction du pont. La découpe des poutres a également été réalisée de manière à permettre une résistance maximale.
La coque était enduite de plomb rouge, et était imperméabilisée avec un enduit de laine imprégné d'un mélange de poix végétale, de bitume et de colophane sur lequel étaient appliquées, avec des clous en cuivre, des feuilles de plomb d'un millimètre d'épaisseur et d'un millilitre de longueur, 40. Ce revêtement constituait une excellente défense contre les attaques des mollusques "xylophages" (mangeurs de bois), et précisément de tarets, un mollusque trouvé dans les eaux de la mer.
Son corps est vermiforme et presque transparent, protégé par deux valves de 8-9 mm de long qui protègent sa tête. Encore à l'état de larve, ce mollusque se fixe sur tous les objets en bois immergés et utilise les valves comme deux petites lames pour creuser des tunnels pouvant atteindre 30 cm. En même temps, il recouvre les murs d'une fine couche de calcaire. Il est clair que si un bateau est attaqué par un grand nombre de tarets, la quille est gravement endommagée jusqu'à la ligne de flottaison. À ce stade, il faut souligner que les Romains connaissaient à la fois le mollusque et les dégâts qu'il causait et, surtout, comment il devait être neutralisé.
Mais ici nous sommes dans milieu d’eau doucet et non de mer aussi, pourquoi cette couverture avait été utilisée et tous ces dispositifs que nous venons de décrire dans le cas des navires de Nemi.
Perfectionnisme poussé à l extrème , ou peur du courroux de Caligula qui exigeait la perfection ? Nous ne saurons jamais.
Les aussièresétaient fabriqués avec des fibres de " sparte " (c'est-à-dire obtenues à partir de la tige ou des feuilles d'une herbe) ; ce dernier avec des fibres de chanvre.
Quant aux assemblages du bordé, c'est-à-dire le système de construction d'une poutre en reliant plusieurs axes plus petits jusqu'à l'obtention de l'un de la longueur souhaitée, ils ont été réalisés avec la technique dite "paparella", c'est-à-dire que chaque demi-poutre était dentée et correspondait à la denture de la suivante, tandis que l'ensemble était resserré par des bandes métalliques minces mais solides qui les maintenaient ensemble.
Quant à la fermeture du bordé, elle avait été obtenue tant à l'arrière qu'à l'avant avec la technique de l ‘ongle perdu, qui était et est le système de jonction des tables pour qu'elles convergent en un seul point comme un éventail. Le tout, même ici, était resserré par de fortes et fines bandes de métal.
Le navire pouvait aller dans les deux sens, sans avoir à faire pivoter le bateau sur lui-même. À cette fin, aux extrémités, il y avait quatre gouvernails pour changer rapidement la direction de la route, en profitant de l'égalité de la conception des deux extrémités qui permettait cette manœuvre malgré les faibles dimensions du plan d'eau.
Les clous utilisés sur les deux bateaux sont d’une grande variété de tailles, de formes et d'utilisations. De quelques centimètres à plus d'un demi-mètre, à section quadrangulaire ou à tête pyramidale, à sommet aplati et petites protubérances.
Les matériaux utilisés sont, pour la plupart, le cuivre et dans une moindre mesure le bronze et le fer. Des analyses micrographiques auxquelles ils ont été soumis, il ressort qu'ils étaient très purs, tandis que le pourcentage élevé de cuivre utilisé rendait les ongles très résistants à l'oxydation. De plus, pour éviter la corrosion et la déformation du métal, qui pourraient provoquer un contact direct avec le bois de chêne, les clous ont été encapsulés dans des "douilles" spéciales résineux cylindrique comme le sapin et le pin
Les Ancres Une authentique ancre romaine placée au centre de la grande salle de gauche : elle a été sauvée du feu car elle est en fer et est du type "bloc mobile". Cela signifie que la moitié supérieure (semblable à un grand T majuscule) pouvait être séparée du reste de la structure de sorte qu'elle était divisée en deux parties. L'un était placé à droite du navire et l'autre à gauche, avec des résultats évidents de stabilité pendant la navigation.
Cette ancre L'ancre mobile en rondins, inventée par les Romains, a été "redécouverte" au XIXe siècle par la marine anglaise et, pour cette raison, a été appelée " amirauté".
La marine italienne, après la découverte de l'ancre romaine dans le lac de Nemi le 20 mai 1930 près du rivage dans la localité de Pizzo Raschiello, il revendique cette invention et par une circulaire spéciale de janvier 1938 ordonne qu'elle soit appelée "romaine".
Nous avons dit qu'elle était sauvée du feu parce qu'elle était en fer, mais il faut préciser qu'elle était enveloppée dans une gaine en bois. Cette gaine a été perdue lors de ce triste événement et a été remplacée par une autre parfaitement reconstituée.
Pour être complet, il faut dire aussi que le poids en livres est gravé sur le bloc mobile : 1275 (égal à 417 Kgs)
Une autre a été retrouvée récupérée le 27 octobre 1930. Malheureusement elle n'a pas eu la même chance que la précédente : étant en bois de chêne et ayant le bloc de plomb, il a été totalement détruit et maintenant nous ne pouvons admirer qu'une copie.
Nous continuons la promenade à travers l'histoire et observons les objets qui sont exposés autour des deux maquettes des navires.
On s'approche ainsi d'une « noria » qui est une pompe servant à vider la « cale » du navire, qui est la partie la plus basse dans laquelle sont recueillies les eaux qui, malgré toute perfection constructive, filtrent à travers la quille.
Celle reconsruction a été rendue possible grâce à la découverte d'une roue dentée à axe de section carrée et de douilles en bronze. Il se compose d'une série de récipients qui, articulés à une chaîne verticale, sont déplacés par une manivelle qui, donnant à l'ensemble un mouvement de bas en haut, les fait remplir d'eau qui est expulsée une fois la course verticale terminée, le récipient redescend et se renverse.
Ensuite on trouve pompe aspirante ayant la même vocation que la noria qui a été décrit ci-dessus. De conception très moderne, il est mû par un levier à deux bras et se compose de deux pistons qui montent et descendent avec un mouvement alternatif et tandis que l'un force l'eau à entrer d'un côté, l'autre, avec un mouvement opposé, l'expulse de l'autre coté
C’est une reconstruction, mais à proximité se trouve ce qui reste de l'original après l'incendie.
L'une des pièces les plus importantes et techniquement avancées, du point de vue de la fonctionnalité, est la plate-forme de grue rotative, à partir de laquelle il est clair à quel niveau de connaissances scientifiques les constructeurs navals de la Rome antique avaient atteint.
Non seulement la connaissance de la mécanique, mais dans ce cas aussi des lois de la physique, telles que le frottement et la chaleur qui en résulte, et le gonflement consécutif des métaux qui glissent les uns sur les autres, ainsi que la consommation relative de ceux-ci et les moyens appropriés pour l'éliminer, ou plutôt la réduire. La plate-forme est constituée de deux disques, l'un superposé à l'autre. Celui du bas est fixe, tandis que celui du haut tourne. Entre les deux sont interposées des sphères métalliques fixées au moyen de ferrures clouées qui, en déchargeant le frottement sur un seul point, réduisent les effets de freinage. Bref : c'est le roulement à billes !
Qui n’est apparu en europe qu’au XVIIIe siècle, c'est-à-dire lorsque les nations les plus avancées d'un point de vue industriel ont dû résoudre des problèmes de dynamique mécanique.
Ici à Nemi nous avons la présence d'au moins quatre de ces machines qui servaient à soulever des poids lourds.
Sur le mur opposé à l'entrée,sont rassemblés des fistules aquariums . Ce sont des tuyaux en plomb obtenus en soudant des feuilles de ce métal. Ils servaient à acheminer l'eau des rives du lac jusqu'aux navires. Ils portent le nom de celui qui les a voulus apposés sur le côté. Sur ces tubes est gravé : Caesaris Aug Germanici , c'est-à-dire Caligula. De ce fait, il était facile de les dater: ils ont été construits dans la période 37-41 après JC
Dans une vitrine sont exposées des parties d' opus sectile avec des dalles de serpentine et de porphyre utilisées pour les décorations des sols (les plus épais) et murs (les plus fins). Et encore des bandes apparentes de pâte de verre blanche, rouge et verte, travaillées à la baguette, utilisées dans les mosaïques comme motif décoratif associé à l' opus sectile et au tessellatum.
Dans les deux salles qui contenaient les deux navires, un tronçon de la route goudronnée est visible elle a té reconstituée à partir de la pierre utilisée pour les anciennes constructions routières qui, à la hauteur de Cynthianum, l'actuel Genzano, séparé de la Via Appia pour conduire au Sanctuaire de Diane.
Cette route a été découverte lors des fouilles pour la construction du Musée du Navire.
A l'entrée de celle-ci on peut admirer le moulage de la statue en bronze de Diane ou de Drusilla (sœur de Caligula) dans l'attitude d'une prêtresse.
L'original récupéré du lac en 1895, ainsi que sept autres figurines plus petites, représentant des génies et des prêtresses, sont maintenant exposés au British Museum de Londres.
A côté, ou plutôt un peu avant ces statuettes, toujours à l'entrée du musée, se trouve une colonne en spirale en pavonazzetto, avec un chapiteau corinthien trouvé près du deuxième navire.
Près d'elle, un socle en marbre provenant également du deuxième navire démontre, étant assez volumineux, la taille de la colonne correspondante devrait également être. Et retournons à l'intérieur.
Deux fragments d'un sol en mosaïque réalisé avec la technique mixte de opus sectile en porphyre et serpentine, opus tessellatum en palombino et opus vermiculatum en pâte de verre travaillée à la baguette. Tous deux sont issus de recherches effectuées sur le premier navire pour le compte d' Eliseo Borghi en 1895.
Mentionnons encore les nombreuses briques retrouvées surtout à bord du premier navire : des tubes cylindriques servant de support au bordé de pont qui, emboîtés deux à deux, formaient un interstice entre celui-ci et la coque. Et puis des tubes de section rectangulaire utilisés pour le chauffage.