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France 1809 Artillerie en Bataille

Article fait par :Claude Balmefrezol

Mis en ligne le 03/10/2024 à 10:00:41



France 1809 Artillerie dans le feu d action
Diorama à Ecole d artillerie Draguignan


 

 

 

Article ayant servi de Base tiré de ce site

À l'issue des guerres de la Révolution, toutefois, ce matériel perfectionné a fait la preuve de son efficacité mais également révélé ses défauts. Pour l'artillerie de campagne notamment, le poids encore élevé oblige à affecter la pièce de 4 aux divisions d'infanterie et celles de 8 et de 12 à la réserve d'armée. Si bien qu'une commission réunie en 1803 décide de conserver le 12 en l'état, et de substituer un canon de 6 à ceux de 4 (trop peu puissant pour appuyer les troupes au contact) et de 8 (trop lourd pour suivre les unités de première ligne). Cette innovation permettrait en outre d'utiliser les stocks de munitions étrangères correspondant au nouveau calibre. Parallèlement est créé un obusier de 5 pouces 7 lignes, du même pied que le canon de 6, qui complète l'obusier de 6 pouces 1 ligne accompagnant le canon de 12. Toutes ces modifications ne remettent d'ailleurs aucunement en question les principes de construction édictés par Gribeauval.
Dans la réalité, la Grande Armée combat en 1805 principalement avec des canons de 4, 8 et 12, les canons de 6 remplaçant progressivement les deux premiers types au cours des mois suivants. Si bien que, lors de la plupart des guerres de l'Empire, le canon de 6 et l'obusier de 5 pouces 7 lignes appuient les divisions de cavalerie ou d'infanterie, tandis que le canon de 12 et l'obusier de 6 pouces 1 ligne constituent la réserve d'artillerie des corps d'armée
(5). Faute toutefois d'un nombre suffisant de pièces de 6, le 4 et le 8 continuent à être employés sur le théâtre d'opérations espagnol.
Les objectifs prioritaires demeurent l'infanterie et la cavalerie adverses, les feux de contrebatterie n'étant utilisés que très exceptionnellement, lorsque l'artillerie ennemie menace de détruire les batteries. Concrètement le système Gribeauval offre deux modes de tir, « à boulet roulant » ou « à distance déterminée ». Dans le premier, le tube est à peu près parallèle au sol et le boulet retombe à 200 ou 300 m du canon avant d'effectuer une série de bonds ou de ricochets puis de finir sa course en roulant. Inefficace sur une cible défilée ou retranchée, cette méthode produit en revanche un très grand effet matériel et moral sur un but à découvert (à condition que le terrain ne soit pas marécageux, cultivé, coupé de chemins creux, de fossés, de rivières ou d'éminences). Le second mode recourt à l'observation directe. Néanmoins, compte tenu de la difficulté à évaluer les distances ou à observer les impacts au-delà de 1000 m, le tir, précis jusqu'à 600 m, s'avère simplement passable jusqu'à 1200, voire 1500.
En pratique, l'artillerie française ouvre le feu à boulets pleins à 600 m sur la cavalerie, à 700 ou 800 sur l'infanterie. De son côté, la portée utile de la boîte à mitraille est de 400 m, avec un effet en arc de cercle, tandis qu'un obus, lancé entre 700 et 1200 m, disperse ses éclats dans un rayon de 25 à 30 m. L'usure de l'âme intervient par ailleurs et les tubes, imprécis après 100 coups, se révèlent dangereux après 500, leur durée de vie n'excédant pas 800.
L'unité élémentaire, c'est-à-dire le pion de base pour la manoeuvre, demeure la « division » d'artillerie, qui correspond à nos batteries contemporaines. Cette dernière est formée dès l'entrée en campagne par la réunion d'une compagnie d'artillerie à pied ou à cheval
(6) et d'une compagnie de train, étant entendu que le capitaine d'artillerie possède entière autorité et totale liberté sur les attelages qui lui sont affectés. Une batterie à pied compte 8 pièces, une batterie à cheval 6 seulement. Les bouches à feu sont associées deux par deux en trois ou quatre sections, aux ordres d'un sous-officier, le commandement de chaque pièce revenant à son pointeur.
Une batterie aligne ses tubes face à l'ennemi, séparés chacun par un intervalle de 8 m environ, canons à droite, obusiers à gauche (tout au moins initialement). En arrière sont successivement rangés les avant-trains, un caisson par bouche à feu (où se ravitaillent en une navette incessante les pourvoyeurs, une fois que les munitions des coffrets sont épuisées) et enfin, 30 ou 40 m encore en arrière, le reste des caissons, les outils et pièces de rechange et la forge. Étalé sur près de 150 à 200 m de profondeur, ce dispositif a pour but de minimiser les dégâts d'un tir adverse et de faciliter le changement de position.
L’utilisation au combat
Lorsque l'éventualité d'une guerre contre l'Autriche se précise, à partir de la fin de l'année 1808, l'outil militaire sur lequel l'Empereur est susceptible de s'appuyer se révèle quelque peu différent de celui de 1805. La structure d'ensemble demeure identique. On a toujours des corps d'armée, essentiellement composés d'infanterie, qui constituent les pions de manoeuvre et peuvent recevoir le soutien de deux organismes particuliers, la réserve de cavalerie (au sein de laquelle sont notamment regroupés les régiments de cuirassiers et de carabiniers, spécialisés dans les actions de rupture, en l'occurrence la charge) et le grand parc d'artillerie, du génie et des équipages qui représente un véritable arsenal mobile.
Les batteries sont distribuées de façon logique. Toute division d'infanterie possède théoriquement deux batteries de 6 à pied ou bien une à pied et une à cheval. Les éléments organiques de corps d'armée alignent généralement une réserve tactique de deux batteries de 12 ainsi qu'un petit parc avec quelques munitions et affûts de rechange. La réserve de cavalerie possède quant à elle quelques batteries à cheval. Enfin, le grand parc conserve un petit nombre de pièces et des affûts de rechange, une partie des munitions d'artillerie et d'infanterie, des compagnies d'ouvriers et de train et enfin quelques compagnies d'artillerie dépourvues de tubes mais susceptibles de combler des vides en cours de campagne ou de garnir des places fortes. Grâce à ces précautions, la Grande Armée est à même de réparer et servir un maximum de bouches à feu en toutes circonstances, tout en disposant d'un organisme propre à assurer des flux logistiques réguliers avec le dépôt général, situé à l'autre extrémité de la ligne d'opérations.
On constate cependant un certain nombre de modifications par rapport à la situation de l'automne 1805. D'abord, l'effectif des bataillons d'infanterie a été réduit en 1808 d'un tiers
(7). Par ailleurs, les unités entraînées de Boulogne qui constituaient la Grande Armée de 1805-1807 sont désormais dispersées. Les 1er, 5e et 6e corps d'armée sont en Espagne, le 2e en Italie, le 7e a été détruit à Eylau (8).
Ne reste que le 3e corps (qui forme l'armée du Rhin sous les ordres de Davout). L'accroissement des effectifs de la Garde de son côté ne compense pas la progressive disparition des combattants expérimentés au sein des régiments. Soucieux de ne pas évacuer la Péninsule ibérique, Napoléon est donc contraint de rassembler une nouvelle armée à partir des troupes rentrées en France, des 4e bataillons récemment recrutés (qui formeront des régiments provisoires) et de 100000 nouveaux conscrits. Dès lors, la rapidité de manoeuvre et l'endurance qui résultaient de l'expérience pragmatique de la guerre et de l'entraînement intensif mené au camp de Boulogne ne sont plus possibles. Il en va de même du combat en tirailleurs, qui suppose des soldats expérimentés. L'infanterie française perd ainsi de sa redoutable fluidité, à un moment où l'adversaire autrichien l'acquiert.
L'Empereur entre finalement en campagne avec trois grands corps d'armée français, confiés à Lannes (en avant-garde), Davout et Masséna, appuyés par la Garde et par la réserve de cavalerie commandée par Bessières. Mais comme ces effectifs, trop réduits, ne permettraient pas de mener une manoeuvre d'ensemble sur le théâtre, Napoléon décide, fait nouveau, d'utiliser les contingents alliés en première ligne, et non pour assurer seulement la sécurité des arrières, comme lors des campagnes antérieures
(9). Le corps Masséna est donc renforcé de Bavarois et de Hessois, le 7e CA est bavarois, le 8e formé des troupes issues des petits États allemands et du Wurtemberg, le 9e composé de Saxons et de Polonais tandis que le 10e (en cours de réunion et qui doit servir de réserve) est westphalo-hollandofrançais. Une récapitulation du 15 septembre 1809 (10), immédiatement postérieure à la fin de la campagne, montre d'ailleurs que les unités françaises représentent à cette date 301 056 combattants et les troupes étrangères 118 970, soit respectivement 71,67 % et 28,32 % de l'effectif total. Mais, si l'on enlève les 87 254 hommes de l'armée d'Italie (11), la proportion des alliés au début de la campagne est plus forte.
La première phase de la guerre est marquée par un emploi tout à fait classique de l'artillerie, qui fournit l'appui direct aux unités. Du 19 au 23 avril a lieu une campagne de cinq jours, ponctuée de deux batailles (Abensberg le 20, Eckmühl le 22) et trois combats (Thann le 19, prise de Landshut le 21, prise de Ratisbonne le 23). Finalement, Napoléon est maître de Vienne à partir du 12 mai. Cependant l'armée adverse, intacte, est en ordre de bataille à quelques kilomètres, de l'autre côté du fleuve. Il faut donc franchir le Danube puis battre l'adversaire dans une plaine qui sert habituellement de terrain de manoeuvre aux troupes autrichiennes (d'où son appellation de « Marchfeld ») et dont la topographie se prête particulièrement à l'emploi de l'artillerie, notamment au « tir à ricochets ». Désireux de vaincre l'archiduc Charles avant qu'il n'ait été rejoint par « l'armée d'Autriche intérieure» de l'archiduc Jean, Napoléon fait une première tentative les 21 et 22 mai. C'est le combat d'Essling (Aspern) qui se conclut par l'échec français, faute de communications assurées entre les deux rives
(12).
La nécessité d'attendre l'arrivée de renforts et de préparer soigneusement une nouvelle traversée amène l'Empereur à adopter une position d'attente articulée autour de l'île Lobau (4 km de large sur 6 de long). Cette dernière est transformée en une véritable place forte improvisée qui inclut les minuscules îlots voisins
(13). Deux lettres de Napoléon décrivent précisément son organisation (14) . La gauche (en fait les deux petites îles « Masséna » et « Saint-Hilaire ») comprendra 4 pièces de 12 et 11 de 6, la droite (avec notamment l'île « Alexandre ») 10 pièces de 12 et 12 de 6, le centre enfin (île « Espagne », île « Lannes », plage gauche d'Enzersdorf) portera 26 pièces de 18, 4 de 12, 4 de 6, 10 obusiers et 26 mortiers. Par ailleurs, une réserve de 6 pièces de 18 et 12 de 6 sera dédiée aux tirs de contrebatterie.
Bref, au total, 125 tubes avec une forte proportion de gros ou très gros calibres. C'est que ce franchissement en force constitue une manoeuvre d'une ampleur quasi unique dans les campagnes napoléoniennes et nécessite une concentration des feux à sa mesure, comme le précise l'Empereur au commandant de l'artillerie de l'armée (17) . Mais il faut à la fois donner à ces dernières le temps de se mettre en place et parallèlement empêcher les Autrichiens d'occuper la zone de débouché. Habituellement, une telle mission est confiée à un corps d'armée. Or, la déroute des Saxons (9e CA) vient de créer un vide dans la ligne française, précisément à cet endroit. D'autre part, compte tenu de l'engagement de Davout et Eugène sur la droite et du mouvement de flanc de Masséna qui, de 11 à 13 heures, renforce la gauche face à la poussée ennemie, aucun groupement d'infanterie n'est disponible. Dès lors, l'Empereur innove en confiant à une masse d'artillerie seule le soin de couvrir la concentration de Macdonald et d'interdire temporairement toute progression adverse dans cette zone. Il utilise dans ce but les pièces de la Garde, ce qui s'avère logique puisque les autres corps d'armée sont soit engagés, soit sur le point de l'être, et ne peuvent de ce fait se démunir de leurs bouches à feu. Dans un premier temps, la cavalerie mène deux charges pour laisser à l'artillerie le temps de se réunir et de progresser. Elle encadrera ensuite les ailes du dispositif (la Garde à droite, les cuirassiers de Nansouty à gauche). Au même moment, sous les ordres de Lauriston, les 36 tubes de l'artillerie à pied de la Garde et les 24 de l'artillerie à cheval sont formés en colonnes par batteries et avancent en deux échelons jusqu'à demi-portée des rangs ennemis (soit 300 m environ). Les batteries se déploient alors au trot, détèlent et prennent position pour tirer. Tous ces mouvements sous le feu ont cependant entraîné la perte du quart des pièces, si bien qu'une partie de l'artillerie de l'armée d'Italie (4 compagnies à pied, 4 à cheval) est envoyée en renfort. L'ensemble représente finalement 85 bouches à feu (dont 18 canons de 12), formant une ligne de près de 2000m d'élongation, que sa convexité rend vulnérable aux tirs de flanc des Autrichiens. Malgré cela, pendant une demi-heure, la grande batterie canonne les rangs ennemis avant de s'ouvrir pour laisser passer les troupes de Macdonald
(18). Mais, trop éprouvée, elle n'accompagne pas ces dernières, laissant ce soin à l'artillerie bavaroise qui assure l'appui direct. Les pertes sont en effet à la mesure de l'effort consenti : l'artillerie de la Garde recense 121 tués (dont 6 officiers) et 264 blessés pour un effectif théorique de 958 militaires. Il a même fallu remplacer au pied levé les hommes touchés par des grenadiers et des chasseurs à pied volontaires. On comprend, dans ces conditions, qu'au soir de la bataille, elle compte dans ses rangs 60 nouveaux chevaliers de la Légion d'honneur.
Mise en Batterie
Zone d' attente
Diorama Musée artillerie Draguignan

 

Forge de Campagne et Caissons d'artillerie
Forge de Campagne
Caissons d'artillerie
Pièce d'artillerie
Pièce et Caisson d'artillerie
Caissons d'artillerie
Pièce et Caisson d'artillerie
Pièce et Caisson d'artillerie
Pièce d'artillerie
Caisson d'artillerie
Forge de campagne
Caisson d 'Artillerie
Pièce et Caisson d'artillerie

 Mise en batterie

Mise en batterie
Zone d'attente
Officier
Zone d'attente
Zone d'attente
Entrée en Batterie

 

 

Batterie 2 Pièces