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1214 Bataille de Bouvines

Article fait par :Claude Balmefrezol

Mis en ligne le 04/04/2025 à 22:43:44



Bataille de Bouvines
Cette victoire de Philippe II sur l'empereur Othon IV confirme la primauté incontestable de la chevalerie française.
Les adversaires
Othon IV de Brunswick (Argentan, vers 1182 - Harzburg, 19 mai 1218)

 
 
Il était roi d'Allemagne et empereur du Saint-Empire romain germanique. Fils d'Henri le Lion, duc de Bavière, et de Mathilde d'Angleterre, il fut élu en 1198 roi de Germanie et des Romains par les princes guelfes du Bas-Rhin, en opposition à Philippe de Souabe du parti gibelin, et fut reconnu par Innocent III en 1201 (Convention de Neuss).
Après la mort de Philippe de Souabe (1208), Othon fut couronné empereur le 4 octobre 1209 par Innocent III. Cependant, malgré la reconfirmation solennelle des engagements pris avec la Convention de Spire (1209) en faveur des domaines pontificaux, Othon revendique immédiatement une série de droits en Italie et même la couronne de Sicile, descendant personnellement dans le sud de l'Italie.
Excommunié (1210) et déposé (1211) par Innocent III, il est opposé au fils d'Henri VI, Frédéric II, qui est couronné roi de Germanie le 9 décembre 1212 par le pape lui-même.
Othon tenta de reprendre le pouvoir avec l'aide de son oncle Jean sans Terre, roi d'Angleterre, mais fut vaincu par Philippe II Auguste, roi de France, allié de Frédéric II, à la bataille de Bouvines (près de Lille) le 27 juillet 1214.

En 1215, il se retira dans ses fiefs saxons.

Philippe  II AUguste (Gonesse, 21 août 1165 - Mantes-la-Jolie, 14 juillet 1223)

Philippe II, est également connu sous le nom de Philippe Auguste, Philippe le Conquérant ou Borgne,et il fut le septième roi de France de la dynastie capétienne. Il était le fils et successeur de Louis VII le Jeune et de sa troisième épouse Adèle de Champagne.
On lui a donné le surnom d'Auguste alors qu'il était encore en vie, en référence directe à l'ancien titre donné aux empereurs romains. On pourrait le lui avoir donné parce qu'il est né en août, ou à cause du terme latin de augere, augmenter, ajouter . En effet le surnom pourrait être une référence au fait qu'en juillet 1185 il rattacha au domaine royal les seigneuries d'Artois, de Valois, d'Amiens, ainsi qu'une bonne partie du Vermandois.

In Memoriam Alain Houot


La naissance de Philippe en 1165 (à Gonesse) fut accueillie comme un miracle par la famille royale : en effet, Louis VII attendait depuis plus de trente ans un héritier mâle, qui ne lui fut donné que par sa troisième épouse, Adèle de Champagne. C'est ainsi que Philippe reçut le second prénom Dieudonné, signifiant « donné par Dieu », qui pour des raisons similaires sera également attribué plus de quatre siècles plus tard à Louis XIV.
Le 1er novembre 1179, Philippe, associé au trône de son père, est sacré à Reims par son oncle, l'archevêque Guillaume des Blanches Mains. Louis VII meurt le 18 septembre 1180, laissant Philippe, alors âgé de quinze ans, seul au pouvoir.
A partir de 1181, le conflit avec les seigneuries reprend, fomenté par le comte Ferrand de Flandre. Philippe Auguste s'était opposé aux plans du comte en rompant l'alliance avec le duc de Brabant Godefroid III de Louvain et l'archevêque de Cologne, Philippe de Heinsberg. En juillet 1185, le traité de Boves confirme au roi les fiefs du Vermandois, de l'Artois et de l'Amiénois.
Les Plantagenêts, qui régnaient sur l'Angleterre, étaient l'autre problème de Philippe II : les possessions d'Henri II d'Angleterre comprenaient, outre le comté d'Anjou, la Normandie, le Vexin et la Bretagne.
Une autre grande préoccupation de Philippe II était ses voisins allemands. Français Après la mort de l'empereur Hohenstaufen Henri VI en 1197, deux candidats étaient en lice : Othon de Brunswick, soutenu par son oncle Jean sans Terre et favorisé par le pape, et, de l'autre côté, Philippe de Souabe, frère d'Henri VI, soutenu par Philippe Auguste et couronné roi des Romains en 1205. Ce dernier fut cependant tué en juin 1208 : désormais sans rivaux, Othon fut couronné empereur en octobre 1209. Innocent III regretta immédiatement d'avoir soutenu Othon, qui exprima très clairement ses ambitions envers l'Italie (et qui fut excommunié pour cela en 1210).
Avec le soutien papal, Philippe II fut donc un protagoniste absolu dans la lutte contre le grand féodalisme. En conflit constant avec les rois d'Angleterre, ses vassaux : Henri II, Richard Ier Cœur de Lion et Jean sans Terre, à qui il arracha les fiefs de Normandie, d'Anjou et de Touraine et avec la victoire ultérieure de Bouvines (1214) contre l'empereur Othon IV , Philippe II Auguste réussit à placer environ un tiers du territoire français sous la dynastie des Capétiens.
Après la bataille de Bouvines, des opérations militaires ont eu lieu en Angleterre ou dans le sud de la France. Le domaine royal, et plus généralement les régions au nord de la Loire, avaient été laissés en paix, aux termes de la trêve conclue à Chinon en 1215, d'une durée originelle de cinq ans, puis prolongée en 1220 avec la garantie de Louis, association qui marqua le début de la transition de Philippe à son fils et héritier.
Bien que les conquêtes militaires aient cessé, Philippe étend néanmoins son influence en profitant de problèmes de succession. Ce fut le cas du comté de Champagne lors de l'avènement de son arrière-petit-fils Thibaut IV, qui lui permit d'assurer sa souveraineté. C'est aussi le cas de la récupération par le roi de quelques terres comme Issoudun, Bully, Alençon et Clermont-en-Beauvaisis, en plus du Ponthieu.
La prospérité du royaume à la fin du règne de Philippe II est un fait certain. L'excédent du trésor était estimé à 25 210 lires en novembre 1221. À cette époque, le Trésor avait dans ses caisses 157 036 lires, soit plus de 80 % du revenu annuel ordinaire total de la monarchie. Le testament de Philippe Auguste, rédigé en septembre 1222, confirmait ces chiffres, puisque la somme de ses legs était devenue 790 000 livres parisiennes, soit environ quatre années de revenus ! Ce testament a été rédigé alors que la santé de Philippe se détériorait et que sa mort semblait imminente. Il a survécu encore dix mois.
Alors qu'il se trouve à Pacy, Philippe décide, contre l'avis de ses médecins, d'assister à la réunion ecclésiastique organisée à Paris pour préparer les nouvelles croisades. Il ne survit pas aux fatigues du voyage et meurt le 14 juillet 1223, à Mantes. Son corps fut ramené à Paris et ses funérailles furent rapidement organisées à Saint-Denis, en présence des grandes personnalités du royaume. Pour la première fois, le corps d'un roi de France, revêtu de tous ses atours, était exposé à la vénération du peuple avant son enterrement, dans un rite solennel inspiré de celui en vigueur pour les rois d'Angleterre.
Philippe Auguste reste l'un des rois les plus étudiés et admirés de la France médiévale, non seulement pour la longue durée de son règne (quarante-trois ans), mais aussi pour ses célèbres victoires militaires et ses grands progrès vers la fin de l'ère féodale et la concentration du pouvoir entre les mains du roi.

Bouvines
La situation internationale
La situation internationale qui s’est développée entre le XIIe et le XIIIe siècle était extrêmement confuse. En effet, depuis l’époque de la conquête normande, l’Angleterre Plantagenêt était une réalité dont il fallait tenir compte en Europe, puisque la possession de la Normandie lui permettait d’avoir une tête de pont importante sur le continent ; la stature de personnages comme Henri II puis de son fils aîné, Richard Cœur de Lion, héros des croisades, capable de vaincre Saladin et de mobiliser une nation pour le libérer de sa prison en Autriche, avait consolidé la dynastie et rendu son rôle central dans la politique européenne.
Son gisant se trouve à   l abbaye de Fonteveraud
La Flandre était une terre de grands bouleversements, un vivier de chevaliers et de guerriers prêts à offrir leurs services à quiconque leur offrait une compensation, et un marché de la laine prospère avec lequel les souverains des autres États aspiraient à entretenir une relation commerciale privilégiée. La papauté n’avait jamais été aussi forte, avec un pontife autoritaire et charismatique comme Innocent III, capable de s’établir comme le gardien des décisions politiques décisives pour le développement des relations internationales de l’époque.
Otton IV et Innocent III
Othon IV rencontre le pape Innocent III
Et puis, il y a eu l'empire, le Saint-Empire romain germanique, qui est passé, au cours des quatre siècles de son existence, par différentes maisons et dynasties, des Carolingiens aux Othoniens, des Francs aux Souabes. C'est alors qu'un changement important s'était produit dans son histoire, grâce à la politique matrimoniale de Frédéric Barberousse, qui avait faot entrer dans à sa maison l'héritage normand de l'Italie du Sud, en mariant son fils et héritier Henri VI à la dernière représentante des glorieux Hauteville. Mais le nouvel empereur n'a pas joui longtemps de sa position  car il est  décédé prématurement en 1197 avait laissé vacant un empire qui s'étendait de la côte le long de la mer du Nord jusqu'à la Sicile, coupant l'Europe en deux et preant en étau les possessions papales en Italie centrale.
Mais le pape Innocent III avait la chanche qu'Henri VI lui ait confié la tutelle de son fils Frédéric Le pape, a alors encouragé l'éducation italienne de l'enfant, qui pendant la majeure partie de sa brillante vie se désintéressra de l'Allemagne, pour se concentrer sur la péninsule, permettant au parti opposé à la famille Hohenstaufen, à laquelle il appartenait, c'est-à-dire les Guelfes, de s'affirmer dans les territoires allemands.
En 1209, le pontife sanctionna l'élection comme empereur de son représentant le plus prestigieux, Othon IV de Brunswick, dont la parenté avec Jean sans Terre, qui succéda au trône d'Angleterre après la mort de son frère Richard en 1199, créa les conditions d'un axe anglo-germanique dangereux pour le roi de France.
Les intrigues politiques étaient encore compliquées par l'existence du lien de vassalité qui liait encore le roi d'Angleterre, en tant que duc de Normandie, envers le roi de France. Et l'on a pu constater à quel point ces obligations théoriques étaient pertinentes immédiatement après l'accession de Jean au trône, lorsque, en conséquence du refus du roi d'Angleterre de rendre compte au roi de France de sa politique matrimoniale,
La guerre éclata entre les deux nations. En trois ans, l'offensive déclenchée par Philippe II enlève aux Anglais le contrôle de la quasi-totalité de leurs possessions sur le continent, à savoir la Normandie, le Poitou, l'Anjou, le Maine et la Touraine.
L'Alliance anglo-germano-flamande
Les piètres résultats obtenus dans le conflit par Jean sans Terre poussèrent le roi d'Angleterre, peu aimé dans son royaume, à resserrer les liens avec son neveu Othon IV qui, de son côté, désirait  d'unifier tous les territoires d'Henri VI.
En 1212, l'empereur passa lui-même à l'offensive, essayant de prendre le contrôle de l'Italie du Sud, mais son action lui aliéna définitivement les sympathies papales ; Innocent III avait tout fait pour maintenir séparées les deux parts de l'héritage d'Henri VI, et il réagit de la seule manière dont un pontife pouvait nuire à son ennemi : il excommunia Othon, le déposa et fait élire à sa place le jeune Frédéric II qui était du parti Gibelin.
L'action du souverain guelfe eut aussi pour effet de rapprocher Philippe et le pape, et de consolider les deux blocs ainsi créés : d'un côté deux souverains discrédités, Jean et Othon, soutenus par une partie des princes flamands, de l'autre un roi montant, Philippe, fort de l'appui papal.
Mais l'alliance anglo-germano-flamande était très dangereuse pour la France car elle était en danger avec des attaques sur plusieurs fronts que Jean et Othon pouvaient mener
Le roi d'Angleterre prend la direction du  sud, et débarque à La Rochelle le 16 février 1214 et ensuite envahi l'Aquitaine, tandis qu'Othon doit agir au nord, profitant du soutien flamand pour avancer directement sur Paris tandis que son ennemi est occupé au sud.
Philippe n’eut d’autre choix que de se lancer ses troupes e, mars 2014 vers l' Aquitaine  pour contenir Jean De son coté Othon bivouaque en Flandre, attendant d'augmenter ses maigres forces allemandes avec des mercenaires payés par l'argent anglais.
L' attaque sur deux fronts n'a donc pas lieu et Philippe peut retourner au nord, confiant à son fils Louis la tâche de contrôler les mouvements de Jean.
Othon ne commença sa campagne que le 12 juillet, atteignant Nivelles dans le Brabant, puis marchant vers le sud dans le Hainaut, visant finalement Paris. Mais le roi de France ne se limite pas à attendre son adversaire. Il opte pour une stratégie offensive, se dirigeant vers les Flandres, théâtre d'affrontements incessants les années précédentes, avant que ses adversaires ne puissent pénétrer profondément en territoire parisien.
Le 26 juillet, il s'empare de Tournai, mais s'aperçoit alors qu'Othon est dejà à hauteur de Valenciennes plus au sud ce qui le contraint de rebrousser chemin, prenant la route vers l'ouest, vers les Lilas, pour déborder l'ennemi à son tour.
Mais Othon pivote ses forces lui aussi vers l'ouest, ce qui eut pour résultat que les deux armées se retrouvèrent proches l'une de l'autre, juste à l'est de la rivière Marcq ;
C'était le 27 juillet, un dimanche, et le roi de France ne prévoyait pas d'affrontement le jour dédié à Dieu, jour où, comme l'observa l'un de ses conseillers,
En effet il était mal de verser du sang humain. Ainsi, Philippe decida de passer à l'ouest du fleuve, afin d'établir dans une position défensive lui permetant de barrer la route de Paris
Il trouva un pont situé près de la citadelle de Bouvines, qu'il fit agrandir  afin de permettre un passage plus rapide des soldats. Otho de son coté  pensa que son adversaire voulait simplement éviter le combat, et considérant sa supériorité numérique, il hâta la bataille.
La bataille
Il faut savoir que les grands seigneurs du royaume de France apportaient une aide militaire à la couronne, en cas d'appel aux armes,
Les rois de France, sont capables d'imposer à leurs vassaux cette aide militaire . En règle générale, chaque seigneur féodal était tenu de fournir au souverain même moins de 1/100 de ses chevaliers, Aussi par exemple le comte de Champagne, qui avait 2300 chevaliers à sa disposition, doit lui en fournir 20.  Face à cette faiblesse des effectifs  le roi doit compenser avec des combattants fournis par l'Église, plus ceux de ses propres domaines et avec des mercenaires.
Parmi les chevaliers d'origine noble, il y en avait de différents rangs, à commencer par les plus riches, les bannerets,puis les propriétaires d'un fief, les chevaliers engagés, ou chevaliers conscrits, jusqu'aux écuyers.
L'apprentissage des armes commençe à l'âge de sept ans, généralement comme pages de leur père, et à douze ans, ils passèrent à la cour d'un puissant seigneur ; Il sont prit sous son aile et continua leur entraînement, les utilisant notamment pour la chasse, jusqu'à ce qu'ils deviennent de véritables chasseurs à l'âge de vingt ans. Ceci était suivi par la cérémonie d'investiture en tant qu'écuyer, après laquelle le jeune homme était encouragé à entreprendre une carrière dans les armes, généralement comme serviteur d'un chevalier, l'accompagnant occasionnellement au combat avec un destrier de rechange et un équipement complet ; par la suite, il obtint l'investiture plus solennelle de la chevalerie, qui impliquait, au moins théoriquement, l'adhésion à un code d'éthique rigide, même envers les ennemis.
L'équipement d'un chevalier était toutefois coûteux et supposait, avant tout, l'achat et l'entretien d'un cheval de guerre ; les bannerets avaient deux destriers, ou chevaux de guerre, et au moins cinq hommes écuyers, lads, valets), dont la tâche était généralement de fournir des provisions et des montures, bien qu'ils fussent parfois tenus de prendre part au combat ;
Les chevaliers de rang moyen, en revanche, devaient amener avec eux un destrier et deux chevaux ordinaires (palfrois), ainsi que quelques suivants.
Chevaliers du XIIIe siècle
Miniature de 1250 représentant des chevaliers au combat
Ces chevaliers avaient comme armure un haubert et, en dessous, au gambison, la veste matelassée de cuir épais ou de soie, en plus des protections le long des membres ; la cotte de mailles couvrait également les mains, avec des demi-gants appelés guarde main, les jambes et les pieds, ainsi que la tête, avec la capuche, sur laquelle était porté un simple casque, appelé cervellière.
Souvent, la "capuche" de cotte de mailles était complétée par un rembourrage pour soutenir le casque. Par-dessus le plastron, on portait un manteau de laine sans manches, descendant jusqu'aux chevilles, resserré à la taille par une ceinture et décoré avec ses armoiries
Le bouclier, en forme d'amande, était plus petit que celui de l'infanterie, pour faciliter les mouvement Comme armement offensif il  possédait une lance une épée et parfois un poignard.
Le roi pouvait également enroler des contingents municipaux, pendant trois mois par an, ou encore grace à des contributions monétaires embaucher des mercenaires. Les milices de la ville fournissaient les sergents. Littéralement, le terme « sergent » est tiré du latin « sertente » qui dans les chroniques de l'époque, désignait tous les combattants non nobles, à pied comme à cheval, c'est-à-dire aussi bien les milices municipales que la suite des chevaliers d'origine noble, ainsi que les petits propriétaires de fiefs. Plus tard, le terme sera progressivement remplacé par « hommes d’armes ».
Leur armement était plus léger que celui des chevaliers, même lorsqu'ils étaient sergents à cheval, bien qu'au XIIIe siècle ils avaient tous un haubert, peut-être court juste en dessous de la taille (dans ce cas, haubergon était la définition la plus utilisée), avec une capuche pour protéger la tête, mais pas nécessairement un casque. L'épée, la lance et le bouclier court en forme d'amande complétaient l'armement.
Les forces en présence
Philippe, avec les troupes rassemblées grâce à la levée féodale dans le centre-nord de la France, disposait  de : 7 000 chevaliers et sergents à cheval et 15 000 fantassins, qui se rassemblèrent à Péronne, dans le Vermandois, à plus de cent kilomètres au nord de Paris. Othon, par contre, bénéficiait d'une supériorité numérique grâce à ses 18 000 fantassins et ses 6 000 cavaliers et sergents montés.
Philippe II à Bouvines
Philippe II à Bouvines
Cet avantage numérique n'efface cependant pas la qualité renommée de la cavalerie française qui  la troupe d'élite de l'armée de Philippe bien plus prestigieuse qu
De plsu par sa position géographique le roi de France réussit à am,er son ennemi sur un terrain ouvert près du fleuve qui peut supporter mieux la charge de ses unités montées ; c'est du moins ce que suggère au moins une source, la Vita Odiliae.
Les déploiements
Lorsqu'il apprit que les Impériaux, « comme une meute de chiens enragés poursuivant leur proie », selon les mots d'un chroniqueur français anonyme, attaquaient déjà son arrière-garde, composée d'hommes champenois et conduite par le vicomte de Melun, Philippe envoya le duc de Bourgogne Eudes III pour le soutenir et donna l'ordre d'arrêter  le passage du fleuve . En effet une partie de l infanterieavait déjà traversée le fleuve 
Aussi impatient de combattre que son adversaire, il déploya aussitôt son armée au combat, plaçant les arbalétriers en première ligne, l'infanterie en seconde et la cavalerie en troisième, et formant un front de trois divisions, « en l'honneur de la divine Trinité », dit un chroniqueur.
Le souverain prend le commandement direct du centre, où il stationne avec une soixantaine de chevaliers normands, et l'oriflamme  de St Denis bannière des rois de France qui est deposé à Saint-Denis 
Philippe confie alors l'aile droite à l'évêque de Senlis, Guérin, templier, soutenu par le duc de Bourgogne et le comte Gautier de chatillon comte de Saint-Pol, ainsi que par le comte de Melun avec ses unités revenant des premières escarmouches. Le chef de l'aile gauche, composée de soldats venus du nord, était Philippe de Beauvais, avec son frère, le comte Robert de Dreux, et les comtes de Ponthieu et d'Auxerre.
Bouvines_1
Bouvines  les positions des troupes
Quelque peu déconcerté, Othon s'empressa de former lui-même une formation de combat, déployant ses troupes au fur et à mesure de leur arrivée et plaçant son infanterie en première ligne. Lui aussi se plaça au centre, accompagné de l'étendard à l'aigle impériale et d'Hugues de Boves, capitaine de fortune, des troupes allemandes et de celles du Brabant et de Namur ;
il confia ensuite le flanc droit, composé en grande partie de mercenaires, à Guillaume Longue-Épée (ou Longespée), frère de Jean sans Terre, et à Renaud de Boulogne, tandis que la gauche, composée en grande partie de Flamands, fut attribuée à un autre ancien vassal de Philippe, Ferrant de Flandre. L'empereur excommunié avait même eu la prévoyance de faire coudre des croix sur la poitrine et le dos de ses soldats, afin qu'ils puissent se distinguer de leurs adversaires une fois la bagarre éclatée.
La bataille
C'est Philippe qui  déclenche les hostilités  alors que l'armée ennemie n'avait pas encore terminé son déploiement, avec une partie de l'infanterie encore le long de la route. La première attaque fut menée, en fin de matinée et avec le soleil dans le dos des Français, par une unité de 300 sergents à cheval de Soissons, sous le commandement de l'évêque Guérin ; ils avaient toute latitude pour se rapprocher des chevaliers flamands de Ferrand, qui estimaient qu'ils ne devaient pas se salir les mains en affrontant des combattants de lignée inférieure à la leur.
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Bouvines - Attaque des 300 sergents à cheval
Les hommes du comte de Flandre réagirent tardivement, contre-attaquant finalement en criant « Mort aux Français ! »avec comme mission de viser à tuer les chevaux ennemis.
Pendant ce temps, le reste de l'aile française, dirigée par Gualtieri di Saint-Pol - qui devait dissiper les doutes sur sa loyauté - intervenait pour soutenir ses camarades, tandis que le reste des deux camps entrait également en contact avec le front opposé.
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Bouvines - Intervention des autres camps
La mêlée devint si intense qu'à plus d'une occasion il y eu des combats fratricides
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Bouvines - Les larmées sont au contact

Cependant, l'intervention du comte de Saint-Pol permet aux Français de la droite de réaliser une percée, qui fait que le comte  se trouva à l arrière des lignes ennemies. Il en profita pour charger les Flamands par derrière, étant également le protagoniste d'actions courageuses, comme le sauvetage d'un de ses amis qui était retenu prisonnier par l'ennemi, et encourageant l'émulation du comte de Melun, qui commença également à traverser les lignes flamandes.
A l'inverse, dans les deux autres secteurs du déploiement, les Français semblent souffrir de la supériorité numérique des Impériaux. L'infanterie d'Othon pouvait bénéficier d'une plus grande profondeur, ce qui lui permettait de tenir face à  l'impact des Français ; De plus, la plus grande extension du front impérial sur la droite permettait aux alliés d'écraser également le flanc ennemi.
Philippe se retrouva ainsi avec les Germains sur lui, tandis que sa cavalerie, qui aurait dû le protéger, était engagée dans une série d'affrontements avec les chevaliers ennemis ; L'objectif d'Othon semblait donc proche d'être atteint, puisqu'il s'était engagé dans une bataille avec le but précis, partagé par ses principaux alliés et conseillers, d'atteindre Philippe et de le tuer.
Le roi de France se trouva ainsi à la merci de l'infanterie allemande, qui le désarçonna et l'attaqua à plusieurs reprises ; Seule la solidité de son armure permit à Philippe de résister aux coups de l'ennemi jusqu'à l'arrivée de ses gardes du corps.

 

Le roi dut probablement la vie sauve à son porte-étendard, Galon de Montigny, qui se mit à agiter comme un fou son oriflamme  pour attirer l'attention des chevaliers français.


Il semble que cet épisode soit la clé du combat. L'internvention de des gardes  du coprs permet au roi de remonter à cheval et de mener une contre-attaque à la tête de la cavalerie lourde ; Les piquiers allemands s'étaient alors tellement avancés dans les profondeurs qu'ils avaient perdu tout semblant de cohésion et furent pris complètement au dépourvu.

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Bouvines - La reprise de la garde de Philippe et la ceinture défensive disposées en cercle

En effet, ce sont les Français qui s'avancent bientôt jusqu'aux lignes occupées par l'empereur ; en particulier, un chevalier, Pierre Mauvoisin, se fraya un chemin à travers les Allemands et arriva juste devant Othon, réussissant même à saisir la bride de son cheval et à le maintenir bloqué pendant un long moment. Un autre soldat de Philippe, un certain Girard Scophe, dit Girard  de la truie   essaya de percer la poitrine de l'empereur, mais dans ce cas aussi l'armure sauva la aussi l' Empereur Le coup finit par atteindre son cheval, qui s'écroula à terre, obligeant Othon à en chercher un autre, qui lui fut promptement proposé par un certain Girard d'Hostmar ; ce dernier, en outre, se plaça entre son maître et les Français qui arrivaient, retardant leur poursuite.


Poussés par Philippe lui-même, les chevaliers transalpins continuèrent à poursuivre l'empereur et le rejoignirent une fois de plus ; Guillaume de Barrès, célèbre champion de tournois, tenta de le désarçonner, mais Othon parvint à résister, jusqu'à ce que l'intervention de quelques Saxons lui permette de se libérer et d'abandonner définitivement le champ de bataille.
A droite, cependant, les Anglo-Flamands ne voulaient pas céder. Avec l'appui du frère du roi d'Angleterre, l'inépuisable Renaud de Boulogne mena des assauts continus sur les rangs ennemis depuis le début de la bataille, puis se réfugia derrière la ceinture défensive dressée par 700 piquiers disposés en cercle ; Ils lui permettaient de souffler à chaque fois en ouvrant des brèches pour le laisser entrer et en agissant comme un écran avec leurs lances contre les attaques ennemies.

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Bouvines - Othon abandonne le champ de bataille
 
L'intervention de l'évêque de Beauvais fut décisive, puisqu'il réussit à désarçonner le comte de Salisbury d'un coup de masse de fer, permettant ensuite à un autre chevalier de s'attribuer le mérite de l'exploit.
Seul l'indomptable
Renaud de Dammartin resta à combattre, conscient que son changement de camp et ses exploits ultérieurs contre le roi de France ne lui laissaient aucun espoir de pardon. Cependant, au fil du temps, ses forces s'amenuisèrent, tandis que celles que Philippe pouvait envoyer contre lui devenaient de plus en plus nombreuses, atteignant le nombre de 3 000 combattants.
Déterminé à rechercher la mort, Renaud  fut réduit à quitter le cercle d'infanterie avec seulement cinq chevaliers, et avec la perspective d'affronter presque toute l'armée ennemie. Il finit désarçonné et immobilisé sous son cheval, mais avant que les soldats français ne puissent l'achever, l'évêque Guérin le déclara prisonnier .
Philippe Auguste ramenant à Paris Ferrand de Flandre, et Renaud de Dammartin après la bataille de Bouvines.
Les pertes
Il n'existe pas d'informations précises sur le nombre de victimes. Les chroniqueurs nous offrent un « récit à la manière de l'Iliade », selon les mots de Duby, un récit de luttes singulières entre nobles, les seuls à jouir de la scène de l'Histoire. Les pertes parmi les soldats ont dû être élevées, car 170 sergents à cheval sont restés sur le terrain du côté allié, un chiffre très significatif ; Parmi les vrais chevaliers, cependant, seuls quelques-uns tombèrent, à une époque où le respect mutuel entre nobles imposait la tendance à démontrer sa supériorité sur l'adversaire en le forçant à se rendre, ne serait-ce que pour obtenir une rançon de son emprisonnement. Sans surprise, 140 autres chevaliers et mille fantassins se retrouvèrent aux mains des Français - qui, en fin de compte, subirent des pertes relativement légères - qui organisèrent une impressionnante procession triomphale vers Paris, affichant un nombre sans précédent de prisonniers.
Les conséquences
La bataille de Bouvines discrédite l'empereur mais aussi l'empire. Excommunié, vaincu, ridiculisé pour son évasion, Othon IV fut déposé l'année suivante et disparut des radars del'Histoire, pour mourir quatre ans plus tard seul ; sur ses terres
L'empire a cependant survécu quelques décennies encore grâce à la personnalité extraordinaire de Frédéric II, qui s'est toutefois comporté davantage comme un souverain régional que comme un monarque universel. Puis, il sombre dans la décadence avant la renaissance prudente et progressive avec les Habsbourg.
Jean sans Terre n’eut pas plus de chance, son extrême incompétence ne lui permettant même pas de prendre part à la bataille décisive ; Dans les deux années qui lui restaient à vivre, le roi d'Angleterre dut souscrire, avec le Roi de France la paix de Chinon,
Avec les pertes territoriales que Philippe lui avait infligées, vont s'ajouter la Magna Carta,avec la perte du pouvoir absolu, . Les souverains anglais vont devoir partager le pouvoir avec les barons, ouvrant la voie à la monarchie constitutionnelle.
Celui qui tira le plus de bénéfices de Bouvines fut Philippe II, désormais surnommé « Auguste », « roi de France » et non plus « des Francs ». La victoire lui permit de compléter les annexions à son royaume par de nouvelles campagnes le long du Rhin, triplant le territoire qu'il avait reçu de son père, qu'il transforma d'un conglomérat de fiefs en un État centralisé, inaugurant le siècle de splendeur de la France médiévale. De plus,
il avait non seulement gagné, mais avait aussi défendu l'Église contre un empereur excommunié qui, de plus, avait osé attaquer un dimanche. Et peu importe que Philippe ait accepté de bon gré la bataille, ou que des années auparavant il soit parti en croisade pour rentrer précipitamment chez lui après avoir réalisé que défendre la foi demandait un peu plus d’efforts que prévu.
Sa victoire inaugure l'ère des rois « très chrétiens » - et même des saints, comme Louis IX - des Capétiens considérés comme le soutien naturel de la papauté, à tel point que celle-ci, avec le transfert du siège pontifical à Avignon au XIVe siècle, devient une émanation de la couronne de France.