Rites Funéaires Sarcophage Combat Grecs Vs Amazones Louvre
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Dès le IIe siècle après J.-C., Athènes rivalise aux côtés des ateliers de Rome dans la réalisation de sarcophages monumentaux décorés de reliefs, souvent exportés en Grèce ou à travers la Méditerranée comme ce sarcophage créé vers 180 après J.-C. et retrouvé à Thessalonique. Le couvercle, grossièrement traité, représente un lit funéraire sur lequel sont étendus les défunts. La cuve met en scène le combat légendaire des Grecs contre les Amazones ; le revers est orné de guirlandes et de griffons.
Découvert en 1836 à Thessalonique, au nord de la Grèce, ce sarcophage monumental est entré au Louvre en 1844, deux ans après avoir été offert au roi Louis-Philippe par le consul M. Gillet. Malgré son lieu de provenance, la cuve est une création attique du IIe siècle après J.-C. Athènes, le troisième grand centre de production de sarcophages à côté des ateliers de Rome et d'Asie Mineure, perpétue ainsi sa tradition de sculpture en réalisant des sarcophages ornés de reliefs souvent destinés à une clientèle étrangère et exportés à travers la Méditerranée ou en Grèce même, comme dans le cas présent. La production s'éteint à la fin du IIIe siècle sous l'effet de la crise économique, due en partie au sac de l'Attique par les Hérules en 267 après J.-C.
Conformément à une pratique attestée également en Etrurie, en Italie et à Rome, le sculpteur a personnalisé le sarcophage en représentant un couple de défunts à demi allongés sur le couvercle.
La structure de la cuve imite en effet celle du lit funéraire, supporté aux angles par des caryatides et des termes, avec son épais matelas et ses coussins brodés. Ces portraits présentent plusieurs indices qui permettent d'avancer une datation vers 180 après J.-C. : la coiffure de la femme, par exemple, avec ses larges ondulations de part et d'autre d'une raie médiane et son chignon bas sur la nuque, est proche de la coiffure impériale portée par les nobles Romaines à la fin de la dynastie des Antonins (96-192 après J.-C.). Les traits des époux sont brossés à grands coups de ciseau et travaillés avec une vigueur qui révèle l'œuvre d'un sculpteur local, qui a ainsi complété par les portraits des destinataires une cuve importée d'Attique en Grèce du Nord à l'état d'inachèvement.
Contrairement aux exemplaires romains sculptés sur trois côtés seulement, les sarcophages attiques, qui étaient présentés à l'intérieur d'édifices largement ouverts au regard des vivants, sont décorés de reliefs sur leurs quatre faces. Le choix du sujet s'est ici porté sur un épisode de la mythologie :
le panneau principal et les petits côtés mettent en scène le combat des Grecs et des Amazones au cours de la guerre de Troie, marqué notamment par la mort de la reine Penthésilée dans les bras d'Achille, qui s'éprend d'elle après l'avoir blessée à mort
Mort de la reine Penthésilée dans les bras d'Achille, |
. La composition dense et violente joue de l'enchevêtrement des personnages, des postures contorsionnées et des effets de draperies contrastant avec la nudité des corps. Tout en les modifiant, les attitudes des combattants s'inspirent des modèles traditionnels de la sculpture grecque. La monumentalité des figures trahit le goût des artistes grecs pour un décor proche de la ronde-bosse, où les personnages sont traités comme des sculptures individuelles. Au revers de la cuve, deux griffons sculptés en bas-relief sont affrontés à l'intérieur de guirlandes suspendues à deux Héraclès en forme de termes et à un aigle.
Revers de la cuve avec deux griffons sculptés en bas-relief affrontés à l'intérieur de guirlandes suspendues à deux Héraclès en forme de termes et à un aigle. |