Paléolithique Moyen Moustérien Chasse au Mammouth Paris MH
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Pendant des milliers d'années, le mammouth cohabite avec l'homme : les Néandertaliens et les premiers Homo sapiens sont contemporains du mammouth en Europe et en Amérique du Nord. À l'arrivée d'Homo sapiens, il y a 120 000 ans, le statut de l'animal change, car on utilise mieux ses os, notamment comme support d'art. Certains peuples paléolithiques d'Europe centrale et orientale utilisent de façon prononcée et diversifiée les ressources provenant du mammouth, développant une « culture du mammouth » dont témoignent des manifestations symboliques comme les statuettes en ivoire dénommées « Vénus » (voir la figure 5).
Du mammouth, l'homme a consommé la viande, la moelle des os et la graisse. Avec l'ivoire, il a fabriqué outils, bijoux, sculptures et supports de gravures d'animaux et de femmes ; certains figurent parmi les plus anciens chefs-d'œuvre connus. En Europe occidentale, il a gravé, dessiné, peint des mammouths sur les parois des grottes. En Europe orientale, il a construit des habitations avec ses os et ses défenses.
Pour subvenir à leur besoin en nourriture, notamment en viande, les hommes du Paléolithique pratiquaient la chasse et le « charognage ». La chasse des animaux de grande taille protégés par leur toison, tel le mammouth laineux, nécessitait coopération et appareillage technique. En septembre 2003, les paléontologues russes E. N. Mashchenko et A. F. Pavlov ont découvert sur le site de Lugovskoe, en Sibérie centrale, une vertèbre de mammouth percée par la pointe d'une sagaie : la chasse au mammouth était une réalité.
Le mammouth possédait deux couches de poils : une sous-couche, très dense, constituée de poils courts (une sorte de duvet) et une couche externe, formée de poils plus longs (jarres) qui n'excédaient pas quelques centimètres sur la tête, la trompe et les oreilles, mais atteignaient plus de 45 centimètres sur le dos. Quant aux flancs, ils étaient recouverts d'une longue toison de près d'un mètre de longueur. Les variations climatiques au cours de l'année incitent à penser que le mammouth connaissait des mues saisonnières : le poil devait tomber au printemps et repousser à la fin de l'été et il était préférable de chasser le mammouth durant la belle saison.
De plus, les mammouths possédaient une peau de 1,5 à 2,5 centimètres d'épaisseur, et jusqu'à six centimètres sous la voûte plantaire. À la différence des éléphants actuels, les mammouths de Sibérie sont adaptés au froid et ont sous la peau une couche de graisse de 8 à 10 centimètres d'épaisseur. Les armes des Paléolithiques (Homo sapiens sapiens) devaient donc être lancées de près pour qu'ils transpercent cette cuirasse de graisse et de peau, ce qui nécessitait des stratégies d'approche élaborées : ces chasseurs étaient les premiers « chercheurs ».
On suppose, d'après les témoins archéologiques, que les mammouths jeunes étaient chassés, mais la chasse des mammouths adultes en bonne santé semble bien hasardeuse, surtout que la chasse au renne, espèce très abondante durant cette période, est nettement plus facile. De même le piégeage devait être limité à la belle saison : il semble difficile de creuser, à l'aide d'un simple bâton à fouir, une fosse de plus de deux mètres dans un sol gelé en profondeur. Pousser les mammouths vers des précipices naturels demande aussi beaucoup d'hommes alors que les clans étaient de petite taille et isolés. Il est probable que les hommes de l'époque pratiquaient des chasses collectives et occasionnelles et pratiquaient le charognage sur des animaux tués par un autre prédateur.