Rome Groupe impérial en Mars et Vénus Louvres
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Ce groupe reproduisait les traits du couple impérial formé par Hadrien et son épouse, avant que la tête de Sabine ne soit remplacée à la fin du IIe siècle par un autre portrait, probablement celui de Lucille, la femme de Lucius Verus. Il reflète le goût hellénisant et le style néo-classique en vogue à cette époque. Hadrien (117-138 ap. J.-C.), premier empereur romain à être figuré en dieu de son vivant, est représenté en Mars, le dieu de la Guerre.
Découvert à Rome près de Santa Maria Maggiore, peu avant 1620, ce groupe entre au Louvre après son achat par Napoléon Ier au prince Camille Borghèse en 1807. Exécuté au début du IIe siècle ap. J.-C., il représentait à l'origine le couple formé par l'empereur Hadrien et son épouse Sabine. Mais à une date postérieure et pour des raisons inconnues, le groupe a été retouché. La tête de la figure féminine a été changée et remplacée par un autre portrait antique : les traits du visage et la coiffure, qui constitue un indice essentiel dans la datation des portraits romains, permettent d'y reconnaître une effigie de la fin du IIe siècle, sans doute un portrait de Lucille, la femme de l'empereur Lucius Verus (161-169 ap. J.-C.). Si tel est bien le cas, Lucille aurait réutilisé ce groupe à la gloire de son défunt époux : elle aurait substitué son portrait à celui de Sabine et fait banalisé le visage d'Hadrien pour en faire une figure générique afin d'ériger Lucius Verus au rang de dieu. Mais le montage pourrait être moderne.
Hadrien est le premier empereur romain à s'être fait figuré en dieu de son vivant. Jusqu'alors, les membres de la famille impériale n'accédaient à cet honneur, et ne gagnaient l'immortalité, qu'après leur mort. Le couple est ici assimilé aux amants Mars et Vénus, les divinités de la Guerre et de l'Amour, selon un modèle qu'il faut probablement chercher à l'époque d'Auguste, dans un groupe créé par Pasitélès, sculpteur grec installé à Rome. L'image d'Hadrien est plus idéalisée que celle de Sabine. L'empereur est représenté en nudité héroïque, muni des attributs militaires de Mars : le casque à cimier, le baudrier, le glaive et la cuirasse, déposée sur le tronc d'arbre qui sert d'étai à la figure. Ce portrait allégorique, destiné à la propagande impériale, manifeste le rôle de l'empereur : Hadrien s'impose comme le garant de la Paix et de la prospérité de l'Empire.
Cette idéologie est servie par des références ostensibles à l'art grec. Durant son règne, entre 117 et 138 ap. J.-C., Hadrien favorise un retour au classicisme grec dans le domaine des arts et des lettres. Ce groupe témoigne donc pleinement de cette politique philhellène et du renouveau des créations néoattiques. Par sa pondération et sa froideur, le portrait d'Hadrien s'inspire des figures athlétiques d'époque classique, tel le Mars d'Alcamène (fin du Ve siècle av. J.-C.). La figure féminine conserve quant à elle le souvenir des Aphrodites à demi nues du IVe siècle av. J.-C. et de l'époque hellénistique, dans la lignée des œuvres de Praxitèle. L'attitude générale de la déesse rappelle celle de La Vénus de Capoue (musée de Naples). Le motif du drapé, qui glisse délicatement sur les hanches, est comparable au dévoilement de La Vénus de Milo (Ma 399). Le sculpteur a cependant couvert la nudité du buste, indécente pour la femme de l'Empereur.