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Rome.01 Enfant avec un Chien Ravenne



Rome.01 Enfant avec un Chien Ravenne
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Chiens, chats, poissons et autres animaux domestiques dans la Rome antique. Site ICI

 
 
 
 
 

"Dernières prières des martyrs chrétiens" - Tableau de J-L Gérôme.
 
"Les chiens (...) sont les seuls animaux qui répondent à leur noms, et reconnaissent les voix de la famille." (Pline l'Ancien)

                                        Les Romains et les animaux : à mon avis, si vous posez la question au premier venu, il vous parlera du Colisée, des jeux du cirque et des lions dévorant les malheureux Chrétiens. Bref, des bêtes sauvages et exotiques (panthères, tigres, éléphants, ours, etc.) exhibées dans les arènes. Pourtant, le rapport que les Romains entretiennent avec les animaux ne saurait se résumer à ces spectacles sanglants, et maints exemples le prouvent : mosaïques, objets de la vie quotidienne, stèles funéraires, textes littéraires... Et puis, songeons simplement au mythe des origines de la cité : quel meilleur symbole que Romulus et Remus, allaités par une louve, tirant de l'animal la force nécessaire à leur survie puis à la fondation d'une ville appelée à dominer la majeure partie du monde connu ? De même, de nombreuses légendes mythologiques impliquent des animaux : Diane - déesse de la chasse - représentée accompagnée d'un cerf et de chiens, Cérès - déesse de l'agriculture - montée sur un char tiré par des serpents, Ulysse revenant à Ithaque et reconnu par son chien Argos... Sans même parler des "Métamorphoses" d'Ovide, regorgeant de transformations en bestioles de toutes tailles et de toutes espèces !
 
Statue de Diane. (Musée du Louvre)
Au-delà de la mythologie et de la symbolique, les animaux tiennent une place importante dans la vie des Romains. J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer ici les animaux présentés lors des jeux du cirque. Quant aux animaux domestiques, il remplissent la plupart du temps une fonction utilitaire - animaux de trait, chevaux pour le transport, chiens de chasse, etc. Mais les Romains ont aussi des animaux de compagnie : peut-être serez-vous surpris d'apprendre que Rome avait déjà ses mémères à chien-chien, ses passionnés d’ornithologie, ses aquariophiles confirmés, et même ses adeptes des NAC ! Considérons donc ces animaux l'un après l'autre...




 

 

LE CHIEN.

Mosaïque de Pompéi. (Photo Mr Fogey.)
Sans doute l'animal domestique le plus présent chez les Romains, puisqu'on le retrouve dans toutes les classes sociales, en ville comme à la campagne. Bien qu'aucune race ne soit cantonnée à une activité précise, certaines d'entre elles sont néanmoins privilégiées en fonction de la mission qu'on entend leur confier, selon les caractéristiques qui leur sont propres. Pour le dire autrement, la fonction attribuée à l'animal dépend avant tout de critères morphologiques. Du reste, la distinction des races et assez confuse, et on associe plutôt l'animal à la région dont il est originaire (ombrien, crétois, chien de Sparte...) Le chien, dans l'antiquité romaine, reste avant tout un animal utilitaire. On rencontre ainsi :



 
 
Mosaïque de Pompéi.
Mosaïque de Carthage. (Photo Mary Harrsch.)
Scène de chasse, mosaïque de Carthage. (Photo Mary Harrsch.)
Bichon maltais et sa maîtresse.      
 
Statue de l'enfant au chien. (Musée archéo. de Nîmes)

Si vous avez déjà été propriétaire d'un chien, vous savez sans doute que trouver un nom pour son animal peut relever du véritable casse-tête... Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que les Romains connaissaient le même problème. Mais, tout comme nous, ils pouvaient se référer à de nombreux "guides" : le tout premier livre connu est l’œuvre de Marcus Terentius Varro, officier de l'armée romaine en Espagne. J'ai déjà cité le poète Grattius, qui rédige quant à lui une sorte de "la chasse avec un chien pour les nuls". D'autres textes répertorient les meilleurs noms pour un chien : en la matière, on n'a sans doute pas fait mieux que le "de re rustica" de Columelle. Mais Pline l'Ancien et Ovide ont également apporté leur contribution, en suggérant par exemple Absolos (noir) pour un chien de cette couleur, Dorceus (gazelle) pour une petite chienne rapide, Tigris (tigre) pour chien aux poils rayés, ou encore Ferox (Féroce) pour un chien de garde. Dans le "Satyricon" de Pétrone, l'un des chiens se nomme Scylax (chiot), monstrueux chien "gardien de la maison et de la famille", dont le maître, l'affranchi Trimalcion, déclare : "Dans cette maison, il n'y a personne qui m'aime plus que lui".  (Pétrone, "Le Satyricon", 64.) Signalons aussi que nos joyeux compagnons à quatre pattes avaient déjà droit à leurs accessoires de luxe ; outre les  colliers cloutés des chiens de chasse, Pline propose un traitement préventif fort onéreux contre la rage : il suggère d'offrir au chien un collier en or. Je pense qu'il aurait adoré le collier pour chiens proposé par Swarovksy...

Par ailleurs, les romains avaient, eux aussi, leurs anecdotes édifiantes témoignant de la fidélité de leurs chiens. En 28 avant J.C., le sénateur Savinus ayant été emprisonné, son chien l'attendit patiemment devant les geôles. Lorsque son maître fut précipité dans le Tibre par la foule, il sauta pour le secourir... Hélas, le condamné était déjà mort, et la pauvre bête ne put que s'accrocher au cadavre, qu'elle ramena à la rive. On raconte aussi que les soldats qui assassinèrent l'Empereur Galba furent contraints de tuer son chien, qui protégeait férocement son maître.

Cela étant, le Romain n'est pas toujours le meilleur ami du chien : dans les premiers temps, la brave petite bête pouvait même servir de sacrifice aux Dieux, ainsi que l'explique Pline l'Ancien. ("Histoire Naturelle" Livre XVIII). Il n'empêche : la disparition d'un chien était vécue comme un deuil à part entière, comme en attestent les tombes érigées à la mémoire des fidèles compagnons.

 
Stèle funéraire de la chienne Helena. (Photo Psalakanthos)
 

 

LE CHAT.


                                       Bizarrement, le chat n'est pas un animal très fréquent dans l'antiquité romaine, excepté dans la haute société, directement influencée par l'Orient, où la culture égyptienne est très prégnante. Chargé de chasser les souris, il souffre de la concurrence de la belette, grande prédatrice de rongeurs.

Il y a des gens "à chiens" et des gens "à chats" : les Romains étaient de toute évidence un peuple "à chiens". Et à oiseaux, comme nous allons le voir plus loin... Dans les deux cas, voilà qui ne facilitait pas l'adoption des chats, perçus au mieux comme une nuisance, au pire comme une menace. Un seul exemple suffit : il existe dans la maison du Faune, à Pompéi, une superbe mosaïque montrant un chat trucidant joyeusement un oiseau. Sauf qu'il ne s'agit nullement de la célébration de cette chasse féline, mais bel et bien un hommage au volatile chéri, tragiquement décédé !

 
La fameuse fresque de Pompéi... (Photo Mary Harrsch)


Allez, ne soyons pas chiens : il y a quand même la déesse de la liberté, Libertas (comme le nom l'indique), qui affectionnait les félidés. Et c'est justement la raison pour laquelle Spartacus, l'esclave qui fit vaciller la république romaine, aurait choisi le chat comme emblème de la rébellion ! (A vérifier : je n'ai trouvé que deux ou trois références.) Décidément, le pauvre félin n'a pas eu de chance ! Dans ces conditions, ne nous étonnons pas que Jules César ait souffert d'ailurophobie - la phobie des chats. Ce qui demeure un mystère, c'est s'il est parvenu à surmonter sa peur pour les beaux yeux de Cléopâtre...
 

LES OISEAUX.


                                      Je viens de le dire : mis à part les chiens, les oiseaux sont les grandes stars du bestiaire domestique romain. Il y en a de toute sorte, et les Romains les adorent. Ils ont bien sûr une fonction religieuse - les augures interprètent leur vol (si les oiseaux arrivent du côté gauche -sinistra - le présage est mauvais ; s'ils viennent du côté droit - dextra - le présage est favorable) et observent l’appétit des poulets sacrés. On rencontre aussi des oiseaux de basse-cour, chez les gens modestes comme chez les plus aisés : coqs, poules, pigeons, faisans sont élevés avant d'être consommés.
 
Fresque murale montrant un paon. (Photo Ian Scott)

Mais les classes les plus favorisées apprécient également les oiseaux destinés à agrémenter les jardins comme les paons, canards, cygnes, oies, grues - Octavie, la sœur de l'empereur Auguste, possédait paraît-il un nombre impressionnant de paons - et les oiseaux de compagnie. Parmi eux, les plus courants sont les oiseaux présents dans la faune locale, que l'on essaie d'apprivoiser. Certains sont conservés dans de luxueuses volières (parfois en or), comme les chardonnerets ou les rossignols dont on admire le chant, tandis que d'autres vivent en liberté dans la domus, à l'instar des coqs, des perdrix ou des cailles, qui vont jusqu'à picorer dans le triclinium !
 
Coq en train de picorer. (Photo www.augustaaurica.ch)
 
 Le corbeau est une espèce très populaire, grâce à l'empereur Auguste qui en a lancé la mode. Deux petites anecdotes amusantes méritent d'être racontées à ce sujet... Toutes deux sont extraites des "Saturnales" de Macrobe (Livre II) :

"Lorsqu'il retournait triomphant, après la victoire d'Actium [sur Marc Antoine et Cléopâtre], parmi ceux qui venaient le féliciter, se présenta un individu qui lui offrit un corbeau qu'il avait dressé à dire ces mots : "Ave, César, victorieux Imperator." Auguste, agréablement surpris, acheta l'ingénieux oiseau vingt mille sesterces. Un camarade du précepteur de l'oiseau, auquel il ne revenait rien de cette libéralité, dit à l'empereur qu'il avait encore un autre corbeau semblable à celui-là. Auguste demanda qu'on le lui amenât : quand l'oiseau fut en sa présence, il récita les mots qu'on lui avait appris: "Ave, Antoine, victorieux Imperator." Auguste, sans s'offenser nullement, ordonna que les vingt mille pièces fussent partagées entre les deux camarades." (Les Saturnales, Macrobe, II)
 
"Une autre fois, salué de la même façon par un perroquet, il le fit acheter. Il fit aussi acheter une pie dressée de la même manière. Ces exemples engagèrent un pauvre cordonnier à instruire un corbeau à répéter une pareille salutation. Le cordonnier, fatigué des soins qu'il se donnait, disait souvent à l'oiseau, qui restait muet : "J'ai perdu mon argent et ma peine." Cependant le corbeau vint enfin à bout de répéter la salutation: on le plaça sur le passage d'Auguste, qui, l'ayant entendu, dit :"J'ai chez moi assez d'oiseaux qui saluent de la sorte." Le corbeau eut assez de mémoire pour ajouter aussitôt cette phrase, qu'il avait entendu dire à son maitre lorsqu'il se plaignait : "J'ai perdu mon argent et ma peine." A ces mots, Auguste sourit, et fit acheter l'oiseau plus chèrement qu'il n'avait payé aucun autre." (Les Saturnales, Macrobe, II)

De fait, les Romains raffolent des oiseaux auxquels ils peuvent apprendre à parler. Néron en possédait plusieurs, capables de parler le Latin comme le Grec. A ce titre, certains oiseaux exotiques sont très prisés des plus riches : on paye à prix d'or des mainates et des perruches. Certains Sénateurs s'amusent même à venir au Sénat avec leur perroquet.
 
Enfant assis, jouant avec un coq. (Photo Musée du Louvre)

Et quand un oiseau domestique meurt, on touche pratiquement à la tragédie : certains propriétaires demandent à ce que les cendres du défunt volatile soit placées dans la tombe familiale, et de nombreuses stèles représentent des oiseaux nourrissant leur progéniture - thème par ailleurs fréquent dans l'art romain.
 
Stèle funéraire d'une petite fille, représentée avec une colombe. (Ph : Dylan Meconis)
 

 

LE CHEVAL.

 
Inutile de préciser que le cheval est un animal extrêmement fréquent : principalement pratique, il sert bien sûr au transport (en attelage ou monté par un cavalier), à l'armée (où il est réservé aux officiers), parfois à la chasse, en tant que bête de trait dans les fermes, et évidemment aux courses de chars, dont les Romains sont des fans. Mais le cheval reste un animal coûteux, du reste étroitement associé à la notion de pouvoir, puisque l'ordre équestre représente l'un des ordres les plus prestigieux de la société romaine. L'apprentissage de l'équitation fait partie de l'éducation du jeune Romain de bonne famille, qui apprend non seulement les rudiments de l'équitation, mais aussi à monter à crû. L'équitation est plus généralement pratiquée par les hommes, et rares sont les témoignages faisant état de cavalières.

Le cheval n'a donc rien d'un animal de compagnie - à l'exception, peut-être, du fameux Incitatus, le cheval de l'empereur Caligula. Faut-il vraiment y revenir ?! Et bien dans ce cas, citons Suétone :
 "Il lui fit faire une écurie de marbre, une crèche d'ivoire, des housses de pourpre et des licous garnis de pierres précieuses. Il lui donna un palais, des esclaves et un mobilier, afin que les personnes invitées en son nom fussent reçues plus magnifiquement. On dit même qu'il voulait le faire consul." (Suétone - "Vies des 12 Césars" - Caligula, LV) 
Caligula et Incitatus.

Certains y voient une preuve supplémentaire de la folie de Caligula, tandis que d'autres (dont je suis) pensent qu'il s'agissait pour lui d'humilier les sénateurs, avec lesquels il était en conflit permanent. Une manière de leur dire, en quelque sorte : "Vous n'êtes un ramassis de vieillards cacochymes inutiles, et même mon cheval pourrait vous remplacer..." O.K. : si cette hypothèse est la bonne, ce brave Caius n'était pas très diplomate, et on sait comment ça s'est terminé...

 
Caligula et Incitatus - photo tirée de la série "Moi Claude, Empereur."
 

 

LES POISSONS.

 

Mosaïque romaine. (Photo Mary Harrsch)
Les poissons sont également très populaires et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ils ne sont pas uniquement considérés sur le plan alimentaire - bien qu'ils soient souvent péchés ou élevés dans des viviers dans le but d'être consommés. Mais, riches comme pauvres, les Romains sont des aquariophiles convaincus : on possède des poissons d'eau douce et, si l'on a les moyens, on se fait construire un bassin d'eau salé, afin d'élever des espèces plus rares. Il ne s'agit pas seulement de décorer les jardins : les Romains tentent véritablement de dresser leurs poissons, qu'ils cajolent, dont il tente d'être reconnus, et auxquels ils offrent des colliers et autres bijoux en signe d'affection. Antonia Minor aurait même accroché des boucles d'oreilles aux ouïes d'une murène, qu'elle avait réussi à apprivoiser... (Pline l'ancien, "Histoire Naturelle", livre LV)







Le pionnier de l'aquariophilie fut un ancien consul, qui pleura la mort de ses poissons comme s'il s'était agi de ses propres enfants. Certains virent même dans cette tragique disparition la cause directe de son décès, un an plus tard : le malheureux en aurait eu le cœur brisé... Quant à Vedius Pollion, ami d'Auguste, il était connu pour son vivier de murènes, qu'il nourrissait de chair humaine, précipitant dans le bassin les esclaves qui lui avaient déplu ! Il était très fier de l'un de ses poissons, qui atteignit l'âge vénérable de 60 ans... Pas sûr qu'un seul de ses esclaves aient pu en faire autant.

Et puisque j'en suis aux anecdotes, laissons Pline l'Ancien nous raconter celle du Flipper le dauphin romain :

 
"Sous le règne du dieu Auguste, un dauphin mis dans le lac Lucrin prit en amitié l'enfant d'un pauvre : cet enfant, allant habituellement de Baies à Putéoles pour se rendre aux écoles, s'arrêtait vers midi sur la rive, l'appelait du nom de Simon, et l'alléchait en lui jetant des morceaux de pain, qu'il portait dans cette intention. Je n'oserais rapporter ce fait, s'il n'était consigné dans les écrits de Mécène, de Fabianus, de Flavius Alfius et de plusieurs autres.
A quelque heure du jour qu'il fût appelé, eût-il été caché au fond des eaux, le dauphin accourait : ayant reçu sa portion de la main de l'enfant, il lui présentait son dos pour qu'il y montât, et cachait ses aiguillons comme dans une gaine. Il le portait ainsi jusqu'à Putéoles à travers un grand espace d'eau, et le ramenait de la même façon. Cela dura plusieurs années, jusqu'à ce qu'enfin, l'enfant étant mort de maladie, le dauphin, qui venait de temps en temps au lieu accoutumé, triste et affligé, succomba à son tour, victime (ce dont personne ne douta) des regrets qu'il éprouvait." (Pline l'ancien, "Histoire Naturelle", IX-8)
 
Mosaïque d'Ostie. (Photo Ortygia)

                                      Cette affection - apparemment réciproque - pour les poissons se retrouve dans l'art, puisque l'animal est représenté sur de nombreuses mosaïques, dont l'extraordinaire réalisme et la précision quasi-scientifique permet même souvent d'identifier l'espèce en question. Pour conclure, sachez enfin que le poisson apparaît souvent dans l'art funéraire romain, en tant que symbole d'immortalité.
 

LES ANIMAUX EXOTIQUES ET LES NAC.


                                       Jusqu'ici, les pratiques ont beau parfois étonner, les animaux en eux-mêmes n'ont rien de vraiment surprenant : chiens, chats, oiseaux, poissons... Rien que du très normal n'est-ce pas ? Oui, sauf que les Romains sont comme nous : certains d'entre eux adoptent tout et n'importe quoi ! Je dirais même qu'avec nos furets, nos geckos, nos tortues, nos hamsters et nos gerbilles, nous sommes des petits joueurs...

Pour commencer, les serpents non venimeux sont souvent les bienvenus : on leur prête des vertus protectrices, et on peint souvent un serpent sur le mur de sa maison. L’empereur Tibère lui-même possédait et nourrissait dans sa main un petit serpent apprivoisé - ou un lézard, selon les sources, ce qui me conduit à supposer qu'il pourrait s'agir d'un orvet.

 
Orvet. (Photo FlickR Laurent Lebois.)

Plus bizarre encore, il arrive, à la campagne, que l'on offre une biche ou un cerf à l'être aimé ! On pare alors la bête d'ornements divers, afin d'avertir les chasseurs qu'il s'agit d'un animal domestique, et pas d'une proie putative...
 
Un ours, un poisson... et une grenouille ! (Photo Antmoose)
 
Nous l'avons vu en introduction : les animaux exotiques sont surtout envoyés dans les arènes, où ils sont joyeusement massacrés. Mais certains riches excentriques sont prêts à payer très cher - bien plus cher qu'un esclave - pour s'offrir un animal original. Outre les oiseaux exotiques, certains achètent ainsi des singes, animaux rares et très onéreux, dressés pour leur amusement. Certaines sources mentionnent ainsi des singes habillés en soldats, conduisant des chars tirés par des chèvres ! Mais les enfants attellent de la même manière des souris, qui tractent des petits wagons de la taille de boîtes d'allumettes... Ce n'est jamais que le même procédé, avec des animaux plus gros !

Mais la palme revient quand même à l'empereur Valentinien Ier (364-375). Outre son excentricité, je vous laisse juger de sa cruauté : on prétend qu'il gardait enchaînés, près de sa chambre, deux énormes ours bruns. De temps en temps, l'empereur leur donnait en pâture un criminel, et s'amusait à les regarder déchirer et dévorer leur proie.

 
L'empereur Valentinien Ier.

 

CONCLUSION.


                                       Dans les rues de Rome, sur les pièces de monnaie, sur des céramiques, des mosaïques, peints sur les murs des maisons : les animaux étaient omniprésents dans la vie quotidienne sous la Rome antique. Il est facile de déduire de cette profusion de représentations que les Romains aimaient véritablement leurs animaux, et ne les considéraient pas seulement du point de vue utilitaire.
 
Mosaïque aux colombes. (Photo Mary Harrsch)

Les sculptures, en particulier, retiennent l'attention : le soin apporté aux détails - ailes déployées, texture du poil, brillance des écailles, expressivité du regard - suggère l'attention accordée à ces bêtes. Les statues de chiens, ou celles d'enfants s'amusant avec leurs animaux témoignent plus encore d'une affection et d'une tendresse bien éloignée du stéréotype du Romain cruel, fervent spectateur des massacres de l'arène.
 
Enfant jouant avec une oie. (Photo Hannah Swithinbank)
 
Et pourtant, les deux images ne sont pas incompatibles : sans doute le même Romain, qui avait vigoureusement applaudi au massacre d'une panthère lors d'une venatio sanglante, flatte-t-il son mastiff en rentrant chez lui, ou savoure-t-il les trilles joyeuses de son rossignol, à l'ombre de son péristyle...