Peinture XIXe Officier des Chasseurs à Cheval de la Garde Géricault Louvre Paris
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Lors du Salon de 1812, Géricault est âgé de vingt ans. La légende rapporte qu'un cheval de trait, cabré dans le poudroiement de la route de Saint-Germain, inspira le peintre. Il sait réunir dans une puissante unité ses diverses sources d'inspiration : l'Antiquité, Rubens, l'influence de son premier maître Carle Vernet, celle de Gros, tout en les conciliant et les vivifiant par l'expérience d'une vision personnelle. Après la mort de Géricault, l’œuvre est achetée par le duc d’Orléans.
Un puissant cheval gris pommelé se cabre devant un obstacle, écumant de sueur, les yeux exorbités de peur, les naseaux dilatés d’excitation. Pour le cavalier, qui reste bien ferme en selle, impassible, Géricault a fait poser un de ses amis lieutenant des chasseurs à cheval, Alexandre Dieudonné.
Le cadrage de la composition est très resserré : le cheval dessine une diagonale ascendante vers la droite et occupe toute la largeur du tableau. Le ciel se scinde en deux - le crépuscule et le feu - suivant la même oblique. La ligne d’horizon, placée très bas, renforce l’effet de relief et projette le sujet vers le spectateur. A gauche, un cavalier sonne la charge, tandis que le chasseur achève le signal en abaissant son sabre dans un violent mouvement de torsion. Il semble s’adresser à ses troupes et pourtant son regard se perd vers un point invisible.
Il y a dichotomie entre deux énergies : celle du cheval, qui est dans l’action, et celle du cavalier qui est intériorisée. L’originalité du sujet tient dans ce "hiatus", la figure du cavalier retourné constituant un poncif du sujet équestre. Géricault a copié les sarcophages antiques et se souvient du stoïcisme des héros dans l’impassibilité du visage de l’officier. Michelet, qui exprime son admiration pour le peintre à plusieurs reprises dans ses Cours et son Journal, le perçoit bien : « il se tourne vers nous et pense (…). Cette fois c’est probablement pour mourir. Pourquoi pas ? Ni ostentation, ni résignation. (…) »
L’uniforme, utilisé comme attribut héroïque, passe du statut d’accessoire à celui de symbole du sujet moderne. Géricault livre une version subjective du récit : il ne représente pas une bataille précise mais donne une vision synthétique du combat où un militaire suffit à résumer la guerre, renouvelant à la fois le genre du portrait équestre et celui de la peinture d’histoire.
Géricault fait sa première entrée au Salon de 1812 avec cette œuvre. A défaut d’un triomphe, il est néanmoins remarqué pour son originalité et sa puissance d’exécution et récompensé d’une médaille d’or. Mais il est déçu car le tableau ne trouve pas acquéreur, même lors du second accrochage au Salon de 1814, en pendant avec le Cuirassier blessé (INV 4886).
David relève la nouveauté : « D’où cela sort-il ? Je ne reconnais pas cette touche ». En effet, la touche est impulsive, large, colorée, à l’opposé du glacis sans matière pratiqué par les néoclassiques tels David et Guérin. Elle est l’expression d’une vision personnelle qui revivifie l’inspiration trouvée chez Rubens, Guérin et Gros.
Ce dernier, très admiré par Géricault, présente au Salon de 1812 le Portrait équestre de Murat (RF 1973-29) bien éloigné du Chasseur. Le cheval et l’uniforme restent les principaux acteurs, mais la composition est figée dans un faire lisse et l’horizon azur est celui de la victoire et des honneurs.
Pâle Copie de 2004 |