1100 Vase cristal d'Alienor Paris Louvre
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Le trésor de l'abbaye de Saint-Denis, constitué par l'abbé Suger au XIIe siècle, était composé de plusieurs vases en pierre dure montés. Parmi ces vases se trouvait le vase en cristal de roche, dit "d'Aliénor". Le cristal, sassanide, est orné d'une monture en or filigrané sans doute réalisée par un atelier de Saint-Denis. Cette œuvre révèle l'art des cristalliers sassanides au VIe-VIIe siècle, mais aussi la virtuosité des orfèvres travaillant pour Suger.
Historique tiré de ce site
Le roi Imar al-Dwala Abdelmalik, roi taïga de Saragosse, cinquième de sa dynastie – que nous appellerons pour simplifier Mitadolus, nom latin que lui donnèrent ses voisins chrétiens - fuyant les Almoravides et les Aragonais qui s'emparent de sa ville, demande l'aide du roi de Castille, Alphonse dit, de manière ô combien prometteuse, « le batailleur ».
Alphonse, batailleur autant que prévoyant, appelle à la rescousse le puissant Guillaume, 9ème Duc d’Aquitaine, 7ème Comte de Poitiers et 1er Troubadour de France, non qu’il fût le premier à composer en langue d’oc, mais parce que ses chansons sont les plus anciennes conservées.
Tout comme dans la fin'amor, notre Guillaume s’illustre à la bataille de Custanda, en 1120, et permet à ses alliés de reprendre Saragosse. Comme il se doit, Alphonse de Castille, dit « le batailleur », en profite pour étendre son royaume.
Imar al-Dwala Abdelmalik, roi taïga de Saragosse, cinquième de sa dynastie – que nous appellerons pour simplifier Mitadolus – offrit à Guillaume IX un vase de cristal de roche, provenant d’Iran (VIème ou VIIème siècle) pour lui exprimer sa reconnaissance.
Guillaume IX transmit le vase à sa petite fille, la deux fois reine Aliénor d’Aquitaine, qui en fit cadeau à son premier époux, Louis VII, qui l’offrit à son tour au personnage extraordinaire, constructeur infatigable, qu’était l’Abbé Suger, conseiller de deux rois de France – Louis VI puis Louis VII – et qui avait mis à profit le temps libre que lui offrait une provisoire disgrâce royale pour révolutionner l’architecture religieuse et se consacrer à l'édification du nouveau chœur de l’abbatiale royale de Saint-Denis en s'inspirant d'un style nouveau, avec une élévation impressionnante des baies, une façade éblouissante parée de trois portails de dimension vertigineuse et de la première « rose » de l’histoire de l’art. Autant son contemporain Bernard de Clairvaux était austère et pauvre, autant Suger aimait l’art et le luxe, goût qu’il avait trouvé le moyen de satisfaire dignement en le consacrant non à lui-même, mais au Trésor de l’Abbaye (« Et Sanctis Suger » : et moi-même Suger le donnai aux Saints). Toujours dans le soin de la gloire de notre Seigneur – et du Roi de France – il passa commande aux meilleurs orfèvres, pour le vase d’Aliénor, d’une monture d’argent niellé * et doré, filigranes, émaux champlevés**, pierres précieuses et perles par paire... (avant 1147 date du départ pour la deuxième croisade du roi Louis VII et de son épouse Aliénor).
Appartenant au Trésor de la basilique de Saint-Denis qui fut dispersé ou détruit pendant la Révolution française, le vase est aujourd'hui conservé au Musée du Louvre, département des objets d'art, salles du Moyen Âge
L'abbé Suger, abbé de Saint-Denis de 1122 à 1151 et conseiller des rois Louis VI et Louis VII, fit de saint Denis le "patron spécial du Roi et protecteur du royaume". Il entreprit la reconstruction de son abbaye, qu'il fit orner de vitraux et enrichir d'objets précieux. Cet enrichissement était fondé sur les conceptions néoplatoniciennes selon lesquelles l'éclat et la préciosité des objets aidaient les hommes à passer du matériel à l'immatériel. Les objets qui composaient le trésor de l'abbaye sont connus grâce aux gravures de Félibien, à l'ouvrage de Blaise de Montesquiou-Fezensac et à l'inventaire du trésor de 1634. Seuls quatre des vases ornés à la demande de Suger sont encore conservés : un à la National Gallery de Washington et les trois autres au Louvre. Le vase dit "d'Aliénor" a été offert à Suger par Louis VII. Ce dernier l'avait reçu en cadeau de son épouse, Aliénor d'Aquitaine, qui le tenait de son grand-père, Guillaume IX d'Aquitaine. Suger choisit de le remettre aux saints martyrs. Ces dons successifs sont évoqués par l'inscription sur le pied et par Suger lui-même dans De administratione.
La panse du vase est piriforme, elle se prolonge en un col d'environ deux centimètres de haut caché par la monture. Ce vase est resté intact jusqu'au XVIIIe siècle. Aujourd'hui, il porte plusieurs fractures et éclats. Le cristal est entièrement gravé d'un réseau de "nids d'abeilles", formé par la juxtaposition de petits hexagones concaves disposés sur vingt-deux ou vingt-trois rangées. On repère l'emploi du même décor sur un vase en jaspe sanguin provenant de la collection du Dauphin, petit-fils de Louis XIV, et conservé au musée du Prado de Madrid. Le décor alvéolé se retrouve également dans l'orfèvrerie et la verrerie romaines. Il a été transmis à la verrerie sassanide, musulmane, voire byzantine. Le vase dit "d'Aliénor" pourrait être un vase sassanide (VIe-VIIe siècle) ou postsassanide (IXe-Xe siècle).
La monture est en argent doré. Le socle est composé de quatre parties successives : une bande portant l'inscription niellée, une bordure filigranée et gemmée, une bordure où se développent fleurons et filigranes, et, enfin, une bande lisse. Le col est également formé de bandes alternées, renflées ou cylindriques, lisses, filigranées ou gemmées. Les pierres précieuses sont serties dans des bâtes simples, à bord dentelé. Elles alternent avec une paire de perles sur la base. Les filigranes qui entourent les pierres sont d'un type particulier : ils sont doubles, assez gros et perlés et ont pour caractéristique d'être utilisés par masses compactes se détachant sur fond lisse et brillant. On retrouve ce type de filigranes sur les autres vases faits pour Suger, notamment le calice de la National Gallery of Art de Washington et l'aiguière en sardoine (MR 127). Ces filigranes sont peut-être influencés par les œuvres ottoniennes ou byzantines et ont probablement été réalisés par un atelier d'orfèvres locaux, actifs dans l'entourage royal ou attachés au monastère.
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