L'ouvrage d'infanterie du Bois Karre est un ouvrage monobloc de conception CORF.
L'avant-projet du tronçon Rochonvillers-Moselle de la RF de Metz, approuvé le 10 Juillet 1929, prévoit au Bois Karre un petit ouvrage de liaison faisant épaule gauche du grand saillant de Cattenom.
Ce saillant ayant fait l'objet d'un débat contradictoire serré avec le Mal PETAIN, l'approbation de ce tronçon s'accompagne du rajout d'une bretelle (seconde ligne de défense) entre l'ouvrage n°2 (GALGENBERG) et l'ouvrage n°9 (BOIS KARRE) qui acquiert donc au passage une mission supplémentaire de flanquement de cette bretelle conjointement avec le GALGENBERG.
Cet ouvrage de KARRE intègre deux casemates de flanquement, une tourelle de 81mm et une tourelle de mitrailleuses pour l'action frontale.
On prévoit en outre de rajouter en arrière de BOIS KARRE deux tourelles tournantes isolées pour battre les vallons cachés en arrière de Basse-Parthe, une pour LB de 135mm et une pour mortiers de 75mm - les deux à "tir vertical", tourelles prévues à ce moment là au catalogue pour faire du tir de bombardement ou d'entretien de destruction mais ,les réalités budgétaires entraineront l'abandon des tourelles isolées et l'ajournement de la bretelle, mais BOIS KARRE conservera cette mission future de flanquement au cas où.
1e projet
Un premier projet de plan de masse de l'ouvrage est proposé le 3 Avril 1930 (Dossier 4/S de la DTF Metz-Ouest), mais se voit rejeté car s'étendant sur une emprise trop importante. La tourelle de 81mm initialement prévue est reportée sur la casemate de BOUST d'où elle aura une meilleure action (elle finira par être supprimée quelques mois plus tard…). Examiné lors de la 42° Réunion de la CORF, en Octobre, il est demandé à la DTF de renforcer la protection de l'ouvrage au niveau 4 compte tenu de son importance tactique et des éventuels coups d'écharpe, voir de revers, pouvant provenir d'au-delà du saillant de Cattenom. Enfin, il est recommandé de séparer les deux chambres de tir Est (LPR et bretelle) pour limiter les portées de voutes de l'ouvrage.
Ces recommandations aboutissent à la réalisation d'un nouveau plan de masse et plan d'implantation - relativement remanié - qui est présenté le 13 Décembre 1930 (dossier 768/S). Celui-ci intègre les demandes précédentes, dont le passage en protection 4, et le rajout d'une issue de secours dans le fossé Ouest pour parer à un éventuel bombardement de l'entrée par l'arrière à partir de positions vers Kerling les Sierck.
2e Projet
Ce nouveau projet - acceptable comme plan de masse, et approuvé en tant que tel plus tard - aboutit à un budget prévisionnel inacceptable de 8,5 millions de F. Son volet implantation est par ailleurs amplement commenté en Janvier 1931 par le Gal BIRCHLER (ITTF : Inspecteur Technique des Travaux de Fortification) qui demande en particulier à ce que :
- le profil de la dalle soit revu pour permettre un meilleur ruissellement de l'eau
- le calcul de l'effectif nécessaire, largement surévalué, soit refait en accord avec les règles de calcul en la matière (gain potentiel sur la capacité de couchage).
- la ventilation soit améliorée, notamment pour ce qui est de la tourelle et des locaux de logement.
L'ITTF autorise par ailleurs un retour à la protection n°3 pour la partie "casemate" uniquement, de manière à diminuer le coût.
La nécessité de concrétiser cette baisse de coût et de prendre en compte les commentaires du Gal BIRCHLER amènent l'émission d'un rectificatif au plan de masse et d'implantation (240/S du 9 Mars 1931) qui sera finalement approuvé le 14 Avril par la CORF, puis officiellement le 20 Avril 1931 par le 3° Bureau de l'EMA (DM 1016 3/11-1) et le Génie.
Debut des travaux
Le déboisement de l'emprise est réalisé en Juillet 1931, ainsi que la route d'accès. Les travaux de gros-oeuvre débutent à la fin de l'automne 1931 par les fouilles. En Avril 1932, ces fouilles de l'ouvrage sont pratiquement achevées, ce qui place l'ouvrage passablement en retard par rapport aux autres ouvrages du même type ou aux casemates isolées du secteur de Cattenom. Ce retard va encore s'accentuer durant l'année 1932 : au 1er octobre, la coulée du bloc n'a toujours pas eu lieu alors que les gros ouvrages mitoyens ont bien avancé et que les PO de SENTZICH et OBERHEID ont leur gros œuvre complétés (l'installation de la tourelle de SENTZICH a débuté).
Le bloc est finalement coulé fin 1932-début 1933. Au 1er Avril 1933, le degré d'avancement de la construction est estimé à 65% (SENTZICH : 93%). Finalement, l'ouvrage est considéré "occupable" au 1er Décembre 1934.
Il est armé avec:
- 1 tourelle de mitrailleuses fabrication Batignolles Chatillon numéro 54
- 3 créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 interchangeable avec un canon antichar de 47 mm monté sur bi-rail
- 2 créneaux pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31
- 3 cloches G.F.M. (FM 24/29 et mortier -de 50 mle 1934) dont une à deux créneaux
- 6 créneaux de fusil-mitrailleur de défense rapprochée
L'ouvrage est doté coté Est de deux chambres de tir à angle décalé, la première assurant la continuité des feux d'infanterie vers les casemates de Basse Parthe, la seconde flanquant en direction de la Bretelle de Cattenom qui est restée à l'état de projet.
EQUIPEMENT,
Traitement de l air reposant sur le principe d'une batterie froide (évaporateur) alimentée par un groupe frigorifique, tout comme dans l'ouvrage du Bois Karre ou fut mis en place un déshumidificateur utilisant un brouillard d'eau car l'une des problématique des ouvrages semi enterrés ou souterrains constituant la ligne Maginot était l'humidité résultant de la condensation sur l'ensemble des murs en contact direct avec lie terrain. L'humidité provenait essentiellement de deux facteurs, le premier étant le point de rosée de l'air neuf admis dans les ouvrages, le second résultant de la vie même à l'intérieur de la fortification.
Ayant pris conscience de l'importance de ce dernier facteur, les services du génie ont tenté d'en limiter les effets , soit en utilisant la ventilation forcée pour contrer l'augmentation liée à la présence humaine (chambrées des casernement), soit en traitant l'air au niveau des cuisines pour limiter la condensation résultant des vapeurs de cuisson. Ce fut le cas par exemple pour l'abri du Bois Karre avec la mise en place d'un système de traitement d'air Mais les résultats de ces essais ne furent pas à la hauteur des espérances et ces systèmes ne furent pas étendus à l'entièreté de la fortification Maginot.
Electrique
l'ouvrage est alimenté de puis le réseau civil par un transformateur extérieur.En cas de disparition du réseau civil, la production électrique de l'ouvrage est assurée par deux groupes électrogènes à moteur Renault de 46 chevaux (type 4-115 à confirmer).Ces moteurs sont équipés d'alternateurs Breguet d'une puissance nominale de 35,7 KVA à 750 t/mn
Transmissions
ouvrage d'infanterie du Bois Karre est raccordé au réseau téléphonique de la fortification Maginot par 2 cables à 6 paires depuis les chambres 27 T et 28 T
Téléphone
L'ouvrage était doté d'un central téléphonique composé d'un panneau mural à 32 direction TM32 et d'une table d'opérateur TM32 à 14 circuits.Les numéros d'abonnés de l'ouvrage d'infanterie du Bois Karre au réseau téléphonique de la fortification Maginot étaient 495 et 496
EFFECTIF, Commandement et/ou unité