Ligne Maginot Secteur Fortifié de Colmar
Je remercie Jean Marie Brams Christian Adam Wikimaginot Wikipedia La Ligne Maginot Maginot Moselle ATF 40 pour leur aide et Documentation
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Secteur Fortifié de Colmar (SFCO)
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il n 'existe pas d'insigne J ai mis arbitrairement les armes de la ville de Colmar |
Le secteur défensif puis fortifié d'ALTKIRCH (SFAL) couvre un front d'environ 40 kilomètres le long du Rhin et de la frontière Suisse, entre Kembs (exclus) et Winkel à l'Ouest du Glaserberg. Il est encadré au Nord par le SF du MULHOUSE , et au sud-ouest par le SD de MONTBELIARD .
Le Vote de la loi permettant le financement des régions fortifiées eut lieu en décembre 1929
Pour l’Armée française la désignation officielle est la « fortification permanente » ou les « régions fortifiées ». Le terme de « ligne Maginot » provient de la presse, où il commence à être employé à partir de 1935, repris par le ministre de la Guerre Jean Fabry en août 1935 lors de l'inauguration du monument Maginot près de Verdun.
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La ligne Maginot se présente donc après de nombreuses études s’échelonnant sur presque 10 ans comme un dispositif complexe s'échelonnant en profondeur sur différents niveaux depuis la frontière.
Dans l’absolu car la ligne n'a pas été conçue de manière homogène, et sa réalisation n'a en général pas été conforme aux projets d'origine pour des raisons essentiellement budgétaires on distingue quatre parties distinctes.
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1 la ligne des avant-postes, destinée avant tout à détecter une attaque brusquée et à la retarder un temps grâce à des dispositifs prévus (routes minées, barrières, etc.) pour laisser le temps à la « ligne principale de résistance » de se mettre en état d'alerte On trouve des Petites casemates et des Maisons Fortes
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Petit Ouvrage |
Maison Fortifiée ( MF) |
2 la « ligne principale de résistance » est à environ deux kilomètres derrière les avant-postes. Elle était matérialisée par un double réseau de rails antichars et barbelés
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le réseau de Barbelés est large de 12,5 mètres, soit six rangs de piquets en forme de queues de cochon d'un mètre de haut qui soutiennent les fils en formant des vagues, avec des ardillons plantés dans le sol et dépassant de 20 cm. Son rôle : freiner l'infanterie assaillante pour que les mitrailleuses puissent la faucher.
Le réseau de rail est composé de sections de rails de trois mètres enterrées à la verticale sur six rangs de profondeur, dépassant de 60 cm à 1,3 m au-dessus du sol.
Son rôle :'arrêter les véhicules assaillants afin qu’il soient détruits ensuite par les canons anti char
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elle est couverte par les tirs d'artillerie des Gros Ouvrage. .
3 Les abris d'intervalles destinés à assurer la protection d'une partie des troupes combattantes à l'air libre. les casemates d'intervalle avaient pour but d'assurer la continuité de feux de la Ligne Principale de Résistance entre deux ouvrages. Il existe deux types de casemates, les casemates dites en couple (chaque casemate flanque son propre côté) et les casemates double (elles sont munies de deux chambres de tir pour flanquer des deux côtés à la fois).
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Contrairement aux ouvrages, les casemates ne sont pas reliées entre elles par galerie, et ne sont armées d'aucune tourelle. Leur équipement, bien que restreint, est à peu près le même que les ouvrages (petite usine, petite salle des filtres, etc.).Il s'agit en fait de casernes souterraines équipées uniquement pour le combat rapproché.
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Internet |
4 L'arrière du front comporte tous les équipements de soutien logistique : réseau de téléphone et d’électricité, routes et voies ferrées militaires de 0,60 m dérivées du système Pechot, dépôts de munitions, casernes de temps de paix, postes de commandement, etc.
Au total, la ligne Maginot a coûté plus de cinq milliards de francs de 1930 à 1936 soit 1.6 % du Budget de l’Etat
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WikiMaginot |
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Le secteur fortifié de Colmar (SFCO) couvre un front d'environ 50 kilomètres le long du Rhin, entre Diebolsheim (exclus) et Blodelsheim (inclus). Il est encadré au Nord par le SF du BAS-RHIN , et au Sud par le SF de MULHOUSE .
Le SF présente un profil géographique très similaire à ses deux voisins. Limité à l'Est par le cours du Rhin et sa forêt, il comporte un deuxième obstacle notable: le canal du Rhône au Rhin parallèle au fleuve. Plus en arrière à l'Ouest on trouve enfin plusieurs massifs forestiers dont les lisières sont propices à la défense, en particulier en arrière de Neuf-Brisach.
Pour ce qui concerne les réalisations de la CORF, le secteur est constitué de 3 lignes de casemates et abris parallèles au fleuve, selon le même principe que dans les secteurs mitoyens. Les casemates et abris de berge couvrent les points de passage du Rhin à Schoenau, Marckolsheim (ponts de bateaux) et Neuf-Brisach (ponts bateaux et rail), ainsi que certains changements de direction du fleuve. La 2° ligne (ligne des abris) est située environ un kilomètre en arrière, sur les routes pénétrantes principales. Enfin la 3°ligne (ligne des villages) se situe entre 2 et 4 kilomètres en arrière du Rhin. Au total, il a été réalisé:
- 43 casemates, essentiellement du type M2F en 1° ligne et type SFBR en 3° ligne jusqu'à 32/3 RICHTOLSHEIM - M2F ensuite vers le Sud.
- 12 abris, dont 1 abri actif particulier (abri LEOPOLD).
La berge, le canal et les forêts à l'Ouest sont défendus par de nombreux blockhaus et points d'appuis MOM, placés régulièrement sur la berge, aux points de passages (écluses) ou aux lisières et aux croisements principaux des routes ou pistes forestières. Notons deux types de blockhaus MOM assez répandus et standardisés par la 7° Région Militaire:
- Les blocs de berge type Garchery, codés Gxx
- Les coupoles type 7e Région pour mitrailleuse.
La zone la plus puissamment défendue est celle de Neuf-Brisach, qui présente les ponts et points de passage sur le Rhin les plus importants, ainsi qu'un route et une voie-ferrée directe vers Colmar.
Particularité partagée avec les secteurs voisins, le SFCO comporte de nombreuses fortifications d'origine allemande, construites durant la période d'annexion (1870-1918), et dont certaines ont été réutilisées dans le cadre de la ligne Maginot. Les plus significatives sont sur la tête de pont de Neuf-Brisach, construite pour protéger les ponts menant à Breisach. Il faut ajouter à cela une longue ligne d'abris entre Nambsheim et Herrlisheim, assurant une défense avancée de la tête de pont.
Ici comme ailleurs ces fortifications sont servies et appuyées par un ensemble d'infrastructures de support : casernements (5), dépôts, réseaux électrique, téléphonique, routier et ferroviaire dédiés.
Le SF de COLMAR n'a pas d'insigne ni de devise connus
Organisation
Le SF de COLMAR marque la limite Nord du 3° Groupe d'Armées ( Gal Antoine Marie Benoît BESSON ) et relève de la 8° Armée ( Gal Jeanny Jules Marcel GARCHERY ).
Il est successivement commandé par le Gal de Brigade Louis Gustave CORADIN jusqu'au 26 Novembre 1939 (prise de commandement de la 54° DI), puis par le Gal Louis POISOT jusqu'au 1 Janvier 1940, date à laquelle il échange sa place avec le Gal Edouard Sylvain COUSSE (commandant du SF de THIONVILLE ).
Le PC du secteur fortifié est installé à Colmar, où il demeure jusqu'au 15 juin 1940. Le départ des troupes d'intervalle et l'arrivée des allemands par la plaine d'Alsace entraine un déplacement final du PC vers le col de la Schlucht puis enfin Xonrupt.
- Chef d'Etat-Major : CB SCHINDLER puis CB GOUGET de LANDRES à partir du 28 septembre 1939.
- Commandant de l'ID : Il n'y a pas de commandant de l'ID désigné jusqu'au 17/06/1940, date à laquelle le Col FONLUPT prend le rôle.
- Commandant de l'AD : Col MAINIE puis Lt-Col GARNIER (24 Septembre 1939), puis Col BERNARD au 28 Octobre 1939 et enfin Col ROUSSEAU à la conversion en 104° DIF.
- Commandant du Génie : CB MASSONI.
- Chef du 1° Bureau (personnel) : Cne MARCOUX
- Chef du 2° Bureau (renseignement) : Lt FERRI et HOFSTETTER
- Chef du 3° Bureau (opérations) : Cne Henry d'ESCLAIBES
- Sce de Santé : Médecin Lt-Col WOLF
Comme cela a été souvent le cas, le SF de COLMAR a connu une structure variable en fonction des événements et réorganisations du front. A la mobilisation, il est organisé en deux sous-secteurs, celui d'ELSENHEIM au Nord, et celui de DESSENHEIM au Sud.
Organisation de l'infanterie au 01 Septembre 1939
Sous-secteur d'ELSENHEIM
- 42° RIF (Régiment d'Infanterie de Forteresse - Col Vital FONLUPT) , à deux bataillons de mitrailleurs et deux CEO, commandé par le Col FONLUPT, PC à ELSENHEIM .
Sous-secteur de DESSENHEIM
- 28° RIF à deux bataillons de mitrailleurs et deux CEO, commandé par le Lt-Col Jean-Baptiste ROMAN , PC à BOIS de DESSENHEIM (à confirmer).
Elements d'infanterie organique arrivant après mobilisation
- 242° RI à trois bataillons, commandé par le Col Victor BOUCHON , dont le rôle initial est la tenue d'une bretelle entre Diebolsheim et Dambach-la-Ville au Nord du SF. Dés le mois d'Octobre, les bataillons du 242° RI s'intègrent dans les sous-secteurs, entrainant une augmentation du nombre de quartiers.
- La 5° DBCPyr , avec deux bataillons - les 9° et 10° BCPyr - à compter du 17-25 Novembre 1939. Cette demi-brigade pyrénénenne est tactiquement rattachée au SF de COLMAR.
Organisation de l'artillerie et des services support au 01 Septembre 1939
Artillerie
L'artillerie organique du secteur est composée du I/170° RAP, commandé par le CE MAIGRET. Ce groupe est composé de 2 batteries administratives:
- 1° Batterie (Cne GOUDOT - PC à Elsenheim): 3 batteries de 4 pièces de 75mm Mle 1897 (Lt le PAVEC, BESSOU et ).
- 2° Batterie (Cne CHARPY - PC à Wolfgantzen): 1 batterie de 4 pièces de 120mmL mle 1878 (Lt BRETHON), une de 155mmL Mle 1877 (Lt WALTER) et une de 155mmC St Chamond (Lt CRAVE). Une batterie de 150T se rajoute le 01 juin 1940
- Section de transport : Cne MAUGEL.
Génie
Aucune unité organique du Génie ne semble être rattachée au SF Colmar avant mars 1940. Une fois remplacé par la 104° DIF, celle-ci se se voit rattacher le 229° BGF (Bataillon du Génie de Forteresse )
Services - Divers
- Train : 219/7 détachement auto de SF.
- Bataillon d'Instruction XXI/42
- Cie d'aérostiers n° 267
Grandes unités de renforcement
Dés le 25 septembre 1939, le SF de COLMAR est rattaché à la 8° Armée puis au 7° Corps d'Armée de la 8° Armée à partir du 10 Octobre. On assiste alors comme dans les autres SF à la rotation des grandes unités de renforcement. On peut schématiser cette succession de la façon suivante :
- 47° DI (Gal MENDRAS - Réserve Série A - 8° Armée) du 15 Septembre 1939 jusqu'en Février 1940.
- 54° DI (Gal CORADIN - Réserve Série B - 8° Armée), qui monte en ligne entre début Février et le 13 Mars 1940 jusqu'au 23 Mai 1940, date à laquelle cette division est retirée progressivement pour organiser la défense sur les Vosges.
Evolution de l'organisation jusqu'au 10 Mai 1940.
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Le SF de COLMAR subit une incroyable succession de changements organisationnels entre le la mobilisation et l'invasion allemande, passant de 2 à 4 sous-secteurs. Les raisons de ces changements sont multiples :
- Intégration du 242° RI dans le dispositif défensif fin Octobre 1939.
- arrivée de la 5° DBCPyr en Novembre 1939.
- Conversion en DIF en Mars 1940.
- Intégration de la 54° DI dans le dispositif, entrainant une séparation du secteur historique en deux secteurs indépendants entre Avril 1940 et le 25 Mai 1940, date du retrait de la 54° DI vers les Vosges sur ordre du Gal LAURE, juste arrivé.
- Retour à une structure plus classique ensuite, avec - en dernière péripétie - le transfert du quartier de Hirtzfelden vers la 105° DIF (SF de MULHOUSE) le 25 Mai 1940.
Histoire
La défense du Rhin est considérée dés les travaux de la Commission de Défense des Frontières (CDF) en 1926, influencée par les demandes de garantie de l'intégrité des nouveaux territoires récupérés au Reich. Le rapport final de la CDF, en Novembre 1926, prévoit de combler l'intervalle entre la Région fortifiée de Haute-Alsace et de la Lauter par une défense légère constituée de 3 lignes successives le long du Rhin, mettant à profit l'obstacle constitué par le fleuve, sa forêt et les canaux et rivières en arrière. Fin 1927, la CORF (Commission d'Organisation des Régions Fortifiées) reprend ces conclusions à son compte, tout en plaçant dans son rapport de Mars 1928 la défense du Rhin en 2ème cycle de la 1ère urgence, soit à planifier à partir de 1931. La part du budget "Maginot" de décembre 1929 ne prévoit cependant que 63 millions de francs (sur 2900...) pour cette défense du Rhin. En parallèle, le Gal BOICHUT, gouverneur de la place de Strasbourg, soumet un rapport à la même époque proposant une fortification plus renforcée sur le Rhin même, à base de casemates et d'abris. Ce rapport est validé par le CDF en Juin 1928, et le ministère de la Guerre transfère la réalisation de ces fortifications de berge aux chefferies locales du Génie.
Les chefferies de Génie de Strasbourg et Mulhouse prennent donc les devants en concevant les casemates de berge et abris de 2ème ligne sur base de constituants standards, mais sans formellement consulter la CORF. Les travaux démarrent ainsi dés le premier cycle sur ces plans types spécifiques, malgré les commentaires techniques critiques de la CORF concernant la conception de ces casemates. La CORF reprend les choses en main à partir de février 1931 dans le cadre du 2ème cycle, en imposant un schéma de casemate de 3ème ligne qui a son aval et en en lançant la construction là où c'était encore possible. Cependant, les travaux de la 3e ligne sont trop avancés côté Mulhouse pour que les conceptions CORF puissent prévaloir. On assiste donc à une dualité de conception de cette 3° ligne sur le SF de COMAR :
- des casemates de type SFBR (CORF dérivées du plan-type "Nord" double) au Nord et jusqu'à Richtolsheim inclus.
- des casemates de type M2F (Chefferies du Génie) au Sud à partir de Marckolsheim (et jusqu'à 55/3 BLODELSHEIM à Mulhouse...).
Cette "ligne des villages" est géographiquement très en retrait des deux premières de conception locale. Cette dualité de vue se traduira lors de 1939-40 par une dualité équivalente de stratégie de défense, soit sur la berge du Rhin - appliquée dans le SF du BAS-RHIN, soit plutôt sur la ligne des villages - telle que ce sera le cas dans le SF de COLMAR. On en verra les conséquences.
Le gros-œuvre des défenses du Rhin est achevé en 1933. La loi programme de 1934 n'apporte pas d'évolution, le budget ayant été affecté ailleurs. Cependant, à partir de 1935 les infrastructures arrières sont entamées : casernements, réseaux, routes stratégiques, stands de tir, dépôts... ainsi que l'équipement des casemates existantes en armement antichar quand cela le justifie. 1935-36 voit aussi le basculement vers la multiplication d'une fortification légère et continue à bas coût, basée sur des initiatives locales. Il s'en suit une multiplication des "petits bétons", essentiellement constitués de coupoles (1936-37) ou blockhaus (1937-38) type 7ème Région aux points de passage ou lisières en arrière de la LPR, ou sur le Rhin (blocs type "Garchery" construits à partir de 1939).
De la mobilisation à "Kleiner Bär"
La mobilisation voit le 42° RIF de temps de paix se dédoubler pour former les 28° et 42° RIF de temps de guerre, qui dés le 27 Aout relèvent le 152° RI (les Diables Rouges) qui était en couverture sur le Rhin entre Hilsenheim et Fessenheim. Le 13 Septembre 1939 arrive le 242° RI, dont la mission initiale est de constituer une bretelle vers le nord entre Dambach et Diebolsheim, en protection de la limite entre la 8° et 5° Armée - en même temps frontière entre les GA n°2 et n°3.
A partir de fin Octobre, le 242° RI quitte sa bretelle et vient s'intégrer dans le dispositif de front, entre les bataillons des 42° et 28° RIF. Les travaux de fortification MOM battent le plein, autant menés par les régiments de forteresse que par le 152° RI toujours basé dans la région. La 47° DI, arrivée sur le front en arrière du SF de COLMAR, participe à ces travaux.
Fin Novembre 1939, la 5° demi-brigade de Chasseurs Pyrénéens arrive du Sud-Ouest pour renforcer le secteur. La 47° DI est relevée par la 54° DI mi-janvier 1940. Le changement majeur suivant advient avec la réorganisation du front mi-Mars 1940 : la 8° Armée se restructure, et le SF de COLMAR est dissous pour créer à la place la 104° DIF, avec quasiment même encadrement et composantes. Par ordre de la 8° Armée, la ligne de résistance est définie comme étant la route Strasbourg-Bâle et la ligne des villages (actuelle D468) et non les berges du Rhin qui ne sont qu'une avancée. Une décision opposée est prise par la 5° Armée au Nord, qui place la position de résistance à même le fleuve, créant une discontinuité entre les deux fronts. Ce point, abordé lors d'une conférence des officiers généraux à Thann en Décembre 1939 avec le Gal GAMELIN, ne fut jamais tranché.
Hors ces mouvements de troupe et réorganisations, le secteur reste calme jusqu'au 10 Mai 1940. Seul incident notable, une tentative ennemie de coup de main le 9 Avril 1940 sur le bloc Garchery n°13 au pont de Limbourg devant Marckolsheim, sans succès. La période d'avant attaque voit aussi de nombreux échanges de tirs de snipers de part et d'autre du fleuve, entrainant des pertes de part et d'autre.
- 7 Mai 1940 : dernière réorganisation avant l'invasion. La 54° DI monte sur la ligne de résistance et occupe la partie gauche du Secteur, qui devient alors le secteur de Ribeauvillé. La 104° DIF se concentre au sud sur la partie droite de l'ancien SF.
- 14 Mai 1940 : Mise en alerte du Secteur. Le 302° RI de la 54° DI se déplace au sud-ouest de Colmar.
- 23 au 27 Mai 1940 : sur ordre de la 8° Armée, la 54° DI se replie vers les Vosges pour organiser la défense en entrée de vallées et sur les crêtes. Elle occupe les vallées de la Liepvrette (Ste Marie aux Mines-Selestat), Fecht (Munster-Colmar) et de la Lauch (Guebwiller). La 104° DIF reste seule en position sur la fortification. Le contre-ordre viendra le 6 Juin 1940.
- 6 au 9 Juin 1940 : retour de la 54° DI dans la plaine d'Alsace, et reprise de position sur le canal du Rhône au Rhin.
- 13 au 14 Juin 1940 : conformément à l'ordre général de décrochage vers l'Ouest des unités du GA n°2 et n°3, la 54° DI reprend le chemin des Vosges. La 104° DIF reste en position, avec mission de se sacrifier pour protéger le repli des unités de campagne.
Opération "Kleiner Bär" et ses suites.
L'opération "Kleiner Bär", invasion de la plaine du Rhin par la 7° Armee allemande (Gal Dollmann) après franchissement en force du fleuve autour de Neuf-Brisach, est issue de réflexions entamées début 1940 par le haut-commandement allemand ("Fall Braun", ou Plan Brun) comme complément à l'invasion principale par la Belgique et les Ardennes. Le plan initial, ambitieux, prévoit une opération principale "Bär" (Ours) menée par deux corps d'armée italiens entre Neuf-Brisach et la Suisse. Ceci devait permettre aux italiens de dévaler le long du Jura vers la vallée du Rhône pour prendre l'armée des Alpes à revers. Cet effort principal était complété par deux autres franchissements de part et d'autre de Strasbourg et l'attaque de front de la trouée de la Sarre par la 1° Armee. Après atermoiements, les italiens finissent par décliner l'offre, nécessitant une révision à la baisse des plans initiaux sur Avril-Mai 1940. Le Plan Brun ne conserve alors que deux opérations : l'attaque sur la Sarre et une opération de franchissement du Rhin plus modeste, l'opération "Kleiner Bär" ou Petit Ours. Le temps presse, et la 7° Armee de Dollmann - qui sera renforcée par 4 divisions prélevées à l'Est - reçoit l'ordre d'opération début Juin, une dizaine de jours avant de devoir le mettre en oeuvre. Le temps de préparation est très court, mais le rapport de force est en nette faveur des allemands : l'équivalent de 9 divisions allemandes traversera le Rhin face à l'équivalent de 2 divisions françaises et demi, dont une est déjà en train de se replier...
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La traversée n'est pas de tout repos cependant car environ 200 assaillants sont tués ou disparaissent pendant cette phase. ,En effet l'appui prévu de Stukas n'a pas pu avoir lieu en raison du mauvais temps et le Le Rhin est en crue provoquant des inondations, sur une la largeur d' environ 210 m, avec une profondeur de l'eau variant entre 5-6 m, et un courant de 3-4 m / sec,
le temps de traversée en bateau prend environ 40 sec.
Devant Schoenau, l'IR397 est fortement gêné par la casemate 50/1 SCHOENAU Sud, si bien que la traversée est interrompue. Il en est de même sur le front de Neuf-Brisach où l'IR623 est bombardé par les pièces présentes du I/170° RAP et doit aussi suspendre la traversée. Les cinq autres têtes de pont s'établissent cependant, se renforcent rapidement et permettent l'infiltration de la forêt vers les défenses de la digue des hautes eaux. Une contre-attaque menée par des éléments du II/28° RIF parvient vers 16h à reprendre pied sur la rive du Rhin vers OKSENKOPF Nord, mais est repoussée par le IR623.
L'IR 386 traverse à l'ouest de Wyhl et vers Mackenheim. 500 hommes avec 60 MG ont été transférés en 6 étapes. Le voyage à travers le Rhin a été très pénible, le régiment perd 33 hommes. Au cours de la journée, une petite tête de pont se forme jusqu'à une profondeur de 500 m.
Au soir, les objectifs du jour sont loin d'être atteints, mais l'essentiel des têtes de pont allemandes est renforcé et un premier pont de bateaux est mis en service à 22 h par le Pionierbataillon 685 (der 239. ID) sur le Rhin à Sasbach, près des vestiges du Limbourg. face à Kuenheim, permettant à la 239° ID de faire passer ses moyens lourds.
Au nord du SF de Colmar, face à la 103° DIF, l'IR633 et la 557° ID - envoyé à l'attaque de Rhinau comme diversion à l'attaque principale - traverse à son tour à partir de 13h avec des moyens limités et réussit l'exploit de percer la ligne des villages dans la soirée en prenant la casemate de ZIEGELHOF. Rappelons que la 103° DIF s'était déjà repliée, ne laissant que quelques éléments du 34° RIF sur la rive.
- 16 Juin 1940 : les stukas attaquent les casemates de la ligne des villages entre 34/3 et 45/3 dés 10h00 en support de l'attaque au sol et endommagent certaines d'entre elles. A mi-journée, l'ennemi a déjà pris ou contourné nombre d'entre elles et passe le canal du Rhône au Rhin à Hessenheim, dans le gap entre 32/3 et 34/3. Le 242° RI ordonne donc le repli vers l'Ill et l'évacuation des derniers blocs de berge encore tenus. Dans la soirée, le canal est franchi en arrière de Marckolsheim par la 221° ID.
Plus au sud, la 239° ID s'infiltre entre le 42° RIF et le 9° BCPyr, atteint le canal vers 11h à l'Ecluse 63 (IR444) après avoir pris 38/3 BALTZENHEIM et l'IR350 atteint Artzenheim. Urschenheim est atteint dans l'après-midi, forçant l'EM du 9° BCPyr à décrocher à son tour, mais entrainant la perte de 2 des trois compagnies du bataillon, prises à revers. Widensohlen tient jusque dans la soirée.
Le pont de bateaux au nord de Neuf-Brisach (Kunheim), permet à la 556° ID de traverser en masse dans la matinée, direction le Sud. Elle se heurte aux casemates 39/3 à 41/3 et au 28° RIF qui résistent toute la journée. Les casemates du pont-rail de Neuf-Brisach et Fort Mortier tombent cependant dans l'après-midi.
Dans la soirée, les allemands sont cependant maitres du canal entre Kunheim et Artolsheim, et l'ont traversé en plusieurs points. Ils mettent en service un second pont de bateaux à Sashbach (Markolsheim) vers 20h.
Côté français, le Gal LAURE (8° Armée) donne dans la matinée à ses unités l'ordre de repli vers les Vosges, mais cet ordre ne l'atteindra par hasard la 104° DIF qu'en fin d'après-midi. Le décrochage ne débute qu'à 21h, dans des conditions difficiles pour les 42° et 28° RIF, encore au contact.
- 17 Juin 1940 : dés 6h le matin les derniers ponts sur l'Ill sautent. Au nord, malgré l'ordre de repli les dernières casemates occupées de la ligne des villages (28/3 à 34/3) décident dans la nuit de résister sur place. Dans ce sous-secteur, le 242° RI est déjà derrière l'Ill depuis la veille. Le 42° RIF est majoritairement encerclé entre canal et Ill - sauf le PC qui parviendra à s'échapper. Au Sud, le 28° RIF parvient de son côté à se replier derrière l'Ill sans trop de difficultés avant dynamitage du pont de Logelheim.
L'évacuation dans la matinée des casemates de la ligne des villages à Rhinau au Nord et le repli des RIF entrainent un mouvement similaire dans la journée pour les casemates qui résistaient encore. 28/3 à 32/3 cessent le combat progressivement. Le centre de résistance de Marckolsheim (42° RIF) cesse à son tour le combat dans la journée. L'équipage de la casemate 34/3, attaquée au canon, tente une sortie puis se rend après de lourdes pertes.
Dans le Sud du secteur, les casemates 39/3 et 40/3 de Kunheim sont canonnées à bout portant puis coiffées par l'ennemi. Elles se rendent dans la matinée avec 41/3. Au sud de Neuf-Brisach, suite au repli du 28° RIF, les casemates encore tenues sur la ligne des villages (44/3 et 45/3), à Vogelgrün et Geiswasser évacuent sur ordre et se replient. Une partie de ces équipages est capturée par l'ennemi. La CEC n°4 du 28° RIF (quartier Fessenheim - non concerné par Kleiner Bär) quitte ses casemates aussi et se replie.
Mettant à profit les difficultés logistiques allemandes - avec seulement deux ponts en service - , les unités de la 104° DIF quittent leur position derrière l'Ill pour se positionner avec la 54° DI à l'entrée des vallées vosgiennes. Entrés en phase d'exploitation, les allemands lancent la 557° ID vers Sélestat, la 555° ID vers Strasbourg et la 556° ID vers Belfort. De leur côté, les 218° ID et 221° ID poursuivent les restes de la 104° DIF vers les Vosges. Celle-ci reçoit dans la soirée l'ordre de décrocher à nouveau des entrées de vallée pour se repositionner dans la montagne.
- 18 Juin 1940 : Les unités de la 104° DIF, pressurées, continuent leur repli vers la crête des Vosges. Colmar tombe dans la journée.
- 19 Juin 1940 : Au nord, le 242° RI s'installe entre le col de la Schlucht, Soultzeren et Munster. Les restes du 42° RIF passent le col de la Schlucht mais sont bloqués par l'ennemi au col de Surceneux, et enfin le 28° RIF monte vers le Hohneck et Markstein.
- 20 Juin 1940 : le Hohneck et le col de la Schlucht sont attaqués à revers par le côté lorrain des Vosges. Le 242° RI défend le Saut des Cuves entre Gérardmer et Xonrupt mais est débordé et se rend, avec l'artillerie de la division et le 302° RI de la 54° DI.
- 21 Juin 1940 : le I/28° RIF est encerclé et capturé dans la descente vers la Bresse au col de Bramont. Il en est de même du PC régimentaire, à Wildenstein. Dans la journée l'ennemi prend Xonrupt et presse les éléments défendant les sorties sud-est de Gérardmer. Le PC divisionnaire installé sur les bords du lac de Longemer, est capturé dans l'après-midi.
- 22 Juin 1940 : le II/28° RIF, bloqué au Markstein et séparé de la 104° DIF, se rend à son tour, marquant la fin de la 104° DIF. Le Gal COUSSE, qui se trouve alors au PC de la 8° Armée à la Bresse, est capturé avec l'ensemble de l'EM de l'Armée.